La déception se lisait sur mon visage. Je désirais être danseuse au théâtre Saruwaka-za. D’habitude, je dansais à l’extérieur, mais l’Hiver était froid cette année. Peu de monde désirait rester dans le froid, même pour regarder un spectacle. Surtout ce soir-là. Ces facteurs résultaient à cette fameuse demande auprès du théâtre Saruwaka. Certains des employés du théâtres m’avouaient de m’avoir déjà vu danser dans la rue et que mes performances n’entraient pas dans leur vision artistique.

Il m’était arrivé de voir leurs spectacles. Effectivement, tous les rôles étaient pris par des hommes, y compris les personnages féminins. Et les mises en scènes étaient basées sur des faits réels ou des conflits moraux liés à des histoires d’amours. Il y en avait un qui m’avait marqué : c’était l’histoire de deux familles ennemies qui se faisaient la guerre malgré les avertissements de leur prince et des hommes religieux. Et puis, un jour, le fils et la fille des familles respectives se rencontrèrent et tombèrent amoureux. Mais le couple connut un destin tragique, la haine de leur famille étant parvenue à bout de leur amour. Voilà une triste fin…

Je déplorais le manque de diversité chez les acteurs et de créativité dans leur art. Non pas que je souhaitais dénigrer la qualité des spectacles proposés, mais j’étais convaincue que l’on pouvait faire plus et mieux. Qu’ils suffisaient de donner une chance aux autres idées. Que l’on pouvait juste donner le sourire et susciter diverses émotions au public. Et j’aurais bien voulu que les spectacles soient ouverts à tous.

Un soir, j’avais tenté ma chance.

Encore une fois, je réitérais ma demande, dans les coulisses, pour au moins faire juste une danse. Demande qu’on me refusait encore une fois. J’entendais involontairement qu’un des artistes manquait à l’appel. Sur le chemin de la sortie, je me perdais et me retrouvais dans une loge.



La personne dont la loge lui était dédiée se trouve être un danseur qui venait de se fouler la cheville. Il ne pouvait rien dire, craignant pour sa carrière. Il reconnut ensuite mon visage. Il m’avait déjà vu danser dans les rues et complimenta mon talent. Il savait que je venais régulièrement depuis l’Hiver pour pouvoir intégrer le théâtre. Il avait alors une idée : que je devais danser à sa place. Que je serais sous un masque et que la tenue cacherait les traits féminins de mon corps. Bien que je n’adhérais pas à l'idée de tromper le public, je ne pouvais pas laisser passer cette opportunité. Et puis, il n’y avait pas de mal à danser, si ? Et peut-être que si je montrais mes performances sur scène, le gérant changerait d’avis.

Je mis alors le masque, la perruque longue et noire attachée à celui-ci, le long kimono serré et qui, effectivement, dissimulait tout mon corps et la forme de ma poitrine. Je me demandais comment pouvait-il se mouvoir avec légèreté lors de ses danses dans tout cet accoutrement qui pesait des tonnes. Heureusement, je connaissais la chorégraphie, à force de l’avoir vu à répétition sur scène. Mais saurais-je les reproduire avec fluidité comme le danseur ?

Tout se passa vite. Je m’étais déjà retrouvé sur scène, en Seiza, ma tête près du sol, devant un éventail. Toute cette attention, toute cette lumière… Je stressais. Le poids de la pression pesait sur mes épaules. J’avais chaud sous ce masque et ces vêtements. D’abord le silence. Puis, mon coeur bondit lorsque j’entendais les premiers instruments. Le sifflement d’un à vent accompagné d’un tambour. Je me relevais en attrapant l’éventail et remuais mes bras en gardant une élégance. J’oubliais tous ces regards rivés sur moi. Je me concentrais sur mes pas, sur les mouvements de mes bras. Je suivais le rythme de la musique traditionnelle. Je me focalisais sur elle. Elle était mon guide. Je jouais avec mon éventail. Les manches de mon Kimono volaient à chaque geste léger et raffiné de mes membres. La danse était comparable à l’art martial qu’on m’avait enseigné au temple de Tsukuyomi.

A la fin, lors de ma pause finale avec l’éventail, tout l’auditoire applaudissait. Je ne savais pas si ma performance était meilleure que le danseur original. Je m’en voulais un peu de recevoir tant d’acclamation à sa place, mais j’aimais l'intonation des applaudissements résonnant dans mes oreilles. C’était un plaisir coupable. Lorsque je fis ma révérence pour saluer le public… Bas les masques. Le mien était tombé, la perruque avec. En me relevant, je sens une légèreté autour de ma tête. Au toucher, je reconnus mes cheveux châtains. Les applaudissement s’étaient tuent. Des cris de surprise, de choc et de colère les avaient remplacés. J’avais honte. Surtout lorsque quelqu’un du public criait :

“ELLE N’EST PAS UN HOMME !”

Je devais maintenant subir les conséquences de mes actes…

La chorégraphie:

La danse est aussi un art pour les femmes

Le théâtre Saruwaka-za, l'un des établissements les plus prisés de Toge, un endroit où les plus grands artistes se réunissaient pour divertir le public par le biais de pièces de théâtre. Shizuka adore s'y rendre afin d'oublier ses ennuis pendant un certain temps, mais elle regrettait que les femmes soient minoritaires dans ce milieu, comme si leur jeu d'acteur était inférieur à celui des hommes. Si les gérants du théâtre connaissaient le vrai visage de la Chunin, ils ne douteraient surement plus du talent féminin. Mais, elle ne pouvait se permettre de révéler sa vraie nature et ses véritables intentions à qui que ce soit, pas avant d'avoir fait des avancées significatives, en tous cas. Elle s'assoit dans l'assemblée et pose son regard sur la scène, attendant patiemment que le spectacle commence.

Comme d'habitude, la femme à la blanche chevelure est comme envoûtée par la représentation. Elle oublie le Temple et les Dieux, elle oublie Toge et Onogoro, elle oublie ses problèmes pour rentrer dans un monde imaginaire où divers arts viennent s'entrechoquer. La danse finale, clôturant la représentation, est particulièrement appréciée de la fidèle d'Izanami qui applaudit généreusement même si cette pièce est censée être exclusivement interprétée par des hommes.

Lorsque le danseur salue le public, son masque tombe, dévoilant une figure féminine qui est familière à la guérisseuse. Un soupir amusé s'échappe de ses lèvres tandis qu'elle enfile une cape noir dont elle fait retomber la capuche sur sa tête et dépose un masque anbu sur son visage avant de descendre sur scène et de plus ou moins kidnapper la danseuse afin de l'éloigner des spectateurs en colère. Lorsqu'elles sont suffisamment éloignée du public, Shizuka retire sa cape et son masque, puis les range dans une rune avant d'applaudir.



La prêtresse d'Inari ne mâche pas ses mots. Elle considère que ce n'est pas essentiel. Elle reprend la parole, toute souriante, comme s'il n'était rien arrivé.

Tout s’était passé vite. Alors que je faisais face à un public mécontent et déçu, une ombre apparut sans que je m’en rende compte et m’amena de force en dehors de la scène. Je ne reconnu pas mon ravisseur directement : il avait une cape et un masque anbu. J’avais beau me débattre, je ne pouvais pas m’y échapper. Cependant, dans une salle vide, dans les coulisses, le kidnappeur se révéla : il s’agissait d’une magnifique femme aux cheveux argentés, critiquant le comportement des hommes. Je reconnaissais son visage, elle était prêtresse au temple de Tsukuyomi, tout comme moi. Je lui fis preuve de respect avec une révérence.



C’était vrai. J’étais tellement tétanisée par la colère des spectateurs que je n’avais pas eu la force de m’en aller. Sans parler des organisateurs et du metteur en scène. Ils doivent être en colère à l’heure qui l’est. Et je n’avais pas le courage de les affronter.



Déçue que ma maladresse, je me rendis compte que je commençais à me plaindre de ma situation.

La danse est aussi un art pour les femmes

Tsukasa Sakura, un nom agréable à l'oreille et qui se marie parfaitement avec la grâce que la jeune femme a dévoilé au cours de la représentation. Un véritable gâchis c'est que de lui refuser l'accès à la scène sur un critère aussi stupide que le sexe. Le sourire de Shizuka s'élargit lorsque la demoiselle lui dit que ce devrait être à elle de la remercier. C'est avec attention que la Chunin écoute les mots de la Genin.



La fidèle d'Izanami pose une main amicale sur l'épaule de son interlocutrice, pour lui apporter son soutien et son approbation. Elle aimerait en savoir plus afin de pouvoir la conseiller, en tant que compère de la communauté féminine du village évidemment, mais elle ne souhaite aucunement la brusquer et se refuse donc à insister si la demoiselle ne souhaite pas approfondir le sujet.



La prêtresse d'Inari ne peut laisser sa cadette reculer aussi facilement devant des personnes qui sont visiblement dans le faux. Sa lutte pour l'ascension des femmes commence ici.  Pour elle, la danseuse manque cruellement de confiance en elle et, la blanche considère qu'il est de son devoir de l'aider à la retrouver. C'est un premier pas vers la révolution féminine que permettre à celles-ci de se lever contre la gente masculine afin de récupérer leurs droit. Nul besoin de critiquer ou d'insulter les hommes, ce qui risquerait d'impacter négativement l'image de la Chunin. Il suffit de convaincre la Genin de sa légitimité.

Voilà une question qui méritait d’être posée. Pourquoi étais-je une prêtresse si j’aimais la danse ? Une question non basée sur une critique ou un jugement, mais par curiosité. Je n’avais aucune raison de ne pas lui répondre.



Puis, elle me dit que je ne devais m’excuser en aucun cas concernant le spectacle. Au contraire, on devrait me remercier pour l’avoir sauvé. Ma modestie m’interdisait de lui donner raison, mais au fond… Je n’ose imaginer si on avait forcé ce pauvre danseur à aller sur scène malgré sa blessure.
Mon aînée me proposa alors quelque chose d’inattendu. Une chose qui fit battre mon cœur à la chamade. Construire mon propre établissement pour danser ? Mais… Comment ?!



Je baissais la tête, mon regard révélant ma déception.

La danse est aussi un art pour les femmes

Shizuka penche la tête sur le côté. Elle a un peu de mal à comprendre ce que lui raconte son interlocutrice, mais peut-être est-ce lié au fait qu'elle n'a jamais vraiment brillé dans le monde des arts martiaux. Elle a même toujours été dernière de ses classes dans ce domaine. En tous cas, si elle connait les rudiments de la danse, la prêtresse ne peut pas tout à fait être considérée comme étant brillante dans ce domaine, contrairement à Haruna. Ou du moins, son style de danse est assez... différent.



Un sourire se dessine sur le visage de la fidèle d'Izanami qui pose une main amicale sur l'épaule de la jeune femme. Modeste, trop modeste. La marionnettiste hausse un sourcil lorsque la Genin dit qu'elle ne pourrait pas se payer un établissement et qu'elle n'aurait pas les connaissances pour le gérer, annonçant que ce serait un rôle plus adéquat pour la Chunin. Essaierait-elle de la pousser à débourser des ryos à sa place ? Ingénieux bien qu'un peu trop fourbe pour une prêtresse, peut-être. En tous cas, elle ne perd pas le nord cette petite, mais Shizuka tient trop à son argent pour en débourser pour quelque chose qui n'aurait rien à lui apporter.



Refuser pour conserver ses ryos pourraient être mal perçu, surtout lorsque le Temple incite ses prêtres à se délester de toute envie matérielle. Elle préfère donc amener l'argument du temps qui est tout aussi important et vrai puisque la blanche doit assumer ses fonctions d'artisane, d'herboriste, de guérisseuse, de prêtresse et de combattante. Certes, elle pourrait abandonner une partie de ses fonctions pour se concentrer sur "les plus importantes" mais cela lui nuirait d'une façon ou d'une autre.

Je rougissais lorsque mon interlocutrice me complimentait sur ma danse. En tout cas, je le prenais ainsi. Même les plus grands spécialistes du Taijutsu ne pouvait atteindre mon niveau de danse, selon Shizuka-san. Elle rajouta qu’investir dans un établissement n’était pas seulement un investissement financier, mais aussi temporel. Aspect auquel je n’y avais pas pensé. Il fallait y consacrer du temps et de l’énergie pour développer un projet d’une telle envergure.



Shizuka-san mentionna le festival. De commencer par là. Pensive, je lui répondis…



De toute façon, je serais amenée de participé à l’organisation du festival. Je l’avais toujours fais depuis que j’étais toute petite. Mais c’était toujours dans la zone d’ombre que j’y contribuais. Je n’étais jamais mise en lumière.

La danse est aussi un art pour les femmes

Shizuka hausse un sourcil en découvrant l'appartenance de son interlocutrice au Bureau des Yokais qui est très certainement l'un des organes essentiels de ce village. Cela lui rappelle les jours où elle souhaitait intégrer une des escouades du Bureau. Son intérêt pour les Yokais n'a pas diminué, elle les considère comme les enfants de sa bien-aimée Izanami, elle va même jusqu'à les envier, à souhaiter leur ressembler. Mais, elle ne ressent plus le besoin de rejoindre le bureau. Ce n'est pas parce qu'elle n'appartient pas à  cette institution qu'elle ne pourra pas enquêter de son côté sur les Yokais.

Haruna se montre une nouvelle fois plutôt pessimiste. Elle semble peu encline à prendre des initiatives et à créer de nouvelles choses par elle-même. Comportement plutôt normal pour une Genin, mais assez décevant si elle cherche à monter en grade et atteindre des sommets.



La prêtresse d'Inari ne voudrait pas voir son interlocutrice se fermer des portes toute seule, elle est sûre qu'il y a moyen que la danseuse accomplisse de grandes choses et c'est pourquoi elle se permet de la conseiller. Ses conseils pourraient évidemment être critiqués et par plus d'une personne, surtout dans l'armée où l'obéissance et le respect de la hiérarchie sont prépondérants. Enfin, cela ne veut pas dire que ninjas, moines et samouraïs sont interdits de prendre des initiatives.

Ces mots… Une leçon de vie qui restera à jamais dans mon esprit. J’eus immédiatement une remise en question. C’était vrai, il m’arrivait de toujours d’attendre l’aval d’autrui avant d’agir. Je comptais souvent sur les autres pour me faciliter la vie ou obtenir ce que je voulais. Là par exemple, je comptais sur le consentement du danseur blessé pour pouvoir danser. Et je mettais mon destin de danseuse entre les mains du propriétaire du théâtre. Et même là, je me reposais sur Shizuka-san dans l’idée de créer un nouvel établissement.



Je m’inclinais avec respect pour accompagner mes excuses. Peut-être que c’était exagéré, mais je m’excusais surtout pour moi-même. Car c’était ainsi que j’avais été élevé. Que j’avais été conditionné. Toujours s’excuser en s’inclinant lorsque l’on pense avoir commis un tort à quelqu’un.



Et elle avait raison, il fallait trouver des associés. Mais, aussi l’idée. Je doute que le théâtre nous aiderait si nous accueillons tous les sexes et tous les âges. A moins que… J’eus alors un éclair de génie !

La danse est aussi un art pour les femmes

La danseuse présente des excuses à Shizuka et lui donne raison lorsqu'elle dit qu'il faudrait qu'elle cesse d'attendre qu'on lui donne l'autorisation de faire ceci ou cela. La fidèle d'Izanami est plutôt satisfaite de voir que ses mots ne tombent pas dans l'oreille d'un sourd et que son interlocutrice pourrait bien être assez naïve et influençable pour qu'elle puisse l'utiliser dans ses "grands plans".

Malgré le fait que Haruna reconnait "ses tords", elle se montre toujours hésitante pour le plus grand malheur de la prêtresse d'Inari qui se demande ce que les personnes qui l'ont éduquée et formée ont pu faire pour qu'elle finisse comme ça. Elle décide évidemment de mettre toute cette hésitation et cette fermeture d'esprit à la gent masculine.



La Chunin ne compte pas trouver des excuses à la Genin. Elle a décidé qu'elle ne lui ferait pas de cadeau, pour son propre bien, pour l'aider à grandir et à se protéger des violences de ce monde, violences qui contrairement à ce que la plupart pourrait penser ne tournent pas toutes autour des combats.



Shizuka imagine que l'idée serait de présenter les différents talents du village par le biais d'un spectacle ou de stands, mais elle a du mal à percevoir les limites du projet ainsi que sa mise en place.

Je ne m’attendais pas à ce que notre conversation ferait un lien avec le bureau des études de Yokai. Mais, elle n’avait pas tord. Les recherches et l’évolution pouvaient aussi être dans l’art. On pouvait développer de nouvelles styles de danse, par exemple. Ou même de musique ! Elle demanda ensuite des propositions quant à mon idée.



Je serrais le poing levé avec conviction.



Je fis une pause.

La danse est aussi un art pour les femmes

Shizuka porte une main à son menton, un rire léger s'échappe de ses lèvres. Elle a l'impression que son interlocutrice ne connait pas le "juste milieu". Tantôt elle se montre trop hésitante et ne veut pas faire quoique ce soit sans en avoir obtenu l'autorisation, tantôt elle est prête à se lancer sans le moindre plan dans un élan de chaos. La prêtresse d'Inari n'est pas vraiment du côté du chaos, même si elle aime les initiatives et les expériences.



L'optimisme de la jeune femme est touchant, mais pas assez pour que la fidèle d'Izanami abandonne son réalisme car même si ses rêves sont plutôt ambitieux, elle n'idéalise ni le monde ni ses propres idées alors celles des autres, encore moins même si elle ne cherche pas forcément à briser les rêves des autres.

Elle hausse un sourcil lorsque la prêtresse se lance dans de la philosophie. Shizuka ne pense pas que le progrès de l'art suive véritablement celui de la vie, pour elle il s'agit de deux éléments indépendants l'un de l'autre mais qui, l'un comme l'autre, doivent être encouragés.



Encore une fois, ses pensées s'en vont vers le Bureau d'Etude des Yokais qui n'existerait certainement pas si ces créatures ne s'étaient pas présentées comme un danger pour l'espèce humaine.

Je savais bien que mes mots ne pourraient pas la convaincre du contraire. Surtout quand j’étais en accord avec les siens. Cependant, je devais écouter mon coeur et lui exposer mon point de vue.



Je restais dans mes songes.



Soudain, Shizuka-san me demanda la raison de l’utilité de développer de nouvelles techniques de danse. Je lui souriais tendrement et lui répondit :



Je fis une pause avant de lui prendre des mains et lui demander :

La danse est aussi un art pour les femmes

Shizua note avec une certaine curiosité et déception la réserve qu'éprouve son interlocutrice vis à vis de cette idée de compétition. La compétition est pourtant un modèle adopté par bien d'autres et qui, jusque là, ne s'est pas illustré comme étant une mauvaise chose. Tout est une question d'organisation et de volonté, comme bien des choses. La création même d'un village de cet ampleur dépend d'organisation et de volonté. Si l'ordre n'était pas maintenu par l'Unité du Pin Blanc, alors les passages à tabac, les meurtres, les vols et les viols seraient bien plus fréquents.



Pour la question des examinateurs, la femme à la chevelure d'ivoire n'imaginait pas qu'une compétition puisse avoir lieu sans, au moins, prendre cette mesure qui lui semble être le strict minimum dans chaque événement même si leurs fonctions peuvent subtilement varier. Un soupir s'échappe des lèvres de la Chunin lorsque la Genin s'interroge sur comment trouver des examinateurs.



La guérisseuse penche la tête sur le côté. Son interlocutrice ne semble pas avoir compris le sens de sa question et répond un peu à côté de la plaque. Elle décide donc de ne pas répondre à la question d'Haruna dont la réponse ne semble pas véritablement essentielle.



Shizuka invite son interlocutrice à réfléchir davantage et à proposer un plan bien ficelé. Elle n'exclut pas la possibilité de financer ce projet mais elle tient à ce que la prêtresse comprenne bien qu'elle n'a aucune intention d'utiliser ses ryos pour un projet à faibles gains.

Ma discussion avec Shizuka-san me faisait réaliser que ce qu’il allait être difficile à financer ce concours. Il y avait trop de choses à faire et je n’avais aucune expérience. Et je n’avais aucune influence à Toge pour avoir beaucoup de soutien. De plus, Shizuna-san affirmait que je ne savais pas ce que voulais. Elle n’avait pas tout à fait tort. D’un côté, je voulais mener à bien ce projet. D’un autre, j’avais peur de ne pas pouvoir faire face à la grosse claque qu’était l'échec, de ne pas me relever et même de perdre le goût pour la danse. Surtout que cela risquerait de prendre du temps sur mon rôle en tant que Souhei et Genin…
…
… Prendre du temps…
Mais oui c’était ça !
Je me tournais vers Shizuka-san avec un sourire.



Je pris une pause et je continuais :



Je regardais par la fenêtre la neige tomber.



D’un air déterminé, je regardais Shizuka-san.



Je m’inclinais devant elle.

La danse est aussi un art pour les femmes

Manipulable, c'est ce que la scientifique retient de la personnalité d'Haruna qui ne semble pas remettre en question le moindre de ses mots qu'elle semble d'ailleurs prendre comme vérités absolues. Ce n'est pas que Shizuka n'apprécie pas cela, mais elle trouve cela assez surprenant. Soit son interlocutrice est une Genin, mais elle appartient au Bureau d'études si elle ne se trompe pas. Or, les membres du bureau sont censés être dotés d'une certaine autonomie et d'une capacité de réflexion supérieure à celle des moutons qui servent de peuple.



La guérisseuse écoute avec attention sa consoeur prêtresse malgré les mots inutiles qu'elle peut prononcer. Et effectivement, elle ne dit pas que des choses intelligentes ou du moins, elle donne l'impression de tout vouloir faire toute seule alors que c'est un chantier impossible.



La Chunin est sincère. Elle pense qu'il est possible de mener un projet artistique en un ou deux mois seulement, à condition de s'y mettre sérieusement et surtout, de ne pas s'éparpiller. Elle n'est pas sûre qu'Haruna en soit capable, mais elle ne veut pas la laisser se fixer sur l'idée d'une décennie, ce serait bien trop triste.



La fidèle d'Izanami s'incline à son tour avant de souhaiter à son interlocutrice de passer une excellente journée, puis elle s'en va, laissant sa cadette méditer sur ses mots.