Ouvrir les yeux sur ce nouveau monde, plein de doutes, de questionnements. Je tentais de bouger mon bras gauche, en vain. La sensation fantomatique qui accompagnait la tentative était particulièrement désagréable, crispant ma mâchoire l'espace d'un instant, mon poing droit se serrant de colère. Le balafré avait emporté mon bras, mais avait allumé le début de ce feu grégeois qui me permettrait d'embraser les impies, dictés par ma dévotion au dieu du feu. Mais pour le moment, je devais agir dans son sens, adapter les mêmes traits que ma proie, pour inverser les rôles et devenir ce prédateur qui me nourrirais de son sang.

J'étais debout, masqué face à la fenêtre qui donnait sur le village. Il paraissait paisible, de prime abord, les marchands continuant leur danse endiablé au cœur des ruelles marchandes afin de vendre services ou objets en tout genre. Pourtant, nul ne se doutait que les cendres s'entassaient sous la surface, prêt à étouffer le village caché des dunes. Jouer double-jeu, j'y avais déjà pris part, mais je n'avais affronté aussi dangereux adversaire qu'Higure. Il était de ceux qui écrasent les espoirs et qui frappent en plein cœur. Je ne savais pas réellement comment il comptait s'en prendre aux carbonistes, mais j'avais réussi à rejoindre les rangs des impies, il ne me restait plus qu'à continuer sur cette lancée, par les actes, afin de déceler les objectifs, et d'étouffer la rébellion.

« Ô Kagutsuchi. Accordez-moi le pardon pour les actes impies que je m'apprête à commettre. Ma flamme s'embrase pour vous, et je sacrifierais ma vie pour vos dévots. »

Pas vraiment une prière, mais plutôt une phrase adressée directement au Dieu du Feu. Je le savais, après avoir vu le tempérament du balafré, que pour gagner ses faveurs, il me faudrait me frotter au mien, à mes congénères. Mais nul n'arrêterait ma route vers le cadavre du chef des Hai baignant dans son propre sang.

J'étais resté éveillé le temps de l'opération de suture, bien que la perte de sang et le trajet vers l'hôpital avait été des plus périlleux, il me fallait rester à l'affût. Je devais préserver mon visage masqué, ainsi que cette mallette. Elle était mon passe-droit vers le retour de mes capacités chakratique, et mon armada offensive. Je ne savais manier une arme avec expertise, ou doté d'une explosivité et d'une vitesse défiant l'entendement. Mon ninjutsu était mon principal atout, notamment de par ma maîtrise et ma capacité à fusionner deux éléments primaires. Mais pour cela, il me fallait effectuer des mûdras, chose impossible avec une seule main.

J'enfilais ma veste, la réponse à mon problème ne se trouvait pas dans cet hôpital, ni encore moins dans ce village. Les cendres couvraient les rues et les regards semblaient être posés sur moi certes, je me devais de trouver de l'aide à l'extérieur. De plus, je ne connaissais aucune personne dans ce village capable de faire fonctionner cette prothèse en bois spécial que m'avait offert le balafré. Sans ratifié mon départ de l'hôpital, je venais ouvrir la fenêtre, mallette en main, fuyant à travers les toits en toute discrétion. Bien que mes techniques offensives avaient été neutralisées, mon essence même, la dissimulation, semblait avoir gagné de sa superbe.

Je filais sur les toits, me stoppant afin d'observer l'entrée du canyon. J'avais entendu des rumeurs, vu passer des tracts, entendu des membres de l'armée parler d'une personne qui semblait être un artisan de grande qualité. Je ne savais réellement si cela mènerait à quelque chose, mais je devais retrouver le plus rapidement possible l'usage de ce bras, et surtout cette main. Quitte à m'absenter du village pendant quelque temps, il fallait le faire prestement, le balafré ne semblant pas encore être équipé et apte à prendre d'assaut le Temple du Feu, qui serais, selon une simple hypothèse de ma part, son premier lieu de démonstration de la force de son groupuscule.