Il fait chaud. Le sable porté par le vent caresse la peau de Kiseki qui chantonne en arpentant les rues de Sakyuu. Cela fait longtemps qu'il n'avait pas été d'aussi bonne humeur, en même temps, il ressent en permanence une certaine pression due à sa santé, même s'il a plus ou moins accepté son destin. Ce qui le rend si heureux, c'est d'avoir appris qu'il serait en mesure de retourner avec d'anciens compagnons : Naoko et Shiro. Ce sont des enfants du désert, comme lui, des personnes dont il était proche et avec lesquelles il a toujours essayé de garder le contact même si c'était parfois compliqué.

Il ressent l'envie d'aller à la rencontre de Naoko, il n'a jamais eu l'occasion de la féliciter en personne pour sa promotion. Et puis, il veut fêter leurs retrouvailles.. Il a donc acheté quelques biscuits et du thé qu'il compte présenter à la jeune femme au moment où il entrera dans sa demeure. Le blondinet a envie de faire une entrée mémorable pour surprendre son amie. Il se demande s'il se fera grondé. Qu'importe, même s'il venait à se faire frapper, cette journée resterait sublime à ses yeux.

Du coup de pied, le jeune homme ouvre bruyamment la porte de son exceptionnelle cadette.



Kiseki progresse dans la maison jusqu'à apercevoir une silhouette qui n'est étonnamment pas celle de la Naoko, mais de Shiro. A vrai dire, il voit une infinité de raisons pour lesquelles il pourrait bien se trouver là et, étant un ami de la Jonin, il n'y a même pas besoin de chercher de raison à sa présence. Le blond est content de constater que la relation entre ces deux-là est toujours aussi bonne mais il ressent l'envie de taquiner ses anciens partenaires.



Il lâche un soupir fatigué et reste silencieux pendant quelques instants avant de donner une petite tape dans l'épaule du Chunin en rigolant.

Shiro venait d'entamer une des rares journées de repos qu’il pouvait passer tranquillement avec Naoko. C’est donc après une bonne grosse grasse matinée que Shiro décida qu’il était temps de se bouger un peu. Il se leva et ouvra la fenêtre de la grande chambre. Il resta quelques minutes à observer les villageois de Sakyuu vaqué à leur occupation telles des fourmis se baladant hors de chez elles. Un petit vent frais et agréable qui sortait d’on ne sait où, venait lui caresser la peau. Il se tourna pour voir la jonnin encore endormie en train de râler dans son sommeil qui sait de quoi était faits ses rêves.

Il descendit les marches une à une et s’installa dans la cuisine. Il ouvrit les pots qui trônaient à l'intérieur de la pièce pour le moins bien arrangée. Il sortit un wok et commença à cuisiner tranquillement. Une bonne odeur commença à envahir la maison et Shiro était plutôt satisfait de lui. Peu importe ce que les gens disent, il avait un certain dont pour le dessin certes, mais il était bien meilleur en cuisine. Il agitait vigoureusement la poil lorsqu’il entendit un petit bruit venant de devant la porte d’entrée qui se situait dans le couloir qui longeait la cuisine et le séjour. N’y prêtant pas vraiment attention, il continua de cuisiner et quel ne fut pas son erreur… Shiro entendit la porte s’ouvrir avec fracas et ne manqua pas de se bruler en posant par la surprise la poêle sur le feu.



Il n’eut même pas le temps d’aller voir ce qu’il se passait ou de prendre une arme pour trucider l’intrus, qu’il vit une petite tête blonde dépasser de l’encadrement de la porte de la cuisine qui hurlait le prénom de Naoko. Aucun doute possible quant à l’identité de cette personne. KISEKI ! Une des rares personnes capables de rentrer chez vous en défonçant votre porte d’entrée sans qu’on ne veuille lui arracher la tête avec les dents. En tout cas, Shiro avait presque pris l’habitude, mais pas sûr que Naoko de son côté prenne la chose comme le chuunin.

D’un soupir de soulagement et de fatigue, Shiro mit sa main dans un bol d’eau. La petite tête blonde s’appuya sur la grande table qui le séparait du chuunin et râla un peu. Il ne fallait pas du tout sous-estimer son pouvoir de culpabilisation rang Z. Depuis qu’il le connaissait, Shiro avait dû faire face à de nombreuses situations comme celle-là et enfin aujourd’hui était préparé. Avec un petit pincement au cœur, il secoua la tête et sortit sa main du bol. Pendant ce temps, Kiseki avait fait le tour de la table et fit une petite tape à Shiro lui disant qu’il rigolait.

.

Shiro venait de souffler du nez, ce n'était pas très crédible, mais il fallait quand même dire que ça avait fait son petit effet comique.

.

Shiro se tourna et attrapa un bol en plus qu’il installa à côté des autres. Il n'avait pas vraiment besoin de lui demander s’il comptait manger avec eux pour savoir la réponse et comme ça, il ne lui laissait pas le choix non plus.



Shiro n’aurait jamais fait cette proposition s’il n’avait pas une confiance aveugle en Kiseki.

.

Shiro sortit le wok du feu et le posa sur un dessous-de-plat sur la table au milieu des bols et des couverts.

.

Shiro entendit des pas se rapprocher de la cuisine, signe d’une Naoko réveillée.

Feu. Tout autour de la jeune femme n'était plus que flammes, le sol sur lequel elle mettait ses pieds nus, l'air qui venait emplir ses poumons. Feu, partout, toujours. Et rien pour le stopper. Une voix, distante. Invisible, intangible.

C'est toujours au moment de sa mort que la jeune femme se réveillait, la peau brulante et le souffle court, trempée dans ses draps. S'en était presque devenu une habitude. Elle cligna les yeux, deux, trois fois, reprenant son souffle en se touchant les bras, qu'elle vint finalement resserrer autour d'elle comme pour s'enlacer elle même, réprimant le tremblement de ses membres.

Elle était là, en ce moment. Elle était vivante, et maîtresse d'elle même. Ce n'était qu'un cauchemar.

Elle laissa ses bras retomber, observant le soleil déjà bien haut dans le ciel. Elle eut un petit sourire en voyant que Shiro s'était levé sans la déranger, attentionné tout comme son ombre savait si bien l'être. Une douce odeur commençait même déjà à se faire sentir, ce qui accentua son sourire. C'était son seul jour de repos, et il le savait. Le voir être aux petits soins, comme ça... C'était trop mignon.

Elle se laissa encore 5 minutes pour trainer dans le lit, avant de se lever. Au moment d'enfiler ses chaussons, elle entendit un gros bruit dans la porte d'entrée,  et les éclats de voix qui retentirent firent encore plus croitre le sourire de la jeune femme, si c'était possible.

Elle descendit les escaliers, vêtue d'une longue chemise de shiro et les cheveux en bataille, pour arriver dans la cuisine ou elle vit son âme soeur en train de discuter avec la personne probablement à l'origine du vacarme dans la cuisine.



Elle se jeta sur le Sabaku, lui faisant une accolade. Lui tenant les deux bras, elle prit un peu de recul, laissant sa joie la gagner.



Elle montra un siège à Kiseki, l'invitant à s'assoir avec eux.



La jonin n'avait pas eu de nouvelles du jeune hommes depuis ce qui lui semblait avoir été des années, prise par le train de vie infernal qu'elle avait du mener depuis sa promotion. Il lui tardait d'en savoir plus sur ce qu'il était arrivé au jeune homme depuis tout ce temps.

Le blondinet rit bien fort face à la réponse de Shiro. Il serait tenté d'ajouter qu'il vaut mieux rire qu'en pleurer mais s'abstient et offre plutôt son plus beau sourire au basané lorsque celui-ci annonce qu'il est heureux de le retrouver. Inutile de préciser que l'intrus est ravi de voir un nouveau bol apparaître sur la table. Les Sabaku, c'est un peu comme une grande famille, de sorte qu'il n'aurait pas hésité à se plaindre et à faire savoir son envie de rester manger si son ami n'avait pas pris l'initiative.



Kiseki s'invite sans prévenir, mais pour contrebalancer la chose, il propose son aide même s'il aime bien se faire chouchouter. Soit, ce n'est plus un enfant, mais il est malade alors c'est un peu comme si. Et puis, il n'y a pas d'âge pour se faire chouchouter. Le Chunin cligne des yeux quand son hôte lui demande s'il a un endroit où dormir. Il pourrait avoir un chez lui, mais il préfère utiliser son argent pour autre chose.



Bon ok, il est pas toujours là mais ça reste trop cool de vivre entre garçons et puis, dormir sous la pluie n'est surement pas recommandé pour un malade. Une expression de fierté se dessine sur le visage de l'ancien prêtre lorsque Shiro mentionne son intégration à l'équipe.

En entendant la voix de Naoko, le blond se retourne et ouvre grand ses bras pour accueillir son accolade. La voir aussi énergique lui fait plaisir.



Cette chaleur a beaucoup manqué à Kiseki. Il a l'impression que cela fait des années qu'ils ne se sont pas vus alors qu'ils vivent et travaillent au sein du même village même s'il est vrai que le malade a été détourné de son travail pendant un certain temps. Il s'assoit.

La petite tête blonde était quand même une des personnes les plus doux et gentil que Shiro connaissait. Il n’arrivait jamais à lui refuser quoi que ce soit. Même quand il s’invitait chez des gens, il voulait donner un coup de main.

Kiseki était en train de sourire en fermant les yeux et Shiro ne put s'empêcher de lui lancer un torchon sur sa tête.



Ils furent vite rejoints par Naoko qui semblait ravit de revoir Kiseki.



Ce dernier racontait ce qu’il avait fait ces derniers temps. Évidement, ce n’était pas une surprise pour les deux soldats de Sakyuu. Depuis toujours, Kiseki était malade et forcément, il devait chercher comment échapper à ce mal.

Shiro attrapa la cuillère de bois et remplit le bol de tout ce petit monde.



Shiro se rassit en remettant la cuillère dans le plat.



Shiro attrapa sa cuillère en bois.



Shiro touilla son bol avec la petite cuillère en bois.



Le chunin aimait y passer du temps pour aider la directrice dans ses tâches administrative et aider les gamins pendant la pause dîner. De ce fait, il commençait à connaître pas mal de jeunes qui vivent là-bas.

Il lança un coup d’œil à Naoko.



Si avoir ses amis avec lui sur ce projet était important, c'était qu’il lui tenait à cœur et c’était chose rare, surtout ces derniers temps.

La jeune femme s'assoit à coté de Kiseki, répondant d'un simple oui à la question de Shiro sur son sommeil, ne voulant pas particulièrement rentrer dans les détails. De toute façon, son ombre était bien au courant de ses tourments nocturnes, et elle ne souhaitait pas trop entrer dans les détails devant leur mignon invité.

Il lui posa des questions sur la vie de jonin, et la jeune femme mourrait d'envie de lui raconter la réalité : A quel point c'était grisant, mais à quel point c'était épuisant. Elle voulait tellement tout faire elle même, avoir le contrôle sur tout, qu'elle ne déléguais presque pas et passait le plus clair de son temps libre à dormir (soit à peine quelques petites heures par semaine). Mais elle ne voulait pas attrister le petit chuunin, et donc resta une fois de plus évasive.



Elle jeta un regard vers Shiro, comme pour lui demander, de manière sous entendue... fallait il lui parler de ça ?

Elle écouta ensuite le petit blondinet leur raconter ce qui avait rythmé sa vie ces derniers mois, et la jonin hocha la tête à chaque remarque judicieuse de Shiro. Le Sabaku avait toujours tendance à minimiser tout ce qu'il faisait, image de modestie. Mais la jeune femme voulait en savoir plus, et, surtout, rejetait cette histoire débile de destin.



Bien que la phrase était destinée à remotiver Kiseki, elle n'était pour autant pas entièrement vrai. Si la jeune femme devait réussir à faire l'impossible, elle se tournerait forcément vers son ombre. N'avait-il pas réussi à couvrir ses arrières alors qu'elle fonçait dans tous les précipices ? Un Shiro motivé était sans aucun doute l'être le plus redoutable de cette planète. Alors, un bête remède caché ? Trop facile.

Elle écouta ensuite Shiro parler, lui proposant de montrer son nouveau superbe katana à Kiseki, puis rougis un peu en l'entendant lui faire un semi-reproche vis à vis de l'orphelinat.



Leur enfance aurait été plus vivable, mais est ce que ce n'est pas la dureté de cette dernière qui donné à la jonin son ambition dévorante ? Dans tout les cas, la jeune femme ne voulait plus que personne n'ait a vivre ce qu'elle avait vécu, et donc soutenais le projet de son ombre à 100%.

Elle se saisit de sa cuillère, et commença à manger ce que Shiro avait préparé, fondant de plaisir à chaque bouchée. Il était vraiment trop fort. Elle souffla un moment... avant de ce décider de commencer à aborder des sujets plus graves, quitte à un peu briser l'ambiance bucolique du diner. De toute façon, la joie ne restait jamais longtemps vivante au village des dunes, ces derniers jours.



Le sourire de la jonin s'était envolé, et une expression plus grave c'était installée sur son visage. Jashinistes, fuite de Kamui... il y avait beaucoup à aborder avec leur nouveau coéquipier.

Kiseki se esquisse un mouvement de recul lorsqu'un vilain torchon lui arrive en pleine tête. Il l'agrippe et se met immédiatement au travail, s'excusant auprès de son ami pour ses rêveries. Cela lui arrive souvent d'être perdu dans ses pensées ou de se remémorer de vieux souvenirs, un peu comme un petit vieux. Il le sait pertinemment mais ne s'en plaint pas, au contraire c'est quelque chose qui l'amuse.

Le blond sourit en entendant Naoko parler positivement de son statut de Jonin. Il est content pour elle. Il trouve que c'est un grade qui lui va à ravir. C'est une femme forte, déterminée et intelligente qui ne pense qu'au bien de Sakyuu et des victimes du désert. Il aurait cependant aimé la voir parler un peu plus de ses nouvelles fonctions, mais il n'insiste pas.

Le blond se passe une main dans les cheveux lorsque Shiro lui dit de ne pas minimiser ce qu'il fait et de donner des détails.



A vrai dire, le Chunin ne trouve pas qu'il ait grand chose de passionnant à raconter. Il n'a pas affronté de tempête des sables dernièrement, il ne s'est pas non plus battu contre un Yokai et il n'a débusqué aucun Jashiniste ou Carboniste. Sa vie est bien banale comparée à celle d'autres Sakyuujin si on met de côté sa maladie.

Le voilà qui se fait grondé par le basané et qui entend Naoko maudire sa déesse. En soit, ce n'est pas très étonnant, il a bien mérité ça mais il est content de voir que sa famille -il considère Naoko et Shiro comme tel- tient à lui autant qu'il tient à elle et que celle-ci est prête à retourner ciel et terre pour le sauver, même s'il ne désire pas que ses proches sacrifient leur vie pour une cause qu'il considère comme perdue.



Kiseki prend une bouché et hoche bien évidemment la tête lorsque son ami Chunin lui propose de passer de temps en temps à l'orphelinat. Il adore les enfants et tient à aider les orphelins de Sakyuu alors, ce n'est certainement pas lui qui va dire non. Il compte bien dépenser tout son salaire -ou presque- pour les fournir en nourriture et en vêtements et, bien sûr qu'il compte aussi jouer avec eux voire les instruire.

Le blondinet penche la tête sur le côté quand la brune lui demande s'il a suivi les actualités du village. Son air est soudainement bien plus grave et il songe alors qu'il a dû manqué quelques informations d'importance. Il se montre donc, lui aussi, plus sérieux.

Qu'il était beau de voir cette cuisine remplie de vie aujourd’hui. Les deux chatons recueillis par Naoko s’étaient incrustés dans la discussion, se frottant aux jambes du nouveau venu.

L’homme des sables soupira et ferma les yeux face à la mignonne insistance de Kiseki.



Shiro souffla du nez et ouvrit un œil pour voir la réaction de Naoko après l’avoir taquinée.



Shiro fit une petite pause pour commencer son plat. Il termina ce qu’il avait dans la bouche avant de reprendre.



Si Shiro brillait quelque part, c’était bien dans ce domaine. Depuis qu’il était rentré dans l’armée, il s’entraînait à maîtriser la foudre. Il avait toujours eu de la facilité avec et avait donc décidé de transmettre son savoir aux jeunes du village qui voulait ci essayer.



Le chunin leva les épaules et regarda Kiseki dans les yeux.



Shiro baissa les yeux sur son plat et continua à manger, écoutant Kiseki et Naoko parler.

La Jonnin avait compris le sous-entendu de Shiro et lui promit de passer. Les gamins seraient sûrement tous impressionnés de voir un gradé de Sakyuu. Mais de toute façon si elle oubliait encore, le jeune homme avait prévu de la forcer d’une manière ou d’une autre. Toute action était bonne si cela pouvait aider les orphelins de Sakyuu.

Naoko demanda si Kiseki était au courant des dernières actualités du village et le chunin, bien que très bien renseigné, se demandait si elle n’avait pas des infos qu’elle aurait oubliées de lui parler ou autre.



Shiro posa sa cuillère quand il fut surpris par un bruit de vaisselle déplacé. En se retournant, il prit la main dans le sac, un des chats essayant de chaparder un reste de nourriture que Shiro gardait pour plus tard sur le plan de travail.



Shiro soupira en chassant le matou, avant de revenir à table.

La super jonin esquissa un sourire en entendant Kiseki raconter ses aventures plus en détail. Il était tellement plein de vitalité, et faisant tant de choses simples, mais qui venaient du fond du coeur. Qui, à part Kiseki, aurait dansé avec quelqu'un, aurait distribué de la nourriture à des orphelins, rencontré des gens atteints de la même maladie que la sienne, et manqué de se faire tuer par Otohime ? Cependant, une petite ombre passa dans son regard en se rendant compte que, à un moment ou un autre, les aventures gentillettes du Chuunin allaient devoir se teinter de sang... et que ça serait probablement de sa faute.

Elle fit sa plus belle grimace pour Shiro qui évoquait la difficulté de s'occuper d'elle, sans pourtant pouvoir nier en toute honnêteté.



Sans lui pour couvrir ses arrières, la jeune femme ne serait plus qu'un corps froid dans une fosse commune, et n'aurait plus à ce soucier de ce genre de choses. Son sourire revint lorsqu'il évoqua ses talents d'artiste supposés, que la jonin n'avait pas eu le cœur de briser en morceaux. Il était si heureux de dessiner, et elle n'étais pas cruelle au point de briser ses rêves.

Mais, l'heure était aux choses sérieuses. Shiro l'encourageait maintenant à parler, comme pour lui signaler qu'il était important que Kiseki sache ceux qu'ils savaient. La jeune femme attrapa le chaton ravageur pour venir le poser sur ses genoux, le caressant doucement pour le calmer et se donnant un peu de force. Elle aurait souhaiter laisser le chuunin blond en dehors de ça, mais, comme elle avait souvent entendu dire...



Elle baissa les yeux vers le poticha.



C'était ses frères et sœurs du sable, c'était son bloc résidentiel, c'était les adultes qui lui filaient un morceau de nourriture et ceux qui surveillaient la rue pendant que les autres dormaient. C'était ceux qui, Sabaku, survivaient d'entraide dans les bas-fond de la cité des sables tachés de sang.

La première main de la jonin vint se poser sur le chat, tandis qu'elle serrait le poing de la seconde.



Elle leva de nouveau les yeux pour les poser, déterminés, sur ceux du chuunin.



Elle commença à tapoter sur la tête du bébécha, qui mordilla les doigts de la jonin.



L'expression de Naoko se fit vraiment grave.

Kiseki mange en écoutant avec grande attention ce que sa famille a de beau à raconter. Il rit à gorge déployée lorsque Shiro lui dit que s'occuper de Naoko prend du temps et manque de peu de s'étouffer par la même occasion. Cela ne l'étonne pas le moins du monde mais il ne s'attendait pas à ce qu'elle se prenne une pique. Et la réaction de la femme parle d'elle-même, elle ne peut pas nier. L'homme basané semble être très occupé, si occupé que le petit blond se demande comment il peut faire tenir tout ça dans son emploi du temps avec des journées pourtant si courtes. S'occuper de Naoko, effectuer des missions, entraîner les nouvelles recrues... Lorsqu'il entend tout ça, le malade se sent un peu honteux, c'est qu'il travaille beaucoup moins que son ami même s'il fait de son mieux pour le village.



Le blond ne se trouve pas particulièrement agréable à regarder mais avoir un dessin de Shiro lui ferait un beau souvenir de son ami. Il aime bien cela, avoir des traces matérielles de ses relations, de ses accomplissements. Pour lui, c'est important. Cela permet à ceux qu'il a rencontré et à ce qu'il a accompli de continuer à vivre à ses côtés. Avant sa mort, il aimerait laisser la trace de son existence quelque part pour continuer à exister via celle-ci. Quelle forme elle prendra, il n'en a encore aucune idée mais il y tient.

Le visage de la Jonin et l'intonation qu'elle prend parlent d'eux-même. Elle s'apprête à aborder un sujet grave. Grave à quel point ? Dur à dire sans en connaître le contenu mais le médecin sait qu'il doit écouter avec attention et que ce n'est plus le moment de plaisanter. Il a entendu parler des Yokais, mais il ne savait pas que les Carbonistes et les Jashinistes s'étaient aussi mis en marche. C'est effectivement inquiétant. L'homme écarquille les yeux quand son interlocutrice dit émettre des doutes sur le Kage.



Voilà une question importante. Evidemment, le Chunin est prêt à obéir aux ordres de Naoko les yeux fermés mais s'il peut avoir ne serait-ce qu'un début d'élément de réponse, alors il en serait plus que ravi. Nagisa, un nom qu'il connait mais un visage qui lui échappe. Peut-on réellement dire que Naoko livre des informations ? Ce qu'elle dit est tellement vague que cela fait peu de sens. Il comprend mieux lorsqu'elle lui demande s'il souhaite écouter la suite et qu'elle l'invite à bien réfléchir. Le blond lâche un long soupir. Est-ce parce qu'il aime faire l'idiot que son amie le traite ainsi ? Il n'est peut-être pas le plus fort du trio, mais il se sent triste à l'idée qu'elle puisse imaginer le laisser derrière, qu'elle puisse imaginer qu'il ne mettrait pas sa vie en danger pour eux.

Sur les mots de Kiseki, Shiro se leva et partit chercher un bout de papier et un charbon qui traînait par là.



Shiro plaça son pouce et son index, formant un véritable angle droit au niveau du menton de Kiseki tout en fermant un œil et en tirant légèrement sa langue tant il était concentré. Il allait en faire un véritable chef-d'œuvre, bien qu’il doute ne pouvoir aussi bien le dessiner que Naoko. C’était sans doute plus facile vu qu’il connaissait son visage sous toutes ses formes. Mais après ça, Shiro allait raccrocher son bout de charbon.

Vint la partie délicate de la conversation avec le ton de Naoko qui changea directement l’ambiance de la pièce. Shiro activa son mode senseur pour être sûr d’être tranquille. Tandis que notre valeureux chunin griffonnait son papier, il levait un œil de temps en temps à Naoko pour lui montrer qu’il écoutait attentivement ce que sa douce racontait. Elle lui résuma la chose tout en lui indiquant ses craintes concernant le kage, ce qui ne manqua pas de faire réagir Kiseki.



L’expression qu’arborait Shiro se durcit tandis que sa main accélère les traits sur le papier, faisant en sorte que des bruits de grattement de papiers accompagnent ses mots.



Shiro fit claquer sa langue.



Shiro se tut, laissant la jonin compléter ce qu’il venait de dire. Elle aborda rapidement le problème que Sakyuu avait avec les Jashinistes où là aussi le Kage semblait avoir décidé de faire l’autruche.

Puis, elle le mit dos au mur, lui disant que si la discussion allait plus loin, il serait embarqué dans leur spirale infernale, risquant sa vie tous les jours (ce qui ne devrait pas être un problème du tout pour lui.).

Cet avertissement n’était en réalité qu’une formalité, Shiro connaissait assez bien Kiseki pour pouvoir lui confier sa propre vie. Le chunin s’arrêta quelques secondes pour adresser un petit clin d’œil à la tête blonde avant de reprendre son dessin et d’attendre la suite des informations de Naoko.

La jeune femme laissa son duo de toujours répondre à Kiseki, opinant du chef à chacune de ses interventions, tapotant de la main droite sur la table. Ils étaient deux, après tout, deux à partager cette envie de révolte contre l'injustice, contre l'opulence d'une secte laissée libre de tout mouvement, et qui menaçait leur petit univers.

Elle sera le poing en imaginant tout ses compatriotes, camarades, amis, tous les gens qu'elle aimait et avait jamais connus, être menacés par l'existence d'un groupe dont elle connaissait tout, et contre lequel elle n'avait pas le droit d'agir.

Il lui serait intolérable de laisser tout son monde partir en fumée sans que la jonin mène un dernier combat pour le sauver. Telle avait toujours été sa voie, non, leur voie. Kiseki aurait-il la foi de l'embrasser ? De suivre ce chemin à travers le feu et les flammes, ce plongeon vers l'incertitude, vers le minuscule espoir de peut-être changer le destin, contre l'avis des dieux eux-mêmes ?

Et le médecin s'énerva, ce qui fit sourire la jeune femme. Voilà le genre de réaction qu'elle attendait. Et, tant pis si elle l'avait froissé. Une telle décision se devait d'être pris par le jeune homme en connaissance de cause, tout comme elle l'avait demandé à tous ceux qui avaient accepté de la suivre en enfer. Si la jeune femme attendait d'eux qu'ils sacrifient leur vie tout comme elle était prête à le faire, alors elle se devait au moins de leur demander.



Elle inspira un grand coup, pour plonger son regard ambré dans celui de Kiseki. Le temps était venu de passer aux choses sérieuses.

Un rire léger mais chaleureux s'échappe des lèvres du blond lorsque Shiro lui dit qu'il pourra accrocher son portrait dans sa nouvelle chambre. Tout se passe si vite, cela ne fait même pas une heure qu'il s'est invité ici et voilà que Kiseki se retrouve déjà avec une nouvelle chambre et une première décoration. Tout est si naturel et si vrai lorsqu'il est avec sa famille. Ici, il se sent bien, il se sent heureux. Même s'ils ne sont pas nés le même jour, le même mois de la même année, il aimerait mourir avec eux le même jour, le même mois de la même année en protégeant le village.

Le basané reprend la parole pour parler de Tobu et de ce qui les dérange tant le concernant. A vrai dire, le médecin n'en a jamais parlé mais il trouve lui aussi ce comportement étrange. Mais, ce qu'il trouve encore plus étrange, c'est que cette religion soit tolérée alors que le Jashinisme non. Enfin, il aura fallu attendre longtemps avant que le Jashinisme soit officiellement interdit par l'Empereur. Ainsi, si Tobu devait être Carboniste et qu'il était coupable, alors l'Empereur devait l'être tout autant. Cependant, il n'oserait jamais prononcer ce genre d'accusations -qui pourraient être vues comme de la trahison à voix haute-. Il répond donc à l'explication de Shiro par un simple "je comprends" mais ses yeux brillent d'une lueur qui ne laisse pas doute à l'interprétation : pour lui aussi, il faut agir.

Si les mots de Shiro étaient forts, ceux de Naoko le sont encore plus. Elle ne parle pas beaucoup plus, elle n'a pas besoin de répéter ce qui a déjà été dit. Cependant, tout ce qu'elle dit résonne profondément dans l'esprit de Kiseki. Il pose ses coudes sur la table et joint ses mains en signe de réflexion. Il ressent de l'admiration pour son amie, elle est si franche, si forte. Un soupir lui échappe. A-t-il seulement le droit de combattre à leurs côtés ? Il ferme les yeux l'espace d'un instant, puis il reprend la parole quand il les rouvre.

La jonin écouta ses deux camarades parler, calmement. Elle se sentit même soulagée d'entendre la réaction de Kiseki, ainsi que les ajouts de son ombre. Elle ne reprit pas Shiro, car ce dernier disait simplement ce qu'elle pensait aussi. Elle réussit même à sourire !



Elle ne put retenir son hilarité, et ne la retins de toute manière pas. Sourire, rire, ça faisait si longtemps que la jonin n'avait pas pu le faire. Est-ce la perspective du danger dans lequel ils s'apprêtaient à sauter qui la faisait se sentir encore plus vivante ? Ou tout simplement le retour du blondinet au sein de leur famille ? Dans tous les cas, les Sabaku s'apprêtaient à danser au bord de l'abîme une fois de plus, dans ce qui serait peut-être leur dernière représentation.