La vie d'un ninja, ça se résume à prendre des missions diverses pour son village. Évidence, pas vrai? On l'oublierait à voir Eiko crapahuter un peu partout dans le désert, mais la logique était que ce n'était qu'une petite partie de tout le voyage, ça. Une pause entre deux missions, et puis repartie. C'était pour ça qu'elle avait un peu attendue avant de croiser Seigi, qu'elle soupçonnait comme porteur d'une mission une fois les plaisanteries terminées.

Bon, elle voulait aussi lui parler de la lettre, mais elle se disait que croiser un autre Jujoujin dans un village comme Sakyuu devait vouloir dire plus que bête entente cordiale et plaisanterie, même si la discussion s'était conclue comme moins... positive que prévue pour Eiko, quelque part, avec le rejet initial de son ami concernant la lettre. Et elle comprenait son ressenti, mais se faire jeter l'espoir à la face n'était pas très plaisant. Et puis merde, qui s'en fout de si elle meurt ou pas ? Que ce soit dans un piège ou sur un lit, paralysée et victime de l'énergie qui donne vitalité et force à tout le monde d'autre, son destin n'était pas rose.

Mais les principes de la lettre allaient attendre, parce qu'un zouave était arrivé depuis Jujou pour leur donner une mission. Du moins, elle pensait : ce brave Seigi s'était porté comme receveur de la lettre dès le départ, sans trop lui demander son avis. Eiko se contenta donc de hocher des épaules pour prodiguer de l'eau à son camarade, ce dernier s'asseyant sur la chaise de Seigi, pensant au fait que là n'était que la moitié de son long séjour. Mais Eiko se fichait un peu de lui : elle était surtout dubitative de la mission. S'il avait couru comme ça, c'était que ça devait être urgent.

Au moins... plus besoin de courir, hein ? Tonna t-elle au jeune homme, le ton doucereux, avant de dévisager Seigi. Oui, recherche. Recherche, plus exacte, d'un criminel retors qui avait réussi à s'échapper d'une prison dernier cri.  Comprenez que ce n'était pas là que l'on jette les voleurs à la petite semaine, donc le lascar était un criminel sérieux en plus d'être assez doué pour fuir un établissement pareil. Pour ça que la mission de rang C ordonnait simplement que le gueux soit identifié et localisé par les deux, avant que des gens plus expérimentés ne viennent le chercher par la peau du cou. Quand au duo, inutile de dire que leur rôle dans l'affaire s'arrêtait à une identification, puis la gloire revient aux autres.

Cela ne gênait pas Eiko : la mort ne la gênait pas, mais elle préférait quelque chose de plus glorieux que d'être l'énième victime d'un tueur avec des cheveux verts (urgh) quelque part. Si bataille y avait, bataille y aura, mais elle avait l'impression que ça serait désavantageux. Tranquille fille qu'elle était, Eiko hocha simplement la tête avant de se mettre en route. Adieu, Sakyuu, mais elle pensait avoir bien assez vu ce village. Avant de partir, toutefois, elle procéda à un dernier coup de shopping, achetant de l'eau, des provisions et surtout une jolie épée, censée complimenter sa fidèle hache. Pas mal non ? C'est Jujounien.

Les heures de marche dans le désert étaient... voilà, mais elle s'y était un peu habituée. Et le soleil n'est que tueur distant et couard, qui attaque de loin. Leur ennemi était sur place, dans un hameau "sympathique" au sud de Sakyuu. Quand un endroit reçoit une description ainsi, c'est qu'il va se faire exploser, mais bon : ce n'était que la responsabilité des Sakyuujins de s'occuper de leur jardin. Ils aimaient bien laisser d'autres faire le boulot, elle avait remarquée, quand ils n'étaient pas en train de s'entre-mépriser.

Ah la la, il faudra qu'elle parle plus en détails de ce coq impudent. Qui sait, peut-être que l'autre évadé lui fera regretter l'homme à la crête ? Il n'avait pas chômé dans Shounin : elle remarqua d'entrée de jeu les traces, comme du sang et de la suie, et l'indisponibilité dehors, avec des gens chez eux ou dehors en groupe. Mouais, ils étaient arrivés un peu trop tard : le gaillard avait fait quelques victimes, et il aura le temps d'en refaire avant que les renforts n'arrivent sans aucun doute.

Eiko ne se laissa toutefois pas distraire, dévisageant Seigi de retour et clignant d'un oeil. Bon ! La chasse ! Elle se rapprocha un peu, souci de ne pas être entendue.

Je te propose qu'on aille investiguer ces traces, histoire de confirmer si c'est bien ce que je pense. Et peut-être qu'elles peuvent nous mener vers quelque chose si on regarde assez bien elle recula un peu, posant un main sur le menton. On se sépare ou non ? A deux, on est plus saufs, mais séparés on peut investiguer les traces ou aller essayer de chercher des informations, pas vrai ?

C'est classique que se séparer, ça mène à la mort. Les bouquins d'horreurs étaient clairs dessus, mais... elle n'était que genin. C'est lui qui prend un avis qui peut bien les condamner tout les deux ou non !Après, ils ont un peu peur je dirais. On devrait les approcher correctement et ne pas être trop... évidents dans nos questions.