... Fais chaud, hé merde.

On pourrait être interloqué de voir pareils mots sortir de de la bouche d'une jeune fille à l'allure si élancée et fine, hache à part. Pas parce que ses propos sont particulièrement grossiers en soit - hé, fais chaud hein - mais parce que pareille plainte devrait normalement être communiquée de façon plus... polie ? Du moins, encore que l'on soit dans un registre un peu traditionnel, où les hommes sont ceux qui s'expriment forts pendant que les femmes pratiquent le kung-fu passif-agressif entre elles ou alors attendent d'être en privé.

Mais rien de ce que ne faisait Eiko était traditionnel, hein ? Elle était une tueuse entraînée avec une hache (joliment rangé dans un petit étui accroché à son dos) qui venait de traverser un désert pour distribuer des médicaments au village ninja de Sakyuu, dans le cadre d'une collaboration entre la cité des sables et Jujou La mission en elle-même avait été simple, trop pour qu'elle puisse y accorder une pensée quelconque, et elle avait d'autres choses à faire au village caché en plus. Mais avant de s'y engager, elle avait décidée de s'asseoir sur un banc, le menton posée sur la paume de sa main gauche, tapotant de son index et majeur sur son visage.

Elle observait la vie des citoyens et des ninjas de Sakyuu, même le village en lui-même. C'était incroyable que ces personnes érigent une si puissante nation depuis les sables hostiles du désert, bien moins propices à la vie que les forêts de Jujou ou de Toge. Leur détermination devant le danger lui rappelait la sienne devant le problème, encore qu'elle ne comprenne pas ce qui motivait ces gens à avoir bâti leur joyau de civilisation dans un pareil endroit.

Mais elle voulait voir du monde, avant de partir. Les étendues de sables de Sakyuu, par exemple, elle se disait que ça devait en valoir la peine de les voir. Et elle verra aussi Toge. Et Seizan.  Et elle les reverrait, une fois le problème défait. Car ce n'était pas le dernier voeu d'une condamnée, censé arracher des larmes de pitié à quiconque l'entendrait, mais celui d'une battante, qui allait botter le cul de la menace en elle avant de refaire son tour du monde pour célébrer les années à venir. Les nombreuses années à venir.

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Bon sang, ce qu'il faisait chaud. C'était elle ou alors le village,mais quelque chose n'allait pas en dépit des mesures prises pour éviter que la chaleur du désert n'assaille les visiteurs et touristes. Peut-être fallait s'il cesser de passer du temps dehors et battre en retraite dans un bâtiment ? Ou de l'eau. Oui, de l'eau. Elle tuerait pour de l'eau, autant aller en chercher avant que la métaphore ne devienne réalité, hein ?

Se levant, elle fixa un peu partout, ajustant son étui pour éviter que sa hache ne soit trop visible : l'arme reposait sagement dedans, avec seulement le manche en bois qui pointait vers le sol, mais elle voulait éviter de paraître bizarre. Les gens d'autres villages ont des coutumes différentes et tout, c'était connu ! -mais marcher avec une hache est bizarre un peu partout, notez-.

Disséminant son irritation actuelle en un sourire poli et habituel, du type qu'elle avait à peu près quatre-vingt-dix-huit du temps, la jeune femme se risqua dans la foule, tentant de trouver un guide assumé, et sans avoir à payer pour le tour. Pragmatisme budgétaire. Finalement, ses yeux se posèrent sur un gaillard assez grand. Elle ne fit pas trop de fine analyse : au pire, il lui disait d'aller se faire foutre, quoi. Pardon ! Excusez-moi ! Mea culpa !

Une fois suffisamment proche, Eiko pratiqua la mouvance habituelle, pressant les deux index ensembles, se recroquevillant légèrement, paraissant plus demure et perdue en somme.  Elle ne voulait pas paraître entièrement sotte, la hache risquait d'être remarquée, mais plus... ah, sympathique. On aime bien les gens sympathiques, même s'ils sont ninjas. Désolée de vous déranger ! Vous connaissez un endroit où échapper au soleil ? Je cours un peu partout pour y échapper là, haha, ça m'aiderait beaucoup !

Comment faire pour réaliser être le plus concentré possible quand bien même il y aurait du monde autour de vous ? C’est ce sur quoi travaille Ken’ actuellement afin d’améliorer ses compétences psychiques. Et pour ce faire, il décida d’aller dans un quartier du village avec un tant soit peu de trafic dans le but de s’entraîner. Il se trouvait de ce fait, dans les quartiers résidentiels de Sakyuu où bon nombre de personne commençait à le frôler et parfois même à le bousculer. Son objectif ? Garder sa concentration la plus extrême possible jusqu’à réussir instinctivement à éviter les villageois.

Les yeux fermés au milieu de la foule, Kenryoku relâchait ses muscles. Il desserra les dents, il ouvrit ses poings… Il tentait de faire le vide dans sa tête, de ne plus penser à rien. Une villageoise heurta son bras droit mais l’homme à la crête n’ouvrit même pas les yeux tandis que la concernée s’excusa timidement. Il était très difficile pour ce jeune garçon de garder son calme et sa concentration à son paroxysme. Mais il ne lâcha rien…

Soudainement, il sentit quelque chose arriver proche de lui. Il ouvrit les yeux et se retourna et vit une frêle petite dame – assez jeune de toute évidence – qui était à côté de lui dans la ferme intention de lui demander quelque chose. Le regard toujours aussi noir avec l’envie de saisir sa gorge pour la broyer l’étreint mais il tenta de garder son calme. Cette haine qu’il avait en lui finirait tôt ou tard par lui porter préjudice…

Cette petite dame avait de toute évidence besoin d’un peu d’ombre et probablement d’eau. Ken’ n’était pas réellement du genre à aider autrui… Préférant se concentrer sur lui-même et ses objectifs. Pourquoi perdrait-il du temps à aider quelqu’un qui n’est même pas capable de trouver un coin d’ombre ? D’un mouvement vif de la tête signalant son refus, il ne put s’empêcher d’émettre un petit « Pff » qu’il ne cacha pas.

« Tu ferais mieux de rentrer chez toi, gamine. » Fit-il en sous estimant clairement son interlocutrice. « Si Sakyuu est trop rude pour toi, je ne comprends pas pourquoi tu t’es aventuré ici. »

Il retourna à son entraînement de méditation tout en ignorant la donzelle en détresse. Malgré sa politesse et la mignonnerie dont elle avait fait preuve, Ken’ ne voulait pas se montrer trop faible en acceptant ses doléances. C’était une faiblesse. Cette faiblesse, le Sakyuujin l’avait subie lorsqu’il était plus jeune. Il ne comptait pas se refaire avoir et c’est pour cela qu’il était si froid et désagréable.

Sans même se retourner, ni même jeter un simple regard à cette jeune fille qui était venu quémander son aide avec toute la politesse et le respect dont elle pouvait faire preuve, Ken’ lâcha une dernière bombe.

« J’ai autre chose à faire que de perdre mon temps. »

La leçon numéro uno dans les tentatives de se trouver quelqu'un, c'est de savoir rebondir des échecs. Tout le monde n'est pas samaritain : l'humain moyen n'est pas du genre à froidement refuser une faveur, mais il ou elle n'ira pas vraiment faire un effort conséquent pour un étranger. Quémander invite le refus polis, ou moins poli des fois, et c'est normal ! Pourquoi s'irriter sur quelque chose d'aussi imprévisible que le badaud moyen ? On s'excuse -ou pas- et puis on cherche ailleurs, jusqu'a tomber sur quelqu'un qui veut bien. Facile ? Facile

En soit donc, pas besoin d'être perturbée quand un homme avec une crête de coq, à l'air de se muscler les bras en soulevant des vaches au dessus de sa tête, lui dit froidement de "rentrer chez elle". Comment que ça rentrer chez elle tiens ? Non mais oh ! Elle est ici pour aider des gens et il se la joue tout coolos trop sombre et trop froid ?! Alors elle pouvait gérer de tout normalement, et l'accident serait vite oublié à la maison tiens. Elle l'aurait ignoré et puis serait repartie voir ailleurs, stoire de chercher du vieux monde plus sympathique. Mais se faire jeter comme ça ? Ah la non ! Pas avec la chaleur !

Ce cruel soleil exerçait un contrôle comme magnétique sur le corps de la jeune femme, lui creusant au travers de ses impeccables cheveux tout duveteux et de son crâne pour atteindre le cerveau, centre de la raison, et le faire devenir centre de... bah, l'irraison. La déraison. Enfin, l'opposé de la rationalité qui lui disait d'oublier ce coq. Non ! Elle n'allait pas se laisser être remémorée comme une gamine empaffée par un type qui se tenait au milieu de la rue les yeux fermés comme s'il complotait un assassinat !

Un type qui osait lui parler de gâcher son temps aussi! SON TEMPS ! Qu'il était en train de super gâcher déjà ! Là, c'était le vase à en faire déborder la goutte d'eau. Impossible de rester calme devant outrance pareille ! Non, elle ne risquait pas d'ignorer ça ! Et avant qu'elle ne se modère, avant qu'une salvatrice inspiration ne vienne la guider vers une meilleure décision, la jeune femme décisa de cesser de joindre des index, pour mieux soulever un seul majeur ganté, les yeux soudainement plissés de rage.

Hey ! J'ai pas traversé un désert pour me faire manquer de respect ! Non mais bordel ! Je me plains pas pendant des jours et tu me claques ça ? Tu crois qu'elle est qu'où ma maison justement ? Merde !

C'est là qu'elle baissa la main, l'air brièvement horrifié. Oh doux jésus ! C'était le côté qu'elle aimait moins montrer, ça. Mais... bah, autant tenter de sauver une barque de la noyade avec une petite cuillère si elle voulait s'excuser. Plus judicieux encore serait de tenter d'entrer à fond, et au diable les conséquences. Qu'elle se prépara quand même pour, penchant son corps très légèrement vers la droite et pliant sur la jambe droite très légèrement, comme en préparation au scénario du pire.

Ton temps, tu le passes à te tenir immobile au milieu de la foule hein ! Elle leva le petit doigt droit en protestation, la colère mieux contrôlée dans sa voix, sans pour autant qu'elle ne daigne la cacher. Ses traits normalement doux étaient plus acérés, mais autant tenter de mettre du maquillage de guerre à une biche. Okay alors tu prends UNE MINUTE de ton temps, tu POINTES DU DOIGT, je sais pas, mais tu m'indiques rapidement et tu retournes à ton entraînement. Moi je retourne à l'ombre. On va bien !

Oh, elle pensait un peu savoir ce qu'il faisait. Pas tout à fait, c'était vague, mais l'indication était elle-même vague tout en indiquant qu'elle n'était pas que courroucée touriste, mais courroucée touriste... ninja. D'ailleurs, les gens s'accumulaient, posant les yeux sur l'étrange interaction avec amusement, dédain et autres. C'était horrible dans la plupart des cas, mais elle s'en soucierait à l'ombre, quand l'idiotie de son geste sera plus clair à son cerveau refroidi.Nan mais oh !

Le coq aurait pu décider de juste pointer du doigt. Ce n'était pas qu'elle ou lui n'étaient brillants dans la conversation, après tout, et dieu sait que ce business en était un qui était plutôt voué à être rapidement conclu, avant que l'un des deux gaillards ne fasse quelque chose de véritablement mauvais pour la santé de l'un des deux. Mais il ne pouvait pas laisser tout ça se conclure aussi simplement. Oh non, ce n'était pas ici le village des sensés, ou l'on se contente de hausser des épaules avant de... bah merde, hein, de pointer du doigt quoi. Est-ce que c'était si dur que ça ? Est-ce que cet individu représentait le village de Sakyuu dans sa mentalité ou était t-il à part ? Le voilà qui maugréait des insultes sur la "chihuahua", la chihuahua, nan mais il s'entendait parler ?

Sans doute qu'il pensait qu'elle n'était que petite faiblette, aisément intimidée par une démonstration masculine de force suprême. Ou alors il allait véritablement la taper, c'était un scénario pas si improbable que ça, et donc elle se prépara en conséquence, satisfaite dans l'idée qu'elle n'avait pas été la première à taper, même si elle n'était pas sûre que les autres n'aillent pas prendre le parti du coq. Elle fit immédiatement le vide dans son esprit, négligeant tout aspect autre que son adversaire opportun pour se consacrer entièrement sur lui. Le problème du Kenjutsu, c'est que l'on ne peut pas vraiment taper avec une hache sans blesser. Bon, avec le dos, mais autant prendre un bâton, non ? Elle n'imaginait pas devoir utiliser de son arme en territoire allié de sitôt, mais bon !

Le coup parti. Tôt, les réflexes de la jeune femme lui permirent de voir que le badaud ne visait pas pour elle, mais à côté. Ce n'était pas fait via une précognition supérieure ou une capacité à voir le futur, en soi, mais la simple trajectoire de son punch, censé être intimidant en visant juste à côté. Bah voyons, il pensait sans doute qu'un petit coup de poing réussirait à l'effrayer ? Oooohhhhhhh bordel tu aurais pu m'arracher la tête oohhhhh désolé grand coq je ne voulais pas t'effrayer pardonne mon impudence impudenterie devant ta suprématie crêtée. Mais non ! Elle ne voulait laisser personne lui marcher sur les plates-bandes. Elle ne connaissait pas son grade, mais connaissait très bien les conséquences possibles d'une rixe entre ninjas de différents pays, mais Eiko Yamada ne risquait pas de se forger une réputation en roulant sur son ventre pour laisser les gens lui marcher sur le dos.

Alors que le coup réel du poing partit derrière elle, Eiko pencha subitement sur la gauche et cabra des muscles, canalisant son chakra pour passer à la vitesse supérieure. Et ce n'était pas métaphorique. Sa vitesse s'amplifia en un éclair, lui permettant d'accomplir le geste suivant avec plus de vitesse -mais moins de force- que le coup de poing opposé : elle dégaina sa hache, extrayant l'arme du fourreau, et puis fit un geste horizontal avec, lançant son bras en un grand demi-cercle vicieux à quatre-vint-dix degrés, comme si elle voulait faucher du blé. Mais à la place de blé, il se tenait un coup. Et à défaut de faux (ha !), elle avait sa hache... la partie non tranchante, le côté qu'avait pas de pointe en fer qui en ressortait. Ce qui se trouvait à quelques centimètres de la gorge du jeune homme, c'était que du bois. Mais la lame existait bel et bien, luisante au soleil. Elle avait arrêtée son swing que de quelques centimètres.

Le geste se conclut alors que le stand de vêtements explosa derrière elle, un coup à retardement. Pas joli de se faire toucher par ça, mais en combat "réel", son esquive lui aurait sauvé les choses. Avoir l'esprit libre suffisait à anticiper, mais avait t-il la vélocité pour placer une esquive comme elle venait de faire, avec contre-attaque en prime ?

J'ai entendu dire que les coqs, ça peut vivre sans tête, Non, c'était un fait très distordu au mieux. Non, elle avait pas vérifié sur des cobayes. Pas même ce cobaye là, dont elle s'éloigna rapidement, rangeant sa hache pour éviter qu'on ne la lui prenne. C'était un beau coup, mais l'arme n'était pas totalement appropriée pour ça, qu'elle se disait. Si elle voulait vraiment intercepter quelqu'un avant qu'il ne puisse se défendre au chakra, il lui fallait mieux que ça. Mais est-ce qu'une hache ne pouvait vraiment pas faire ça, tiens ? ... Je dis coq car t'as une crête qu'est pareille, hein.

Son égo blessé était comblé. Mais dans une rencontre comme ça, avec deux individus très fiers d'eux, l'escalation était de mise. Mine de rien, elle était sûre qu'il aurait été content de lui signaler un endroit une fois son propre égo repu. Mais maintenant ? Aille aille aille... Et avec cette foule qui se formait, sortir allait devenir compliqué. Le seul avantage d'Eiko dans la situation était qu'elle n'avait pas été celle qui avait bousillé le stand, mais si ces badauds autour d'eux étaient comme le coq, difficile de prévoir ce qui allait se passer.

T'es un ninja, je suis une ninja. Cool. On arrête là ou y a plus de propriétés à détruire avec tes talents ninjas ? Elle avait le sourire aux lèvres. Oui, quelque part, elle aimait pouvoir être elle-même un peu, surtout quand c'était que des étrangers autour d'elle. Le Coq de Sakyuu, pff.

Ils étaient tout les deux satisfaits, donc. Chacun se pensant triomphant du petit "clash" qui avait résulté de leur âpre affrontement. La vérité des gens avec des égos, c'est qu'ils ne s'arrêtent qu'une fois satisfaits. Donc le meilleur moyen pour éviter une confrontation plus violente était de donner à leur égos des caresses équivalentes. Le coq 'imaginait qu'il aurait pu réduire la jeune femme en morceau avec l'aide de sa technique, et elle s'imaginait que sa tête roulerait à ses pieds si ce n'était pour son geste de pitié. Chacun passera de productives nuits à se dire qu'ils ont vraiment DEMOLI l'ennemi au cours du débat et qu'ils sont quand même vraiment incroyables! Ou oublieront bien assez vite d'ici quelques heures.

Elle s'attendait toutefois pas à ça. Dans sa tête, les deux allaient continuer les insultes puis partir, ou alors se battre pour de bon, ce qui était déplaisant parce qu'elle ne voulait pas avoir un combat mortel avec un ninja d'un autre village. Un petit concours de teub (imaginaire dans son cas ) passait encore, mais elle était sûre que quelqu'un allait faire un rapport qui atterrirait aux pieds d'un supérieur hiérarchique, et là, il y aurait passage de savon conséquent. Imaginez donc les conséquences d'un combat à mort...sans parler, bah, du combat en soit.

Elle avait un rendez-vous et un village à visiter, en plus, Donc elle préférerait vite se débarrasser de la confrontation. Qu'elle avait débutée, quelque part. Impossible de ne pas blâmer l'attitude infecte, quasiment crasseuse du coq, mais il avait seulement été qu'un gros rustique. C'était son refus de simplement accepter qu'un beauf à crête puisse exister qui lui avait valu une confrontation comme ça. Le résultat, c'était qu'elle ne pouvait pas tant que ça blâmer le jeune homme pour tout retard. Mais pourquoi donc devrait t-elle le laisser faire ? C'est un paillasson qui se fait marcher dessus par l'univers ou non, merde?

Mais là où elle s'attendait au combat, elle fut surprise de le voir écarté la foule avec des membres chakratique. Tiens ? Curieux, ça. Et c'était quoi cette mention de ce "bas-peuple ? Il n'était pas tant que ça folichon de Sakyuu ou de ses habitants ? Pas étonnant, vu son comportement, mais ça valait mention, quoi qu'elle s'en fichait un peu, quand même. Ses problèmes étaient les siens, et elle se catrifoutait incroyablement de ça du coup. Mais comme quoi, même eux devaient pas le supporter, ou l'inverse.

Voyant sa chance, Eiko se tourna vers le jeune homme alors qu'il décocha une dernière petite phase. Oh oh ? Il pensait donc à ce que la seconde confrontation soit plus propice à une baston ? Intriguant, encore qu'elle pensait ne jamais le revoir. C'est un vaste, vaste, vaste monde, comprenez ?

Une prochaine fois ? Elle cligna des yeux, comme surprise, puis leva les lèvres en un sourire narquois. La prochaine fois, tu ne me verras pas venir.

Et elle partit comme ça, courant même pour ne pas lui donner le temps de répondre. Paf ! Elle avait eu le dernier mot !

Dans ses plans, Eiko se voyait fuir auprès d'un bar, la fierté revigorée et le crâne protégé des ardeurs combatives d'un soleil qui semblait déterminée à l'assaillir de ses rayons. Alors oui, elle devrait être prudente et éviter que les autorités "compétentes" ne viennent, avec des questions intriguées sur le combat d'égos qui venait de se passer, mais c'était pour ça qu'un bar n'était pas le pire endroit où se trouver, tant qu'elle trouvait un truc un tant soit peu éloigné. Mais voilà, elle voulait trouver un truc et sentait sa quête aussi mal partie maintenant que y a cinq minutes, avant l'intrusion du coq. Et ça ne comptait pas s'améliorer, par un tour du hasard aussi enrageant que simple : elle n'avait pas regardée devant elle assez adroitement.

Paf ! La rencontre classique en se heurtant l'un contre l'autre par manque d'attention. Marrant dans les bouquins, moins quand c'était dans la vraie vie. Mais si Eiko était atteinte d'un mal, sa constitution n'était quand même pas encore assez fragile pour qu'elle tombe aussi aisément : la jeune fille manqua de finir par terre et pencha avec péril grandissant sur une jambe, se balançant d'avant en arrière tout en jouant des moulinets avec les bras. Après quelques secondes de panique, pensant se ramasser comme une patate à la vue de tous, la jeune fille posa la jambe gauche derrière elle, se rattrapant juste à temps. Un sourire satisfait lui vint aux lèvres : douce victoire.

Douce, mais brève victoire, parce qu'elle vit qu'elle venait de véritablement se vautrer en voyant voler une femme distinguée. La robe était un facteur, mais tout son être puait un peu le riche. Et pas le riche habituel, du genre connu dans le quartier mais sans influence sur le monde : le riche qui lèche la sueur de bébés pour aspirer leur jouvence la nuit et puis qui va couler son argent dans des designs grotesques le jour. Peut-être qu'elle exagérait, mais une envie immédiate lui vint en voyant la femme. Elle devait avoir un avenir tout tracé vers un horizon doré, elle. Eiko trouvait ça désagréable: elle aussi avait autrefois voguée vers une happy end lucrative, avant de se faire tout arracher par ce foutu problème et hrnghrhgnh... inutile de se distraire, elle avait une riche courroucée dans les bras, qui semblait la penser Sakyuujin.

Passée la colère vint la surprise : Eiko écarta des yeux et regarda un peu partout, la panique lui agrippant brièvement le visage. Elle ne pensa même pas à l'idée de la relever, parce qu'elle se disait qu'elle venait juste d'impacter quelqu'un qui devait avoir de l'influence. Du type qui peut vous ordonner morte d'ici la fin de la soirée, et de préférence d'une façon silencieuse, indolore, mais profondément douloureuse. Pas le genre de mort qu'elle voudrait, être tuée bêtement par une petite fille de riche. Manque de panache et tout.

Mes plus sincères excuses ! Je ne regardais pas devant moi alors que je courais ! Eiko joignit des mains et pencha toute la partie supérieure du corps en avant, yeux concentrés sur la femme. Elle eut peur, un instant, de placer un coup de boule à la richarde par accident. Je n'avais pas de raison de courir, mais je m'imagine avoir une raison de rester !

Oh misère... la voilà qui lui disait qu'il fallait "réparer" la bévue. Ça allait être quoi ? Nettoyage de vaisselle au château ? Comptage de carreaux propres ? Rénovation de fenêtres sans tout le matériel ? Truc de sold... ah ? Elle avait bien dit "soldat". Eiko fit un autre sourire, se voyant en position de faiblesse, et tapota le dos de sa hache, accrochée à son dos. Vous avez l'oeil ! Je suis en effet une genin à votre service. Que puis-je faire pour vous assister ? Je suis proficiente dans l'art des armes et entraînée à l'évasion rapide.

Eiko posa les mains sur son front et se passa le long de son cuir chevelu, rebroussant ses cheveux duveteux en arrière avant que ces derniers ne se remettent simplement en place.

Geste pour paraître cool.

Mon nom est Eiko Yamada, au passage ! Je suis ravie de vous rencontrer !