Aujourd’hui, comme tous les jours d’ailleurs, je n’avais pas envie de me lever. Plus les jours passaient, plus il était difficile de faire en sorte de continuer ma mission divine. Le monde était parti pour ne plus tourner rond dans peu de temps et je le savais. Mais après tout, comment un moine comme moi pouvait changer quoi que ce soit ? Comment pouvais-je faire en sorte qu’un changement, ne serait-ce que minimum, ait lieu ? C’est ce qui me passait par la tête, une multitude de questionnement sur la vie alors que le soleil se levait doucement et que les premiers rayons vinrent caresser ma peau.


Ferme là, on est seulement en début de matinée et tu fais déjà des siennes. Il n’y a que quand je dors que je ne t’entends pas et franchement, ça fait un bien fou. Et puis je n’ai toujours aucune réponse, t’es qui ? La voix dans ma tête, je la connais, c’est la mienne. Et je peux t’assurer que ce n’est pas toi qui parles à ma place, donc t’es qui ? Pas de réponse ? Super, tu parles que quand ça t’arrange c’est ça ? Bah écoute, je vais faire ce qui t’arrange que quand moi, ça m’arrangera, comme ça on est quitte.


Mais ? T’es con ou tu le fais exprès ? Enfin bref, je ne vais pas passer trois heures à parler à je ne sais qui, surtout dans ma propre cervelle. Je vais faire comme si je ne t’entendais pas, ça ira plus vite. Je me lève donc, prend une douche, me lave les dents et m’habille avant de sortir de la chambre que m’offre le temple. Après tout, ici, je suis un membre bien placé. Ma foi a été mise à rude épreuve et aujourd’hui, je m’occupe de tout ce qui est entretient de ce beau lieu en plus d’accueillir les fidèles à certains moments. Et justement, aujourd’hui était une journée chargée et de ce type. Il n’y avait pas assez de moine pour l’accueil des fidèles et donc, on m’a chargé de le faire toute la journée. Je n’avais pas très envie d’aller travailler, mais c’était pour la bonne cause. Après tout, j’adorais mon boulot et aider mes frères et sœurs religieux était comme inné pour moi.


Oh et puis merde, tu commences sérieusement à me les briser toi. Je ne sais pas qui tu es, d’où tu ne viens ni comment t’es arriver dans ma tête mais tu dois comprendre certaines choses : le matin, il ne faut pas me parler, je ne suis pas d’humeur. L’après-midi c’est pareil et le soir encore pire. Finalement ferme ta gueule c’est tout ce que t’as à faire et même ça ne t’es pas fichu de le faire. Je ne comprends pas, tu ne donnes jamais ton avis et franchement, t’es toujours d’accord avec mes choix. Surtout que tu pousses des portes ouvertes, si je n’ai pas envie d’aller travailler tu vas me dire de ne pas y aller, si j’ai envie, tu feras l’inverse. J’ai l’impression que t’es pas très futée, t’as trois neurones ?

Et puis tu ne réponds jamais quand je te parle. Tu parles toujours quand je ne te parle pas. Y’a des règles pour vivre dans ma tête et tu ne les respectes pas. Et je déteste les gens qui ne respectent pas mes règles, tu devrais brûler. Enfin bref, je suis au travail je ne veux pas t’entendre. Je ne veux pas paraitre comme un fou devant tout le monde t’as compris ? J’ouvre doucement la porte de la grande salle de prière principale et mon regard se posa sur les adeptes venus aujourd’hui. Il y en avait de toute sorte. La salle est remplie. Le travail aujourd’hui va être rude, je le sais.

« Enfoiré, attrapez-le ! Je l'ai surpris dans le lit de ma grand-mère, vite que quelqu'un l'immobilise ! »

Oui, c'est une introduction haut en couleur aujourd'hui. Vous vous souvenez de l'octogénaire chaude comme le désert de Sakyuu ? Et bien figurez-vous qu'elle a des copines, qu'elle m'a gentiment présentée après une soirée arrosée. J'ai plus trop de souvenir, je dois bien l'avouer, mais il semblerait que j'aie fini la soirée avec l'une d'elles ou dans l'une d'elles . En tout cas, mon seul souvenir, c'est une sorte de jeu bizarre où je me revois boire de la boisson dans un nombril, et il y avait une chèvre aussi. Bref. Résultat des courses, je me réveil en sursaut à cavaler dans les rues de Sakyuu, poursuivi par ce qui semble être son petit-fils. Roooh, ça va. Même les anciens ont le droit au bonheur.

« Salaud ! Que je te revois plus jamais, je vais te le faire payer...... »

Les cris disparaissaient au loin, sous le regard médusé, mais non pas surpris des badauds du coin. Je venais de lui mettre une tempête digne du plus rapide des Hokakebune. Si je maîtrisais bien une compétence en tant que shinobi de l'armée, c'était bien celle de courir et fuir aussi vite que la lumière. Je me stoppais un instant, reprenant mon souffle en attachant mes habits qui avaient été enfilés à la va-vite. J'avais une marque bizarre sur le ventre, comme si quelqu'un m'avait mordu jusqu'au sang. Mais, moi qui connaissais bien le corps humain, je pouvais affirmer que ce n'était pas l'œuvre d'une bouche de vieille dame, mais plutôt... D'une chèvre ?

Beurk. J'eus un frisson de dégoût, avant de lever la tête. Tiens, me voilà devant le Temple du Soleil. C'est marrant d'avoir pêché par la luxure et de se retrouver face au lieu de culte des kamis. C'était peut-être mon karma qui me ramenait à la réalité et qui me demandait de stopper mes conneries. J'étais prêt à faire demi-tour, pour rentrer tranquillement vers mon Échoppe du Souvenir, mais un souvenir me figea un instant. C'était une discussion, que j'avais eue avec Kiseki-kun, mon ami, celle où je lui faisais la promesse de m'intéresser un peu plus aux divinités afin de me rapprocher de lui. Bon, et bien on dirait que le devoir m'appelle. Je frottais mes habits afin d'en retirer la poussière, impossible que je rencontre les dieux en étant tout crade. Puis, je poursuivis en grimpant les nombreux escaliers devant la porte principale avant d'entrer dans la sacro-sainte salle de prière. De nombreuses personnes étaient présentes, entourées par de nombreux prêtres. C'était la première fois que je mettais les pieds ici, alors je devais demander conseil.

« Salut tout le monde ! Excusez-moi, j'aimerais parler à Amaterasu-sama ! Est-ce que quelqu'un sait où je peux la trouver ? J'ai plein de questions à lui poser ! »

Belle entrée en matière, bravo Kenta.