Banditisme

Le clan Doji avait toujours eu un passé compliqué avec le banditisme de la province de l'Ouest. C'était même ancré dans son histoire, puisque l'un des événements les plus marquants de la famille de la grue bleue y était lié. Envoyé par l'empereur de l'époque pour mettre à mort un groupuscule de renégat souhaitant envahir la première cité, le clan Doji avait marqué leur suprémacisme et surtout, leur cruauté, sur ce champ de bataille.

Aujourd'hui, l'histoire se répétait, d'une certaine façon. Mandaté par le village caché de l'Épine, le Jônin allait devoir mener l'assaut en compagnie d'une dénommée Akiko Hibiki. Avant de se rendre au point de rencontre, les portes titanesques de la cité de l'épine, Seichiro avait pris le temps de consulter le dossier de cette jeune chûnin. Elle n'avait jamais vraiment attiré l'attention de l'Eisei et souhaitait savoir à qui il avait à faire avant de se lancer tête première dans la gueule du loup. La présence d'une chûnin et d'un jônin pour une telle mission présageait forcément un certain  niveau de difficulté. Il ne souhaitait rien laisser au hasard.

Portant son armure d'argent, une création signée Doji Kurogane, l'Eisei attendait patiemment l'arrivée de sa partenaire pour la journée. Dans sa dextre, il tenait le rouleau de mission frappé du symbole de l'épine. Posant ses iris écarlates sur ce dernier, il relisait les lignes qui composaient l'ordre de mission. Un camp de brigands aurait pris naissance dans la province du vent chaud. Quelques marchands auraient fait état d'un blocage sur les routes d'homme vêtu comme l'armé impériale et qui imposerait des taxes à ceux souhaitant traverser le passage nord vers la province de l'Oasis. Après vérification, il s'est avéré qu'aucune troupe de l'armée impériale ne devrait se trouver là et la nature de leur équipement indique qu'ils ont peut-être décimé un bataillon. La mission, exterminer les brigands et trouver des informations quant à la façon dont ils se sont procuré leurs habits.

N'ayant pas longtemps à attendre, il fut rapidement rejoint par celle avec qui il allait réaliser cette extermination. La toisant du regard, il prit la parole sur un ton joviale et charmeur.

Cela faisait déjà quelques semaines qu'Akiko n'avait pas été appelée pour une mission sérieuse. Effectivement, le gouvernement shinobi de Toge l'avait assignée à des tâches qui nécessitaient plus son Kaminotsukai et sa vision thermique que la chuunin en elle-même. La Hibiki s'était alors adonnée à patrouiller autour du village, dans les forêts de pins, et faisait le guet. Akiko avait vraiment subi ces "missions", elle ne comprenait pas pourquoi on ne les refourguait pas aux petits genins.

C'est finalement un shinobi messager qui vint lui apporter la bonne nouvelle : elle partait pour une mission plus complexe et surtout plus sensible. Du messager, elle ne sût pas grand chose d'autre si ce n'était qu'on attendait d'elle une exemplarité certaine. Mais bon, n'était-ce pas le devoir d'un shinobi d'être sans reproches ? Akiko leva de toute façon les yeux au ciel lorsque son interlocuteur insista sur le mot.

Fidèle à elle-même, la jeune femme enfila les mêmes vêtements qu'à l'ordinaire. Il faut dire qu'elle est naturellement une personne très simple mais il est vrai que le sujet de son apparence est aussi épineux que les grands pins de Toge. Notamment à cause de toutes les moqueries concernant son physique, Akiko avait développé une certaine tendance à acheter les mêmes vêtements en triple ou en quadruple. Elle n'allait pas souvent faire du shopping mais quand elle y allait, elle s'y rendait pour acheter suffisamment de vêtements pour les mois à venir. Par contre, ses critères étaient toujours les mêmes : confortable, large et recouvrant un maximum de peau pour cacher ses eczémas.

C'est ainsi qu'elle se rendit au point de rendez-vous : armée de son katana et avec un sac à dos. C'était le sac à dos offert à tous les shinobis lors de leur ascension au grade de genin. Le col de son kimono couvrait jusqu'à ses pommettes et sa frange se confondait avec ses sourcils. Elle avait le même air que d'habitude, blasée, et sa démarche était lente. Le Doji pouvait légitimement se demander quel boulet il allait se trainer à cet instant.

Les apparences sont toutefois trompeuses car c'est bel et bien avec une certaine gaieté ainsi qu'un bon élan que la Hibiki se présente à Seichiro :

Enchantée ! HIBIKI Akiko.

Seichiro n'a presque pas le temps de finir sa phrase qu'Akiko lui répond qu'elle est prête. Ils se mettent en route. C'est difficile à percevoir, mais la brunette a le sourire aux lèvres.

Pouvez-vous me briefer sur la mission, s'il-vous-plaît ? Je n'ai aucune information.

Ses yeux se plissèrent, preuve d'un sourire plus grand que le précédent. Son visage change subitement :

Oh ! Et il faut que je vous prévienne... Elle tend le bras au dessus de sa tête, la manche très ample de son kimono glisse à son coude. La seconde d'après, Hitomi s'entortille autour de son bras. Je vous présente Hitomi, c'est un Kaminotsukai. J'espère que vous n'avez pas peur des serpents...

Hitomi est un serpent intriguant à causse de ses écailles très colorées. Les mandalas de couleurs forment des sortes de pupilles sur son corps. Le kaminotsukai tire sa langue deux ou trois fois avant de saluer Seichiro de sa voix sifflante.

Banditisme

Posant ses iris écarlates sur les plaques visibles au niveau du visage de sa partenaire de mission, Seichiro gardait le silence. Écoutant attentivement les quelques échanges de mot offerts de gaieté de cœur et avec enthousiasme, le Jônin était resté surpris, alors qu'il avait vu une femme blasée de la vie s'avancer vers lui. Il n'avait que faire de l'apparence physique des gens qui l'accompagnait, il avait appris lors d'une visite au cœur du temps de la lune que l'habit ne faisait jamais le moine.

En route, la jeune femme lui demandait quelques informations sur l'ordre de mission et la nature de la besogne pour laquelle ils avaient été réquisitionnés. Seichiro était resté surpris que l'information ne fasse pas partie de l'ordre qu'elle aussi avait dû recevoir. Sans en faire de scène, il s'apprêtait à lui répondre, mais cette dernière soulevait son bras vers les cieux, révélant la présence d'un serpent aux magnifiques écailles. Toisant la bête du regard, le Jônin gardait toujours le silence, tandis que cette dernière se présentait, avec des mots.

Il retournait un sourire à la bête et à la jeune femme. Il rigolait même un peu, il ne s'attendait vraiment pas à rencontrer quelqu'un d'aussi spécial en cette froide journée d'hiver. Signer un pacte avec un kaminotsukai n'était absolument pas quelque chose de facile. Lui-même n'y était pas encore parvenu et ce n'était pas faute d'avoir essayé. S'adressant d'abord au serpent, il lui retournait la salutation.



Avançant pas à pas, le trio avait quelques jours de marche avant d'atteindre leur destination. Le ciel était dégagé, mais la morsure du froid se faisait nettement sentir. L'hiver au pays de l'ouest n'était pas particulièrement doux pour les êtres sans domicile. Couplé à ça la possibilité de tomber sur un Yokai, cette mission présentait d'ores et déjà un certain niveau de difficulté.



Il portait son regard vers la bête à sang-froid.

Banditisme

Déclarait l'une des kunoichis du village caché de l'épine. Tournant les talons, le jônin posait son regard écarlate sur la figure d'une femme qui visiblement avait couru jusqu'au duo que formaient Seichiro et Akiko Hibiki. Arrivant à leur niveau, cette dernière expirait à répétition, les mains posées sur ses genoux. Visiblement à bout de souffle, elle prenait quelques instants pour reprendre des forces tandis que l'Eisei soulevait un sourcil, la toisant du regard. Inspirant profondément, ce dernier expirait un peu de désarroi ayant d'ores et déjà une idée de ce qui s'en venait.




Répliquait-elle entre deux respirations. Offrant quelques secondes de repos, un temps qui semblait des plus interminable, la jeune femme finit par prendre la parole.



Embêter, Seichiro ne comprenait pas trop pourquoi la cité des dunes se permettait d'agir sur le territoire de l'épine, mais soit, la jeune avait bien raison. Ils étaient plus près d'eux du campement des brigands et ils leur posaient sans doute autant de problèmes à eux qu'à Toge. Cette nouvelle venait de malheureusement mettre fin à la mission en compagnie de la jeune avec de l'exéma, mais tel était la réalité. De toute façon, il se comptait chanceux d'avoir pu être rejoint avant d'avoir fait trop de route. Si le message avait été reçu quelques jours plus tard, ils seraient sans doute tombés sur un campement vide et en cendre.



Sur ses mots, Seichiro indiquait la direction de Toge aux deux femmes avec lui. Pas à pas, le trio rentrait au bercail.