# Enya Mototoshi Dim 3 Juil - 6:10
Enya Mototoshi
"Passage forcé - Ascension vers le ciel - Je vois l'absolu"
i. Information
► Nom : Enya.
► Prénom : Mototshi.
► Taille : 1m93.
► Poids : 82 kilos.
► Age : 24 ans.
► Affinité Primaire : Suiton.
►Caste : Samouraï .
► Grade Militaire Souhaité : Genin.
► Village Souhaité : Togegakure no Sato.
► Religion : Kamisuuhai (très croyant, bien qu’en ayant une interprétation plus que particulière).
► Grade Religieux Souhaité : /
► Particularité : Touché par l’Akitsunetsuki.
► Source de l'avatar : Personnages originaux produits par Nogi San, Breaker Maximus et Trinnawat Dumnoensilapa, trouvés sur Artstation.
ii. Que recherches-tu ?
Le bushido des samurais autant que la voie divine des moines sont des accès à la vérité de notre monde, à la connaissance de soi et à la véritable sagesse. Mais ce sont aussi des doctrines imparfaites, et de par leur nature profonde limitées. Atteindre la véritable illumination requiert à la fois un cheminement bien plus intime, et bien plus universel. Il faut pour se faire se débarrasser du superflu, et ne garder que l’essence profonde des choses. Voir la beauté dans l’éphémère sans se préoccuper de son passage. Perfectionner le mouvement de son corps sans qu’il soit restreint par son caractère physique. Retranscrire la perfection harmonieuse par les moyens imparfaits du langage et de l’art. S’affranchir de ces paradoxes pour percevoir ce qui les unit réellement : atteindre l’équilibre suprême, tout en étant en état de constant déséquilibre.
iii. Histoire
Au soleil couchant
La petite ombre s'étire
Le nouveau-né braille
La petite ombre s'étire
Le nouveau-né braille
« Père, fit-il en posant son front contre le sol, les deux syllabes résonnant en même temps que le balancier en bambou du jardin finissait de heurter sa pierre. Je ne souhaite pas être jardinier. »
Un grand silence tomba sur la pièce. L’homme sévère qui faisait face au jeune homme le regarda, ses sourcils se fronçant légèrement. Il était sur le point de porter la tasse à ses lèvres. Mototoshi préparait toujours un thé délicieux. Il hésita un instant, et huma presque malgré lui l’arôme qui se dégageait du liquide. Il lui sembla plus amer que d’habitude. Le garçon était curieux. Très curieux. Son fils, également, mais il se disait souvent que ce genre de considération était très subalterne, face à cette vérité essentielle : l’enfant était curieux. Il acheva finalement son geste, et gouta précautionneusement le breuvage. Il était, effectivement, teinté d’une amertume supplémentaire. Son fils n’avait jamais été particulièrement friand des gouts sucrés et délicats, ce qui l’avait sans doute prédisposé à la préparation du thé. Mais même selon ses standards habituels, le liquide qui humidifiait en ce moment sa langue et emplissait son esprit de ses saveurs fantomatiques avait des intonations inédites. Il connaissait Mototoshi, autant qu’une personne pouvait prétendre le connaître. Il savait que l’enfant ne faisait jamais rien par hasard, et qu’il n’avait en vérité d’enfant que le nom et l’apparence. Onze ans déjà qu’il était né. Onze ans qu’il se démarquait chaque jour de ses pairs, tenant loin de lui les jeux insouciants de son âge, son regard en permanence figé dans une expression de contemplation incrédule. On l’avait longtemps cru idiot : il avait mis longtemps à parler, et avait au début de son existence refusé avec obstination de bouger, se figeant dans une posture d’observation immobile.
Il reposa la tasse face à lui, et fit claquer ses larges manches d’un mouvement ample du bras. Il fallait considérer ce qui venait d’être exprimé, et le moment avait beau passer, il n’était pas certain de bien comprendre ce que voulait lui dire sa progéniture. Oh, le message qui affleurait était a priori assez clair : leur famille s’occupait de muriers et de vers à soie. Leurs étoffes étaient connues dans tout l’empire, et les plus prestigieux acteurs du théâtre Saruwaka-za autant que les plus importants dignitaires impériaux refusaient de paraître en public si leurs vêtements n’étaient pas taillés dans les précieuses étoffes du clan Enya. C’était une position particulièrement enviable que d’être son premier-né, que de se voir garantir affluence et respectabilité. Et l’enfant montrait dans l’élevage des vers un talent certain : il lui suffisait de contempler un de ces insectes quelques instants seulement pour comprendre s’il était malade ou en bonne santé, et quels soins devaient lui être prodigués. Ce talent suffisait amplement à éclipser les bizarreries de son caractère, qui pouvaient être attribuées à un esprit ayant rapidement maturé.
Le bambou, dehors, frappa de nouveau la roche. Le bruit de l’eau qui coulait dans sa carcasse évidée lui semblait assourdissant.
Des bizarreries de caractère. La formule était habile, et l’euphémisme parvenait par un tour de majeur à presque totalement cesser d’être insultant. Son fils, devant lui, restait immobile. Beaucoup pensaient qu’il ne respirait pas. C’était faux. Il le faisait simplement différemment, prenant de longues et lentes inspirations, gardant longtemps l’air comprimé dans son corps, et le rejetant ensuite dans un mouvement similaire. Cela ne se voyait pas. Cela ne s’entendait presque pas ; il fallait tendre précautionneusement l’oreille pour percevoir le sifflement discret qui émanait de ses narines. Il ne l’entendait pas en ce moment. Il se leva, et contourna la forme prostrée de son rejeton, regarda le jardin soigneusement entretenu qui s’étendait en-dehors du délicat pavillon dans lequel ils avaient l’habitude de prendre le thé. C’était son domaine, ici. Tout y était minutieusement arrangé, avec un gout toujours aussi inhumainement exquis. Il regarda le petit bambou dans lequel coulait le petit filet d’eau. Il heurta encore la pierre, le bruit insolent venant troubler ses pensées déjà embrouillées. Il se pencha dans sa direction, et l’arracha à son socle, l’envoyant voler contre un mur. Le bruit qu’il produisit lui fut plus agréable, et l’eau qui vint s’écouler sur la pierre produisit un chant plus plaisant. Il retourna s’assoir à sa place, et écarta la tasse de thé.
« Que souhaites-tu alors ? répondit-il enfin sur un ton apaisé.
- Comprendre l’essence des choses, répondit Mototoshi en se relevant lentement. »
Ses yeux étaient vides, comme toujours. Il le regardait, ou regardaient à travers lui le monde, aucune lueur ne pénétrant dans ces miroirs noirs. C’était comme si on avait placé sur les perles blanches de ses globes oculaires deux tâches d’encre, plus occupées à dévorer la lumière qui y pénétrait qu’à la refléter. Il aimait son fils. Il le pensait, du moins. Certes pas de la même façon qu’il aimait le reste de ses enfants, car Mototoshi était son ainé. Son successeur. Mais parfois, lorsqu’il se retournait sur sa paillasse et que le sommeil le fuyait, lorsque même la respiration apaisée de son épouse endormie ne parvenait pas à le calmer, parfois, il devait le confesser, certaines pensées traîtresses se logeaient dans son esprit. Il se demandait si cette créature était réellement son fils. Si elle était réellement humaine, et si ce n’était pas simplement un yokai qui avait pris forme humaine, et se livrait en ce moment à une plaisanterie élaborée et cruelle, dont le final dépassait son simple entendement. Les prêtres avaient cependant été clairs à ce sujet : un kitsune cohabitait dans son corps, mais ce dernier ne semblait pas avoir d’intention funeste, bien au contraire. Il devait apporter chance et prospérité à l’enfant et à sa famille. Otoshi devait bien l’avouer : les affaires prospéraient.
« Et comment comptes-tu t’y prendre ?
- Le temple de Tsukiyomi cherche des disciples. Je veux balayer les escaliers qui y mènent. »
Averse d'été
Déforme et fait s'écouler
L'encre des visages
Déforme et fait s'écouler
L'encre des visages
Son père n’avait pas été bien difficile à convaincre. L’homme était un être pétri de tradition, et le devoir familial était la plus importante d’entre elles. Il devait aimer son fils, car c’était ce qui était attendu de lui, mais il comprenait que la tâche était difficile. Il le voyait bien, trop bien sans doute, à cause de la proximité imposée par leur relation filiale. Il avait fait mine de s’attrister de la chose, de tenter de le convaincre de rester dans le foyer, et de reprendre une fois parvenu à un âge suffisamment respectable l’entreprise. L’idée de s’occuper de vers à soie pour le reste de son existence ne lui plaisait aucunement. Il n’y avait rien à retirer de la contemplation ahurie de ces animaux qu’il n’avait déjà pu obtenir. Il comprenait les sages qui couchaient sur les rouleaux leurs observations pénétrées : les petits insectes illustraient merveilleusement bien la beauté des choses fragiles de la nature, et la préciosité qui pouvait jaillir même des créatures les plus humbles. Ils incarnaient la nature cyclique du temps et démontraient que son caractère éphémère était ce qui le nourrissait. Cela était facile d’accès.
Mototoshi n’éprouvait jamais tant de plaisir que lorsqu’il tombait sur l’un d’entre eux et qu’il le découvrait trop malade pour être utile. Le petit corps gras et poilu s’agitait sur sa feuille, laissant derrière lui une trainée humide et argentée. Il ressemblait à ses pairs, et pourtant flottait sur lui l’aura de la mort et de l’insuffisance. Alors il pouvait le prendre entre ses doigts, et l’amenait tout proche de ses yeux et de son nez et de sa bouche, et presque totalement le gouter et s’imbiber de son essence ; il ne le faisait pas. C’était là quelque chose de très sale, et de très laid. De très inconvenant, et on lui avait longuement expliqué l’importance des convenances. A la place, il serrait ses doigts, lentement et précautionneusement, voulant s’assurer que l’animal ressente la pression montante qu’il exerçait sur sa carapace. Il le faisait, jusqu’à ce qu’il la sente se fracturer sous sa peau, et alors s’interrompait. Il ne fallait pas tuer l’insecte avant que ce dernier ne comprenne ce qui était en train de lui arriver. Parfois, il le posait dans une jarre d’eau. Parfois, face à une oriole ou à une mante religieuse. D’autres fois encore, il le replaçait précautionneusement sur sa feuille, et regardait le sillage qu’il laissait derrière lui changer de couleur et rosir doucement. Toujours, il contemplait avec fascination ces derniers moments. Il avait beaucoup lu. Il s’était gorgé des pensées des vénérables ancêtres, et savait que tous, qu’ils l’avouent ou non, tendaient vers le même constat : la mort contenait la vérité. La nature de la vie était de tendre vers la vérité. La nature du sage était de le comprendre.
Il leva les yeux vers le temple richement décoré. Il se parait de couleurs agréables à l’œil, et les portes cornues qui marquaient la sortie du territoire des hommes semblaient capturer les rayons du soleil. Il avait fait ses adieux à sa famille, tôt le matin. Ils avaient insisté pour dire que ce n’étaient que des aurevoirs. Il n’avait pas voulu contester cette notion, car il ne lui appartenait de leur imposer un deuil avant qu’ils ne soient prêt. Replaçant sur son épaule le baluchon qui contenait ses affaires, il entama l’ascension des escaliers. Sa nouvelle vie commençait, et il devait avouer que malgré toutes les pensées érudites qui traversaient son esprit, c’était avec une impatience et un appétit très primaire qu’il l’abordait aujourd’hui. Le temps des considérations apaisées viendrait après. Pour l’heure, il voulait comprendre, et plus encore ressentir. Les marches abruptes et lissées par les intempéries ne firent rien pour atténuer son enthousiasme, et il se présenta rapidement au temple. Devant lui, un bonze passait un balai rêche sur les dalles de la cour, chassant la poussière et les quelques feuilles d’un air maussade. Il se rapprocha de ce dernier, et lui demanda où trouver un moine capable de l’accueillir. L’autre le regarda d’un air curieux, avant de désigner un endroit d’un air triste, et de lui proposer de l’accompagner. Mototoshi accepta avec un sourire poli, et se laissa guider. Il comprit rapidement, sans que l’autre n’ait à le dire, qu’il n’était pas là par choix. Le temps recueillait parfois les orphelins, et leur offrait une existence de piété et de labeur en échange de leur dévotion. Visiblement, son petit camarade n’appréciait pas sa chance.
Ils arrivèrent rapidement devant un bâtiment qui ne se distinguait aucunement du reste du complexe, et son nouvel ami (il n’avait pas retenu son nom, et déjà son visage s’effaçait de sa mémoire) y pénétra après lui avoir fait signe d’attendre à l’extérieur. Il fut accueilli par un bonze à la position plus élevée. Il était facile de le deviner, et il n’avait pour ce faire qu’à inspirer profondément l’air qui croupissait autour de lui. Vieux et parcheminé, il n’avait besoin que de voir la nuque courbée et malgré cela plissée à de nombreux endroits de l’ancien moine pour comprendre que son âge avancé lui avait conféré nombre de prérogatives. Le novice s’éclipsa, et Mototshi se retrouva seul. Il hésita un instant, et chercha la meilleure manière d’aborder le nouveau problème. Le vieillard lui tournait toujours le dos, et semblait affairé à faire quelque chose. Il ne voyait pas quoi depuis sa position. Il choisit donc de s’avancer de quelques pas, et de s’assoir en seiza, adoptant la posture universelle de l’attente respectueuse. Il convenait après tout de montrer qu’il se tenait à la disposition des autorités religieuses. C’était pour cela qu’il était venu ici.
Il resta ainsi immobile de longues minutes. Peut-être plus longtemps. Dans cet espace ombragé et exclusif qui les rassemblait, le temps semblait perdre de sa signification. Seul restait le mouvement mécanique du moine, qui finit par se retourner dans sa direction. Ses yeux, quand il les regarda, lui firent immédiatement l’impression de ces poissons morts depuis plusieurs heures, que les pécheurs étalaient au marché pour que les bancs rapaces des badauds puissent faire leurs choix. Vitreux, de toute évidence aveugles, ils le regardaient avec un intérêt soutenu, deux petites billes opaques et nacrées contrastant avec le teint parcheminé de sa face. Mototoshi resta immobile, s’autorisant tout juste à regarder ce que le vieux moine tenait entre ses mains. Une petite cloche, grosse à peine comme trois doigts adultes, qu’il astiquait avec un linge luisant, recouvert d’un produit à l’odeur similaire à la cire. Il continua son manège comme si de rien n’était, comme si se retourner n’avait pas réellement été un geste prémédité, et que la présence de l’enfant en face de lui n’était pas réellement quelque chose de tangible.
Quelques autres minutes s’écoulèrent encore ; les mains du vieil homme tremblaient légèrement, et l’enfant comprit que seul l’expérience presque atavique du geste répété plusieurs milliers de fois parvenait à insuffler à ses muscles le semblant d’énergie suffisant pour que sa prise reste ferme. De temps en temps, le sourire béat de l’homme se troublait légèrement, et un souffle rauque montait de ses poumons effondrés, raclait sa gorge et chargeait l’intérieur de sa bouche aux minces babines de phlegme. Il le ravalait alors, et poursuivait son manège. Enfin, il sembla jugé que la clochette était suffisamment brillante. Il la reposa près de lui, et considéra de façon plus appuyée le nouveau venu. Il ouvrit la bouche, la referma. Il mastiqua un temps sa langue, et ouvrit encore la bouche. Aucun son n’en sortit autre que le claquement épais et moite que produisait l’intérieur de ses joues contre ses gencives. Il finit par se détourner de ce dernier, et saisit une nouvelle clochette. Le sourire de Mototoshi se fit comme une large demi-lune, dévoilant deux rangées de crocs blancs et brillants. Eux n’avaient pas besoin d’être astiqués. Il patienta, s’imprégnant de l’atmosphère languide de l’endroit, et les heures ainsi s’écoulèrent.
« Tu iras parler à Gabuzo, fit finalement le maître des lieux après que le soleil ait commencé à disparaître. Il t’amènera dans ta chambre. »
Mototoshi fit mine de lui tendre la lettre qu’avait rédigé pour lui son géniteur. Le moine, comme il convenait, refusa de la lire, agitant de droite à gauche une main à la palmure diaphane. L’enfant se releva, et offrit à l’aîné un salut profond. Il avait beaucoup appris, aujourd’hui, et pensait que leur dialogue silencieux avait été éminemment constructif. Il aurait beaucoup à faire, dans ce temple, et beaucoup à apprendre.
Celui qui veut naître
Au temps des feuilles tombantes
Meurt avant de vivre
Au temps des feuilles tombantes
Meurt avant de vivre
Il avait grandi, et avait appris. Il pouvait le dire avec précision, maintenant, sans utiliser les instincts étrangers qui parfois parcouraient sa conscience, là, sous la surface : il savait certaines choses. Il savait percevoir dans le coin de l’œil la lueur qui indiquait quand la joie succédait à la peine, et comprenait les tremblements qui agitaient les âmes, quand les passions se faisaient conscientes et comprises, et que venait le temps des visions en fleurs. Avec une maestria extrême, il se saisit du manche de son outil. Un mètre-vingt de vieux bois, qu’il avait tenu tant de fois que les cals même de ses mains s’étaient creusés sur son passage. Il passa le balai, et regarda autour de lui les couleurs dont se paraient les arbres. Le sang et le feu leur allaient bien au teint, comme s’ils avaient voulu hurler une dernière toute leur vitalité, et montrer dans un grand élan de défi que leurs parures ne devaient pas mourir. Elles tombaient tout de même au sol, et lui les rassemblaient en petits tas réguliers. Personne d’autre que lui ne le savait, mais chaque tas contenait toujours strictement le même nombre de feuilles. Un nombre secret, qu’il ne se prononçait même pas à lui-même, qu’il connaissait sans le nommer. Il regarda son œuvre, ravi. La cour était immaculée, et le soleil n’était même pas encore parvenu à son zénith. Il salua les moins qui passaient à côté de lui, le geste rituel maintes fois pratiqué coulant hors de lui avec la fluidité des sources primordiales. Zamitoshi. Ou Ikika. Il n’était pas sûr de bien se rappeler du visage de ce dernier. Quand il le regardait, il prenait des allures de calligraphie laissée trop longtemps sous la pluie. Comme la plupart des visages. C’était à se demander comment faisaient ses congénères pour si bien parvenir à s’identifier les uns les autres.
Encore un des grands mystères de l’existence, se dit-il en levant les yeux vers le ciel, une expression satisfaite sur le visage.
Alors il l’entendit. Un grand bruit, un fracas violent, et un hurlement strident qui ressemblait plus au bruit du bol que l’on fracasse qu’à ce qui pouvait sortir de la gorge d’un être normalement constitué. Et puis, les gémissements de gens blessés, et les cris d’alarme et d’horreur de ses petits camarades. Ils étaient attaqués, se dit-il avec intérêt. Sans doute un yokai. C’était bien la première fois que cela arrivait, et la chose était particulièrement curieuse. Se dirigeant vers le bâtiment le plus proche, il y adossa précautionneusement son précieux balai, avant de se diriger d’un pas apaisé vers la source du vacarme. Il n’eut pas beaucoup d’efforts à faire pour y parvenir, le bruit des combats se rapprochant rapidement de sa direction. Le temple regorgeait de combattants expérimentés, dont la spécialité première restait l’élimination des yokais. Ils habillaient souvent ce noble précepte d’artifices fragiles et transparents, mais la vérité première restait la même. La créature qui s’était manifestée devait donc être particulièrement coriace, ou alors n’être pas seule. Il lui fallait voir, quoi qu’il en soit. Apporter son concours, peut-être, bien qu’il doutât d’être d’une quelconque aide si les membres les plus expérimentés du temple étaient à ce point tenus en respect. Il finit par arriver sur les lieux, ignorant les flots contraires des fuyards, et regarda avec grand intérêt la scène. Il n’était pas certain de ce que venait faire ici le gikyoushin. Son aura mauvaise et la manière brutale avec laquelle il se déplaçait contrastaient fortement avec la grâce travaillée de ses mouvements. Transfixé, il le contempla soigneusement, voulant s’imprégner de l’élégance désincarnée de ces derniers.
Il le voyait. C’était là. Tout autour de lui se dressait la tentative des hommes de solidifier la sagesse, d’en faire un nexus dans lequel s’en imbiber. Leurs tentatives étaient tristes et infructueuses, et il n’avait pour l’heure rencontré personne qui puisse se targuer même d’avoir fait le premier pas de ce très long voyage. Mais là. Là. Là ! Là il le voyait. Le voyage, pas accompli, mais entamé, et dans l’absence de réelle conscience, la volonté dénudée d’une armure possédée. Il ne restait de l’individu qui la faisait se déplacer plus rien, sinon un désir qui transcendait même la mort, et contredisait par sa simple existence tous les dogmes doctement enseignés par les révérends de l’endroit. Il frappait, et sa lame traçait dans les chairs de larges sillons, et de ce mouvement fleurissaient des pétales éclatants, plus rouges de vie que toutes les mornes couronnes de l’automne. Il voyait ! Il comprenait, enfin, pourquoi il était venu ici, et pourquoi il avait si longtemps attendu, jusqu’à s’être uni au temps épais et stérile de l’endroit. Le monstre frappa, et tourna finalement son regard vide dans sa direction. Il se jeta sur Mototoshi, et ce dernier ouvrit grand les yeux, ne voulant pas perdre un instant de cette noble extase. La lame, dans un mouvement épuré et fluide, glissa dans les airs, cherchant le chemin de son cou. Elle l’aurait trouvé, si son mouvement n’avait pas été interrompu, et si un moine n’avait pas profité de cet instant privilégié pour l’interrompre et frapper. Le yokai tomba au sol, les pièces disjointes de l’armure claquetant les unes contre les autres.
Mototoshi n’entendit pas l’imprécation de son sauveur. Il s’éloigna, et l’autre le regarda, avant de se diriger vers les blessés. Sans le doute le pensait-il en état de choc. Il avait raison. Le jeune homme se dirigea vers l’antre du vieil homme qui l’avait accueilli il y avait de cela plusieurs années, et s’y glissa, refermant derrière lui la porte. L’aveugle préférait de loin que son endroit reste frais et ombragé, et les ténèbres ne dérangeaient pas le jeune homme.
« Il est temps, firent les deux vois à l’unisson. »
Saizo était un être sage. Il avait mis du temps à le comprendre. Sans doute le seul qui soit digne de cette appellation dans ce temple, et dans nombre d’autres. Et malgré cela, sous couvert de lui témoigner le respect dû à sa volonté de se retirer du monde, on le laissait croupir ici, à nettoyer inlassablement ses petits objets, à faire tant qu’il le pouvait les mêmes rituels. Il était comme un arbre fruitier prêt à donner les meilleurs fruits qui soient, et personne ne daignait en récompense faire ne serait-ce que l’effort de se baisser pour les ramasser.
« Je vous suis grandement reconnaissant pour toutes ces années, maître.
- Tu ne dois pas. Tu as illuminé la noirceur de mes vieilles années. As-tu trouvé la réponse à ta question ?
- Non. Mais je sais comment chercher.
- C’est bien. C’est très bien.
- Je vais partir, maintenant.
- Tu étais déjà parti. Le corps va simplement suivre. Avant, cela, puis-je te le demander ?
- Vous voulez voir ?
- Ce que mes yeux n’ont jamais pu voir, oui. »
Mototoshi s’avança doucement dans sa direction. Aujourd’hui, tous deux entamaient un nouveau voyage.
Les larmes de neige
Drapent lourdement le sol
Les fourmis dorment
Drapent lourdement le sol
Les fourmis dorment
Quitter le temple pour rejoindre l’armée impériale avait été une chose somme toute assez simple. Mototoshi n’avait jamais profité du pan martial de l’enseignement des moines, du moins pas officiellement. Son maître s’était chargé de lui transmettre ses acquis, précieux entre tous, et il portait maintenant en lui plus que cela. Son don avait été merveilleux, et le réchauffait même en ces froides soirées, alors qu’il endurait avec le reste des recrues l’entrainement violent de l’académie. Il était loin d’être le plus jeune, mais cela ne le dérangeait pas. Il saurait rattraper ce qui lui manquait en employant ses moyens habituels, et si les plus fougueux de ses pairs pensaient qu’il partait de plus loin qu’eux, il n’en était rien. Sa destination comme le processus pour l’atteindre étaient simplement trop différents des leurs, et les ressources englouties pour y parvenir l’étaient logiquement tout autant. Il avait tout de même développé son affinité au cours de l’entrainement, et s’était rapidement démarqué. Il apprenait vite. Plus que cela, il maniait les courants sociaux qui régissaient l’univers des hommes avec facilité, et semblait béni des dieux, la chance souriant à chacun de ses pas. Le fait qu’il s’exprime avec la sagesse d’un très ancien moine et semble avec aisance deviner les remous qui pouvaient troubler les âmes de ses pairs ne faisaient qu’ajouter à son aura. Sa maîtrise de la calligraphie, de l’art du thé, des haikus et des hauts arts en général lui garantissaient, tous le savaient, certaines facilités dans le futur. Le fait qu’il ne semble pas s’en gargariser, et reste en toute circonstance humble et disponible suffisait à dissiper toute aigreur que ces perspectives auraient pu faire naître.
Il avançait, il le savait, et chaque individu, malgré le fait qu’il ne puisse que rarement prendre en lui son visage, venait enrichir son rivage. Lui naviguait sur d’autres eaux, mais comprenait tout de même la nécessité de se repérer en s’appuyant sur les repères laissés derrière eux par les marcheurs. Il était prêt, et quand vint le moment d’obtenir la récompense qui concluait ses années d’apprentissage, il l’accepta avec détachement. Il n’avait pas fini d’apprendre. Il voulait comprendre, encore, et trouver la réponse à la question qui le perturbait tant. Un jour, ce serait le cas. Un jour, sa dévotion et ses recherches seraient couronnées de succès. Pour l’heure, il convenait de continuer à chercher, et à s’emplir de sagesse et de beauté.
Rapport du Jonin Atanabe.
Je comprends que mes précédents messages aient pu être reçus avec circonspection, et que la teneur de ce dernier, s’éloignant quelque peu du ton protocolaire, n’arrange rien à la situation. Mais je ne peux pas abandonner mes recherches. Il est là. Tout proche. Je le sais. Je ne sais pas pourquoi, mais je le sais. Chaque personne qui a vu les scènes qu’il a laissé derrière lui en est ressortie métamorphosée. D’abord, ce cultivateur de vers à soie, emmitouflé dans ses étoffes et suspendu comme dans un cocon. Un simple nœud retenait en l’air l’ouvrage ; le défaire a révélé l’état calamiteux de ses entrailles, qui se sont répandues autour de ses épaules comme les ailes d’un papillon. Le bonze, ensuite. Un vieillard respecté et aimé de tous. Il nous a fallu plusieurs heures pour retrouver ses yeux. Ils étaient dissimulés dans les grandes cloches du temple. Et tant d’autres encore, tant de vies profanées ! Et à chaque fois, sur les lieux du crime, un haïku. Une signature. Cela fait quatre ans maintenant qu’il n’a pas opéré, mais je le sais. Il est là. Tout proche. Je le sais. Il va recommencer. Et je serai présent. Je le jure. J’ai failli plusieurs fois. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir. Je veux voir.
iv. Plutôt Yin ou Yang ?
Yang 53%
v. Personnalité
Extraverti
Introverti
Docile
Agressif
Silencieux
Bavard
Réfléchi
Impulsif
Loyal
Fourbe
Honnête
Menteur
Protecteur
Persécuteur
Vertueux
Pervers
Altruiste
Egoïste
Intrépide
Lâche
vi. Dans la réalité tu es ?
► Pseudo(s) fréquent(s): Koppakop. Tout le monde m'appelle Kop.
► Quel âge as-tu ? 28 ans.
► Comment nous as-tu trouvé ? Par un topsite.
► Comment trouves-tu le forum ? Sympathique.
► T'as un autre compte? Lequel ? Non.
► Envie d'être Joueur-Narrateur ? Peut-être plus tard, quand je maîtriserai bien le forum et tout.
► Quel âge as-tu ? 28 ans.
► Comment nous as-tu trouvé ? Par un topsite.
► Comment trouves-tu le forum ? Sympathique.
► T'as un autre compte? Lequel ? Non.
► Envie d'être Joueur-Narrateur ? Peut-être plus tard, quand je maîtriserai bien le forum et tout.
C y a l a n a
Yamato Shin
dit Shiraga no Tennou, 6e Empereur de Onogoro
# Re: Enya Mototoshi Lun 4 Juil - 17:26
Félicitations !
Te voilà validé!
Bienvenue sur Shinobi no Kitai, tu rejoins Toge no Satô au grade de Genin !
Un superbe fiche avec une histoire bien développé et pas quelques rebondissements. On saisit parfaitement le personnage et on a juste envie de le voir se développer.
TRAME PERSONNELLE :
Si jusqu’à maintenant le Kitsune qui t’habite ne s'est jamais réellement manifesté depuis quelque temps tu ne peux que ressentir sa présence. Cela à commencé par des songes étranges et puis les traits de ton faciès se sont accentués devenant un peu plus “renards”. Rapidement une voix se fit entendre dans ta tête, comme une sorte de conscience intérieure. Tu n’es pas réellement capable de communiquer avec lui, mais lui peut aisément le faire avec toi. Il semble insister comme un disque rayé sur une notion étrange, un “Roi” qu’il t’invite à rencontrer, qu’il veut te montrer. Un Roi qui devrait arriver bientôt…
TON IMAGE : L'énigmatique
Le grand jour blanc,
Dénude mon âme,
Enfin je le vois,
Dénude mon âme,
Enfin je le vois,
Si jusqu’à maintenant le Kitsune qui t’habite ne s'est jamais réellement manifesté depuis quelque temps tu ne peux que ressentir sa présence. Cela à commencé par des songes étranges et puis les traits de ton faciès se sont accentués devenant un peu plus “renards”. Rapidement une voix se fit entendre dans ta tête, comme une sorte de conscience intérieure. Tu n’es pas réellement capable de communiquer avec lui, mais lui peut aisément le faire avec toi. Il semble insister comme un disque rayé sur une notion étrange, un “Roi” qu’il t’invite à rencontrer, qu’il veut te montrer. Un Roi qui devrait arriver bientôt…
TON IMAGE : L'énigmatique
Pour débuter
Maintenant que tu entres dans le jeu, tu vas pouvoir t'intéresser à la vie de ton personnage. Tu peux ouvrir son carnet d'aventure. Tu auras besoin de regarder l'Arbre de Compétence pour te spécialiser et compléter ton carnet. Si tu recherches des liens ou une équipe n'hésite pas à venir discuter avec les autres membres sur Discord. Si tu aperçois des choses au fur et à mesure de tes rp, ou que tu penses avoir trouver quelque chose d'intéressant, n'hésites pas à venir nous en parler sur le Discord.
Et surtout maintenant que tu es validé.e tu peux accéder à la section privé de ton village sur le Discord et commencer officiellement tes rp's une fois la paperasse validé. N'oublie pas de regarder les annexes et le Codex afin de mieux comprendre l'histoire de Shinobi no Kitai. Nous te souhaitons de très bons moments de jeu parmi nous !
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