La compagnie de Lin Hao était une chose que découvrit Hikaru, en même temps que la joie de trouver enfin un adversaire à sa pleine mesure, dans la pratique de la stratégie, dans la pratique du jeu de Go pour lequel le Jonin désespérait de trouver un jour, un véritable rival. Cette pensée l’enchantait profondément et l’idée de retourner le lendemain à Seizan faisait qu’il soupirait d’avance, imaginant son retour au bercail, essayant d’apprendre les vertus de ce jeu à ses pairs, à son frère adoptif, mais sans pour autant trouver le divertissement, le plaisir de jouer qu’il pouvait éprouver contre un adversaire de même valeur.

Dix parties successives, dix égalités, se soldant sur un match nul avant de voir le Chuunin affecté à des dossiers divers, à des tâches administratives que le Cavalier d’Argent parvenait à esquiver pour le moment, par ce voyage autorisé dans la cadre de l’enquête qu’il menait.

En parfait solitaire, le Seizanjin visitait sur ce temps mort le quartier marchand de Toge, qui avait ces petits points en commun avec les commerçants de Seizan : ils avaient tous cette manie de vendre leurs services et leurs produits en hurlant tout du long du passage de l’Officier sur ce chemin risqué pour le bien de sa finance. Pour autant, ce soir-là, ses finances étaient tout autrement sollicitées.

Le Cerf Doré, était un Restaurant prisé, assez pour attiser les convoitises culinaires de tout l’Empire et plus encore. Aux commandes, un Chef Cuisinier respecté pour son art irréprochable, capable en un instant de faire voyager sur toutes les terres qu’il eut exploré ses convives, ses clients, et cela uniquement au travers de ses plats aux goûts plus envoûtants encore qu’un Genjutsu.

En parfait noble, de par sa stature et sa position élevée dans l’Empire grâce au rang et aux reconnaissances accordées, le Cavalier d’Argent avait réservé une table pour le soir même qui se profilait comme étant une soirée où ses papilles gustatives allaient être emportées dans de nouvelles dimensions encore inconnues. S’approchant de l’établissement, dont l’architecture épousait parfaitement l’arbre qui servait de base à la bonne tenue de l’édifice, le tourbillon de saveur qui se dégageait de cet endroit faisait littéralement tourner les têtes des plus affamés.

D’un pas tranquille, les yeux de Hikaru en furent pourtant décrochés de la route l’espace de quelques secondes. Toisant ce Restaurant plus que réputé, célèbre au point de faire descendre le Seizanjin de sa Montagne pour goûter à ce plaisir suprême, sa route aveuglée par les merveilles proposées le firent percuter un obstacle inattendu, visiblement pas assez imposant pour le déséquilibrer et le faire chuter, mais lui-même semblait avoir été assez imposant pour faire tomber une personne au sol.

Abaissant immédiatement le regard, dans un mélange de confusion et d’empressement pour réparer une bêtise, ses yeux s’arrêtèrent sur une silhouette féminine, dont il reconnut immédiatement son appartenance à la caste des Shinobis de Toge, de par son bandeau, porté de manière visible.



S’abaissant légèrement afin de tendre une main secourable à cette jeune femme au vu de son apparence, le Jonin esquissa un sourire timide, plus emprunt de gêne que de joie.

Cela faisait longtemps que je n’avais pas mangé au restaurant. Même si au Temple de Tsukuyomi nous attribuons certains des moines le rôle de cuisinier en fonction de notre organisation, nous étions libres de dîner dehors, à nos propres frais. Non pas que je me plaignais de la qualité du souper, mais cela faisait longtemps que mon palais n’avait pas profité des plats du Cerf Doré. Cet animal était tellement associé à Matsu dans mon esprit que je ne pouvais enlever son image dans mes pensées. Je n’avais pas de réservation et consciente que les touristes et les nobles avaient déjà rempli ce restaurant, compte tenu de sa notoriété, je m’étais déjà résolu à prendre à emporter. Perdues dans mes songes, hésitante au choix du menu, un obstacle me fit face. Je me retrouvais instantanément à terre, ressentant une douleur au derrière.



Un jeune homme s’excusa et me proposa de m’aider à me relever en tendant sa main.



Je vis la couleur de son bandeau et du symbole ! Un Jonin venant du village de Seizan ?! Il devait venir pour une mission de la plus haute importance. Une fois debout, en m’aidant de sa main qu’il avait poliment tendu, je m’inclinais pour m’excuser.



Et là…
Ma faim fit rage à travers un énorme gargouillement. J’avais honte. Au point de rougir et d’éviter tout contact visuel avec le visiteur gradé.

Le sentiment qui tenaillait le Jonin, cette gêne quant à un acte facilement évitable s’évapora en un instant. Son regard venait de plonger vers la jeune femme qu’il venait de bousculer. Aussitôt accepta-t-elle la main que Hikaru lui tendit, que ce dernier lui adressa un sourire plus franc, constatant qu’il n’y avait là plus de peur que de mal, rassurant l’Officier de Seizan qui ne souhaitait pas attirer l’attention sur lui et sur ses contrées natales au travers d’actions indignes de son rang et indignes d’être représentées à l’étranger.

Prêtant une oreille aux dires de cette personne, les yeux du jeune homme s’ouvrirent un peu plus, repensant à cette demoiselle du temple de la nuit qu’il eut rencontré la veille. Décidément, il allait finir par penser que le village de Toge n’abritait là que les plus fines perles de l’Empire, ce qui le fit rire intérieurement quelques instants, avant de relancer la conversation d’une bien volontaire intention.



Chaleureux, et montrant un visage doux sans façades, Hikaru gratifia d’un sourire cette jeune femme avant de prononcer son sourire d’une niaise manière. Reprenant rapidement son sérieux et sa prestance habituelle qui le caractérisait en tant qu’officier, ce dernier buta sur le terme « à emporter » de son interlocutrice. N’y avait-t-il pas plus grand hommage à un Chef Cuisinier aussi célèbre que d’admirer sa cuisine directement sur place ? En tout cas, Hikaru avait cet avis très tranché et posa de nouveau son regard sur le Cerf Doré qui leur fit face, avant d’avoir une petite idée qu’il soumit à la Togejin.



Détournant le regard, un sentiment de gêne qui n’apparaissait lorsqu’il était en service et parlait travail, mais qui ici sollicitait une corde sensible pour laquelle il n’était pas totalement habitué à en supporter le poids : montrer un côté extraverti en plein public, un exercice pour lequel le Cavalier d’Argent à titre personnel n’était pas rompu.



Ravisant t réorganisant aussitôt ses pensées, ses yeux s’écarquillèrent en quelques secondes, le temps qu’il lui fallut pour se rendre compte qu’il venait d’inviter une inconnue, sans même lui demander son nom. Cachant au mieux sa panique, Hikaru garda un air sérieux, mais fulminait littéralement contre lui-même de l’intérieur. Malgré sa maladresse, le Cavalier posa son regard sur le bandeau que portait la femme, lui désignant son appartenance ainsi que son grade au sein de l’armée. Cependant, l’essentiel manquait là, une marque de politesse que le Seizanjin corrigea immédiatement.



Puisse les déités guider ce jeune malheureux vers une direction plus adroite, telle était la pensée que guetta le Jonin dans son esprit. Il termina par un sourire affichant plus de maladresse encore que la première fois, le Stratège de Seizan en dehors de ses bureaux, dans toute sa splendeur, tout jeune homme peu rôdé qu’il était.

A ma grande surprise, le Jonin m’informa qu’il avait réservé une table - sûrement grâce à son rang militaire - et, de plus, m’invita à joindre sa table. Mon cœur battait la chamade. Je.. Je ne le connaissais pas et puis on m’attendait au temple. Ce n’était pas prévu… Mais, j’allais rater l’occasion de manger dans un tel restaurant aussi prestigieux… Avais-je le droit ?



Je n’étais pas parfaite. Et ce serait idiot de laisser passer une opportunité. Je n’allais pas me sacrifier pour la politesse extrême. D’autant plus que je n’allais pas le laisser manger dans la solitude dans une cité qui lui était étrangère.





Je fis une révérence lors de ma présentation. Ensuite, nous entrions dans le restaurant de luxe, bondé. J’étais émerveillée par tout ce monde, par ce bois bien lisse, polie et brillant au sol, les tables magnifiquement décorées et par le professionnalisme de nos hôtes qui nous donnèrent une table. Nous prenons le temps pour choisir notre commande.



J’attendis que le serveur s’éloigner pour demander à mon hôte :



Non loin l’idée de vouloir lui faire passer une interrogatoire. C’était ma nature curieuse qui dictait mes actions.

Le cavalier d’argent n’était pas des plus à l’aise il se mure quelque peu dans le silence le temps que sa camarade dont il connaît enfin le nom passe commande auprès du serveur. Il hésite quelques temps entre l’Inodon, un bol de riz garni à la viande de sanglier et le Shika Tatsutaage, des boulettes de cerf frit et mariné au gingembre dans la sauce soja. Son estomac penche pour la dernière option. Il ne se rappelle pas la dernière fois que son palais ait pu goûter du gibier, il faut que à Seizan ce dernier se fasse plutôt rare. Il y a bien quelques sangliers mais des cerfs, jamais.



Il tend la carte au serveur et le regarde s’éloigner tandis que la jeune femme devant lui commence à lui faire la conversation. Devant sa question il pâlit quelque peu, c’est qu’il a oublié de se présenter.



Il recherche le parchemin dans les plis de son kimono avant de le déplier devant Haruna.


Il pointe du doigt l’un des symboles sur le document.





Un rapide coup d'œil sur la droite montre bel et bien l'arrivée du serveur les bras chargés des deux plats. Il dépose une belle assiette devant le cavalier d’argent qui salive intérieurement.

Shika Tatsutaage:

Hikaru-dono ne tarda pas à m’expliquer les raisons de sa présence dans notre cité, après avoir commandé son plat. Il était en mission. Bien que je ne saisissais pas sa nature, je compris qu’il enquêtait sur des symboles dessinés sur un parchemin qu’il me montrait. Intriguée, je m’avançais pour mieux les contempler. Je n’en avais jamais vu de tel… Enfin, si. L’un d’eux m’était familier. Et le destin avait voulu que mon interlocuteur pointa celui qui me disait quelque chose. Je ne savais pas à quoi correspondait ce symbole, et il venait tout juste me révéler que les Edenistes en avaient un lien.



Mais je ne pu aller au bout de ma pensée. Ce restaurant était à la hauteur de sa réputation niveau service : nos plats étaient déjà prêt et servis. Je remerciais le sauveur avant qu’il ne parte servir les autres clients.




Je dégustais avec délice ma nourriture. C’était vraiment bon ! L’un des meilleurs ramens que j’ai mangé de toute ma vie ! Par contre, c’était chaud. Je devais faire attention et juste savourer le moment.



Je levais ma main pour qu’il puisse voir mon héritage sur mon doigt.



Comme tout le monde, j’avais déjà entendu parlé des Edenistes. Mais, je m’y connaissais trop peu pour avoir un avis à leur sujet. Bien qu’ils avaient un point commun avec moi : l’amour que l’on avait pour la nature.

Le Cavalier d’Argent écoute avec attention son interlocutrice. Il avait une chance inouïe d’être tombé sur quelqu’un comme elle, d’autant plus qu’elle venait de lui donner la confirmation de la relation entre le symbole et les Édénistes. Ainsi Benimaru avait bien mérité son argent. Toutefois le problème demeure le même, aucune explication sur ce à quoi correspond véritablement cette étrange rune. Haruna semble toutefois fortement intéressé par cette affaire et le jonin se doit de donner quelques maigres explications.



Il attrappe avec une baguette un morceau de viande et l’amène à sa bouche pour ensuite poursuivre :



Il prend quelques secondes de réflexion, regardant les autres clients du restaurant.



Il reporte son attention sur sa principale interlocutrice et sourit un peu gêné par sa longue tirade.