La démarche lente, je me dirigeais vers ma destination. La dangerosité de ce que je m’apprêtais à faire n’était pas rien, pourtant, mon cœur et mon corps ne ressentait aucune pression. J’arrivais facilement à calmer mes sens et surtout rester le plus stoïque possible en toute circonstance. L’entrainement que j’avais reçu avait été bénéfique là-dessus. Deux ans, c’est long après tout.


Mais ferme là toi. Tu ramènes toujours ta fraise quand il ne faut pas, toujours là à parler au plus mauvais moment. Jamais tu ne parlais au moment opportun, comme lorsqu’il n’y a rien à faire. Pourquoi je ne t’entends pas à ces moments-là dis-moi ? Pourquoi ? Tu ne réponds pas ? Je te parle putain de merde ! Et puis ferme là, tu as raison, tu es qu’un lâche qui n’a pas les couilles de donner son avis propre et donc tu suis toujours le miens ! J’ai compris maintenant, depuis le temps que toi et moi on partage ma cervelle, que je ne pourrai compter sur toi dans les moments importants. Crois-moi quand je te le dis, quand j’entends ta voix, j’ai un sentiment fort de dégoût qui se propage dans tout mon corps. J’ai même envie de te voir brûler ! Puis après je me rappelle que je suis un moine du temple et que j’ai un certain statut à faire valoir.


Wow, calme toi l’ami. T’es plutôt bizarre je dois l’avouer. J’ai plus trop envie de faire tout ça, je parlais seulement de brûler moi. Les mots que t’as choisis m’ont carrément coupé l’envie de te faire souffrir. Et puis, je suis arrivé devant le palais du SakyuuKage. Ferme là, ne faut pas qu’il sache que j’ai un truc bizarre dans ma tête qui parle quand il veut et quand il veut, même si tu dis de la merde. J’entre dans le palais d’un air déterminé, sérieux puis me présente directement à l’hôtesse la plus proche. C’était sûrement un ninja de haut niveau, même si elle avait l’air d’une vulgaire hôtesse, parce que sinon, la sécurité laisserait à désirer. Le regard plongé dans le sien, mes mots parlaient d’eux même sur les intentions qui ont poussés ma visite.

« Bonjour, je viens voir le SakyuuKage. Je n’ai pas de rendez-vous, mais j’aimerai avoir un entretient avec lui pour aborder d’importantes questions ».

Le visage de l’hôtesse-ninja d’élite changea du tout au tout. Elle se demandait sûrement comment un petit homme court sur patte comme moi pouvait se permettre de venir ici et demander à voir le Kage sans aucun rendez-vous pris au préalable ? C’était simple, il fallait bien tenter pour savoir si quelque chose marcherait. Et puis, je n’avais jamais entendu personne l’avoir fait auparavant, alors comment savoir si cela marchait ou non ?

« Le SakyuuKage ne reçoit que sur rendez-vous et/ou convoque directement ses troupes s’il veut voir l’un de ses shinobis. Je me dois donc de vous demander de quitter les lieux ».

« Malheureusement, je me dois de refuser votre demande. C’est une affaire importante. S’il est occupé, j’attendrai ici le temps qu’il faudra. Il n’y a aucun problème »


Oh mais ferme la toi, c’est pas le moment.

Le Sakyukage, finalement, avait accepté de me voir. Et vous savez quoi ? Il accepte en échange de la moitié de mon salaire du mois prochain. Tu peux même le prendre en entier mon coco, je n’en ai rien à foutre d’être payé. L’hôtesse referme les portes derrière elle en sortant du bureau. Je me retrouve donc seul face au ninja le plus puissant de ce village. Malgré ça, aucune peur, aucun stresse. S’il devait se passer quelque chose, qu’il se passe ce quelque chose. Si c’était écrit, alors pourquoi tenter de faire autrement ? D’agir différemment ? Le dieu des flammes savait où je devais aller et quoi faire. J’avais confiance en lui.

« Mon nom est Kamikaze Tatsu. Et si vous voulez, prenez même la totalité de mon salaire le mois prochain. Je ne suis pas de ceux qui font partie de l’armée pour avoir de l’argent tous les mois »

Dis-je en le regardant droit dans les yeux. Je n’avais que faire de son salaire. S’il pensait pouvoir me punir en me prenant la moitié de mon salaire, qu’il le prenait totalement. Cela reviendrait au même. Je n’ai aucunement besoin de cet argent, je ne fais pas tout ça pour l’argent. Je fais tout ça parce que j’y crois. Je crois en un monde neuf, complétement réformé et purifier où la violence et la haine disparaitront. C’est ce qui me fais bander. C’est pourquoi je respire et me bat chaque jour.

« Je vais être direct. J’ai été approché par le culte carboniste pour infiltrer le village et obtenir des informations importantes. Que ce soit sur vous ou les forces et faiblesses du village. J’ai accepté de le faire. » Dis-je avant de reprendre la parole avant qu’il ne me coupe la tête. « Du moins sur le papier. Trahir le village qui m’a recueilli et sauvé à la mort de mes parents m’est impossible ».

Je suis bon acteur non ? Il était impossible pour lui de savoir si je mentais ou non. Malgré ça, c’est un jeu dangereux auquel je jouais et je le savais. À mon niveau actuel, il fallait exactement 1 demi seconde à l’homme que j’avais en face de moi pour me tuer. Le risque était grand, mais si je mourais ici, c’était que le dieu du feu l’aurait choisi. Il allait le comprendre rapidement. S’il y a bien quelque chose que j’ai de commun avec lui, c’est ma détermination.

« Je suis venu ici pour vous proposer mes services, même si au final, en tant que membre de l’armé, je suis déjà sous vos ordres. Bon nombre de fidèles disparaissent et ne reviennent plus prier. Ils s’éloignent car on leur lave le cerveau. On idéalise un monde dans lequel jamais ils n’auront à se salir les mains, en leurs proposant une religion extrémiste qui les forcera, au final, à faire des choix qu’ils regretteront. Je le sais, je le vois puisque je suis moine au temple du soleil depuis un moment maintenant. J’en vois de plus en plus ne plus revenir »

Dis-je en plaçant mes mains derrière mon dos.

« S’il faut se salir les mains pour les sauver, alors qu’attendons-nous ? Laissez-moi être votre taupe dans ces cultes extrémistes. Laissez-moi me salir les mains pour ce village. Je ne veux aucune reconnaissance, aucune médaille, aucun trophée. Seulement votre aval Sakyukage-dono ».

Dis-je d’une voix sincère et sérieuse. Les dés étaient lancés. Dans les secondes qui allaient suivre, soit j’allais mourir, soit il m’utilisera. Dans les deux cas, j’acceptais mon sort.