Le monde était fait de mystères.

Sur le pont devant le complexe hospitalier, je prenais une grande respiration avant d'entrer dans le hall d'accueil : J'avais pris trop de temps pour cette quête, mais les récents événements que m'avait rapportés Shinjin devait me faire accélérer les choses. Un parchemin en main, contenant un dessin bien trop vulgaire pour être présentable, j'attendais sur un siège avant d'avancer vers ma prochaine étape... Mais comment présenter les choses ?
Ma mère était morte, bien trop jeune et pure pour ce monde, mais dans son malheur, elle avait porté à mes yeux une nouvelle : Une maladie, connu dans les livres, mais dont personne n'avait pu me trouver la signification. C'était unique, ou juste rare, mais mon frère avait rencontré un symbole similaire sur un homme... Et, il se portait comme un charme, allant même jusqu'à tenir tête à la bête guerrière qu'était l'épéiste. Ainsi, quelque chose n'allait pas et j'allais le découvrir... Loin d'une maladie mortelle, c'était peut-être une technique de fuinjutsu ou bien quelque chose d'autres, qui choisissait son moment pour frapper.

Il me fallait donc aller aux contacts des informateurs potentiels et quel était le meilleur endroit pour la médecine que l'hôpital conifère, en avance sur son temps et envié par l'Onogoro entier.
La secrétaire attendait, enfin... Elle était occupée entre différents dossiers, mais tenait l'oreille attentive pour une prochaine urgence, ou un visiteur. Arrivant à sa portée, je lui soumettais ma requête :

- Seki Jun'Ichiro, juunin, j'aimerais rencontrer un médecin d'urgence... Utilisant mon grade, je pensais avoir les portes grandes ouvertes, mais...
- Vous avez pris rendez-vous ? Ouvrant les yeux, je regardais autour de moi pour savoir si elle parlait à quelqu'un d'autre comme ça, mais non.
- Pardon ? Un peu frustrée, elle répéta.
- Vous. Avez. Pris. Rendez. Vous ? Chaque mot était prononcé comme si elle parlait à un débile et l'idée de l'euthanasier de l'existence me passa par la tête, avant de me raviser... Pas tout de suite.
- Non, je n'ai pas pris rendez-vous. Je veux juste une rencontre rapi...
- Il faudra prendre rendez-vous. Un peu de salive passa dans ma gorge, quand j'essayais de calmer ces pulsations acides qui voulaient que je l'écorche vive au-dessus de son bureau de catin. Adoptant mon masque le plus sérieux, et méchant, dans le sens le plus froid possible, je tenais bon.
- Non. Décontenancée, elle recula un peu la tête avant de comprendre de quoi il en tenait, je devais prendre la position dominante. Je dois parler à un médecin, tout de suite. Vous m'en trouvez un, tout de suite, sans rendez-vous.

C'était comme ça qu'elle m'indiqua une salle, bien sûr l'homme ou la femme n'était pas au courant que j 'allais à sa rencontre... Mais cela ne saurait tarder !
Avançant dans les couloirs, des cris et des murmures dépassaient des portes : La vie de ninja était dur, même pitoyable par moment et j'avais eu de la chance de ne pas recevoir de blessures handicapantes depuis toutes ces années. Seuls les plaies de ma foi couvraient mon corps et c'était mon plus beau trophée, seulement je cherchais une autre forme de stigmate... Une autre puissance qui se cachait, loin de nos regards, mais que j'allais découvrir.

Ce Sakamoto Kenichi allait m'aider, je le sentais.

La mine sérieuse, je passais devant les salles du grand couloir de l'hôpital pour arriver devant un homme :  Grand, adulte et semblant sage. Un vrai médecin, d'après ce que j'imaginais, et il savait que je venais, car il ne fut point surpris par mon rapide et mes yeux de jade posés sur lui : On l'avait prévenu, et c'était tant mieux.
Une rencontre polie, revenant sur ce qu'il savait : Assez peu, en vérité, mais je le suivais à sa demande dans une salle environnante... Attrapant un calepin, il s'était posté devant moi en me regardant de pied en cap, comme si...

- Je ne suis pas malade, ou blessé. Les questions devaient être vite expédiés pour arriver à la finalité voulu... Pour autant, le quiproquo était amusant, seulement, je ne lâchais aucun sourire. Seki Jun'Ichiro, juunin et... Vous avez dû travailler avec mes parents, du temps où ils étaient encore là.

Une morte, l'autre déserteur... Il valait mieux parler de disparition pour les joindre dans une même catégorie et ne pas faire de mélodrame. Après, il fallait quand même parler de ma génitrice, puisque c'était le sujet de ma venue...

- En fait, je viens pour une raison précise qui fait appel à vos connaissances... En tout cas, je l'espère. Présentant le dessin de mon frère, je l'appliquais sur la table la plus près pour permettre à l'homme devant moi de pouvoir librement voir la chose. Mon frère a vu cette marque sur le corps de l'un de ces ennemis, il y a quelques semaines... Il a mis du temps à m'en parler, voyant ça comme un détail pour lui, mais pas pour moi. Pointant de l'index l'enchainement de forme sans signification, je révélais l'information qui me tenait à coeur : J'ai vu une marque similaire, mais plus grande, étendue, sur le corps de ma mère, morte... Ce n'est pas un tatouage, ça peut se développer. L'adversaire de mon frère a pu augmenter la taille et il... Disons que... Il a gagné en force. Je ne savais comment expliquer, puisque je n'avais pas pu être là pour le voir, c'était le témoignage d'un témoignage et l'afflux d'informations pouvait être indigeste. Ce qui me fait venir ici, c'est que j'ai déjà pu rencontrer ce sceau, dans un livre de médecine, donc il est déjà connu... De vue, seulement. C'était un livre ancien, du temps de mon adolescence, des avancées on put être faites...

Alors quoi ? C'était une maladie ? Un maléfice ? Quelque chose se tramait et cette marque donnait des pouvoirs, contre la vie de son possesseur... Cette information était déjà quelque chose, mais le danger encouru pouvait être grand. Au-delà du jashiniste, du ninja, c'était le fils qui parlait : Il voulait savoir par quoi sa mère était morte ?
Éliminer la misère, c'était la mission que je m'étais confié : Ma vision de l'Œuvre de mon Dieu, mais en cet instant, je me sentais bien pathétique à naviguer dans le noir sans savoir tout cela... Quelque chose m'était caché.

- Dites-moi que vous savez quelque chose. La mine sérieuse devint lamentation, alors que je scrutai le dessin devant moi pour avoir une révélation, en vain.

Dessin venant de Shinjin:

"Bien entendu."

Si j'avais mené ma petite enquête, la totale méconnaissance des autorités de Jujou No Sato faisait que je faisais plutôt choux blancs... L'homme devant moi, poli, révélait quand même une certaine lassitude, sa vie de médecin était rapide et il devait être présent pour ses patients, ou pour se reposer, je comprenais sur l'instant que je lui prenais un temps qu'il ne pouvait consacrer aux autres, directement ou indirectement. J'étais un obstacle avec mon sujet intéressant, effectivement, mais hors de propos dans cet établissement. C'était un fuinjutsu pour lui, mais je l'avais trouvé dans un livre sur les maladies... Ainsi, on s'était trompé sur tout le compte ? Ou bien le sceau déclenchait une sorte de maladie, visible dans ses symptômes cutanés ?
Soupirant, je reprenais mon parchemin, avant de me tourner vers le médecin... J'étais manifestement désolé de la chose, et je voulais m'excuser, mais je n'avais jamais su : La vérité était que mes émotions étaient cachées derrière un voile, pour ne laisser que peu d'indices sur ma vie de jashiniste, sauf que j'avais pris une grande part de mon humanité dans la chose. Bien que dégoutante, c'était ce qui m'avait mené dans cette salle, à chercher pour ma mère.

J'étais un paradoxe, une scène vivante contre et pour l'humanité à la fois...

- Je vois. Je n'avais pas pu dire autre chose, et je me préparais à prendre congé, quand une voix survint dans le couloir... Une voix gaillarde, mais pourtant faible à cause de l'âge ? Une blessure ? Un murmure puissant en somme, plein de respiration fatiguée.

La porte d'entrée glissa et de deux, nous passions à trois dans cet espace résolument pas prévu pour plus... L'homme était donc assez âgé, à la retraite vue son aspect et sa situation dans l'hôpital. Pour autant, à sa ceinture résidait un fourreau, rempli par une lame que je ne voyais dépasser que par la garde... Les samouraïs étaient comme ça, l'arme était une extension d'eux-mêmes et ils ne pouvaient s'en décrocher. Pour autant, ce n'était pas son accoutrement ou son armement qui me tenait en haleine, mais sa présence : Qu'est-ce qu'il faisait là ?
Il se révéla lui-même : Il avait entendu notre petite discussion et proposait de m'éclairer. Fronçant les sourcils, je gardais le dessin prêt de moi en attendant des arguments... J'étais prêt à lui montrer, mais cette information perdait de la valeur et de la fiabilité avec le nombre de confidents. Invitant à entrer dans sa chambre, j'emboitais le pas, curieux de ce qu'il pouvait m'apprendre. Les combattants qui avaient survécu aussi longtemps avaient quelque chose de précieux : L'expérience, l'histoire gravée parfois sur leur peau nue... Si jeune qu'il était, Shinjin avait quelques cicatrices et je n'imaginais guère autrement un guerrier de première ligne. Cet homme, au visage sauvegardé, cachait des trésors de souvenirs et d'expériences.

Mon livre était ancien, peut-être comme lui.

Aussitôt, il questionna le sceau... Soupçonneux, je cédais cependant en présentant le dessin, dans ma paume, pour révéler la chose : Trois larmes roulant sur le blanc du parchemin. Ce n'était rien, et pourtant, c'était tout, car le sceau pouvait s'étendre sur l'individu... Comment ? Sous quelle forme ? Je ne savais pas, mais je reprenais quand même l'histoire par le début après m'être présenté, comme lui :

- Seki Jun'Ichiro. Ma mère est morte d'un tatouage similaire... Enfin, non, car elle s'était développée sur sa peau pour complétement la recouvrir. Je ne connais pas le motif exact, était-ce celui-là ? en existe-t-il d'autres ? Un silence, les questions étaient réthoriques... Même si j'espérais secrètement qu'il puisse m'en dire plus. À l'époque, je n'ai pas continué mes recherches car c'était une maladie, selon mes trouvailles, sauf que dernièrement, j'ai découvert que c'est quelque chose qui dope... renforce... Que sais-je ? Les individus. Laissant le dessin devant l'homme âgé, je le laissais contempler la simplicité du tracé : Shinjin n'était pas un dessinateur et même les choses aussi ridicules lui donnait des complications.

Seichi questionna alors le médecin, Kenichi, sur sa possible sortie : C'était un patient, il avait un problème à la jambe qui avait demandé une opération. En tout cas, c'était ce que je comprenais. Mon interlocuteur précédent était alors un chirurgien, ce qui donnait encore plus de valeur à son temps... Regardant, un instant, la carrure du sauveur des blessés, je revenais sur l'individu qui devait recevoir une réponse de celui qui s'occupait de lui, avant que je ne reprenne :

- Avez-vous rencontré ce sceau ? Ou un autre ? Le mystère restait entier, mais comme un vent de sud, l'homme pouvait dissiper la brume...

Silencieux, j'écoutais le médecin réprimander en douceur son patient : Il était aimable, sous cette couche professionnelle, invitant même le samouraï à aller marcher pour vérifier le tout. Il était un bon médecin, sans doute du même genre que mes parents... Enfin, ce n'était pas le moment de penser à ça. En retour, l'homme âgé l'appela par son prénom et lui annonça fièrement qu'il pouvait le battre à tout moment... Jouant avec son katana, il avait l'air de vouloir se battre à tout moment, pour autant résonnait en lui une tranquillité absolue : Le paradoxe du guerrier, dans la paix de l'âme à l'intérieur d'un corps de champion.
Ce corps se découvrit à ma question : Il avait rencontré la marque, sans sa propre chair, et il avait échoué... Sur son bras, une cicatrice prouvant ses dires à moitié. Est-ce que je pouvais discerner le motif, derrière la blessure ? Non, tout s'en était allé et pour une bonne raison.

Il fallait passer un test.

Survivre à la marque : Certains en mourraient, d'autres survivaient sans pour autant avoir la malédiction et de rares élus contenaient cette malédiction en eux. Devant ces finalités, je ne savais pas trop ce qui était le mieux... Mais le fait que les "bienheureux" aillant réussis s'étaient suicidés, après, ne démontrait que le début d'une vraie tragédie.
Cette marque maudite n'était pas une maladie, ni même vraiment un fuinjutsu... C'était un nouveau genre, entre le fuinjutsu dopant et la lente auto-destruction de l'individu. Seichi ne savait pas le fondement de la chose, et je ne pouvais qu'émettre des théories. Seule chose : La marque était connue des autorités, qui cachaient les informations pour... Pour quoi, d'ailleurs ? Éviter la panique des foules ? Conserver un avantage stratégique ? "Qu'est-ce que sait le kage ?"

L'origine de la marque vint briser ma réflexion. On avait donc l'alpha et l'oméga de cette malédiction et même si je n'avais que peu d'informations sur eux, je savais que ces créatures n'étaient pas... Atteignable, pas pour moi, ni pour beaucoup de monde, si un groupe entier avait péri devant eux. "De la pire des manières." Devant tout le discours du samouraï, je ne pu que répondre :

- Je vois. Le ton sérieux, la mine ailleurs... Je réfléchissais, compilant les informations à l'intérieur de mon crâne pour trouver une pièce, ou plusieurs, à mettre dans le grand puzzle. Je vous remercie pour votre intervention... J'ai énormément appris. Lorgnant sur le katana, le bras désormais couvert de Seichi puis sur le visage de celui-ci, j'émettais des questions : Votre rencontre avec ces Yokai remontent à combien de temps ? Puis je lier votre mésaventure avec celle de ma mère ? Vous parliez d'un laps de temps très court, ainsi, je me demande si ma mère n'a pas été un cobaye du même groupe que vous... Pour cette marque. Levant la main pour la joindre à mon menton, je continuais à réfléchir aux tenants et aboutissants de la chose. En tout cas, on peut imaginer que c'est la même marque... Ou bien, elle a rencontré une autre créature qui a cherché à... La maudire ? La rendre plus fort ? C'est une arme comme une "bénédiction" pour eux. Pour autant, d'après ce que vous me racontez, ils ont un projet assez clair s'ils ont soumis un grand nombre de personnes à cette technique...   Pour moi, dans les camarades du samouraï, certains avaient réussi et avaient développé cette chose, pour ce que cela avait coûté à leur humanité.

Il restait un dernier inconnu : Ce que savait le gouvernement de Jujou No Sato, si cherchait était une bonne façon de trouver... Je devais me servir dans la banque d'information du village pour aller plus vite.  C'était une question d'héritage, en fin de compte : je ne faisais pas ça pour moi, c'était la question que m'avait laissé ma génitrice et en bon fils, je devais trouver la réponse. Une information me sauta au visage, rapidement :

- Qui a surnommé cette marque comme un sceau maudit ? Vous avez parlé de "Il", ce serait le Yokai qui vous a marqué ? Ou bien un autre médecin, ou quelqu'un d'autre, vous a examiné à votre retour ? Si j'arrivais à trouver le point de contact, je pouvais m'éviter une conversation déplaisante avec le chef du village... Mais la légalité avait une qualité que les autres n'avaient pas, la transparence et l'honnêteté.

Je pouvais aussi attendre l'enquête et les tests de la brigade d'interrogation, pour être admis si Chinone le voulait bien et mettre en lumière certaines informations uniquement accessible à l'élite secrète de Jujou... Cela me permettait de rester dans l'ombre, mais en pleine lumière de tout ce que savaient les gradés... S'ils avaient transmis cette information.
Peut-être même que seuls quelques élus savaient, et on était dans ceux-là, maintenant, avec Kenichi... Tournant la tête vers lui, je cherchais sa réaction à la révélation. C'était beaucoup, même pour moi. Si la médecine donnait le calme, dans les urgences, ce flot tendu de donnée pouvait faire tourner la tête à tout un chacun... La question vint toute seule, à l'égard du samouraï :

- Qui sait, à part vous et nous maintenant ? J'ai besoin de plus de réponses et si le village a classifié les choses, je dois savoir à qui demander pour avoir plus de lumières ? Un léger sourire apparu sur mon visage pour cet homme fort qui avait vécu une chose horrible. En tout cas, je vous crois quand vous dites que vous pouvez mettre une déculottée à des jeunes comme nous... Pour survivre à ce genre de chose, il faut une sacrée force.

Que ma mère n'avait pas.