En plein dans le mille
Avec Zero Akashiki

CEYLAN

Assis en tailleur sur le toit de la voiture j’observais le paysage qui défilait lentement autours de moi. Cela faisait déjà plusieurs jours que j’avais quitté ma province et je commençais lentement à ressentir comme des picotements au bout de mes doigts. Tout était trop calme ces derniers jours. Pourtant, on m’avait désigné au débotté promettant une mission périlleuse dans la protection d’une cargaison d’importance. Pour raison qui m’échappe encore, les instances avaient décidées de me séparer de mon frère et de me faire progresser en solitaire. Peut-être escomptaient-ils scinder notre duo pour former deux nouveaux groupes ? Quand même cela voudrait dire que je deviendrais chef d’équipe, l’idée n’avait rien d’agréable. Toujours était-il que les jours avaient défilé à une vitesse affolante sans qu’aucun évènement notable ne vînt perturber notre progression. Enfin si. Le deuxième jour alors que nous empruntions une petite colline rendue boueuse par les pluies récentes, la voiture s’était embourbée et j’avais dû user de mes biceps saillant pour le déloger de sa prison de terre visqueuse. Il fallait au moins un junin pour cette mission, c’était évident !

Portant mon regard à la ronde, je croisais l’espace de quelques millièmes de secondes celui du dénommé Zero Akashiki. J’ignorais tout de cet homme et durant les premières heures notre relation s’était résumait à une méfiance commune. J’ignorais d’où il venait, qui il était, ce qu’il voulait. Pourtant, étant donné la réputation dangereuse des routes nous avions conclu d’un comme un accord de poursuivre notre route ensemble. Plus on est de fou, plus on rit n’est-ce pas ? J’avais espéré que l’arrivé du bonhomme serait signe d’agitation, mais à mon grand damne il n’en fut rien. Nous n’avions échangé que quelques mots depuis la sortie du précédent village et il me semblait être du genre taiseux. Le genre à regarder partout, tout le temps et à calculer le moindre de ses pas. En bref, il était plutôt chiant. Comme compagnon de voyage j’entends. Loin de moi l’idée l’homme à son katana.

Une nouvelle heure et une infinité de nouveaux arbres furent dépassés quand un évènement impromptu vint enfin me tirer de ma torpeur. D’abord ce fut un son qui m’alerta, celui du sifflement propre aux armes de jet. Immédiatement après, je pus constater que mon intuition était juste, lorsque l’un de mes protégés s’étrangla de son propre sang. La flèche avait atteint la gorge, il n’avait aucune chance d’y rechaper. Mon corps s’exprima tout seul et d’un bond je me retrouvais debout sur le toit du chariot, naturellement et sans m’en rendre compte j’avais posé ma main sur la garde de mon fidèle katana tout en scannant les environs du regard. Combien ? Où ? Comment les atteindre ? Telles étaient les questions qui tourbillonnaient en mon esprit. Une seconde flèche fusa et un second homme hurla sa douleur. Je ne pus me permettre de décrocher mon regard de la forêt pour observer les dégâts de celle-ci. Cependant, son sacrifice ne serait pas vain. Même si je demeurais incapable de localiser avec précision le tireur, j’avais au moins pu en deviner la provenance.

Je dispensais un rapide coup d’œil à mon homologue sabreur en espérant que celui-ci comprit la manœuvre. Laissant mes doigts s’agiter, je composai un rapide série de mudras avant de porter la main droite vers ma bouche. Notre bonhomme semblait vouloir jouer à cache-cache, nous allions voir comment il se sentirait depuis un arbre en flame. Crachant mes poumons, je laissai s’échapper une boule de feu vers la provenance supposée de l’agresseur, faisant fi des risques associés à l’utilisation du feu dans une forêt. Sautant des deux pieds jusqu’au sol, je lâchais quelques mots aux civils apeurés avant de me diriger à toute jambe vers le combat.

« Restez caché ! »

En plein dans le mille
Avec Zero Akashiki

CEYLAN

Nul mot n’avait été nécessaire pour que mon camarade et moi nous mettions en branle. Méthodique nous progression en direction de notre adversaire tout en s’efforçant de le contraindre à quitter sa couverture. Alors que déjà mon corps s’activait à tout rompre, je ne pouvais que rester coi en observant la formation d’un dôme d’eau qui vint absorber toute la puissance dévastatrice de mon attaque. Ainsi donc notre ami n’était pas un simple archer, mais bien un combattant usant de ninjutsu. Prenant position au pied de l’arbre, j’observais mon acolyte qui d’un coup sec de son sabre fit voler en éclat le puissant tronc dans lequel l’importun avait trouvé refuge.
Loin de se laisser démonter si facilement, l’intrus en une belle pirouette repris position sur un rocher, nous toisant de sa hauteur. Quelques mots furent échangés, dont j’eus grande peine à saisir le sens. Une histoire de dieux des vents et des montagnes dont nous pourrions devenir les apôtres. Un illuminé ? Sans doute. En tout cas, une chose demeurait certaine, le garçon aimait à me toiser. Son regard, en partie masqué par son masque, semblait scruter avec soin le moindre de mes mouvements. Avait-il été missionné pour m’attaquer ? Ou bien se concentrait-il simplement davantage sur m’adversaire lui semblant le plus dangereux ?

Je n’eus guère le temps de répondre à mes interrogations, puisque le temps d’un battement de cil, l’individu se repositionna avec une agilité certaine. Rapide le bougre et intelligent en prime. Le genre d’adversaire qui devait nécessairement avoir suivi une formation militaire. Ne voulant guère lui laisser le temps de trop profiter de son avantage de distance, mes jambes s’élancèrent à sa poursuite. Implacable, celui-ci décocha une flèche qui vint siffler sur mon flanc droit avant d’entreprendre un virage particulièrement improbable et de filer en direction de mon camarade.

Avec un peu d’appréhension j’avais légèrement ralenti ma cadence pour observer la scène. Je craignais en tournant le regard de voir le samouraï transpercé de part en part, mais celui-ci parvint in extrémis à bloquer l’attaque tout en continuant sa folle course. Rassuré, je forçais sur mes jambes et grignotais l’espace me séparant de notre opposant. Faisant crisser le métal, je mis mon katana au clair, la lame pointée vers l’adversaire. Arrivé à quelques pas de distance, j’entrepris un bond latéral et poursuivis ma course en contournant le rocher.

De toute évidence, notre ami n’avait aucune envie de croiser le fer avec deux épéistes. Il allait sans cesse reculer et essayer de nous percer de ses flèches avant que nous parvenions à lui porter la première botte. Une seule solution, lui couper sa retraite. Sans quitter l’individus des yeux, je m’élançais à tout vitesse pour le prendre en tenaille. Voyant mais surtout entendant, le katana de mon allié de fortune, je bondis sur l’occasion pour m’ajouter à la fête. Un premier bond pour prendre pied sur le rocher, trois autres pour arriver à hauteur de la bataille. D’un mouvement vif, je fis siffler ma lame en diagonale, espérant trancher dans le vif du sujet.

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