J'étais quelque peu morose de constater que la clientèle avait changé depuis le tragique événement survenu dans la Province d’Insen no Kuni. Des corps mutilés, empalés tels des pantins servant à faire fuir les corneilles lors de la saison des récoltes. Des scènes horribles et traumatisantes pour l'ensemble des habitants d'Onogoro. Je me souvins encore des jours heureux. Lorsqu'ici même j'avais eu la chance de contempler la première somptueuse poitrine d'une femme servant le saké et chantant, heureuses avec les hommes et femmes du village. Ahaha, quelle soirée... On avait dû me prodiguer des soins d'urgence à cause de mon hémorragie nasale alors que je n'avais que 14 ans. Mais déjà tous, savaient l'entrainement intensif que je m'étais imposé. Tous pensaient d'ailleurs que j'avais dû en faire de trop... Si seulement ils savaient...

Mais aujourd'hui, la clientèle était différente. Même si la boisson coulait toujours à flot, le chant, lui avait disparu. L'ambiance qui était solaire et lumineuse était devenue triste, maussade. Les gens chuchotaient, évitaient de créer des vagues, se refusaient d'être heureux tant que nous, ninjas, moines et Samurai ne résolvions pas l'enquête de cette tuerie. Je me demandais d'ailleurs si ce n'est pas pour cela que l'examen Genin fut si facile...

Mon verre d'eau en main, je contemplais mon reflet me demandant par où commencer. Cherchant un moyen de faire revenir la musique et de vaincre l'effroi. Peut -être que les responsabilités de Chuunin, me permettront d'aider plus aisément les villageois afin de faire revenir...

Mon ami Kamui vint me rejoindre. Mon seul véritable ami, mon rival. Kamui et moi avions fait nos classes ensembles. C'était d'ailleurs grâce à lui que j'ai autant progressé. Nos nombreux combats, défis, missions fictives que nous nous imposions pour déterminer lequel de nous deux étaient le plus fort, le plus rapide, le plus adroit, le plus résistant. Cela me faisait bien sûr un bien fou de pouvoir parler avec lui, car il avait toujours l'habitude de me cadrer. Me permettre de me concentrer sur un objectif. Sans lui, j'étais plutôt du genre à m'éparpiller souhaitant tout faire.





Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi avoir attaqué la Province réputée pour ses nombreuses sources chaudes et ses nombreux lieux de délassement. Pourquoi l'ennemi n'eut-il pas attaqué Shiroioni no kuni, la province des Ogres Blancs ? L'ennemi qu'on recherche ne devait vraiment pas aimer le délassement ? Peut-être en était-il jaloux ?

Je m'arrêtais à mes pensées et souriait cette fois à Kamui.



Je me souvins avec plaisir les nombreux entrainements que nous faisions ensemble. Kamui a un talent inné, c'est indéniable. À l'inverse, je dois m'entrainer bien plus dur pour atteindre son niveau et le surpasser.



Kamui venait en une phrase de me rappeler à notre responsabilité la plus importante : la formation des prochains Chuunin. J'avais toujours gardé un bon souvenir de cette période même si Naoko fut peut-être la seule femme à m'effrayer autant. Rien que de repenser à ce qu'elle me faisait subir, j'ai une sensation très étrange qui parcourt ma colonne vertébrale jusqu'à ma nuque. Néanmoins, je donnerais ma vie pour ces deux-là.



Suite à ce sursaut d'élan, la clientèle du bar me toise avec un regard méfiant. Je me ressaie sur ma chaise et reprend mon calme et mon sérieux. Pour être honnête, ni Kamui, ni moi-même n'aurions des chances d'être les professeurs les plus populaires auprès des élèves. Il faut dire, nous avons une rigueur de combat et d'entrainement très stricte... Et nous étions rarement les élèves les plus appréciés à notre jeune époque.

Kamui soulignait un point dont nous avions déjà discuté auparavant. Monter en grade. Pour cela, il fallait réussir des "examins" mais ceux-ci ne reflétèrent en rien la vraie valeur d'un Shinobi, Samurai ou Moine Ninja. En effet, j'étais Chuunin, et je ne pouvais même pas encore utiliser mon pouvoir affinitaire...

Quelques années plus tôt...



Je me souvenais, il y a quelques années de cela, lorsque je dus découvrir mon attrait. Cela me semblait impossible. Je me baladais  partout avec ma feuille en essayant à tout prix de la faire interagir. Le lendemain, après une nuit blanche d'effort, je retournais penaud au cours avec ma feuille en main et c'est là que Kamui a attiré pour la première fois mon attention. Sa feuille brillait d'un feu intense, bien plus impressionnant que le reste des élèves. Stupidement, je le mis au défis pour la première fois.













Ahahah et c'est ainsi que nous avions eu notre premier mois de corvée nettoyage. Mais quel combat ! Je ne regrettais absolument pas mon insubordination. De mon point de vue, on ne connaissait réellement la valeur d'un homme qu'après l'avoir réellement affronté.

Présentement.





Je me demandais d'ailleurs si Kamui se souvenait lui aussi de cet épisode, ou si il pouvait m'en raconter d'autres...

J'admirais toujours autant Kamui pour sa façon d'être humble, même sachant qu'il a plus de facilité à apprendre une technique. En très peu de temps, il avait appris à maitriser son Katon, en très peu de temps il l'a fait évoluer en une énorme bulle de feu. Je me souvins parfaitement de ce premier combat d'entrainement. Je devais donner tout ce que j'ai pour être à son niveau. Mais à chaque fois, et ce malgré ma vitesse et ma force, Kamui prenait le dessus grâce à ses techniques affinitaires...



Une immense boule de feu venait vers moi alors que j'étais sur le point d'atterrir  au sol à la suite d'un coup de pied contré. L'enchainement qu'avait proposé Kamui était très intelligent. En effet, lors d'une réception, nous perdions un temps d'amortissement avant d'entreprendre une autre action. Je n'avais dès lors pas le temps de réfléchir. Instinctivement, mon corps me semblait plus léger. D'un mouvement souple mon temps d'amortissement s'est transformé en un pas rapide foulant le sol pour rusher vers mon adversaire. Je me souviens de la surprises dans ses yeux alors que pour moi, cela semblait si naturel. Je réussis grâce à cette explosivité à toucher pour la première fois mon adversaire. Enfin. Cela ne m'avait pas empêcher de perdre l'affrontement et d'en demander une revange quelques jours plus tard. Après nos corvées quotidiennes...



Par contre, je me souvenais de la promesse que tu m'avais demandé de tenir. "Arrêter de baver sur les femmes". Je faisais alors mon maximum pour me contenir, rester à distance. Mais cela ne fut pas simple, c'était plus fort que moi. Une femme, était pour moi l'être la plus douce sur terre. La femme donnait la vie. Il fallait la protéger. Il était vrai que je perdais facilement mes moyens devant elles. Mais que pouvons-nous réellement y faire ? C'est ainsi. Je suis admiratif par la beauté du travail de nos Kamis. Quel moine pourrait m'en vouloir pour ça ? Après tout, je n'entravais aucun de mes sacrement envers la foi. Même si parfois, je la trouvais trop stricte sur les bords, d'où ma volonté à trouver les failles.

Comment ? Kamui avait un entrainement privé avec Naoko ? Alors que moi, je commençais à rechercher bêtement des nouvelles Genin pour rejoindre mes rangs ? Je ne pouvais pas laisser passer cet affront ! Je devais également m'entrainer... et même plutôt deux fois plus. Je croisais les bras, l'air fier tentant de dissimuler grossièrement ma frustration.



Bon. Je ne pouvais plus faire marche arrière désormais. Autrement, cela considérerai que j'ai menti et cela serait inadmissible vis à vis de ma caste. Je dois à tout prix trouver un Jonin pour partir en mission. Peut-être que les dieux me seront favorables et me proposeront un autre Jonin sur ma route avec qui je pourrais m'entrainer ? J'irais faire mes prières au temple la nuit tombée. Peut-être pourrais-je demander à Seiba un petit combat d'entrainement également ainsi j'en aurais un de plus que Kamui ahahah. De plus Seiba a été Chuunin avant Kamui et moi, il pourrait être impressionné que j'affronte quelqu'un de plus expérimenté. Oui je sens que ça peut le faire. Ce mec, c'est un gentil, il dira oui, pour sûr...



Quel idée de se battre avec un sabre... Je n'ai jamais compris l'intérêt. Mais il était vrai que ça fait un moment que je n'ai plus vu ce bougre. Je me demandais où il passait ses journées. Il faudrait que j'aille faire un tour en ville... Et qui sait ? Peut-être que j'arriverais à faire une pierre, deux coups, en rencontrant une superbe Genin à qui je pourrais partager mon expérience ? Assez tergiversé, revenons à Naoko et Kamui.