La note traîne sur le côté de l’oreiller. La transition entre l’obscurité et la lumière s'exerce dans la pièce où Etsu n’a pu trouver le repos cette nuit.  Aucune illumination ne lui vient à l’esprit. Sa sœur et elle partageaient tout, elles étaient une unité parfaite qui se complétait. Du moins c’était ce qu’elle pensait jusqu’à découvrir ce détail dérangeant. Dommage, la fille n’a aucun dieu à prier pour lui effacer la mémoire, elle aimerait croire que cette chose ne veut rien dire, son cœur lui supplie de ne pas chercher à comprendre, mais sa raison lui demande de creuser. Fort heureusement, son ouïe est happée par du bruit venant de la chambre d’à côté. Instinctivement, Etsu se redresse prête à rejoindre la source du son. Une vieille habitude, celle de rejoindre sa jumelle décédée à peine éveillée. Elle déteste tellement être seule et depuis qu’elle a été bannie du domaine familiale, c’est son jeune coloc qui fait les frais de sa dépendance. Il ne lui en faut pas plus pour quitter son lit et en rejoindre un autre. Heureusement, c’est une bonne pâte cet Akari…

“ Tu sais, si tu t’obstines à ne pas assez dormir, tu ne grandiras jamais. “

La rousse fait la maligne, parce que son avance dans la vie lui offre vingt bon centimètres de plus pour le surplomber. Bien qu'à l'horizontale, ça ne fasse plus grande différence... Même si elle se demande ce qui a bien pu le sortir de ses songes , Etsu favorise d’abord ses propres priorités. Aussi, elle le remue doucement, mais sûrement pour l’aider à finir de se réveiller.

“ Aide moi à réfléchir Akari. “

En effet, hier soir, la rousse s’est enfin décidée à trier les affaires de sa sœur et dans un carnet, récupéré sous son lit, une note dissimulée la perturbe. Yui ne lui cachait jamais rien. Alors pourquoi n’était-elle pas dans la confidence de cette chose paraissant précieuse. Car là-dessus, Etsu n’a aucun doute, cette chose n’a rien d'anodine.

“ Tu as déjà entendu ou lu ça quelque part. "

Sur cette question, elle lui agite une note contenant le message suivant: "​​Lorsque nous aurons éteint les flammes et étouffé leurs braises, il ne restera que des cendres.”. La fille se sent un peu coupable de lui poser une pareille question, mais sachant ses affiliations passées et la ressemblance troublante avec sa découverte, il est sa meilleur option pour s’orienter. Toute sa nuit troublée, elle hésita à aller le débusquer à côté pour lui poser la question. D’un coup d'œil rapide, elle jauge l’attention de la belle aux bois dormants avant de tirer sur une de ses joues pour l’encourager à lui offrir son intérêt. Quelle emmerdeuse.

“ Hey, tu m’écoutes ? “

Une scène d’un matin d’une incroyable banalité au final, Etsu a toujours une bonne excuse depuis quelques années pour se greffer dans cette nouvelle ombre. Là où la fille se révèle incroyablement chanceuse de cette rencontre fortuite, le gamin s'acculait de malchance.

Savoir quand on va mourir peut-être une forme de délivrance. Et plus le sommeil est profond plus la mort est douce. C’est du moins ce que beaucoup tendent à penser. Mais la réalité est bien plus cruelle, car dans sa torpeur le jeune garçon ne manque de se souvenir de son passé. Un passé qui le travail sans cesse, lui qui n’a d’intérêt que de vouloir retrouver son frère. Un frère qui pourtant possède tout ce qu’il faut pour normalement éloigner Akari de lui. Mais voilà, la vie n’est que torture.
Car dans le linceul de morphée vient à paraitre une silhouette. Une silhouette familière au souvenir d’Akari, celle de sa voisine de chambre. A peine commence-t-il à se réveiller que la femme le secoue dans tous les sens bien que doucement. Elle évoque notamment le fait de devoir l’aider à réfléchir. A moitié endormi et n’entendant pas tout ce qu’elle peut lui dire. Il comprendre qu’elle parle de lecture, mais à propos de quoi ? Ça il ne le sait pas.

-De quoi tu parles ? Je ne comprends pas.

Puis elle lui montre une note. Nul doute que cela à un rapport avec les propos de la damoiselle. Mais reste à savoir si le ninja peut l’aider. La phrase ne lui est pas familière et pourtant il se dit que ça peut ressembler à l’une des prières au sein du Carbonisme ou au moins avoir un rapport avec cela. Bien qu’il n’en soit pas sûr, après tout il vient seulement de se réveiller en se faisant secouer dans tous les sens.

-Oui, oui je t’écoute. Laisse-moi le temps de me reprendre et de boire un verre d’eau s’il te plait.

Oui au réveil Akari n’est pas aussi sympathique que lorsqu’on peut le croiser dans la rue.  En même temps une mauvaise nuit, un mauvais rêve avec ce maudit rire et un mauvais réveil ne peuvent qu’apporter un grand mal chez le garçon. Un cauchemar qui revient presque chaque nuit le hanter, mais qui en définitive commence à faire parti de son quotidien.

-Ce que tu me montres, ça me fait me souvenir du culte du carbonisme.

Dit le garçon en se servant du verre d’eau non loin. Avalant l’eau, il vient par la suite à reprendre.

-Après si c’est le carbonisme c’est étrange, ils ne sont pas du genre à vouloir éteindre un feu mais plus l’inverse. Peut-être une chose mortuaire.

Puis il se stoppe net un instant avant de tourner son regard vers la femme et de lui poser une question.

-Mais pourquoi tu me demandes ça ? Et aussi en premier lieu pourquoi tu es dans ma chambre ?

Dit le garçon alors qu’il est simplement en sous-vêtement dans son lit et qu'il commence timidement à rougir de par la gêne du matin. Car à Sakyuu les nuits sont chaudes.

C’est vrai, sur ce coup-là, Etsu n’a pas été très délicate. Ses sourcils se froncent, des fois, elle oublie que même s’il la pratique depuis longtemps maintenant, il ne pourra jamais être aussi bien connecté que l’était Yui avec elle. Heureusement, ce côté grognon au réveil à quelque chose de mignon. Et ce qu’il dit n’est pas vraiment faux. La solution est à la fois si proche et éloignée à la fois. Elle pourrait se renseigner, mais ça serait difficile de le faire sans attirer l’attention sur elle. Avoir affaire à cette bande de tarés est la dernière chose que la rousse souhaite, mais d’un autre côté…
La réflexion de son camarade de dortoir la sort de son dilemme. Perplexe, elle lui lance un regard insistant avant d’afficher un sourire en coin.

“ Pourquoi tu fais cette tête ? Ce n'est pas la première fois que j’entre ici. Ou même là… “

Lâche-t-elle mesquine en tirant sur le drap du lit pour le soulever. Etsu ne peut nier qu’elle a bien vu que le petit Akari a grandi et que leurs habitudes devraient en être perturbées. C’était plus simple quand il était un vrai gamin. Mais un problème à régler à la fois, la fille préfère faire l’autruche quitte à le taquiner un peu.

“ Franchement. “

Ses yeux se lèvent au ciel, après une petite tape sur la tête de son partenaire, elle acquiesce l’idée de lui laisser un peu d’intimité pour le laisser se lever. Non pas sans s’amuser excessivement de la situation. Un petit rien, un instant banal qui lui a pourtant octroyé bonne humeur et effacé, même provisoirement les fantômes du passé. Comme pour se racheter du réveil, la rousse prépare leur déjeuner en méditant sur la réponse du jeune effarouché. Un qui se fait désirer pour venir la rejoindre. La fille hésite à l’appeler, puis se ravise en se montrant patiente jusqu’à son apparition où le bougre n’a plus qu’à mettre les pieds sous la table.

“ J’ai trouvé ça dans les affaires de Yui. “

Avoue-t-elle d’un air blasé. Sa moitié pouvait-elle réellement être capable de lui faire des cachotteries. D’un air suspicieux, elle se surprend à fixer Akira. Celui-ci aussi doit bien avoir ses petits secrets.  Quelque part, Etsu se sent blessé, c’est comme subir une trahison de la part de sa sœur.  D’un autre côté, si elles avaient bien un point commun, c’était leur abusif instinct protecteur. Encore que… Etsu avait trahi ce dernier. Son humeur se fait à nouveau maussade. Elle pourrait investiguer si elle n’était pas ce qu’elle était. La fille déteste aborder les inconnus.

“ Mais tu as une de ces têtes ce matin. Encore le même cauchemar ? “

Elle qui avait l’intention de lui demander son assistance pour faire le point là dessus… c’est raté. Quelle créature insensible faudrait-il être pour le replonger dans un sujet si sensible. Dès le début, elle n’aurait pas dû l’aborder… Mais si ce n’était pas avec Akari, avec qui l’aurait-elle fait ? Ce constat lui coupe l’appétit. Etsu ne peut pas se permettre de perdre deux fois la lumière du phare dans son océan déchainé.

“ Si tu n’as rien de prévu aujourd’hui, allons nous vider l’esprit. Qu’en dis-tu ? “

La femme ne manque pas d’audace. Il est vrai qu’elle st déjà venue, et avoir la tête encore à moitié endormie n’est pas pour aider le garçon à mieux s’en souvenir. Et la femme n’est pas là pour l’y aider, bien que son geste puisse aller dans ce sens. Car elle vient à retirer le drap sans crier garde. Une bien drôle d’action que voici qui ne manque de jeter le garçon dans une gêne sans nom et l’illuminer d’une teinte rouge. Qu’elle entre ici ou là comme elle dit, le garçon n’y a toujours pas pris l’habitude. Bien que dans les mots de la dame, il n’a pas vraiment saisi de quoi elle pouvait bien parler si ce n’est peut-être de sa chambre. Fort heureusement pour l’heure elle ne lui a pas fait le coup avec la salle de bain. Mais par souci de sureté, il préfère toujours verrouiller la porte. De même lorsqu’il se change.

Vêtu d’un minimum de tissu sur son corps, il s’avance donc vers la femme qui semble vouloir se faire pardonner en ayant préparé le petit déjeuné. Une bien touchante attention qui ne manque pas de faire mouche chez Akari. Il faut dire que bien que par moment la damoiselle puisse se révéler être embêtante, elle n’en reste pas moins gentille et appréciable pour ses nombreuses qualités. C’est moins ainsi qu’Akari a prit l’habitude de voir la dame depuis ces trois dernières années. S’installant sans un seul mot à la tale. Elle vient à préciser qu’elle a pu trouver cette notre dans les affaires de sa défunte sœur. Pas un mot sur ce sujet sans qu’elle ne l’aborde elle-même. Car Akari ne souhaite pas la blesser et il n’est pas vraiment doué avec les mots.

Mais a peine eut-elle le temps de prononcer cette phrase que son humeur change. Nulle place au doute pour Akari, c’est son doute dû au fait que la dame ait pu parler de sa sœur. Ainsi le garçon souhaite s’abstenir de la moindre parole sur ce thème.
Elle change même de sujet, une bonne chose pour éviter de la blesser, pense le ninja.

-Oui toujours ce rire quand mon frère à finit sa basse besogne. Je ne sais toujours pas si ce dernier est de son fait ou bien de celui d’un inconnu. Mes souvenirs sont flous et mes rêves ne m’aident pas.

Bien qu’il en parle, il préfère garder le sourire comme pour motiver la femme à faire de même. Mais le doute ne subsiste pas, ce souvenir lui est encore douloureux.
Elle vient à proposer comme une sortie ou une activité pour se vider l’esprit. Une bonne chose que voici. En acceptant il espère qu’Etsu pourra aborder un véritable sourire.

-Oui bien sûr cela me convient tu as une idée en tête ? Et merci pour le repas.

Akari d’ores et déjà à consommer ce que la femme à pu lui préparer.

Penser qu’un jour il pourrait mettre au clair ses souvenirs dans sa mémoire met Etsu mal à l’aise. C’est qu’elle a du mal à savoir ce qu’il va en découler, elle peut comprendre cet amour fraternel inconditionnel au moins, si cela en est un. Mais est-il réciproque. C’est ce dernier point qui lui fait le plus peur pour le bien d’Akari. Au moins, s’il remet la main sur son frère, Akari pourrait mettre un terme à ses interrogations. Se rapprocher de ce culte obscure est quand même un prix lourd à payer. À quoi bon tenter de l’en dissuader- encore; ça ne ferait que l’éloigner de la confidence. Et comment le protéger efficacement sans savoir ce qu’il fabrique ?

“ J’ai lu quelque part, qu’il existe quelques drogues pour aider à la concentration de l’esprit. Certains rapports au centre médical parlent d’hypnose aussi…Mais est-ce que tu as vraiment envie de revivre parfaitement la scène ? “

C’est bien là sa seule façon de l’aider, lui offrir ses compétences, enfin pour ce qu’elles valent. Ça n’a pas sauvé Yui en tout cas. Mais cette fois, l’histoire sera différente.

“ Avec plaisir, on pourrait commencer par s’entraîner pour se défouler un peu, puis s’offrir une récompense pour nos efforts."

Un schéma classique, pas très original, mais une solution facilement trouvée tandis qu’elle débarrassait la table ravie de constater que son camarade ne lui tenait pas rigueur de ses taquineries matinales. Il ne lui fallait pas longtemps pour être prête pour le départ et entraîner sous son bras son duo. En combat, Etsu n’avait aucun talent, c’était déjà suffisant quand elle arrivait à se protéger toute seule. Et bien consciente que cette situation ne pouvait s’éterniser, elle faisait de son mieux pour évoluer… mais vouloir n’était pas pouvoir et l'entraînement virait toujours à la corvée et vers une immense frustration. Au moins, cela avait le don de capter toute son attention. Ainsi, dans un calme relatif, il n’a pas fallu longtemps pour arriver vers un terrain d’entraînement libre. L’avantage de vivre dans le quartier militaire. Et comme toujours, la fille était plus motivée à proposer l'entraînement qu'à s’y pratiquer…

“ Comment peut- il faire si chaud déjà le matin ? “

Jetant négligemment ses affaires sur un banc, la bougresse offrait son intérêt à son partenaire.

“ On fait quelques exercices ensemble ou on se tape dessus… enfin. Tu m’as comprise. “

Sa capacité offensive étant proche de zéro, Etsu était plus apte à servir de punchball qu’autre chose. Mais avant tout, encore fallait-il s’échauffer.

“ Qu’est-ce que tu feras si tu le retrouves ? “

En parler n’était pas le meilleur moyen de faire le vide, mais la question la taraudait. Elle-même savait pertinemment que son obsession des secrets de sa sœur était alimentée par sa volonté d’achever toutes ses œuvres… Et une petite voix dans sa tête lui disait qu’elle allait peut-être devoir s’abandonner elle-même pour atteindre cet objectif. Qu'en était-il d'Akira ?

Elle propose diverses solutions qui pourraient l’aider à se souvenir de tout ceci. Mais elle soulève aussi une lourde question, celle de savoir si Akari souhaite vraiment tout ceci et s’il compte bien se souvenir en détail de la fameuse scène qui n’a de cesse de le hanter. Dans un sens il ne le souhaite pas vraiment et s’il pouvait s’en passer il le ferait. Mais le fait de revivre ceci presque chaque nuit n’est pas une chose anodine et c’est comme-ci son esprit souhaite lui faire se remémorer quelque chose en particulier, peut-être un détail ou peut-être autre chose.

-Je ne sais pas pour dire vrai. Mais je préfère en avoir le cœur net plutôt que de laisser la torture continuer. Après je n’en sais pas si l’hypnose ou bien la drogue m’aideront vraiment à pouvoir me souvenir de tout ceci sans que cela ne vienne à semer la confusion dans mon esprit.

Puis vient l’idée d’aller s’entrainer. Il est vrai que dernièrement le jeune ninja à quelque peu rouillé dans l’usage de ses compétences. Il faut dire qu’après que Lee ait pu l’envoyer à l’hôpital pour un simple entrainement. Allez savoir ce que donnera sa première mission en équipe avec ce chef. Non pas qu’Akari est une mauvaise de lui, bien que le magazine avec les femmes en maillots ne manque pas de poser quelques questions dans l’esprit d’Akari.

-Un entrainement ? Parfait je dois avouer je n’ai pas pu m’entrainer dernièrement. Mais bon c’est l’occasion de me rattraper. Tu pourras me montrer deux trois tour.

Puis le garçon vient à aider sa colocataire dans son idée de débarrasser la table. Ceci fait il file se préparer pour s’en aller au terrain d’entrainement. Puis en sortant et sous la coupelle d’Etsu, le duo s’en va au terrain. Durant le trajet le Soleil ne manque pas de taper avec une plus ou moins grande force. Mais une seule goutte de sueur vient à parcourir son visage avant qu’ils n’arrivent jusqu’au centre d’entrainement.

-Oui un petit échange au corps-à-corps peut être utile en effet. Histoire que je puisse voir si je maitrise au moins les bases. Mais avant commençons par nous étirer on ne sait jamais, autant se ménager nous ne sommes pas en mission.

Et tandis qu’il vient à se mettre fesses au sol et qu’il commence à écarter ses jambes pour atteindre la pointe de son pied puis celle de l’autre. Etsu lui demande ce qu’il fera s’il retrouve ce dernier.

-Bah je te l’ai déjà dit, je ne sais pas ce que je ferais. Peut-être que je chercherais des réponses à mes questions, ou bien alors la vengeance ou même encore les deux. Mais et toi alors, concernant les notes que tu m’as montrées ? Tu comptes faire quoi ? Si tu as besoin d’aide je suis là, tu peux compter sur moi.

Il ne sait pas vraiment si son aide sera d’une quelconque utilité à la dame. Mais qu’importe, il ne fait que proposer et si Etsu estime que cela ne fera que l’encombrer alors il se tiendra à son rôle d’observateur et d’oreille confidente. Un rôle qui lui convient également du moment que cela peut aider son amie à connaitre le fin mot de toute cette histoire.

La fille n’est pas très douée avec les activités physiques… et loin de vouloir contrarier son duo, elle s’applique tant bien que mal à l’imiter. Conclusion immédiate, elle manque terriblement  de souplesse en peinant à atteindre la pointe de ses pieds avec ses doigts. Le calvaire commence à peine et elle se sent déjà vidé de toute vitalité. À côté, Akari fait ça comme si c’était simple comme bonjour. Chez les ninjas, il y a vraiment plusieurs mondes…

On se demande qui va montrer deux-trois tours à qui…

“Akari, rassure moi. Tu te souviens que mes compétences au taijutsu sont plus proches du malus que du zéro ? “

C’est peut-être important de préciser avant de se faire briser un bout à la première tournée. Certes, son partenaire n’est pas une brute non plus, mais dans l’élan sait-on jamais. Mitigée, la rousse poursuit les entraînements en marmonnant dans sa barbe. Même si techniquement elle est l’aînée des deux et donc s'entraîne depuis plus longtemps… Elle ne connaît pas grand-chose à part l’art de procrastiner où elle excelle. Il est évident qu’elle s’est trop reposée sur Yui toute sa vie et même longtemps après, le prix de cette erreur viendra la hanter. Est-ce que cela lui sert de leçon ?

La preuve que non vu le niveau. Et vu qu’il est à l’aise dans son échauffement, rien de surprenant à ce qu’il lui fasse la conversation comme si de rien n’était. La fille lui lance alors un regard en coin comme pour jauger s’il est réellement innocent par nature, oui si une part de sadisme en lui veut lui compliquer la tâche.

“ Je verrais bien au moment voulu pour cette histoire. Merci de proposer ton aide.”

Elle sourit avec reconnaissance,  mais au fond Akari n’a pas besoin de le lui dire. Depuis le temps, elle sait tout de même qu’elle peut compter dessus malgré son jeune âge. Encore que, parfois il est le plus adulte des deux. Et l’activité à venir s’annonce mal quand déjà en se relevant pour débuter les hostilités, la kunoichi craque de partout comme un vieux roseau.

“ Tu crois vraiment que la connaissance du taijutsu est indispensable pour un ninja ? “

Fortement sceptique sur le sujet, la rousse se met néanmoins dans un semblant de garde. L'affrontement promet d’être épique. Dans le sens absurdite.  Pour cause, Etsu n’est pas sûre que sa position est la bonne, ni même de ce qu’elle doit faire quand il commencera à se mouvoir. Alors, elle prend les devants. Initiatives qu’elle regrette immédiatement quand le coup de pied qu’elle voulait mettre se retourne contre elle et que par on ne sait quelle bizarrerie, elle arrive à s'emmêler les pinceaux et s'étaler au sol toute seule comme une grande en trébuchant. Un nuage de poussière se soulève et même le vent retient son souffle devant la scène terrible. Quelques secondes passent avant que la maladroite ne redresse la tête et lève un bras comme pour signifier qu’elle va bien. Qu’à cela ne tienne, le ridicule ne tue pas. Elle se relève, l'air de rien en se dépoussiérant.

“ En fait, c’est mieux que tu commences pour me montrer. “

Ouais, ouais, sûrement que ça va arranger les choses…

Durant les exercices visant à parfaire la souplesse ne serait-ce que pour au moins supporter l’exercice qui s’annonce, Etsu semble présenter quelques difficultés. Des difficultés qu’elle exprime assez rapidement à l’aide de quelques mots. Il est vrai qu’elle n’est pas la ninja la plus douée pour ce qui est de l’art de se battre au contact. Pour autant elle toujours plus forte qu’une simple civile, du moins Akari le pense. De plus Akari est loin d’être assez bon dans les arts martiaux. Il possède à peine les bases de la formation qu’à pu lui offrir le village. Et ils n’étaient pas le meilleur élément. Que cela soit par ailleurs dans ce domaine ou dans n’importe quel autre. Il y a toujours quelqu’un au-dessus de sois, simplement certains élèves n’a personne supérieur à eux au sein de la classe uniquement. Pour Akari qui n’a jamais pu finir, cela s’inscrit presque comme une hantise. Et bien que son frère l’eût aidé par moment durant quelques exercices avant que le drame ne se produise. Il n’a jamais pu faire mieux depuis lors.
Mais à ses yeux ce n’est pas là une raison d’abandonner, bien au contraire, il va devoir se surpasser pour pouvoir parfaire son art et protéger par la même occasion la jeune femme avec qui, il s’entraine actuellement. Car frêle au contact, elle n’en reste pas moins une personne essentielle de par ses capacités de soutien.

-De rien c’est normal de pouvoir t’aider si je le peux. Donc n’hésites pas.

Peut-être est-il trop insistant. Il hésite toujours à savoir s’il doit se taire ou surenchérir pour rassurer ou aider son amie. Car oui bien qu’il y ait un écart d’âge flagrant entre les deux, le jeune homme ne peut que se sentir proche d’elle au point de la voire comme son amie voir sa meilleure amie, car après tout il n’a qu’elle en l’instant.

-Je pense que tu devrais faire des étirements plus souvent même à la maison. Ca éviterait que ton corps ne se surmène trop lors des entrainements.

Dit-il innocemment bien que cela puisse paraitre comme un conseil qu’une personne hautaine donnerait à une autre.

-Je pense qu’il faut au moins les bases, ne serait-ce pour être capable de se défendre au contact contre de simples brigands. On ne sait jamais, tu as bon avoir le rôle de soutien dans l’équipe, un soutien est souvent la première cible dans un combat. Bien sûr je ferais au mieux pour te protéger, mais je dois à mon grand regret t’avouer que je suis encore trop faible pour te faire des promesses.

Un propos qui commence avec le sourire et qui vire à la triste mine. Une faiblesse qui sans aucun doute vient à ramener l’amer souvenir de la mort de son père et de la fuite de son frère. Ou même encore le choix de sa mère. Il se demande aujourd’hui encore ce qu’il aurait pu faire pour empêcher son frère d’agir de la sorte. A l’époque, il était encore plus faible qu’aujourd’hui.
En position vient le début des échanges de coups et pour évaluer son adverssaire Akari se tient à distance. Une initiative bien inutile quand il assiste à la chute de la dame. Il n’est d’ailleurs pas le seul spectateur car deux shinobis qui passent par là pour rentrer chez eux après leur entrainement remarquent la jeune tomber. Un rire plutôt bruyant et les voilà qu’ils s’en vont aussi vite qu’ils sont venus. Mécontent de l’attention des étrangers, Akari se retient de s’en aller les gronder et s’en va directement aider Etsu à se relever. Une fois debout il se place derrière elle pour l’aider à prendre une bonne position. Il faut un début à tout après tout.

-Alors il faut mettre tes bras comme ça … et ton pied gauche ici. Voilà comme ça au moins tu peux mieux protéger tes points vitaux comme ça.

Puis il s’éloigne une fois la demoiselle en position.

-Bon maintenant imaginons que je te charge, tu dois reculer. Ton rôle c’est le soutien ne cherche pas à tenir la position. Ça ne sert à rien d’autant plus si l’on arrive à toi, ça veut dire que le reste du groupe et soit au tapis soit occupé à autre chose.

Un enchaînement d’explications qui n’étaient peut-être pas très claires pour Etsu.

-Tu comprends ce que je veux dire ?