Au sein des méandres labyrinthiques des corridors, une cohorte de six individus cheminaient en direction de la salle d'opération spécifiquement aménagée pour l'occasion. Un manquait à l'appel. Évoluant dans ce dédale souterrain où la lumière se heurtait à une résistance tenace, l'ensemble des participants dirigèrent leur regard vers la lueur d'espoir émanant de ce monde. Un individu les conduisait, ardent à assumer le rôle obscur requis pour faire face à l'inéluctable cataclysme à venir. Malgré les répercussions potentielles, il avait réussi à rassembler des personnalités exceptionnelles, prêtes à s'engager dans cette quête. Chacun était désigné par une caractéristique distinctive, évoquant les péchés capitaux. Tous fixaient leur chef ; la Paresse, arborant des yeux à demi clos, l'Envie, manifestant un désir intense pour ce qui se déployait devant elle, l'Orgueil scrutant la scène du haut de sa position, l'Avarice produisant des sonorités métalliques émanant de ses poches, la Luxure qui aurait sans doute observé la scène avec la bouche entrouverte si iel était présente avec l'une de ses mains s'agrippant à la chair par passion, la Gourmandise apportant son en-cas festif pour célébrer l'événement, et la Colère, dont les yeux étaient plissés, prête à se déchaîner.

Les six des sept péchés étaient enfin réunis en ce lieu. Un vaste sceau, soigneusement tracé pour l'occasion, ornait le sol. Au cœur de cet emblème, se tenait le chef incontesté de cette faction. En cette journée, il renaissait tel un roi originel, un monarque déchu dont le souvenir avait longtemps sombré dans l'oubli, relégué au statut de simple légende. L'an 806 s'annonçait comme un jour nouveau pour Onogoro. Les yeux améthystes, luisant au centre de cette pièce obscurcie, présageaient l'avènement de l'anéantissement au nom du bien commun. Détruire avant d'être anéanti, telle était la nouvelle maxime qui planait dans cet espace.

L'attente devenait intolérable. Même en ayant repoussé l'échéance au dernier moment, les troupes de l'empereur avaient réussi à entraver les progrès du groupe Mugen. La suite des événements s'annonçait imparfaite, mais néanmoins suffisante pour acquérir la puissance nécessaire. Les fragments de Yamata no Orochi, qui avaient échappé à la capture, se dressaient comme des obstacles insurmontables pour parfaire la fusion recherchée par Hachuurui Junzen. Arborant un nouvel aspect pour l'occasion, l'hôte qu'il incarnait démontrait aisément sa capacité à contenir la puissance nouvellement dédiée. Renonçant à ses compétences de samouraï, qui lui avaient permis de jouer une dernière fois avec une légende d'Onogoro, il se distinguait en tant que seul individu capable d'agir ainsi, transcendant les limitations du temps écoulé.

Sous des regards scrutateurs, la procédure fut initiée. Pendant un bref laps de temps, le continuum temporel sembla suspendu pour Junzen. La métamorphose était en cours d'accomplissement...


La créature s'intégra au sein du monde intérieur de l’Hachuurui, une vaste enceinte silencieuse imprégnée des teintes ténébreuses de ses iris améthystes. En son sein résidait la créature préhistorique, Yamata no Orochi, agitant ses huit têtes, chacune symbolisant un des sept péchés capitaux, avec le chef trônant au centre. Le groupe Mugen, constitué de huit individus au total, était orchestré de manière à rendre hommage à la résurrection de Yamata no Orochi. Les yeux améthystes de l'hôte demeurèrent fixés sur la créature, figeant ce moment hors du temps. Un affrontement psychique se déployait, chaque entité cherchant à assaillir l'autre dans une quête de domination.


Puis, subitement, la créature se dissipa dans une brume éthérée. Des reptiles se mouvaient autour du corps de l'hôte, comme si la fusion venait d'atteindre son apogée. Bien que ce moment semblât s'étirer sur quelques secondes aux yeux des sept péchés capitaux, pour l’Hachuurui, cela parut durer des heures de confrontation mentale.


Confronté à la réalité en rouvrant les yeux, une entité imparfaite mais empreinte d'une puissance prodigieuse émergea au centre de la pièce, faisant face à ses sept autres têtes tout en exhibant une maîtrise indéniable de son hôte.




Reprenant sa forme originale, Junzen semblait totalement épuisé par le processus.



Il était impossible de revenir en arrière à ce stade. Le globe terrestre allait fléchir sous la domination des souverains, voué à succomber sous leur puissance. Les habitants d'Onogoro ne pourront que révérencieusement accueillir le roi déchu comme leur authentique libérateur et empereur.