Alors, ils y étaient. Naoko ne pouvait y croire.

Devant les barreaux de la geole des sables, la jonin dévisageait le ténébreux prisonnier avec des yeux légèrement flamboyant. Les mots d'Hikaru et de Seiba-san résonnaient encore dans son esprit, autour de cette incroyable table ronde. Incroyable de part son envergure, et de part les révélations qui y avaient faites.

Pourtant, la jonin avait sciemment décidé d'ignorer en partie la vérité. Des jashinistes en activité dans SON village, dans SON armée ?? Peut-être un peu idéaliste, la jeune femme avait pris l'habitude de faire confiance à ses hommes, et ne pouvait tout simplement pas imaginer qu'un seul de ses soldats puisse travailler contre eux. Dans les autres villages, d'accord, mais pas dans SON Sakyuu. Son village, sa patrie, son monde. Tant de braves étaient morts, avaient rejoint les sables du désert pour toujours, tant de sacrifices avaient été faits de la part de tout le monde pour simplement que le village caché des dunes existe, elle ne pouvait pas IMAGINER un seul traître dans ses rangs.

Alors, l'arrestation de Muzan avait raisonnée comme un coup de tonnerre dans le petit monde de Naoko. Un genin, presque chuunin, un homme de valeur et élément clé pour la survie du village, à qui elle faisait confiance et qui avait été choisi pour accéder à un poste à responsabilité, lui, avait été en contact avec des jashinistes ?! Non seulement la jonin était furieuse de n'avoir été mise au courant qu'une fois l'arrestation effectuée, mais elle l'était encore plus contre le jeune homme. Pourquoi n'avoir rien dit à personne, alors qu'il se savait surveillé ?

C'était louche. Diablement louche.



Alors, voilà ce qui l'avait amenée ici, en cet instant présent, avec Seiba. Eux deux menaient l'enquête sur les funestes évènements aux sources, et c'est à devant eux que le potentiel jashiniste devrait passer à table.

Et à table, il avait intérêt de passer, car la furibonde jonin avait carte blanche.

Elle commença donc, après l'avoir toisé quelques longues secondes, par faire un signe au geôlier et rentrer dans sa cellule avec Seiba. Sans dire un mot, le nez de la jonin se plissa légèrement mais elle prit place face à Muzan, dont la longévité de la détention avait fait quelque peu perdre de sa superbe.

Après un long moment de silence, la jeune femme prit la parole, essayant de maitriser la fureur qui pointait dans sa voix.



Elle toisa le sakyujin immobile, avant de reprendre, sur un ton bien moins formel.



Elle s'éclaircit la gorge.



La jonin ne se voulait pas particulièrement agressive, mais simplement autoritaire. Elle venait d'énoncer des faits, maintenant la balle de la survie était dans les mains de Muzan.

Dix jours, qu'il poireautait dans sa cellule, avec pour seul distraction ses voisins et leurs crasses, les gardes et leurs cris, le sabre et les murs de sa petite chambre. Dix jours avec pour seul ressource une eau croupissante, des quignons de pains, et parfois, une fois par jour, dans la mansuétude extrême de ses geôliers, un bol de riz avec un petit pichet supplémentaire.
De quoi amener un rat mort à désirer un second suicide, franchement. Pourtant, après quelques temps à réfléchir à sa captivité, Muzan avait décidé de rendre cela productif.

C'est pour cela qu'il était actuellement au plafond, en position du lotus, mains sur les genoux, doigts vers le sol, utilisant son chakra pour rester constamment en contact avec la roche. Un moyen passif d'entrainer sa manipulation, une parfaite position de détente, et surtout, quelque chose sur lequel se passer l'esprit. Il avait, au fil des jours, varier les positions, au point de parvenir à se maintenir en l'air avec juste un doigt, histoire de varier les petits plaisirs de la vie.
Ca, et il avait également à commencer à compter les pierres de sa cellule. Il avait finit, d'ailleurs.

810 briques pour 8 mètre carré, pour information. 5,5 sur 22 centimètres la brique.

Enfin.

Alors qu'il était en pleine... méditation? un bruit singulier le fit ouvrir un oeil.
Le bruit d'une porte de serrure qu'on ouvrait.

Instantanément, le Genin lâcha prise, se laissant retomber sur le sol, utilisant ses deux mains pour se rattraper et de réceptionner. A 3 mètre de hauteur, il n'allait pas chuter de loin, mais il valait mieux prévenir que guérir.
Son regard se porta  sur la... non, les nouveaux venus.
D'un geste léger, il s'assit sur son fûton... Pardon, torchon, à ce stade, leur laissant le sol comme place afin de pénétrer sa cellule. Simple politesse élémentaire. Agrémenté, bien évidemment, d'un léger signe de tête, signe qu'il avait plus que reconnu leur présence.



Il écouta la jeune femme lui faisant face, sans la lâcher du regard. De fait, après tant de temps passé dans l'obscurité et chez les crouteux, elle était tel un rayon de soleil et de splendeur dans sa morne quotidienneté.
Quel dommage que la merde qui sorti de sa bouche ne su tenir la cadence de sa très agréable apparence.

Fort heureusement, le manque de qualité de ses paroles s'améliorèrent avec le temps. Pendant un instant, il lâcha un coup d'oeil à son camarade, plus discret, l'observant comme une sorte de bête de foire, le fixant.
Si les pupilles de la femme était nimbé d'une colère retenue, celui-ci semblait plus... curieux.
Curieux, mais pas haineux.
Intéressant.

Il reporta son attention sur la femme, mais ne répondit pas de suite, afin de laisser le temps à son camarade de rajouter quelque chose, s'il le désirait. Constatant que ce dernier n'écartait point ses lèvres, alors, seulement, il ouvrit les siennes.



Fit-il, sans se départir de son sourire affable. Sa voix était posé, sereine.
ne craignait-il pas la mort? Non, cela était plus vicieux que cela. C'était comme s'il se considérait, fondamentalement, sans remord réel, en vertu de ses chefs d'accusation.
Mais surtout, cela était un remarquable détail,  qu'il ne se considérait pas spécialement dans le 'moule'. Une conscience et une fierté personnel, pour ainsi dire.
C'est pour cette raison, qu'il était faucheur.

Comme pour entériner les dires de la jeune femme, cependant, il déboutonna sa manche gauche remontant ce dernier afin de montrer le symbole de Jashin, reposant sur mon avant-bras. Un moyen de dissiper un bout de doute, et pour être honnête, d'avancer.



Prenant son menton entre le pouce et l'index, il sembla réfléchir quelques secondes. Comment expliquer la suite sans agacer son interlocuteur? Comment formuler la chose?



Il réfléchit un instant, puis pencha la tête sur le côté. Zen, juste curieux.

La jonin secoua légèrement la tête de droite à gauche, comme désabusée. Peut-être que les révélations de Muzan l'avaient elles atteinte, ne s'attendant pas à entendre qu'il avait commis un meurtre et qu'il l'assume, comme désarçonnée par une telle révélation.

Etait-il finalement complètement fou ? Peut-être que la détention avait ruiné toute son image et sa carapace pour qu'il se révèle maintenant, un sombre imbécile capable de proférer des énormités sans la moindre mesure de la portée de ses actes, alors qu'il prétendait n'être qu'un simple exilé de la secte. Etais-ce donc là, la véritable force de Jashin ? Celle de laver le cerveau de tout être humain ?

Toujours était-il que le genin se payait visiblement de sa tête. Se rendait-il seulement compte de la situation dans laquelle il était ?! La jonin commença à sentir la colère poindre en elle, la colère envers un imbécile incapable de se rendre compte de la réalité.

Elle serra le poing, et se rapprocha légèrement du potentiel jashiniste, venant l’attraper par le col de son haut en lin.



Elle le lâcha d'un geste brusque en le repoussant, pour qu'il vacille voire tombe.



Un jashiniste ou ex jashiniste ayant confessé un meurtre, était un homme mort, point final. Mais si sa survie permettait de faire un gros coup de filet, alors il avait peut-être une porte de sortie.



Elle sortit un couteau d'une de ses poches de manteau, commençant à jouer nonchalamment avec.



Ses yeux ambrés vinrent se planter dans ceux du détenu. Le message était clair : si tu veux sortir d'ici en un seul morceau, il allait falloir collaborer, de gré ou de force.

Involontairement, l'homme ne put s'empêcher de sourire face au comportement, plus que violent et non nécessaire, de la jeune femme. Si elle espérait l'intimider, elle s'y prenait fort mal.
Mais cela, en soit, était compréhensible. Elle ne semblait pas la plus sereine des personnes. Non, ce qui le fit vraiment sourire était l'assurance qu'elle semblait avoir que ses camarades ne parviendraient pas à l'atteindre et à l'abattre dans cette charmante prison.
Si elle savait à quel point cela était facile...

Se faisant propulser sur sa couche, ou il se reçu littéralement avec la fermeté de son popotin, il se redressa un peu, afin de se remettre dans une bonne position, alors même que son interlocutrice le haranguait de , citons, 'se mettre à table'.
Il le ferait volontiers, mais très honnêtement, Muzan était à court d'idée sur quoi dire. Si rien de ses actes et de ses interêts n'était ce qu'elle recherchait, alors même qu'il ignorait pas mal de chose, quel était son but? Que recherchait-elle à travers lui?
Il ne put, toutefois, retenir un commentaire, envoyé d'un ton ... Etrange.
Comme dénué de tout espoir.




Inconsciemment, cette phrase révélait sans doute la réelle raison qui faisait qu'il n'avait rien dit, jusque là.
La perte de l'espoir d'avoir une vie normale. la perte de tout espoir, en fait. Par cette simple marque, et cette simple remarque, dénué de toute haine, ou reproche par ailleurs, il énonçait un redoutable fait.
Avait-il une seule fois eu espoir de survivre, hormis en se cachant? En mentant?
De vivre, condamné par son propre village?
Sa présence en prison, n'en était-elle pas la preuve parfaite?
Ce calme dissonant avec les éclats de voix de la jeune femme, une révélation douloureuse.
Pour un suivant de Jashin, sa voie devenait son Seul Espoir.
Même en tentant d'adoucir. D'aider. de protéger. de veiller.
Seul la haine et la lapidation l'attendait.

Un cycle qui l'insuportait.

Cela étant dit, il ne put s'empêcher de arquer un sourcil devant la première question. Puis la seconde. puis la troisième.
Oh.
l'homme plaça sa main sur la bouche, honnêtement surpris de la tournure de la situation.
C'était un tableau blanc, dénué de tout.
Incroyable. Frustrant, aussi.



Devant le manque de réponse de la jeune femme, apparemment peu soucieuse du "debut", Muzan décida de commencer par le plus simple.



Regardant rapidement autour de lui, il ramassa un morceau de pierre, et commença à tracer des traits dans le sable.
Un cercle, avec cinq branches.



Il avait accentué la dernière phrase en créant un autre symbole dans le sable. Un cercle, avec un triangle inversé.
Le même triangle que celui du milieu.



Se redressant, il alla prendre son pichet, commençant à avoir la gorge sèche à force de parler. Il avala le reste d'eau avec délectation, avant de tiquer légèrement.
Il n'aurai plus d'eau pour la suite.
Poussant un claquement de langue caractéristique, il déposa le récipient, faisant signe au passage à la Jounin de s'asseoir.

Seiba était sorti sans un bruit d'un signe de la jeune femme, alors que le prisonnier commençait son explication. La machoire de la jonin se serra en l'entendant se moquer d'elle, preuve s'il en est de la folie de celui qui semblait être de plus en plus véritable complice de la secte meurtrière.

Il suffisait de l'écouter parler, il se livrait lui même, et de bon gré...

Sa mort le laissait indifférent, ce qui hérissait les poils de la jeune femme alors que les paroles monocordes du jeune homme sortait de sa bouche. Qui, sinon quelqu'un suivant une idéologie impie, se résoudrait aussi facilement à accepter une mort qui lui était promise ? N'avait donc t-il aucune envie de vivre, aucun espoirt, aucune aspiration ?

Il était comme une machine, une marionnette, un pantin désarticulé dirigé par des gens sombres, et qui seraient partout. Il vivait dans un monde d'obscurité, ou l'espoir et la lumière avaient été lentement détruits, petit bout par petit bout, pour qu'il ne reste en lui qu'une insondable noirceur, dénuée d'âme et de vie. Il vivait dans un monde ou ses codisciples étaient partout, parmi nous, comme une organisation secrète qui tirerait les ficelles de la marche du monde.

Des conneries.

Les yeux ambrés de la jeune femme s'emplirent, l'espace d'un instant, de compassion envers l'être dément qu'elle avait en face d'elle, mais elle ne pouvait éprouver aucune pitié envers ceux que la secte avaient détruit. Si ils avaient été humains, force était de constater qu'ils ne restaient d'eux plus rien de rationnel, plus rien hormis leur idéologie barbare et paranoïaque.

Pourtant, la jonin fut bien forcée d'écouter la folie du jeune homme, car il aborda un point qui vint résonner très fort dans la mémoire de la jeune femme : les marques jashinistes.




Une pointe vers le haut... Celui-ci représenterait alors l'âme, mais une idée d’élévation de cette dernière ? A l’opposée de celle qui veut dire qu'il faut prendre la vie, celle-ci signifie t'elle qu'ils souhaitent la créer ?



Celle-ci, le symbole sort carrément du cercle... Sort du corps, sort du monde matériel... Un lien avec le monde des morts ? Est-ce seulement possible ?





Et lui... Non, lui, je ne l'explique toujours pas. Je n'y vois que de la bestialité... Et toujours ce point. A chaque fois.

La jonin profita de la question de Muzan pour prendre la parole, perplexe, éludant complètement son incitation à s'assoir. Elle n'allait pas obéir à un prisonnier, tout de même.



Elle lui tendit une fiche, recopiée après leur réunion avec Hikaru-san.


Qu'il dise oui ou non avait assez peu d'importance. La jeune femme se doutait que jamais le jashiniste ne serait prêt à lui dire la vérité sur ce sujet.

L'intérêt du jeune homme fut rapidement happé par ce que la jeune femme, dans sa question, lui présentait.  Un ensemble de symboles, apparemment qui pourraient être relié à Jashin, qu'elle lui demanda d'analyser.
Ses yeux brillèrent d'une lueur nouvelle. Une curiosité certaine, se mêlant à une sorte de passion qui, jusque-là, semblait lui avoir fait défaut. Comme si il était, en cet instant, réellement vivant.
Et de fait.



Considérant qu'elle lui tendait la feuille, il saisis cette dernière entre le pouce et l'index, afin de la faire glisser en sa possession pour la placer sur le sol, le regard fixé sur cette dernière.

... Ces symboles me font pensé à une vieille légende... Mais sinon...



Son doigt glissa sur les trois premiers symboles de gauche, s'arrêtant sur le plus évident.



Il passa sur les suivants. A nouveau, ce point, mais cette fois, des traits se rajoutaient au symbole.



Il passa sur le reste, un des symboles étant un peu plus facile que le reste. Il pointa vers le trait à branches, avec un petit sourire.



Il réfléchit un instant. Seul, il était difficile de concilier ce symbole. En corrélation avec le reste, éventuellement? mmmh... Celui d'à coté, par exemple?
Dans sa reflexion,  le genin semblait avoir purement et simplement oublier la Jounin, concentré comme il l'était dans son petit hobby. Littéralement dans son petit monde, pour ainsi dire.



Il plissa les yeux. Quelque chose le dérangeait, dans sa propre interprétation.
Les symboles restant. Qui eux étaient plus étranges encores... Quoique plus simple à appréhender. Il les pointa quasiment directement, un lien se fit en rapport avec ce qu'il avait dit précédemment.




Il s'inclina légèrement devant devant la jeune femme, l'air fort contrit par son incapacité à pouvoir en dire plus. Il aurait tellement envie de déchiqueter et déchiffrer cela dans tout les sens pour en découvrir la signification... Malheureusement, cela ne serait probablement jamais le cas.




... Comment lui expliquer la chose? Comment lui expliquer  un fonctionnement que, sur certains points, même lui déplore? Ils auraient pu faire tellement plus, tellement mieux, tellement plus profitable...

L’expression de la jonin, qui se voulait neutre et dominante, défiante envers celui dont elle se méfait de la langue, se métamorphosa en incrédulité partagée d'une part d'effroi en entendant les paroles de Muzan.

Comment penser qu'il essaie de l'effrayer, comment penser qu'il tente de la mener sur un faux chemin, alors que tout prenait tellement de sens ? Si il avait essayé de la flouer, comment expliquer qu'ils aient les mêmes conclusions au moins au début ? Pourquoi aurait-il sciemment tenté de l'induire en erreur ?

Tout faisait sens, dans la logique viciée du prisonnier. Le message était occulte, et seul un adepte de l'occultisme pouvait le comprendre d'un œil nouveau.

La jonin avait en effet pensé à de la provocation. Le point au milieu, la barre externe, autant de figures qui semblat à son œil être l'oeuvre de divergents du culte principal. De plus, l'assurance qu'ils aient considéré un jashiniste comme "vénérant un dieu impie" venait jouer en cette faveur.

Pourtant... pourtant, pour diverger du groupe, il fallait à la base avoir une certaine connaissance de ce groupe, un certain savoir commun, et peut-être une langue ou symbolique commune, symbolique qui alors pourrait être connue par ceux la connaissant.

Alors, pourquoi ne pas croire en la théorie de Muzan ? La vie éternelle... Les jashinistes auraient couru après depuis toujours... quelle idée invraisemblable. C'est comme les gens souhaitant s'immoler par le feu pour accéder à une forme de vie suprême, ça avait juste aucun putain de sens.

Mais étais-ce si improbable pour des gens aux morales aussi impies et horribles que les jashinistes ? Tuer des gens pour les libérer. Si pour autant elle pouvait -à l'extrème limite- comprendre la volonté de tuer ceux qui sont en souffrance (bien que selon la jonin une autre voie soit toujours meilleure), elle entendait maintenant également que tous les jashinistes ne souhaitaient pas tuer en masse, et que au contraire, bien que l'esprit d'avoir le pouvoir de juger qui soit digne de vivre sa vie car la vivant pleine rendait la jeune femme malade, elle entendait qu'il existait aussi une vision du jashinisme axée sur le sauvetage des autres.

Bien qu'elle n'y croie absolument pas.

Elle se reconcentra néanmoins sur l'explication de Muzan, laissant un grand silence une fois que le jeune homme avait fini sa tirade. Il pouvait presque voir les engrenages fonctionner derrière les yeux de Naoko, tant elle essayait de reconstruire le puzzle.



Et si c'était tout simplement ça ? Un message. Pas une signature, pas une marque de fierté comme tous le pensaient, mais un message... Une date, une heure, un lieu.

Un frisson glacé vint parcourir l'échine de la jeune femme, alors que son coeur se serra de toutes ses forces dans sa poitrine.

Quel était le motif du massacre, finalement. Si, il y a deux ans, comme le jeune homme semblait le soutenir, le but était déjà de trouver cette vie éternelle, alors peut-être que celui-ci avait réussi. Ou, du moins, voulait faire savoir qu'il avait réussi, même si ce n'était pas le cas. Oui, c'est surement le cas, ils souhaitent faire croire qu'ils ont réussi.

Dans ce cas, pourquoi le montrer ? Pourquoi faire un massacre, et laisser aux yeux de tous un message qui ne serait déchiffrable que par ceux maitrisant les codes du jashinisme ? Dans quel but ?

La jonin venait d'entrapercevoir une possibilité terrible, peut-être même la solution de toute cette énigme.



Elle reporta son attention vers le jeune homme, comme se souvenant soudainement de sa présence. Elle l'observa quelques secondes, avant de prendre la parole d'une voix plus forte, qui lui était cette fois destinée.



Les yeux ambrés de la jeune femme vinrent se poser sur le prisonnier, attendant une fois de plus une réponse de sa part.

Un petit sourire satisfait apparu sur le visage du Jashiniste, alors qu'il assistait à la réflexion intense de la jeune femme. Un temps mit à profit histoire de faire un peu plaisir à ses globes oculaires, indéniablement, considérant le charme certain de la jeune femme, couplé à un peu de plaisir intellectuel. Deux plaisirs en un, un rayon de lumière certains en ce lieu sablé, vieux, dure et sombre.
En un sens, il était content d'avoir cette petite épreuve intellectuelle durant son temps en prison. Cela lui permettait un exercice bienvenu, et pour être tout à fait honnête, il songea à mémoriser les symboles, notamment les étranges Runes sur le papier, d'origine inconnu.
Repasser dessus plus tart ne serait pas un mal, surtout s'il était coincé à rester ici.

Son sourire s'agrandit devant la conclusion de la jeune femme, alors même que lui-même se mit à réfléchir à cette conclusion. De fait, elle était logique.
S'il osait, même, elle était tout à fait crédible. A une différence prêt: les symboles eux-mêmes étaient un enfer pour les néophytes, et de fait, tout aussi pernicieux pour les connaisseurs. Lui-même n'était parvenu à de tels déduction alors même qu'il était un faucheur. Conclusion, ce que le Culte recherchait, ce n'était sans nul doute point cela.
...
Devait-il lui dire?

Il songea à ce point quelques secondes. Techniquement, il ne lui devait pas grand-chose, voir rien. Néanmoins, elle avait prit la décence de venir l'interroger et d'éventuellement lui laisser une chance, un détail qui ne lui avait pas échapper.
Il n'était que politesse , donc, de lui éviter tout déboire.

D'une voix douce, il s'immisca dans ses pensées afin de tenter de les éclairer.



Pour une guerre, il fallait des soldats. Pour une réunion, il fallait un lieu. Pour une religion, il fallait des Croyants. Et quoi de mieux qu'un Miracle.
Un lieu de croisement pour une religion qui se retrouverait potentiellement en pleine lumière..
Il n'avait pas besoin d'en dire plus. sa conclusion était peut-être lointaine, mais la Jounin semblait avoir une piste à suivre.

Ayant rendu politesse à celle lui ayant permit d'exercer un  peu son esprit, il profita du léger instant de silence pour prendre le papier, le plier soigneusement, puis le tendre à la jeune femme, les deux mains tendus comme le désirait la politesse élémentaire.
Bien que son regard, au vu de la distance et de leurs postures respectives, pouvait glisser sans soucis sur le corps bien formé de la jeune femme, les pupilles sombres étaient fixés sur l'Ambre de la jeune femme. De beaux yeux que voila, comparable, au soleil, à sa paire d'améthyste.

En revanche, pour la première fois depuis la conversation, il cessa de sourire.
De son sourire, sa bouche de déforma en une horrible expression, un mélange de colère et de dégoût.



Peut-être à cause de la tension montante en lui, et directement à cause de sa piètre condition physique actuellement, il fut stoppé dans son élan lyrique par son état, toussant fortement. Une façon pour son corps de lui rappeler qu'il était loin d'être dans ses meilleurs jours.
Cela eu le don de l'arrêter et de le calmer quelque peu, lui faisant prendre plusieurs secondes afin de se reprendre.



Toussant un peu encore, l'homme regarda la paume de sa main, son sourire peinant à se repeindre sur son visage.



Conclu-t-il.
Il se redressa, main sur ses genoux, droit et fier, assit en tailleurs.
Consciemment, il pencha la tête vers l'arrière. Comme pour lui offrir sa gorge.
La fin de cette interrogatoire approchait. Il le savait. Il ne pouvait guère en dire plus, après tout.



Muzan ferma les yeux.

L’empressement de Muzan d'essayer de recadrer la jeune femme sur sa déduction ne la fit guère changer d'avis.



Mais elle ne comptait pas sur une coopération totale de Muzan, et donc décida de rester sur sa première conclusion.

Le jeune homme eut toutefois la réaction attendue lorsqu'elle évoqua le massacre, ou du moins, la réaction qu'elle espérait qu'il aurait. En effet, le fait que le jeune homme connaisse les raisons de la tuerie avaient fortement attiré l'attention de la jeune femme, lui qui était soi-disant éloigné de tout contact avec la secte depuis que son sensei ne soit plus à ses cotés, il y a au moins 5 ans selon ses dires. Comment alors aurait-il pu savoir le motif du massacre alors qu'il était censé être loin de tout ça ?

Mais la réaction... La jonin savait qu'elle pouvait être fausse. Il pouvait lui mentir ouvertement, se riant d'elle en son for intérieur et de sa stupidité à ne pas savoir démêler le vrai du faux. Pourtant, la jeune femme ne pouvait se résoudre à considérer le jeune homme à ses pieds autrement de ce qu'il avait toujours été pour elle, et que le potentiel jashiniste avait lui même souligné avec des mots qui faisaient écho aux idéaux de la jeune femme.

Il aimait sa partie. Il voulait défendre les autres. Il était révolté par les tueries de masse. Il était... il était un sakyujin, un vrai de vrai. Un élément dont la perte serait dommageable pour le village.

Etait-il sincère ?



La voix de la jeune femme se fit entendre après un long moment, qu'elle consacra à un débat interne avec elle-même. Dilemme mental, qu'elle finit par résoudre comme elle avait toujours tout résolu.

Elle n'était pas une lâche princesse se planquant derrière des murs, et essayant de toujours trouver la solution la plus pacifique, sans jamaias vouloir rien changer. La jonin était une adepte du risque, dansant constamment sur le bord de l'abîme. Et aujourd'hui ne sera pas différent de toute son existence.

Elle rangea son couteau d'un geste sec, avant de croiser les bras et regarder le jeune homme dans les yeux.





Elle continua son explication, se détournant de lui pour faire les cents pas.



Elle s'arrêta pour le regarder, pinçant les lèvres.



Elle hocha la tête de gauche à droite.



Elle recommença à faire les cents pas.



Laissant quelques secondes pour donner du poids à sa phrase, la jonin se tourna de nouveau vers Muzan pour le fixer.



Elle se rapprocha du jeune homme, pour s'accroupir devant lui afin d'être à son niveau.



Elle se releva, le contemplant de toute sa hauteur et lui tendant sa main pour qu'il se relève.



Le visage de la jonin se voulait froid, mais ses yeux laissaient assez peu de doutes quand à ses émotions.

Il devait les aider.  

La lassitude. Un point commun entre les deux êtres partageant la même affection pour les leurs, malgré des croyances et des désirs différents. Voir le couteau rentré, toutefois, le fit hausser un sourcil.
Ainsi donc, elle pensait que sa fin pourrait être évité? Muzan songea que cela s'avèrerait difficile, mais il n'allait guère s'en plaindre.
Elle avait néanmoins raison. Si le Genin était parvenu, jusque-là, à vivre parmi les siens, c'était parce que il avait trouvé une mesure d'équilibre entre sa Foi et ses Actes. Il n'était toutefois pas certains qu'elle ai raison sur toute la ligne, notamment celle ou il aurait pu vivre malgré sa religion.
Force était de reconnaitre, toutefois, qu'on ne pouvait nié le fait qu'on lui avait laissé une chance de s'expliquer, et que malgré sa proclamation de Foi, il n'avait pas encore la Gorge Tranchée.

Mais ce qui le condamnait, c'était son meurtre. Le meurtre d'un des siens, celui-là même qu'il reconnaissait avoir causé, et le seul, au niveau de son pays, dont il acceptait sans aucun problème la punition. Il voyait toutefois une erreur dans le raisonnement de la jeune femme. Il avait bien mentionné que son cas était spécial, non?
Peut-être devrait-il préciser en quoi, du coup. Si cela était le soucis de la jeune femme... En soit, être puni pour ce crime était une possibilité  accepté, une absolument dont il était prêt. Mais relier cela à sa religion?...
En un sens, il ne pouvait renier les faits: ce dernier était mort à cause d'elle, en effet. Mais le jeune homme n'y avait tiré aucun plaisir.



Son regard s'assombrit quelque peu.
Il n'y avait nul plaisir, nul motivation dans son expression en en parlant. Tout comme il savait que il pouvait être condamné pour ses raisons. Il aurait pu l'ignorer, en effet. Mais il avait donné sa parole, alors même que son mentor se portait un coup fatal.
Il aurait été rustre de l'ignorer, et il aurait brisé sa parole donné... des détails qui ne se mesurent probablement à rien, aux yeux d'autrui ne le connaissant pas. Mais pour Muzan, cela était le monde dans lequel il vivait, et les barrières qu'il s'était imposé.
Cette exécution, il ne l'avait jamais désiré, et il n'était pas lié à Jashin. C'était l'héritage d'un homme à qui il devait la vie, et l'avenir.


Il fixa toutefois la jeune femme dans les yeux, quand cette dernière entama l'entracte du dernier acte.
Le choix de changer l'humanité?
Si elle avait auparavant son interêt à présent, elle avait sa pleine attention attention. Voila qui était une proposition digne d'intérêt, à n'en point douter.

Le début de sa proposition le fit réaliser, instantanément, les défauts de la suggestion. En un sens, une partie de lui serait ravi. dans l'autre... Il n'était pas sûr que le village soit prêt à en payer le prix. Vraiment pas. Un double jeu.
Non, un triple jeu.
C'était incroyablement vicieux venant de la jeune femme, qui se révélait diablement intelligente. Sa rustrerie du début serait donc une façade? Non, plus une sorte de comportement naturel, il semblerait, cachant un raisonnement d'acier.
Un raisonnement qui semblait saisir en partie ce qu'était Muzan.

...
C'était séduisant. Incroyablement séduisant.



Ah.
Bien sur qu'elle le savait.
Elle avait bien assez de cerveau pour le savoir, quel question stupide.
Ses améthystes se fixèrent, pendant un instant, sur la main tendu de la jeune femme.
Une vie de paria, de rejeté.
Une vie pour faire ce qui est juste.

Si sa main était chaleureuse quand il la prendrait... alors peut-être qu'il pourrait suivre cette femme.




Il fixait la main. Leva la sienne.
... Il désirait la prendre. Réellement.
Sur son visage, le conflit se précisait. Le chemin était ardu... Mais il n'était pas sûr que la Jônin serait prête à assurer les résultats. Lui? Oh... Il en était capable.



Il s'empara de la main de la jeune femme, et la serra. Fort.
... Elle était chaude. Douce, mais ferme. Une main de fer dans un gant de soie.
Brulante. Forte.
Oui.
Il pourrait suivre cette femme.
L'homme se redressa lentement, alors que la froideur du cachot semblait, d'un coup, plus supportable.
Une vie dure, mais vertueuse?
Juste?