Lumière aveuglante, un rayon éclate en une bande lumineuse qui me réveille instantanément d'un rêve possiblement agité, ou bien juste le fait de se réveiller m'agressant, mon corps se tends comme un arc, mes grandes mains se serrent, deux poings naissent au bout de mes bras, capable de faire couler le sang, et de briser des os. Il me faut quelques secondes pour m'habituer à la luminosité de la pièce, reconnaissant chez moi et le nombres de bouteilles de saké que j'ai bu la veille. Jour de fête hier, car on m'a enfin convoqué pour faire partie d'une équipe. Le message était sans équivoque, je devais choisir ou être choisis, peu importe, aujourd'hui même. Ce jour est à marqué d'une pierre blanche, première pierre qui viendra consolider toute ma carrière de Shinobi. Une reconversion tardive pour un ancien criminel, ou tout du moins un castagneur comme moi. Avant, j'étripais des mecs dans des caves et dans des lieux glauques à souhait, devant un publique accro à l'adrénaline, mais trop faible ou trop couard pour venir la chercher, préférait la ressentir par procuration. Personnellement, jamais rien eu contre un peu de spectateur, ainsi la gloire est encore plus belle si elle partagée. Mais aujourd'hui j'ai l'impression de combattre avec un but vachement plus louable, protéger le village qui m'a recueillis après ma dégringolade du statut de gladiateurs reconnus, à simple proie que l'on chasse inlassablement de ses terres, pour consumer sa vie. Protéger et servir ses habitants qui ont toujours été honnête, ça me laisse un goût agréable en bouche, ça me permet de me regarder encore dans un miroir, et de soutenir le regards des autres.

Aucune honte, malgré les tâches de sang sur mon curriculum. Les ratures et les erreurs, ça fait partie de la vie, et personne ne peut dire qu'il est meilleur qu'un autre, juste qu'il a peut être eu plus de chances, ou bien simplement qu'il était au bon endroit au bon moment. Je me considère supérieur à personne dans ce village, et ça m'rends quand même bien plus sympathique qu'avant, quand je méprisais la plèbe incapable de se défendre seule. Après, je me sens bien ici, c'est tout. Pas besoin de plus de raisons que ça pour protéger un endroit que le confort qu'on lui prête.

J'suis pas un intellectuel, plus un fonceur. Je me lève au dernier moment, avant d'être en retard, je fonce enfiler mes atours les plus simples, mais les plus efficaces aussi. Une veste de kimono légère, noire, et des sandales en cuir. Consciencieux mais pas attaché à mon image, j'ai des fringues plutôt banales, mais un visage hors de la norme, les proportions sont donc respectés et je sais marquer les esprits.

Mon mètre quatre vingt dix me détache de tout mes contemporains, et collègues de promotion qui sont alignés fièrement devant les instructeurs. Moi un peu en retrait, je me fais discrets mais efficace. Je suis visible, tout en restant un élément du décors, et pas une simple erreur de casting qui s'imposerait parmi les jeunes pousses. J'suis pas là depuis des années, mais j'ose croire que ma réputation et mes cicatrices ont déjà fait le tour de l'assemblée.

Akari, un shinobi assez jeune encore, que je connais d'ores et déjà semble se tourner vers un homme de taille moyenne, assez charismatique et au discours réaliste qui me plaît assez. Il en fait pas des tonnes, mais on sent l'importance de la tâche qu'il accomplit, et attends ses futurs élèves. Les Patrouilleurs hein ? Moi qui suis intéressé par le désert pour y retrouver l'homme qui m'a sauvé, et que je n'ai jamais recroiser alors, ça pourrait convenir à mes objectifs à courte termes. Du reste, je sais juste qu'il faut bien vivre et se remplir la panse, la survie passe avant tout. Alors pourquoi pas intégrer cette unité, au côté d'un des seuls de ma promotion qui ne me méprise pas ?

Je me lève alors qu'Akari finit de parler, m'approchant d'un pas décidé, je me campe devant le chef d'équipe, et le salut du mieux possible, même si on sent dans ma raideur et mes manières, que ce ne sont pas trop mes habitudes. Je reste naturel après tout, pourquoi cacher sa vraie nature ? Meilleur moyen de se planter, cent pour cent, ça.

- Oy, Je m'appelle Musashi, Ken Musashi. J'ai vingt six ans, et je viens de la capitale. Vieux souvenirs morroses qui remontent. Des erreurs, j'en ai fais, mais je ne refais jamais deux fois les mêmes, et ça fait ma fierté. Je jette un oeil au dénomé Yama, et cherche dans son regard une réaction quelconque. Jamais été doué pour faire de longs discours. Je pense pouvoir convenir à votre unité, je suis doué autant en ninjutsu basiques, qu'en Taijutsu qui a ma préférence... Je relève le menton et ma moue se fait plus détendue, moins agressive. Comme j'aime pas prendre la parole trop longtemps, j'essaye de tout cracher le plus vite possible. Souvent sa donne l'impression que j'agresse, même si c'est pas vraiment le cas. Je me débrouille en sensorialité également.

Je respire encore, alors rien de grave n'est arrivé. Rien de grave, l'humilité apprends surtout à gommer son courroux face aux épreuves que nous impose la vie, comme les pires humiliations. Je regarde intensément en direction de mon senseï, même s'il impose le respect, son discours fait de moi une bête curieuse, pour tout les recalés qu'il a mit de coté. Une chose est sûre, je vais devoir me mefier, et Akari aussi. On marche déjà sur des oeufs, alors l'épreuve me semble pas insurmontable. Et si d'autres Genins veulent nous prendre pour cible, alors je repondérai de la manière la plus adéquate à l'ensemble de leur doléances. Avec respect, toujours. J'ai appris que rien n'est plus grand que la valeur de la vie, qu'elle n'est pas quantifiable. Des hommes m'ont permit de me rendre compte de mes erreurs, et m'ont poussé dans cette direction, en tout cas, j'aime à penser que mon mystérieux sauveur du désert serait ravi de me voir aujourd'hui, ne pas répondre aux provocations, et continu ma route, inexorablement, vers le sommet de la puissance du ninja. Quand à Fubuki, le vieux maître qui m'a le plus marqué dans ce village, pour son enseignement plein de sagesse, je sais déjà de quoi il en retourne.

Derrière mon maître, je regarde droit devant, vers l'horizon éclatant qui m'attends, maintenant que je vis dans la lumière, plus besoin den craindre les rayons. Je peux enfin être moi au grand jour, sans crainte que l'on me juge ou que l'on m'arrête, qu'on me prive de ma liberté. En échange, je n'ai qu'à suivre les directives, et ne pas broncher. Ma soif de violence sera sans doute plus facile à étancher de cette manière là. J'en tremble d'impatience, l'adrénaline montant dans l'échos des paroles de Yama Seiba.

On passe au reste du test, du basique si vite expédié que je vois pas le temps passer. Après quelques trente minutes, le couperet tombe, et nous sommes retenus dans l'unité des patrouilleurs du désert. Je souris à mon senseï, fier de moi et de réussir à m'intégrer quelque part, finalement. Des tout les efforts que j'ai fais, aucun ne me fais honte, et je suis ravis que l'on m'accepte pleinement dans le village de Sakyuu, avec ses dunes, ses gens ouverts de coeur et d'esprit, et cette chaleur qui vous caresse le torse, les nuits d'été.

- Oy, senseï, merci pour votre bénédiction, et votre bienvenue. Hâte de commencer le boulot avec vous, vous serez pas deçus !  Que je fais en souriant, fermant un œil dans une tentative de le rassurer. Malheureusement avec la cicatrice que je trimballe sur le visage, difficile d'être gracieux, et encore moins rassurant. J'en ai passé des mauvais quart d'heure, et ça se voit. Je suis plus endurant, maintenant, et surtout beaucoup plus prudent. J'aurais aimé savoir si vous connaissez tout les hommes qui patrouille dans le désert ? Peut-être pourrions nous être présenté un jour à eux, maintenant que nous sommes des patrouilleurs officiellement ? Que je fais, toujours aussi prompt à parler vite, sans mâcher mes mots. J'ai une idée derrière la tête bien évidemment, c'est celle de retrouver le ninja qui m'a sauvé, dans le désert. L'enquête doit bien commencer quelque part, après tout. Quand à notre nom, si je réfléchis, je dirais que nous pourrions nous appelé l'équipe Yamainu, car nous sommes adaptable, vif et opportunistes. Que je finis par dire, en serrant mon point dans l'air, comme si j'attrapais une pièce au vol, j'essaye de leur faire comprendre, que parfois il fallait se laisser porter par le courant, et ne pas lutter contre son destin.

Car si j'suis persuadé d'une chose, c'est que ma vie est un roman dont je suis le héros, mes choix influence ma vie, mais les grandes lignes, elles, sont déjà écrites.