Pour être le meilleur, il ne suffit pas toujours de le vouloir. Il faut parfois, souvent même, s’en donner les moyens et faire en sorte de provoquer la réalité de paroles vaniteuses et vides de sens sans réel accomplissement derrière. Si chacun de notre fratrie avait été élevé de la même manière par notre cher oncle, il était évident que j’étais de nous trois, de nous quatre même, celui qui avait la constitution physique la moins développée. Je n’irais pas jusqu’à dire faible, mais je n’avais pas les talents martiaux de Nobuya, ni la résistance d’Elin. Seule finalement Hanami semblait partageait ma condition, et encore qu’à la côtoyer, j’étais persuadé qu’elle cachait bien son jeu.

Pour autant, cela ne m’avait nullement empêcher d’accomplir ce qu’il fallait pour la vengeance de notre sang. Au contraire, cela m’avait permis d’explorer d’autres voix que l’on n’identifie pas de prime abord, notamment l’art fébrile des illusions, mais aussi celui du corps humain. Si de prime abord, pour ce dernier, il est normal de songer à celles et ceux dont les capacités permettent de raccommoder les chairs et ressouder les os, pour ma part, j’ai pris une voix plus … discutable.

Ce choix m’est venu il y a longtemps en observant à de multiples reprises le monde animal. Certains d’entre eux bénéficies de capacités toutes particulières comme la possibilité de respirer sous l’eau pour les poissons ou encore de voir dans le noir comme les félins. Alors de ce fait, pourquoi ne pas profiter nous aussi de leurs dons particuliers ?



Les Artères Noires comme Elin avait décidé d’appeler notre terrain de jeu de l’ombre avaient d’intéressant qu’elles étaient cachées des yeux de ceux qui ignoraient l’existence même de ces anciennes veines minérales, aménagées et creusées encore davantage pour nous offrir un espace où développer nos activités respectives. Si notre sœur cadette y faisait prospérer son commerce d’armes, Hanami, elle, avait la main mise sur une activité de nettoyage de problème relativement efficace. Pour ma part, j’œuvrais à Lui offrir un temple digne de ce nom. En attendant, j’avais profité des lieux pour m’offrir un nouvel espace de recherche dans lequel je ne serais nullement dérangé par qui ou quoi que ce soit.

Déambulant entre ces chemins rocheux, l’air était lourd sous terre. L’air y circulait rarement et jamais la fraicheur de l’air libre ne pénétrait en ces lieux sombres. Finalement après avoir déambulé ici et là, encore et encore, nos pas nous guidèrent vers une lourde porte métallique. Nulle serrure, pourtant le passage était barré. Cependant, par un habile jeu de mécanismes cachés, il était possible d’ouvrir l’antre que je m’étais faite. Invitant ma chère sœur à me rejoindre, je passais devant, allumant quelques éclairages de fortune.

A l’intérieur, tout laissait à penser à un laboratoire de recherche. Instruments médicaux, peut-être de torture pour certains d’entre eux, livres divers et variés sur la faune locale et sur le corps humain, sans parler de toutes ces étagères remplies de bocaux et fioles étranges contenant liquides colorés, animaux flottants dans du formol ou organes indescriptible sauvegardés dans un liquide visqueux.

En face de nous, une grande table où se trouvait toute mon étude et notamment ce que je désirais faire découvrir à ma chère moitié. Des notes ici et là, des instruments de précisions disposés un peu partout, des miroirs de diverses tailles et formes et surtout, de nombreux spécimens de chauve-souris, certains vivants et disséqués proprement, d’autres virevoltants dans leurs cages, apeurés par la situation et par ce dont ils avaient été témoins.



Tel un savant fou, dans le plus grand calme, je montrais le fruit de mon labeur, le fruit de mes recherches à mon autre moitié, détaillant chaque élément à grand renfort de détails avant de m’installer devant cette table rocailleuse gravée dans la roche.



Attrappant une chauve-souris de sa cage, je la tenais avec fermeté sans pour autant lui infliger la moindre douleur. Piaillant dans ma main, je l’observais avec satisfaction avant de la remettre dans son habitat actuel.



En attendant, assis devant mes différents miroirs que j’ajustais avec précisions, attrapant quelques fioles indéfinissables pour quiconque mise à part moi, je buvais quelques gorgées ici et là avant d’attraper mes étranges outils chirurgicaux.

Comment ainsi mon œuvre, j’étais mon propre patient. Si j’avais pratiqué encore et encore sur des cadavres fraichement récupérés, opérer sur soi, malgré une certaine dextérité n’était pas donné à tout le monde. Pour autant, malgré la gêne occasionnée, la douleur elle n’était pas au rendez-vous, cadeau de mes petites décoctions. Pour autant, il me fallu de longues minutes pour parvenir à un résultat optimum.

Le visage ensanglanté, tuméfié, je nettoyais cette face carmin avant de me tourner vers ma moitié.

Inquiète ? Non, elle ne l’était surement pas. Elle qui avait tant de prestance et de caractère ne se laissait pas impressionner si facilement. Il faut dire que les lieux lui étaient particulièrement familiers, même si elle n’avait jamais eu l’occasion de visite expressément le laboratoire privatif que je m’étais créé entre ces veines et alcôves rocheuses, me laissant là tout le loisir nécessaire à mes expérimentations. C’est donc par un léger sourire narquois que je répondais à son absence d’inquiétude qu’elle exprimait d’une voix claire et distincte.



En somme, j’avais tout dissocié pour être tranquille et ne faire prendre aucun risque à aucun Watari. Loin des meilleurs hôpitaux de Jujou avec ce que j’imaginais être de grandes salles aux équipements divers et multiples, le mien était bien plus rudimentaire, sans confort, mais avec tout le matériel nécessaire à mes expériences, si ce n’était la matière première qu’il me fallait récupérer spécialement par mes propres moyens.



Au final, si j’avais amené ma chère sœur ici sans lui expliquer le pourquoi de sa présence, mon discours, ou du moins mes explications semblaient la convaincre. La faiblesse humaine était là une tare que je m’appliquais à corriger, du moins, sur moi et les miens dans un premier temps.

En silence, la politicienne observa l’opération que je m’efforçais de réaliser sur moi-même malgré toutes les difficultés que cela impliquait. Quant à ma proposition de faire d’elle une personne supérieure aux autres, littéralement, elle accueillie cette proposition à bras ouvert pour mon plus grand plaisir.



Mais tout cela était encore loin, j’avais encore d’autres idées telles que l’ajout de plusieurs capacités distinctes où tout simplement se greffer des organes spécifiques comme ceux des Yokais qui pourraient alors éventuellement nous offrir de réels nouveaux pouvoir. Mais tout cela était encore loin et il me faudrait bien plus de temps et d’énergie pour parvenir à un tel résultat.

En attendant, invitant ma chère sœur à prendre place sur la table d’opération, je laissais apparaitre entre mes doigts une aura verdâtre ainsi que des scalpels de chakra de cette même couleur.



En effet, les choses furent bien plus simples et bien plus rapides que pour moi.

Chez certains l’art médical s’apparentait à de la simple boucherie, des hommes sans talents, qui, avec un scalpel à la main parvenaient tant bien que mal à faire quelque chose de leurs doigts. Mais … entre mes mains … le mot « art » prenait alors tout son sens.  



Voilà une bien belle manière d’agir, garder tout son libre arbitre en étant témoin de sa propre évolution. De cette manière, ma chère sœur participait à sa manière à ce qu’elle devenait, assistant à son amélioration.



Tout en discutant, sans qu’elle ressente la moindre douleur, juste la sensation de contact du métal froid sur la peau, j’ouvrais le nez d’Hanami avec une précision chirurgicale, usant de scalpels chakratique d’une grande finesse.



Malheureusement, ce n’était pas le cas de tous. Alors que la brune était allongée, immobile, incapable de bouger, je regardais autour de moi. Des flacons contenant divers organes, humains pour certains, animaux pour d’autres, de yokais j’espérais bientôt. Terminant ma petite introspection, je m’attardais tout particulièrement sur un bocal contenant un liquide jaunâtre dans lequel flottaient une paire de testicules. Cela m’arracha un sourire satisfait.

Ecoutant ma sœur qui n’avait rien d’autre à faire que discuter pour patienter, j’admirais là les idées qu’elle exposait. Était-ce l’incapacité d’agit qui démultipliait ses facultés mentales, offrant des idées si alléchantes ? Finalement, elle savait démontrer d’une certaine fourberie.



Finalement, après de longues minutes, des heures peut-être, difficile à dire lorsque l’on prend du plaisir à la tâche, mon œuvre était achevée. Il suffisait dès lors de resensibiliser quelques nerfs et voilà que ma moitié était à nouveau elle-même.



Portant mes lèvres à son cou, alors qu’elle était encore partiellement anesthésiée, à ma merci, je laissais mes mains et mes doigts parcourir son corps, lui offrir bien des plaisir qu’un frère et une sœur aimaient partager l’un avec l’autre.