Une belle journée baignait tout le village d’une lumière quasi aveuglante, Amaterasu était clémente.

Le soleil était à son apogée alors que Sakyuu, dans son éternelle obligation bourdonnait comme une fourmilière. Les habitants habitués jonglaient entre les espaces ombragés afin de se reposer. L’eau déjà comptée attirait les plus jeunes et les plus vieux à des points précis de la ville avec une joie contagieuse qui donnait le sourire à tout le monde.

Satoru n’y fessait pas exception, l’une de ses rares journées de congé lui permettait de faire les emplettes et rester trop longtemps au soleil n’était pas la meilleure des choses, il s’adossait contre la paroi fraiche d’un édifice à l’ombre tout en s’essuyant le front. Il avait besoin de poules, afin de réaliser son rêve d’enfance devenue réalité. En vérité, sa femme venait de lui autoriser le projet et il avait passé le dernier mois à voyager entre missions et le charpentier du coin afin de construire sur le toit de sa résidence, un poulailler ! Un sac de grain beaucoup trop gros sur l’épaule, il avait un bout de papier sur lequel étaient griffonnées les informations d’un vendeur potentiel, chose qui à ses yeux aurait pu être comparée avec une réelle carte au trésor.

Au bout d’une heure, le Sada trouva enfin le summum de son périple, une petite boutique dans un coin reclus, engouffré sous des tonnes de tissus colorées. La boutique en soi n’avait rien de spécial, sinon le caquètement des bêtes à plumes. Un frisson lui parcourut l’échine, avec une pensée bien précise : enfin !

Le Chuunin s’engouffra dans la boutique avec la ferme intention d’acheter de la volaille !

Le son d’une clochette retentit alors qu’il franchissait le porche.

-Bonjour, j’ai entendu parler de votre boutique, vous avez des poules à vendre ?!

Si ce n’était pas d’une belle affiche affichant un solde sur le grain de moulée, Satoru dont les yeux étaient emplis d’étoile, aurait rapidement souligné la présence de son collège Kazuhiko, mais l’excitation d’une réduction sur la fameuse moulée dont il avait entendu parler par un collègue éleveur avait absorbé toute son attention. Selon les dires de son ami, cette nouvelle marque dénommée Red-Vulture avait la réputation de donner des ailes !

Quand le vieil homme revint pour le servir, le Sada lui expliqua rapidement ce dont il avait besoin en ajoutant quelques bricoles qu’il venait de repérer d’un œil avisé. En plus de deux poules pondeuses pour commencer à nourrir sa famille, Satoru voulait aussi un coq qui non seulement jouerais les réveils matin pour le quartier, mais pourrais éventuellement agrandir sa basse court. C’est à ce moment, profitant de la disparition du marchand dans l’arrière-boutique, que le Shinobi aperçut son frère d’armes.

-Oh Kazu ! Comment ça va mon vieux ? Dit-il en lui tendant une main chaleureuse avec un regard empli de respect envers cet autre Chuunin. Tu es en congé toi aussi ? Mais, attends… Les yeux de Satoru s’illuminaient d’une énergie nouvelle, sa bouche prenait une forme parfaite de moue pour taquiner son collègue et il poursuivit. Serais-tu toi aussi un admirateur de ses magnifiques créatures à plumes ?!

Heureux comme un enfant devant un cadeau, l’homme considéré généralement comme quelqu’un d’un brin plus stoïque et sérieux avait littéralement l’air aliéné. Peu de gens connaissaient cet aspect de sa personnalité, mais bon. Pour être honnête, le Sada avait l’air si motivé que personne n’aurait pue rire de son projet.

Le vieil homme effectuait des allers-retours avec la marchandise et même s’il était lui-même considéré comme un bœuf, Kazu avait un bon cinq centimètres de plus, ce qui faisait de lui une cible de choix pour l’aider à transporter le tout sans le moindre effort.

-Dis, tu as du temps pour me donner un coup de main ? Avec la chaleur d’aujourd’hui, j’aurais bien besoin de tes gros bras mon ami !

En réalité, c’était l’option d’acheter plus de matériel qui le motivait secrètement. Sa femme serait alors prise sous le fait accompli et ses magouilles seraient ainsi bien mieux absorbées, si elle voyait son frère d’armes, il était certain qu’elle ne lui mettrait pas une claque et il aurait alors fait d’une pierre deux coups !