Le temps semblait s'être figé un instant. Le corbeau ne volait plus, figer dans les airs, le bec ouvert. Mubi ne rugissait plus, mais les stigmates d'une douleur intérieure pouvaient se lire dans son regard écarlate. La jeune fille ne pleurait plus, les gouttes ayant quitté ses joues, le corps refermé sur lui-même symbolisant sa totale faiblesse dans cette situation. J'étais au milieu de tout ça, devant ce tableau qui se dépeignait devant moi. La toile touchait à sa fin, la pièce arrivait à son dénouement.

Figé au cœur de cette scène, mon esprit tentait d'analyser ce qu'il venait de se passer et les enchaînements de décisions qui avaient amené à ce moment. En tant qu'homme de l'ombre, je ne pouvais que m'en vouloir d'avoir choisi de me mettre sur le devant de la scène par simple tentative de sauver les autres. J'avais changé depuis cette enfance au cœur des ténèbres. À cette époque, je n'aurais sûrement donné aucune chance à mes compatriotes, en ayant agi avec égoïsme, peut-être en restant perché sur cette branche. Pourtant, aujourd'hui, en tant que soldat de l'armée dans les rangs du village caché dans les dunes, j'avais décidé de faire le sacrifice de moi-même pour sauver des camarades et une civile. Dans ce rôle là, je ne pensais pas avoir échoué, pour preuve, mes deux compatriotes ne tentaient visiblement pas de nous rattraper, espérant que l'ahurie est survécu afin de prendre la fuite comme je lui avais demandé en lui lançant cette pilule de soin. Et si l'oiseau de malheur était là, alors le silencieux s'en était également sorti, mon allié ailé m'aurait fait part de sa mort lors de son retour à mes côtés.

Il ne restait plus qu'une personne à sauver, celle qui se trouvait derrière moi, en sanglot, le corps et l'esprit meurtri par toute cette peur et les nombreux traumatismes qu'elle avait dû traverser. La scène reprenait lentement son rythme, alors que mon esprit revenait du tréfonds de mon être.

« Nous n'allons pas mourir. »

Une simple phrase, arborant un ton calme, strict et sincère. Je ne pouvais me résigner à mourir ici, trop de choses se jouait dans les égouts de Sakyuu, et un nid de rats commençait à prendre de l'ampleur, mettant en péril le village, mais surtout, mes camarades et confrères partisans du Carbonisme, les adorateurs de la flamme. Je devrais sûrement sacrifier encore plus que ce bras que j'avais offert pour ancrer mon allégeance au chef des cendres, Higure.

L'oiseau de malheur nous avait rattrapés, plus vite que je n'avais pu l'imaginer, en ayant stoppé la course folle de Mubi. De nouveaux croassements résonnèrent, puis ce fut à la jeune femme, qui répondait à mes questions du mieux qu'elle le pouvait, de s'effondrer. Visiblement, ses cris n'était pas que de simples avertissements, mais était bel et bien son arme.

Nos regards se croisèrent, mon regard pourpre plongé dans ses trois yeux profonds et sombres. Je n'avais plus vraiment de carte à jouer dans cette histoire, ma réserve de chakra ayant atteint sa limite, et mon corps ressentant toujours les effets néfastes du poison du démon ailé que nous avions fini par abattre. Ma main droite se mit en mouvement, ouvrant la bouche de mon insecte de compagnie, je venais y plonger ma dextre afin d'y retirer les documents qu'elle possédait à l'abri dans sa gueule. Je venais les tendres vers l'oiseau de mauvais augure, sans signe de résistance.

« Tenez, ils sont à vous. Je n'ai pas l'intention de lutter plus que de raison pour les garder avec moi. Vous avez gagné. Je tenais juste à vous poser une dernière question avant de repartir d'où je viens avec cette jeune fille. Qui est-elle pour vous ? »

De trop nombreuses questions m'avaient traversé l'esprit, malheureusement, les silhouettes s'approchant par les cieux ne me laissait pas le temps d'écouter une réponse un peu trop longue. Je n'avais pas le temps de lui demander une réponse que je ne pourrais écouter jusqu'à la fin. Alors je lui avais posé cette question, car lui, corneille à trois yeux, ne semblait pas intéresser par sa présence, comme l'était le démon ailé. Il avait gagné, les documents étaient siens et s'il tenait sa parole, alors j'aurais définitivement réussi à sauver la civile et aucun mort ne sera à déplorer dans les rangs de l'Humanité.

Résumé: