Inhabituel... C'était ce qui passait par l'esprit du renard devant l'injonction de son aînée. Fixant l'erlenmeyer se remplir peu a peu d'huile essentielle de cassiopée demandée pour la fabrication d'un appât, l'apprenti alchimiste confirmé était perturbé. Cela était presque une convocation officielle et cela ne ressemblait pas la Shizuka qu'il côtoyait quotidiennement. Cela lui donnait presque envie de se faire porter malade en cette fin de journée pour savoir ce qui se passait, mais le renard se doutait que son aînée n'apprécierait que peu la manœuvre.

Trois tasses... Ils n'allaient donc pas être seuls hein? Néanmoins l'ambiance était lourde et un bout de parchemin attire l'oeil félin. Qu'est ce que Shizuka avait pour qu'elle si composée d'habitude au point qu'elle en est difficilement lisible pour le renard soit si fébrile? Shingen comprends donc qu'il vaut mieux garder le silence et s'assied face a sa soeur aînée silencieusement, ne cachant pas sa curiosité dans son regard:

"Désolé de n'avoir pu me libérer plus tôt on m'avait missionné de distiller de l'essence de cassiopée au bureau pour les prochains appâts. Quand tu disais que mon alchimie me rendrait célèbre, je n'imaginais pas ça."

C'est sagement qu'il écoute Shizuka parler. Interrompant a mi chemin son mouvement pour porter sa tasse de thé a ses lèvres, ses yeux félins se dilatant au fur et a mesure qu'il entendait les mots. Dans d'autres conditions, Shingen aurait pu croire a un mensonge, surtout que ce n'était pas comme si il appréciait ce fameux Miura. Peut-être puérilement, peut-être par jalousie... Mais le problème était le sens que ça apportait.

Si Shizuka l'avait déjà vu éclater de rage et crier, il n'en était plus a la désormais. Une rage froide s'empare de lui alors que le regard d'or parcours les mots d'encre. Des fissures apparaissent le long de la porcelaine semblant ramener le jeune homme a la réalité. Avec délicatesse il dépose la tasse fumante sur la table, c'est d'une voix d'un neutre absolu que le cadet entame:

"Voila donc la pièce manquante du puzzle... Tu vois... Je me demandais pourquoi il m'avait laissé moisir dans le désert alors que les prêtres d'Amateratsu m'amenaient sans cesse au bord de la mort pour extraire Aimaisa, pourquoi il t'avais mis dehors. Cela ne collait pas avec le comportement d'un noble vu que désormais ce sont ses bâtards qui vont se disputer son héritage et dilapider son pouvoir. Sauf si... il sait que nous ne sommes pas de son sang. A défaut de savoir la vérité ça fait sens."

Plaçant ses mains dans ses manches, le jeune homme profite que le tissu le dissimule pour serrer son poignet avec force, sans doute que ce soir allait il devoir allouer du temps en plus a son entraînement quotidien, ne pouvant se défouler et extérioriser sa colère devant sa sœur aînée. Comment un homme pouvait faire subir cela a son épouse? Cela révulsait Shingen et en même temps le libérait d'un poids, lui qui avait servi la déesse du foyer connaissait la place du fils et il n'était pas sûr jusque la d'être capable de le remplir.

"Temps qu'il ne fait pas le clown... tu comprendras que j'aurais que peu de patience. Comment peut-on prétendre être un homme et faire ça... "

Cela avait ironiquement une autre incidence, il était désormais évident qu'ils partageaient pas le même père mais qu'ils étaient les seuls représentants de leur famille sans nom. Shingen porte le poing a son visage, reposant son visage contre dans un air pensif:

"Donc... on en est ou? Au vu de ce que l'on sait on a probablement pas le même père... mais je suis le seul être de ce monde qui partage un peu de ton sang. Je ne sais pas comment tu fais... si cela avait été moi qui l'avait appris, tu aurais reçu un message quelques jours plus tard comme quoi j'aurais été arrêté a Teito parce que j'aurais brisé les os de ce porc, de ses putes et de ces batards.

Je comprends que ça ne doit pas s'ébruiter mais... veux tu vraiment laisser passer ça? Je n'ai jamais trop été porté sur toutes ces histoires d'honneur etc mais... je veux la venger avec ou sans toi même si j'espère que ça sera avec toi."

Tu n'étais pas un idiot et tu avais vu l'objet changer discrètement de main, fermant un oeil et te retenant de soupirer bruyamment, tu préfères ne rien dire te disant que Shizuka allait bien t'expliquer les choses en temps voulu. Tu serais néanmoins plutôt déçu d'apprendre qu'elle est adepte de substances... exotiques.

C'est impassible que tes yeux d'or suivent l'homme, enfin... aussi impassible qu'un félin qui n'attendait qu'une seule excuse pour pouvoir bondir toutes griffes dehors. Dire que tu n'en avais rien a faire de ses banalités et de ses excuses n'étaient pas un luxe, tu te contentes en réponse de porter doucement ta tasse a tes lèvres, tu n'avais franchement rien a dire et rien que sa dégaine a l'autre clown te mettait sur les nerfs. Puis surtout sa présence a empêché ta chère soeur de se prononcer sur le sujet important...

Avait-elle déjà réfléchi a un plan? Ton cerveau se met a fonctionner a toute allure... Oui il y avait un après. S'ils venaient a détruire la maison Usui ils devaient avoir un justificatif pour cela et quoi de mieux que le jashinisme? Les cultistes étaient a condamner directement a mort et leur demie-soeur l'étant... on pouvait légitimement au moins le passer a l'interrogatoire... surtout que dénoncer un parent jashiniste assurait a l'empire leur loyauté. Une pierre... trop de coups pour être comptés c'était un plan brillant:

"Il est vrai qu'on peut le... "soupçonner"... après les actions d'Era. Un "interrogatoire" me semble a l'ordre du jour nee-sama."

T'avais lourdement insisté sur le "soupçonner" et "interrogatoire", Shizuka n'était pas idiote et elle comprendrait que t'avais compris ou elle voulait en venir. Puis dans le pire des cas... les preuves ça se fabrique. T'étais juste loin d'être formé a ça, est-ce que Shizuka savait faire? Cela jetais une part d'ombre sur l'image impeccable de prêtresse qu'elle...

SERIEUSEMENT?

Tes yeux s'agrandissent soudainement, tes pupilles qui n'étaient que des fentes a peine visible étaient en une fraction de seconde passées a des onyx cerclé d'or. Le clown venait il vraiment de parler de faire des expérimentations sur des... humains devant toi? Devant Shizuka? Et en plus tenter de l'y mêler en plus de ne pas comprendre son plan de base? Et c'était a ça qu'elle disait être capable de confier sa vie?

La colère bat dans tes oreilles alors que dans un faux calme apparent tu déposes ta tasse de thé, incapable de comprendre ce qu'elle répondait. C'était vraiment dommage que vu ce qui allait suivre, Shizuka ne serait pas capable d'apprécier a sa juste valeur ta parfaite maîtrise des bonnes manières. Le félin était de nouveau de sortie, ce n'était pas parce que Shizuka avait réussi grâce a votre lien de sang a te mettre un collier que tu ne pouvais pas griffer les idiots non?

En une fraction de seconde, ta main était autour du cou de l'alchimiste. Une fraction de seconde plus tard il était au bout de ton bras la tête pointé vers le plafond. Une fraction de secondes plus tard tu le claquais au sol avec une violence contrôlée, plus impressionnante que réellement dangereuse, tu le claques au sol, continuant de presser sa gorge de ta poigne. S'il aurait un sacré mal de dos au soir même, le lendemain il n'aura rien de pire qu'une série de bleus.

Tu ne t'arrêtes pas la, sous ses yeux ton visage changes, tes crocs s'allongent alors que les traits vulpins s'emparent de ton visage dans une série de trois lignes de pelage blanc de chaque côté du visage. Les oreilles de renard apparaissent alors que de ton kimono sort une queue de renard immaculée. Pour Shizuka, tu seras un monstre si besoin... Ta voix siffle froidement alors que tes ongles s'allongent comme des griffes, entaillant légèrement la peau de son cou:

"Pour qui tu te prends... Des expérimentations humaines... et tu essaies d'y mêler ma soeur espèce de malade... si je te revoie dans les parages... ou que si tu essaies de nuire a sa réputation de quelque manière que ce soit... je te tuerais lentement, je te briserais tous les os jusqu'au dernier... on est bien d'accord?"

Non... Shizuka ne t'avais pas parlé de ses passe-temps.