Le printemps est là, avec sa douce brise, portant la douce et fraiche odeur des plantes montagneuses avec elle. Les fenêtres des maisonnées s’ouvrent, pour la laisser entrer. Les foyers s’activent, se lancent dans un grand ménage annuel. La poussière vole pour que le propre reprenne le dessus. Enfin, pas toutes les maisonnées. Légèrement décalées du bourg, l’une d’entre elle rester fermée sur elle-même. Pas de fraicheur à l’intérieur, mais bien l’odeur de l’encre, au milieu d’un océan de papier. Et au milieu de cet océan, un corps. Oui, le tien Saki. Tu t’es laissée entrainer, comme une simple épave, dans des nuits de recherches. Il fallait bien que tu finisses par t’endormir, au bout d’un moment. Le pire, c’est que malgré tes efforts, tu n’as pas réellement de réponse à toutes tes interrogations, présentes dans ton esprit depuis la fameuse mission à Toge. Tout s’était enchainé rapidement ensuite. L’enterrement du chevalier blanc, les rapports, les interrogatoires ... Rien pour laisser ton esprit se reposer un peu. Une visite chez un camarade de Seizan avait bien réussi à te faire prendre une petite pause mais tu avais finalement replongé sans attente dans ton travail supplémentaire.

Le silence était maître dans ta demeure. Ce vide habituel était bien plus glacial que l’air glacial des montagnes bleus. Une étreinte ferme, qui, même en dehors, ne te lâchait plus. Depuis le décès de ton père, cette maison n’accueille plus réellement d’invités. Oui, même quand ta mère était encore de ce monde, les visites étaient rares, rapides. Quelques amis de la famille, venant prendre des nouvelles, mais l’état de folie de la matriarche ne provoquait que peur et morosité. Pourtant, tu as continué de prendre soin de la demeure familiale. La porte, gravée avec l’emblème familiale, reluit, et le petit autel à Omoikane, avec le portrait de tes parents, est accompagné de petites offrandes.

Soudain, un bruit sourd, à répétition. Un bruit assez lourd pour te sortir de ta torpeur. Comme montée sur ressort, tu te redresses, laissant retomber au sol les documents posés sur toi. Le bruissement des feuilles de papier résonne, et une mine surprise envahit ton visage. Qui ça peut être ? Tu n’en as aucune idée. Tu n’as même pas idées de l’heure qu’il est, pour être honnête.

« J-J’arrive ! Une minute ! »

Maladroite, te voilà à foncer et à essayer de mettre un peu de l’ordre sur le grand bureau de bois de feu ton père. De l’extérieur, la mélodie de ta hâte retentit. On entend même quelques jurons, tandis que tu te bas avec une feuille ne souhaitant pas laisser en paix ton pied nu. Une minute s’écoule, et finalement, tu ouvres la porte, les cheveux détachés, spectacle particulièrement rare, toi préférant la praticité d’une tresse bien compacte.

Mais toutes ses petites mésaventures valaient le coup. Oui, la personne qui est venue te rendre visite provoque un grand sourire sur ton visage. Une présence rassurante. Une femme forte, que tu pourrais même qualifier de modèle.

« Ho- »

Même pas le temps de prononcer son prénom qu’un tsunami verbal te submerge. La guerrière est énergique, comme toujours. Ses excuses fusent, bientôt rejoint par un tas de question. Tu n’y fais pourtant pas très attention. Non, ses cernes sont sur quoi se fige tes iris spectrales, aux nombreuses nuances colorées. Ses cernes qui indiquent le véritable état de la jeune femme. Rien de bien surprenant, après tout, elle venait de perdre un ami proche, et cela ne pouvait pas lui faire ni chaud ni froid. Non, elle avait toujours été une femme passionnée, vivant à 1000% ses relations, amicales, amoureuses, ou même négatives.

« En effet, ça faisait longtemps, je suis heureuse de te voir. Je vais bien et toi alors ? T’as l’air épuisée »

Tu n'as jamais su faire semblant avec Hotaru. De toutes manières, ça sonnerait faux dans ta voix. À quoi bon ? Tu sais qu’elle te connaît bien, et que tes mots ne seront pas pris pour une insulte dans ses oreilles. Elle t’a vu bien plus tranchante avec tes mots.

« J’ai pas encore mangé, alors on pourra parler autour d’un bon repas ! Tu me laisses une minute ? Je vais chercher mes chaussures ! »

Aussi tôt dit, aussi tôt fait. La plantant devant la porte, tu fonces dans ton petit salon à la recherche de tes sandales, tes mains s’activant à ordonner un peu ta chevelure de manière plus présentable qu’auparavant. Il ne te faut alors que deux petites minutes pour revenir aux côtés de ton ainée, coiffée d’une queue de cheval haute et improvisée.

« Tout bon. On y va ? »

Élégamment, te voilà qui présente ton bras à Hotaru. Tu as toujours été d’une galanterie marquée. Peut-être parce que tu as vu ton père choyer ta mère, de son vivant ? Tu te souviens des paroles mielleuses qu’il lui murmurait, des petits cadeaux, des blagues qui la faisait glousser, et de toutes ses petites attentions qu’il avait. Tu as appris à apprécier les autres ainsi. À travers les petits gestes du quotidien.

« Je n’ai besoin de rien, ne t’inquiètes pas. Je travaille beaucoup en ce moment, et c’est sans doute la même chose pour toi, je ne voudrais pas té déranger. »

Son bras maintenant autour du tien, vous voilà parties à travers les rues de Seizan. Ça faisait longtemps que tu n’avais pas passé du temps avec la demoiselle à la chevelure obscure, et tant de choses s’étaient passées que tu n’osais pas vraiment en parler. Mais il y a bien une chose dont tu voulais parler, avant d’arriver au restaurant. Ton visage se fit un peu plus sérieux, tes muscles se tendirent, et un murmure passa la barrière de tes lèvres.

« Je suis désolée pour la mort de ton capitaine. Et désolée de ne pas avoir réussi à rassembler plus d’informations sur ce qu’il avait découvert. J’aurais aimé être plus utile. »

De la culpabilité ? Oui, tu en ressentais. Tu n’aurais rien pu faire pour le chevalier blanc, mais Toge te laissait un réel arrière-goût dans la bouche.

Il n’y avait pas à dire : Hotaru était une mauvaise menteuse. À chaque phrase maladroitement formulée, tu voyais l’expression de la jeune femme se contorsionner dans une grimace, que tu aurais pu trouver drôle, si celle-ci n’impliquait pas la détresse mentale de ton amie. Un premier mensonge sur la raison de sa fatigue, passa ses lèvres, puis, sans le vouloir, la brune avoua avoir raté quelques repas avec sa famille. Un fait, qui ne faisait que confirmer ton intuition sur son premier mensonge. Elle tenait à ses repas en compagnie de ses frères, et la seule chose qui pouvait la pousser à les manquer était un état mental peu mirobolant, qu’elle ne voulait pas afficher devant ceux-ci. Finalement celle qui t’avait appris à gérer tes émotions, à la mort de ton père, puis de ta mère, semblait être incapable d’appliquer ses propres conseils. La fierté de la guerrière la poussait à ne rien t’avouer, du moins, de vive voix. Même lorsque tu évoquas le défunt chef de son escouade et que sa voix se mit à trembler, ses muscles à se tendre, elle se décida à ne pas avouer ce qui lui trottait en tête. Têtue, et pleine de fierté. Tu reconnaissais bien la combattante dans ces caractéristiques. Caractéristiques qui te donnaient envie de lui taper sur le haut du crâne, d’un coup de poing. Et qu’est-ce que tu fais quand tu as une envie et que ça ne met pas en danger une mission Saki ? Et bien oui ! Tu suis ton envie ma belle ! La pensée avait à peine traversée ton esprit que la trance de ta main droite, libre de l’étreinte d’Hotaru, vint s’écraser sur la tête de celle-ci, avec assez de force pour la faire réagir mais pas assez pour lui faire mal.

« J’vais pas te forcer à parler mais ça sert à rien d’essayer de me mentir, tu devrais le savoir. On est trop proches pour ça. Je serais presque vexée. »

Presque, parce qu’au fond, tu savais que ce n’était pas sa confiance en toi le sujet, mais bien la vision d’Hotaru par rapport à l’image qu’elle renvoyait les autres. Elle se voulait forte, imperturbable, mais restait humaine. Qui t’avais enseigné ça ? Ironiquement, c’était Hotaru, alors que tu tentais à tout prix de garder la tête haute quand tu as dû reprendre le clan, toute seule, alors que tu n’étais encore qu’une enfant finalement.

Mais voilà, tu n’allais pas insister, comme promis. Tout ce que tu voulais signifier à la jeune femme, c’était qu’elle pouvait se confier à toi, si elle en ressentait le besoin. Tu lui prêterais avec grand plaisir ton épaule pour pleurer, ainsi que ton oreille attentive et sans jugement. Tu la laissas donc aller à ses taquineries, et dessinas à ton tour un sourire sur tes lèvres, tout en laissant la malice envahir le ton de ta voix, librement.

« Tu es curieuse pas vrai ? ~ Et bien en fait ... Il y a ... »

Léger suspens, le sourire continua de grandir tandis que tu vins exécuter un salut militaire.

« Rien du tout ! Calme plat à l’horizon capitaine Oomori ! »

Un clown ? Tu l’étais, pour faire rire ta chère amie. Tu étais ce genre de personne : froide, professionnelle, franche et parfois abrupte, mais une fois qu’on te connaissait bien, et qu’on gagnait ton affection, tu devenais une amie fidèle, et laissait apparaître cette facette amusante de ta personne. Léger ricanement, emprunt d’une enfantine moquerie envers celle qui cru pendant un instant que tu avais une vie amoureuse ! Toi ! Saki du clan Kara !

« Avoue, tu y as presque cru Hotaru ~ J’ai vu l’intérêt dans ton regard ! »

Une petite fouine ! Voilà ce que tu étais ! Mais, nous dirons que c’est en cela que tu es adorable. Néanmoins, après tout ce temps passé sans voir celle que tu voyais comme un modèle, tu avais tout de même des choses à raconter.

« Mais par contre, je crois que je me suis fait un très bon ami ! Peut-être que tu connais Tadakatsu Ganryu ? Un jonin, grand, taillé comme une armoire à glace avec une balafre à l’œil droit et une épée qui est sans doute plus grosse que moi »

Faut dire que le personnage était dur à rater, rien que par sa carrure, et sa réputation n’arrangeait rien. Il était un peu comme une célébrité.

« Vraiment un chouette type. Au début, ma première mission avec lui ressemblait plus à du baby-sitting et finalement, j’ai un grand respect pour lui. C’est un peu compliqué, mais pour résumer, j’aime le fait qu’avec lui, on puisse dire les trucs franchement. J’ai pas à décortiquer la moindre parole, et si j’ai envie de dire quelque chose, je peux le dire ! »

C’était rare de te voir parler aussi positivement de quelqu’un, et de manière si détendue. C’était la magie de Ganryu et d’Hotaru combinée ! Si Hotaru représentait une sorte de figure maternelle, alors Ganryu était comme une sorte de frère, avec qui tu pouvais te chamailler à foison, si le cœur vous en disait !

« Enfin bref, tout ça pour dire que je m’améliore en interactions sociales. Enfin je crois. »

Il y avait eu ça, mais aussi la grosse prise de bec avec Hanami Watari, le jour de l’enterrement du chevalier d’argent, et ton moral lui, flirtait souvent avec le sol depuis ta mission à Toge. Mais tout comme Hotaru, tu préférais garder ça à l’intérieur de toi. Surtout que tu ne voulais pas parler de ça avec la samourai, au risque de remuer le couteau dans une plaie encore bien trop fraiche et douloureuse. Il te faudrait du temps, et une personne capable d’écouter tes pensées, tout en comprenant ce que tu voulais dire. Quelqu’un qui avait vécu cette mission, de la même manière que toi.

« Je sais, je t’ai trahi ! Je suis un véritable monstre Hotaru ! »

Dramatiquement exagérée, ta boutade avait pour objectif de la faire rire, et ça marchait ! Tu aurais même pu te laisser tomber dans ses bras pour exagérer le trait, si tu n’avais pas eu si faim. Tu préférais continuer d’avancer en direction du restaurant, d’un pas actif et plus pressé que tu ne le voulais. La discussion elle aussi allait bon train, et bien que tu avais laissée ton amie sur sa faim avec ton absence totale de vie amoureuse, tu avais de quoi parler un sacré moment avec tout ce qui t’étais arrivée dernièrement. Hotaru, elle aussi, avait sans doute bien des choses à te raconter autour d’un bon plat et d’un verre.

Le nom de Ganryu lui évoqua quelque chose. Tu le vis dans son regard. Elle sembla presque dérangée et la curiosité te piqua vivement. Qu’avait fait le géant pour réussir à provoquer ce genre de réaction ? Tu le connaissais assez pour savoir que son caractère était loin d’être simple et que sa tendance à perdre son calme n’était pas des plus appropriée à la sociabilité. Mais tu ne pouvais pas le juger. Parfois, tu étais à côté de la plaque, toi aussi. Et puis, peut-être que ça n’avait rien à voir avec son caractère, qui sait ? Ganryu avait fait des progrès, au cours des derniers mois.

Quelques mots mourant dans sa gorge t’avouèrent qu’il s’agissait là d’un client de son amant à la chevelure immaculée. La suite de ses paroles quant à elle, te mirent en garde d’éviter toute rivalité alcoolisée avec lui. Un fait qui ne te surprenait pas, et qui t’arracha même un petit rire, alors que tu laissais tomber ta tête sur l’épaule de ta précieuse amie.

« Tu parles par expérience ? Ou bien il a réussi à te foutre la trouille sans même essayer ? »

Avec sa carrure, il était logique qu’il puisse avaler une quantité d’alcool plus importante que les autres, mais cela devait rester impressionnant, alors qu’au fur et à mesure, un cimetière de bouteilles vides s’installe.

« Je préfère éviter de trop boire, ne t’inquiète pas pour moi ! Tu te rappelles ma première cuite ? Je me suis réveillée dans une écurie ... Je n’ai jamais su comment j’étais arrivée là-bas, mais j’ai super bien dormi dans un tas de foin ! »

C’était pour fêter ta majorité, il y a trois ans de cela, et l’alcool t’avait bien mise K.O. La situation avait été comique quand tu t’étais réveillée avec une jument mâchouillant ta chevelure, au petit matin. Heureusement, personne ne t’avas vu, et tu préférais que cela reste ainsi !

Et puis, enfin, le restaurant. Sans attendre, la tatouée t’entraîna à sa suite à l’intérieur du petit établissement. L’ambiance chaleureuse, en contraste avec la température extérieure, fut comme une douce étreinte à laquelle se mêla le parfum des plats. Une large inspiration vint gonfler ta poitrine et dessiner une mine satisfaite sur ta bouille, tandis que dans ta voix, cet éclat de joie se mêlait à l’excitation.

« Je sens que je vais aimer cet endroit ! »

Saluant à ton tour le patron par politesse d’un geste de main, tu suivis la demoiselle jusqu’à la petite table à l’écart, bien décidée à passer un bon moment. Et toi aussi ! Attrapant le menu inscrit sur du papier à parchemin, tu pris un court instant pour choisir quoi commander. Une décision presque trop facile.

« Tu me laisseras goûter ? De mon côté, je vais prendre le ramen super épicé de la maison ! »

Si Ganryu avait une bonne résistance à l’alcool, toi, tu l’écrasais quand il s’agissait d’avaler tout plat contenant du piment. Tu adorais ça. Trop, sans doute. Combien de genin avais-tu traumatisé en mission en te chargeant du repas ? Beaucoup. On évitait de te confier les fourneaux maintenant, et franchement, ça t’arrangeait bien.

« Et toi alors Hotaru ? Du nouveau dans ta vie ? Forcément, tu as sans doute quelque chose d’intéressant à me raconter après tout ce temps ! »

Cela faisait des mois que vous n’aviez pas parlé, et ça ne faisait qu’attiser ta curiosité. La pauvre samourai ne pouvait que le voir, tant tes yeux, aux nuances de couleurs diverses la fixaient avec intensité, d’une manière presque candide.

La base du lien entre la samourai de talent et le géant était donc professionnel, à travers le conjoint de celle-ci. Mais plus que ça, elle avait pu l’observer en pleine beuverie et il n’était pas difficile de deviner qu’en raison de sa carrure, il fallait vraiment forcer pour que l’homme sombre dans l’ivresse totale. S’ils avaient bu ensemble, la note avait dû être salée, et tu espérais pour eux que chacun payait ses consommations sinon, le pauvre Kyoshiro aurait travaillé pour rien, son salaire totalement dévoré par cette soirée.

« C’est lui qui a forgé cette épée géante ? Ça a dû représenter un travail de longue haleine ... Mais l’ayant vu en action, j’en confirme l’efficacité. Rien qu’à la vue de la lame, certains se rendent. »

Et il fallait bien avouer qu’on ne les jugeait pas. Même désarmé, Ganryu avait le genre de carrure qui ne donnait pas envie de se battre. Des mains assez grandes pour vous broyer le crâne sans soucis, ou pour vous balancer au loin. Alors, lorsque l’on ajoutait la tueuse de dragon, en voir se faire dessus et abandonner pour éviter la confrontation n’était plus une surprise depuis longtemps. Au contraire, face aux petits malotrus, ça permettait de gagner un temps non-négligeable.

Votre discussion avançait bon train, alors que vous entriez dans le chaleureux petit restaurant, l’estomac dans les talons et sourire aux lèvres. La pièce était bien chauffée, contrastant avec les températures extérieures encore fraiches de Seizan et déjà, l’odeur des plats servis aux autres clients te titillaient le nez avec insistance, ne faisait alors qu’augmenter ton envie de commander au plus vite et ainsi, de juger les talents de cuisinier. Mais si Hotaru aimait, c’est que ça devait être bon. CQFD.

La pauvre, cependant, sous-estimait ta résistance aux épices. Sur ce point-là, tu étais presque un petit maso, te trimbalant en mission avec ta propre petite bouteille de sauce pimentée, qui t’avais valu la réputation suivante : La chunin qu’il ne fallait pas laisser cuisiner en mission. Cela t’avait soulagé d’une responsabilité, et ceux qui avaient été tes pauvres victimes ... préféraient tracer un périmètre autour de la marmite.

Ton rire se mêla au sien alors que le patron se présentait à vous, son petit carnet en main, prêt à récupérer vos commandes. Une tâche dont la brune se chargea naturellement, bien plus à l’aise dans cet endroit qui faisait partie de ses habitudes. Joyeusement, elle échangea avec lui sous ton regard amusé, à propos de thé et plus particulièrement, du genre de thé qui était peu populaire à cause d’un gout prononcé, que seuls de rares personnes arrivaient à appréciaient. Les yeux brillants, la spécialiste des armes en tout genre s’empressait d’accepter une tasse du fameux breuvage, avant que le patron ne se tourne en ta direction, t’offrant la boisson au nom de son amitié avec ta camarade.

« Vraiment ? C’est très gentil ! Si vous avez un Hojicha, ce serait parfait ! »

Tu aimais la saveur complexe entre noisette et miel des feuilles torréfiées. La théine qui, contrairement aux thés verts, te donnait un réel coup de fouet dans les longues soirées passées le nez dans la paperasse. Un thé chaleureux, comme une étreinte quand le froid de Seizan s’emparait de ta chaire. La commande notée, l’homme vous salua pour s’écarter, vous laissant de nouveau seule en attente de vos plats et boissons. Un instant pour profiter de la demoiselle qui te faisait face après tant de temps sans nouvelle.

« Tu dois vraiment venir souvent pour être considérée comme une amie du patron ... Et dire que tu m’as caché cet endroit pendant tout ce temps ! »

Elle connaissait ton faible pour un bon repas, mais bien évidement, cette remarque n’était qu’une petite taquinerie, dans le but d’alimenter votre conversation tout en évitant de parler trop du travail ou de tout ce qui pourrait faire baisser son moral. Tu étais là pour profiter d’un bon moment après tout, pas pour t’enfoncer encore plus dans l’espèce de boue d’émotions négatives dans laquelle tu t’étais empêtrée depuis Toge.

« J’espère que tu ne me caches pas une superbe pâtisserie aussi, sinon, je serais obligée de me venger Hotaru ... »

Ce restaurant était plus qu’un restaurant aux yeux de ta chère amie. Il s’agissait d’un refuge. Un endroit où elle se sentait en sécurité, souvenirs d’une vie passée. C’était rare qu’elle évoque ce temps-là. Déjà un peu plus tôt, elle avait changé de sujet, préférant ne pas te parler de ce qui la tracassait, et maintenant, elle t’emmenait ici. Un sourcil suspicieux levé, le regard légèrement inquiet pointé dans sa direction, tu te décidas à tenter à nouveau d’entrer dans sa mignonne petite tête.

« Et donc tu m’emmènes dans un lieu que tu considères comme un refuge ... Tu es sûre que tu ne veux pas parler de ce qui te tracasse ? Je te laisse le temps d’y réfléchir. Tu sais où j’habite. Ma porte t’est toujours ouverte. »

Et ça ne coutait rien de lui redire. La demeure familiale serait toujours ravie de l’accueillir. Cette femme qui t’avait apporté un souffle de vie et de motivations dans une sombre époque de ta vie. Qui n'avait pas hésité une seconde à te prendre sous son aile quand tu t’étais retrouvée seule au monde. Alors oui, vous ne saviez pas tout l’une de l’autre mais il y a une chose dont vous étiez toutes les deux certaines : c’était que vous pouviez parler de ce genre de chose librement.

Ne souhaitant pas insister d’avantage et laisser le temps à la reine des armes le temps de réfléchir, tu t’intéressas un peu plus aux taquineries qui t’étaient lancées. S’il y a bien une chose que tu aimais, c’était manger ! Gourmande dans l’âme, tu répondis à la provocation de ton amie, le cœur enflammé.



« Je rêve encore de la tarte aux pommes que tu m’avais préparé pour ma promotion en tant que chunin ! Un délice ... Aucune autre tarte n’arrive à la cheville de la tienne. »

Peut-être parce qu’elle avait été cuisinée avec amour, juste pour toi ? Peut-être parce que c’était la première fois depuis longtemps que quelqu’un avait pris le temps de cuisiner en ton honneur ? Mais ça a été la meilleure tarte de ta vie, et de loin.

« Tu vas vraiment devoir m’emmener dans cette pâtisserie. Je ne te lâcherais pas sans conclure ce repas par un peu de sucre ~ »

Tu n'avais même pas commencé à manger que tu pensais déjà au dessert avec tout le sérieux du monde. C’est ce moment que le patron décida d’arriver avec votre commande, installant tout cela à votre table d’un geste expert tout en vous souhaitant une bonne dégustation avant de vous laisser à vos couverts. Le doux parfum du bouillon à la lueur rougeâtre commença à chatouiller ton odorat tandis que tu attrapais tes baguettes, l’eau à la bouche face à ce ramen maison dans lequel baignait visiblement une dose considérable de piments.



« Bon appétit alors ! »

La saveur du bouillon ! La chaleur agréable des épices sur ta langue ! Le parfum du sésame grillé qui rajoute cette petite touche à l’ensemble ! La tendresse des nouilles ! Dès la première bouchée, tu as fondu sur ta chaise, le visage illuminé et tous tes soucis chassés.

« Trop bon ... Tu veux goûter ? »

Proposer à ta camarade était la moindre des politesses mais la pauvre aurait sans doute la bouche en feu pour l’année entière si elle osait relever le défi.

Non, elle ne voulait vraiment pas parler. Se confier à toi semblait encore beaucoup trop tôt pour la dame. Ou peut-être que tu n’étais une assez bonne confidente ? Pas encore assez forte pour qu’elle se sent assez à l’aise pour se confier à toi ? C’était une possibilité. Au fond, est-ce que ça te dérangeait ? Te vexait ? Peut-être un peu, mais ce n’était pas ton égo qui était en jeu-là. C’était le mental d’Hotaru. Et sa sécurité. Être trop distrait en mission, c’était comme se battre avec une épée acérée au-dessus de la tête. Un risque que tu ne voulais pas voir Hotaru prendre.

« Oui, c’est assez ironique. Je ne veux pas te ramasser à la petite cuillère Hotaru. Alors je t’en supplie, trouve quelqu’un à qui en parler. »

Voilà ce que tu avais déclaré, d’une voix sérieuse, avant de descendre de larges gorgées du délicieux bouillon épicé dans lequel de larges tranches de porc baignaient. L’experte des lames ne savait pas ce qu’elle perdait en refusant de profiter de cette incroyable saveur ! Quel gâchis pour son palais ! C’est incroyable quand on y pense. Tu adores la neige. Vraiment. À force d’y passer du temps, tu ne ressens plus le froid. Pourtant, tu adores la sensation tout à fait opposée du piquant d’un bon piment dont la chaleur se répands dans ton torse, doucement. Tu pourrais rester là à manger encore pendant des heures, si l’abus de bouillon n’était pas aussi mauvais pour la santé ! Enfin, pas moins que les goûts du fameux Koji. Tu grinças des dents à l’évocation de la fameuse tarte.

« Je connais assez ton frère pour savoir que j’aurais des caries avec une seule part de ta création ... Du sucre, du sucre, et avec ça, laisse-moi deviner ... Un peu de sucre ! »

Éclatant de rire joyeusement à l’idée de la brune renversant différents sachez de cristaux dans un bol, tu vins donner une petite pichenette dans son front.

« Du coups non merci, j’aimerais garder mes petites quenottes ~ Imagine si je dois mordre un adversaire pour m’en sortir ! Je tiens à la vie moi ! »

On ne sait jamais à quoi s’attendre sur le champs de bataille après tout et il fallait toujours avoir de la ressource. C’était un peu un mantra pour toi. Tu faisais toujours en sorte d’avoir une carte dans ta manche. Et une carte dans la manche de la carte déjà dans ta manche. Au cas où. Ça te donne la possibilité de jouer sur la surprise et surtout, de parer à un tas de situations.

« D’ailleurs, j’aurais vraiment besoin que tu me prêtes un coup de main pour m’entraîner. J’ai besoin de faire face à un adversaire avec un style aussi diversifié que le tien. Tu serais disponible un de ces quatre ? »

Face aux autres utilisateurs de Ninjutsu, tu avais un avantage, mais dès qu’il s’agissait de force physique, tout devenait plus complexe. Tu avais un train de retard. Tu détestais ça. Ça te hérissait le poil mais passer ton temps à geindre, ça ne servait à rien.

« Enfin, si tu te sens capable de taper sur ma jolie petite bouille ~ »

Ah, ton arme secrète ! Tes grands et jolis yeux qui se font suppliant comme ceux d’un petit chiot. Tu sais que tu es très mignonne, pas vrai ? Tu en joues sans pitié face à ta tendre amie. Tu sais comme elle est sensible quand tu te mets à jouer ce petit jeu-là.