Il était encore tôt au sein du village. Malgré l’air printanier, au sein des hautes montagnes, les températures étaient encore relativement basse en cette saison. Derrière moi, émergeait doucement le Temple du Fer, perché sur les hauteurs. L’obscurité nocturne laissait paisiblement sa place à un soleil encore timide, cet astre éclairé qui émergeait des sommets et qui allait peu à peu réchauffer la citée. Quant à moi, simple totei, comme presque tous les jours, je m’affairais aux tâches qui étaient miennes. Debout bien avant que la dernière étoile ne disparaisse, j’étais là au premier rayon solaire, m’affairant à cette activité dont j’étais passé maître… passer le balai dans les allées menant au temple principal et à ses quelques dépendances, avant que l’affluence des fidèles ne se fasse.

Alors que je m’appliquais à mon travail ô combien important, lorsque je constatais la présence d’une masse immobile sur l’un des bancs de pierre bordant l’allée centrale. À quoi avais-je donc à faire cette fois ? Sur ce lit de fortune, dur et froid, une jeune femme était totalement vautrée. M’approchant de la demoiselle aux cheveux défaits, sa légère respiration aux relents d’alcool m’assura qu’elle était encore de ce monde. Quelques légers ronflements vinrent rapidement confirmer mon premier examen. Elle avait eu de la chance, la froidure nocturne aurait pu lui être fatale. Je supposais donc que l’alcool qu’elle avait du ingurgiter la veille l’avait suffisamment réchauffée pour la nuit et en quelque sorte, lui sauver la vie.

Alors qu’un couple de tourterelles venait de se poser dans les branches du prunier surplombant le lit de fortune, je réfléchissais à deux options. La première consistait à ne rien faire et à laisser la nature marquer au visage la demoiselle. Je connaissais que trop bien ces oiseaux et leurs tendances fécales matinales. La seconde option serait donc d’intervenir pour faire en sorte de jouer son rôle de bon samaritain.

Après de longues secondes de réflexion, mon choix se portait finalement sur la seconde option. Balais en main, je tapotais légèrement la jeune femme avec la brosse faite d’un fagot de petites branches, quitte à la pousser un peu si cette dernière tardait à réagir promptement.



Appuyé sur mon balai, je regardais la demoiselle d’un air totalement blasé.