La perversité possède bien des formes

Shun Lee

 « Un, deux, trois, un, deux, trois », tel sont les pensées de la genin masquée en train de faire ses katas d'échauffement. La brise se fait légère sur le terrain d'entraînement, le soleil commence doucement à entamer sa descente, c'est dans ce début d'après-midi qu'Hikari va faire la rencontre d'un nouveau sensei afin de parfaire son apprentissage. L'académie est peut-être finie, mais le parcours ne fait que commencer et la route sera longue pour obtenir ce qu'elle désire. Pour le moment, Hikari se trouve tout en bas de la hiérarchie et bien qu'étant un élément prometteur, elle n'en reste pas moins qu'une genin.

La demoiselle porte une grande attention sur ses mouvements lors de son kata, pas de croisement de jambe, pas d'hésitation, des gestes vifs et précis entre chaque étape qu'elle compte à voix basse. Shun Lee, le sensei qui va la prendre en charge semble selon les rumeurs être quelqu'un de spécialisé dans le taijutsu et faire des entraînements intensifs mais qui ont su prouver leur efficacité. On raconte également qu'il serait pervers mais Hikari elle ne comprend pas vraiment en quoi c'était important de le savoir. Pervers dans sa manière de combattre ? Fait-il des coups vicieux comme le jet de sable aux yeux ? Si c'est réellement ça, la genin n'en a que faire, au contraire, plus elle rencontre de stratégie de combat, mieux elle sera préparée pour le terrain et anticiper les choses.

Après quelques allers-retours et des séries de pompes, abdos et autres exercices basiques, la ninja voit un moine au physique saillant. S'arrêtant dans ses échauffements qu'elle étire depuis un peu trop longtemps, la shinobi se rapproche de lui avant de se mettre au garde-à-vous et s'incliner plus que respectueusement devant ce qu'elle estime être son entraîneur :

- Bonjour à vous senseï, je suis Hikari de la famille Matsuba, un honneur pour moi de m'entraîner avec vous aujourd'hui.

Elle reste baissée, ne bougeant pas d'un pouce tant que le chunin ne lui a pas donné l'ordre de se mettre au repos ou ne lui rend son salut.  

La perversité possède bien des formes

Shun Lee

 L’homme à la coupe au bol semble bien faire deux têtes de plus qu’Hikari qui semble vraiment petite à côté. Ça ne l’a jamais vraiment dérangé, bien au contraire, faire 1m55 a beaucoup d’avantage dans le métier, surtout quand on est spécialisé dans la discrétion. Plus facile de s’introduire par des endroits sinueux, silhouette plus petite donc plus difficile à repérer et même à toucher, moins de poids à porter donc plus facile de se déplacer avec l’entraînement adapté. En tout cas, le nouveau senseï à l’air d’être plein d’entrain, se redressant avant de se mettre en position de repos les mains dans le dos, ses yeux orangés observe le moine en répondant à sa demande :

- Bien Shun-senseï, un style plutôt agile et acrobatique, n’étant pas la plus forte je mise plus sur la vitesse et la diversité des techniques, ma taille ainsi que mes outils pour prendre l’avantage sur une situation. Je favorise la diversité à la spécialité mais je manque de vitesse et de précision dans mes lancer, tant que je ne bouge pas ça va mais dans un salto c’est plus compliqué.

Son regard ne lâche pas celui de son entraineur, son nez et sa bouche camouflée par son masque en tissu, ses yeux sont la seule chose réellement visible de son visage et quand on l’observe on dirait plus une machine qu’une humaine. Pas la moindre émotion visible, aucune micro-expression, juste un soldat ennuyeux devant son instructeur et prêt à recevoir ses ordres.

- Je me suis permis un échauffement avant votre arrivée, nous pouvons directement entamer la partie pratique et entraînement senseï si vous le souhaitez.

Pas de temps à perdre, Hikari veut s’améliorer et elle n’y va pas par quatre chemins sur le sujet. Ce n’est pas en perdant du temps avec plus d’échauffement que la genin va s’améliorer.

La perversité possède bien des formes

Shun Lee

Par déformation professionnelle, Hikari avait déjà enregistré la signature du chakra de son entraîneur, c'est donc sans aucune difficulté qu'elle arrive à le retrouver du regard bien qu'il lui faut le moment de réaction de tourner la tête. Son regard sans surprise, bien au contraire, elle semble être à fond dans la chose. L'observant sur son rocher, la kunoichi engage donc la poursuite, concentrant le chakra dans sa voûte plantaire, Hikari se protège de l'instabilité du sable et de laisser des traces en utilisant son chakra de la même manière que pour marcher sur l'eau. Une technique qu'on ne pense pas spécialement à utiliser en dehors des étendues d'eau ou pour marcher à la verticale mais qui me se montrer diablement efficace pour camoufler ses traces et rester discret.

C'est donc comme une ombre qu'elle se déplace sur le sable, comme si elle glissait sur ce dernier, certes elle n'a pas une grande vitesse de pointe, mais son petit corps et sa position lui propose l'aérodynamisme pouvant compenser ce manque d'entraînement. Mais ce n'est clairement pas assez pour rattraper Shun Lee, c'est à peine si elle garde la distance. La demoiselle se focalise donc sur sa cible comme si c'était une mission, parcourant les ruelles ensablées du quartier militaire, la demoiselle commence à essayer d'utiliser le décor à son avantage en sautant sur un tonneau, puis une pile de grosses caisses avant de prendre un peu les hauteurs sur les toits, à chaque changement de bâtiment, elle se propulse aussi fort qu'elle peut pour gagner un court espace entre elle et son entraîneur, une technique qui porte peut-être ses fruits mais qui crame rapidement son endurance faute de pratique.

Elle souffle doucement du nez avant de se rappeler les enseignements de son père, ceci est un combat de résilience, et dans ce genre de cas, il faut maintenir la cadence sans jamais freiner ou accélérer, le but est de maintenir un rythme régulier et ainsi obtenir au fur et à mesure un avantage sur l'autre s'il craque en premier. Cependant, cela aussi permet à la kunoichi de se familiariser avec son environnement, traçant son senseï par ses dons de senseur, elle décide de partir dans une direction tout autre afin de prendre un raccourci pour arriver plus proche de lui, ou du moins, à portée de voix. Sortant d'une ruelle sombre d'un bon rapide et furtif, une roulade pour se repositionner dans la bonne direction, Hikari reprend la course un peu derrière Shun qui lui ne semble pas du tout se fatiguer là où elle a dû se dépenser pour arriver à ce résultat. Sa mentalité à ne pas abandonner facilement la pousse à continuer la course poursuite et sans se plaindre.

La perversité possède bien des formes

Shun Lee

Contrôlant sa respiration autant qu'elle le peut, son regard fixé le plus loin possible pour anticiper ses déplacements, le rythme de son cœur remontant jusqu'à son cerveau avec des pulsassions sanguines importantes, Hikari a du mal à réellement suivre la chose sans vraiment puiser dans ses ressources. Cela se sent d'ailleurs dans les paroles de la kunoichi qui tente de répondre :

- Je... Concentre le chakra dans ma voûte plantaire pour m'aider.... moins d'efforts à faire... moins de friction avec le sable... Je cours sur la pointe des pieds pour éviter les mouvements... de cheville inutile et moins fatiguer mes pieds. Plus petite, moins de poids, garder l'objectif en tête, faire abstraction du reste, travailler l'endurance...

Hikari faisait clairement plus dans l'espionnage que le combat dans tous les cas et si elle devait y venir c'était dans l'explosif, submerger pendant un instant son adversaire pour ensuite disparaître dans un nuage de fumée et prendre la fuite. Car telle est la voie du ninja : Accomplir sa mission et ne pas se faire attraper. Du moins, c'est ce que son père lui a appris, la mission passe avant tout, ne pas être vue ni être prise. Les émotions ne sont que sources de problèmes et d'hésitation. Bien que son souffle soit fort, ses mots hachurés par sa respiration, son regard lui reste sans aucune émotion, la fatigue peut-être lisible mais ça se voit que la Kunoichi fait abstraction de la chose pour continuer la course. La douleur n'est qu'une information et il faut savoir la supprimer pour aller plus loin, avoir la volonté de surmonter les signes de son corps qui appelle à l'aide. Son regard orange doré se tourne vers son entraîneur qui semble frais comme un gardon et ne semble pas subir le prix de ses efforts, utilise-t-il le chakra d'une manière spécifique ? Ou est-ce juste l'acharnement de l'entraînement et la rigueur qui lui donne un tel niveau de maîtrise ? Tant de question qui se pose dans la tête de l'assassin qui se voit obliger au dernier moment de sauter par-dessus une chariote en faisant un salto par manque d'attention.

- Endurance à travailler, j'ai appris les efforts plus explosifs. Des conseils senseï ?

Il faut dire que le duo est dans le cadre d'un entraînement et non d'une situation réelle, psychiquement parlant, ça joue pour la demoiselle qui n'est pas encore en « mode tueuse ». Son père a plus d'une fois tenté réellement de la tuer pendant un entraînement pour lui donner « du concret » et la mettre en situation réelle. Peut-être que si elle avait vraiment Kisada a ses trousses elle serait encore plus performante... ?

La perversité possède bien des formes

Shun Lee

Cet homme n'utilise pas de chakra ? Ce n'est que purement physique ? Hikari ne peut que s'incliner devant un tel dévouement à l'entraînement pour atteindre une forme de perfection musculaire. Là où la kunoichi favorise une option plus « facile » en complétant une lacune par de la technique. Observant la roche, regardant Lee grimper comme si ce n'était qu'une routine pour lui, la kunoichi examine les prises qu'ils utilisent, les creux disponibles. Après ce court moment d'analyse, la demoiselle sort quelques kunaïs, le but de la manœuvre est simple, mais dans la pratique, cela demande un peu plus de coordination.

Lançant ses cinq kunaïs à des endroits stratégiques dans les failles de la roche, et avec l'aide de son chakra pour mieux adhérer à la surface, Hikari grimpe avec agilité tout en récupérant ses kunaïs au fur et à mesure de sa progression tout en les lançant à nouveau dans de nouvelles failles. Vu de l'extérieur, on dirait que la demoiselle fait de la gymnastique à la vertical avec tous ces mouvements amples voire artistiques, pourtant, tout a un but précis dans ses faits et gestes.

Une fois en haut, la demoiselle lâche un léger souffle de satisfaction tout en reprenant sa respiration derrière pour reprendre un rythme cardiaque correct. Ses armes en main, elle les range avec précaution dans le sac qui se trouve sur le bas du dos en regardant son entraîneur. D'ailleurs, chose étonnante, l'homme qui semble l'entraîner ne semble pas non plus si âgé par rapport à elle, cet individu doit aimer les responsabilités pour être déjà chuunin, là ou Hikari se contente bien de sa posture de genin pour le moment. Suivre les ordres, c'est ce qu'elle sait faire de mieux, après tout elle a été élevée pour.

Cependant, Hikari se rend compte qu'elle n'arrive pas à se donner à fond avec ce genre d'entraînement, il y a pas ce déclic comme avec les entraînements de son père ou sa vie était vraiment en danger. Il n'y a pas ce frisson, il n'y a pas non plus ces pulsions meurtrières dans ces actions, juste de banal exercice... La kunoichi regarde donc l'homme et dit avec un ton très sérieux :

- Senseï, si nous venons à faire du combat pour m'entraîner, je vous demanderai de ne pas vous retenir.

Sans avouer qu'elle a besoin de ces stimuli pour être sérieuse, elle espère que Shun suivra la demande d'Hikari quitte à lui briser un os car c'est comme ça qu'elle apprend. Par acquit de conscience, elle traque de nouveau le chakra de l’entraîneur même si ce dernier ne semble pas l'utiliser ou même savoir l'utiliser. Il y a tout de même de quoi glacer le sang avec ce regard vide d'émotion et cette demande plus que lugubre vu le ton utilisé. Les vents chauds du désert vient doucement faire voler le tissu flottant de la tenue d'Hikari, son masque virvoltant un peu sans pour autant montrer le visage de la demoiselle, une tension semble commencer à se mettre en place.