Kamon parcourait le trajet en direction du village des épines depuis la capitale depuis déjà un certain moment lorsque son regard se posa enfin sur ce qu’il cherchait, les silhouettes encore floues d’un groupe de voyageur dont il reconnaissait sans mal au moins deux d’entre eux, Doji Seichiro et Doji Kurogane. La troisième silhouette lui était vaguement familière et un serrement lui enserra la poitrine tandis que son esprit connectait l’image de la jeune femme qui se précisait de minutes en minutes et celle d’une jeune fille qu’il n’avait jamais pensé revoir un jour.

Bien entendu, Seichiro lui avait communiqué la nouvelle du retour innatendu d’Ayane, mais l’esprit scientifique de Kamon n’avait pas osé croire qu’il s’agissait réellement de sa cousine disparue une décennie auparavant et pourtant, maintenant que celle-ci se tenait désormais à une dizaine de mètre devant lui, il ne pouvait plus niée la réalité et même si quelques détails semblaient être inconsistant avec la dernière image qu’il avait de sa rivale d’enfance, dans l’ensemble celle-ci n’avait pas réellement changée et il était impossible de ne pas reconnaître en la jeune femme devant lui la gamine de ses souvenirs.

Le jeune homme dut fournir un effort considérable pour réprimer la culpabilité qui cherchait à l’envahir et tandis qu’il s’avançait en direction de ses cousins et de sa cousine qui s’étaient à leur tour immobilisés, Kamon leur fit un signe de la main avant de saluer en premier ses cousins.

Bonjour cousins.

Finalement, il se retourna vers sa cousine qu’il avait cru disparue depuis une décennie et tandis qu’une boule d’émotion se formait dans sa gorge, le scientifique se força à prendre la parole pour la saluer.

C’est bel et bien toi… Je n’y croyais plus… Pardonne moi…

Tandis qu’il terminait sa phrase, le regard du jeune homme se posa sur le sol en terre battu attendant que sa cousine retrouvée prenne la parole afin de lui répondre tout en prenant finalement conscience qu’une quatrième personne accompagnait les membres de sa famille, un coché à l’apparence digne des plus lointaines campagnes du monde civilisé.

Bien entendu elle ne se souvenait pas de lui, il n’était alors qu’un gamin et elle une gamine. De plus, contrairement à cette dernière, il avait énormément changé physiquement et les traits de l’enfant fétiche qu’il était à l’époque n’était plus réellement perceptible dans l’homme qu’il était devenu. Il balaya donc sa déception passagère du revers de la main avant de se concentrer sur l’aîné de ses cousins qui semblait prendre un malin plaisir à soulever le fait qu’il n’avait toujours pas trouvé compagne, mais avant que Kamon ne puisse lui répondre que contrairement à lui, il n’avait aucunement l’intention de se ligoter à la même personne toute sa vie, son second cousin détendit l’atmosphère d’une autodérision et quelques instants plus tard, ses deux cousins décrivaient leurs habitudes de voyage avant qu’Ayane ne fasse de même et, se sentant quelque peu exclu, le jeune homme prit la parole tout en s’installant dans la charrette en compagnie de ses deux cousins et de sa cousine.

Je crois comprendre que vous parliez de vos habitudes de voyages, personnellement je fais depuis plusieurs années la route entre le village de Toge et la capitale où je vais acheter des herbes en tout genre pour le compte du village. Après j’ai parcouru moi aussi la vaste majorité du monde connu pour diverses raisons dont la plupart se résume à récupérer des bouts de savoirs quelconques...

Réalisant soudainement qu’il venait d’exécuter un monologue tout de même important, le jeune homme décida de changer de sujet brusquement et se tourna vers son cousin plus âgé tout en sortant un morceau de lin pourpre qu’il ouvrit délicatement sur le sol devant lui, révélant une lame brisée en plusieurs dizaines d’endroit et dont la garde n’était plus qu’un amas de divers matériaux.

Pendant que j’y pense, tu crois pouvoir faire un truc de ça Kurogane ? Et avant que tu me pose la question, oui c’est la lame que tu m’avais forgée, non je ne rigole pas et oui je suis vraiment sérieux. Si tu ne peux pas la réparer, tu crois que tu pourrais m’en forger une nouvelle ? Je jure que je vais y faire plus attention qu’à la dernière...

Le scientifique laissa volontairement flou les circonstances ayant menées à cet état misérable de la lame car il doutait fortement que son cousin apprécierait son géni qui l’avait poussé à bloquer le mécanisme de fermeture d’une porte à l’aide de celle-ci afin de lui permettre de s’extirper d’une situation plus que fâcheuse. Malheureusement, la lame avait été entraîné dans l,engrenage et il avait été forcé d’en agripper les morceaux en catimini avant de prendre la poudre d’escampette et maintenant qu’il y pensait, il n’avait probablement pas récupéré l’ensemble des fragments de l’arme...