Cela faisait maintenant quelque temps que j’errais dans les contrées Ouest. Passant par le village de Magoi, j’avais par habitude d’aider un vieil ami qui était fortement âgé, à pêcher quelque peu avec lui. Il m’expliquait que ces derniers temps, la pêche n’était pas très bonne. Je n’avais pas beaucoup d'amis, mais ce vieillard m’avait hébergé pendant un bon moment de ma vie.  Je l’aidais pour la pêche et il me laissait un toit pour dormir. Il m’avait même créé par la suite une boîte aux lettres afin qu’on puisse me contacter au besoin.

Mais ces derniers jours, je flânais aux alentours de Kuromatsu. J’avais un but en tête afin d’approcher le village tranquillement. Pour cela, il me fallait une bonne stratégie. Accroupi dans un arbre, je prenais un peu de hauteur afin de me camoufler dans les ombres. Mon but, c’était de pouvoir chasser de la viande pour un marchand qui avait sa place depuis longtemps pour se positionner devant les portes du village à des fins commerciales. Si je réussissais à livrer une plus grosse quantité de viande qu’il ne pouvait avoir, alors selon l’accord passé avec lui,  je pouvais prendre sa place.

Sautant dans les airs, mon bâton heurta la tête d’un sanglier. J’avais frappé au niveau du groin, une zone sensible pour ces animaux. Assommé, je passais directement au dépeçage et à la découpe de viande, que j’avais planté sur des branches afin de pouvoir les trimballer tranquillement. De retour vers le marchand, il m’expliqua les quelques détails à savoir. Les livraisons se faisaient juste à l’entrée. Puis on le payait afin que la viande puisse être livrée au cerf doré, restaurant le plus prisé de Toge. Donnant ma parole au marchand, je lui ramènerai sa bourse remplie et il me payerait pour la livraison. Une sorte d’accord contractuel afin qu’il soit sûr que je revienne. Prenant sa petite charrette, je suivais alors le chemin que m’avait montré le vieillard.

Pourquoi un marchand aurait-il accepté cet accord ? Qui gagnait-il ? Tout d’abord, je lui avais expliqué la raison de ma demande, celle d’obtenir  des informations sur des personnes au sein du village. L’autre était plus simple et plus parlant pour le vendeur de viande,  mon expertise de chasse, lui permettrait de gagner plus d’argent. Avoir une bonne bourse de ryos était beaucoup plus attrayante que tout le reste. La dernière chose fut un peu plus terrifiante aux yeux du marchand, mais elle appuya ma demande sur le fait qu’il n’avait pas le choix de refuser.



Une manipulation bien visible mais qui avait tout de même son charme. Je pris le parchemin démontrant l’accord entre Toge et le marchand pour la livraison de la viande afin de pouvoir me diriger vers l’entrée des portes.

Après une bonne heure, je parvenais enfin aux portes du village de Toge. Les règles semblaient toujours assez strictes depuis un bon moment si j’en écoutais les dire du marchand. Restant derrière la charrette, parchemin déployé sur le côté de celle-ci pour montrer l’accord, un shinobi alloué pour cette mission allait certainement venir pour récupérer la livraison après avoir effectué une vérification de la marchandise. Je restais tout de même camouflé, cela n’était en rien un signe révélateur quelconque. Beaucoup de personnes se pavanaient avec des capuches ou des chapeaux. Je ne savais pas sur qui j’allais tomber, mais j’avais un objectif en tête, alors peu importe. Mais je n’étais pas stupide pour autant, je n’allais faire qu’une prise de contact ici avec ce futur shinobi. Patientant tranquillement, je vis venir le Chuunin de Toge venir en ma direction que je salua dans un signe de la tête avant de dire :



Pour l’instant, je présentais simplement mes attentions. Je ne stipulais pas le remplacement du marchand. Ils ne devaient pas connaître tous les visages des marchands qui leur livraient de la nourriture. Qu’allait-il faire ou dire ?

Ne disant aucun mot pour l’instant, Satoshi vit le shinobi au loin venir en sa direction. Un Chuunin allait donc s’occuper de cette mission. Une chance en plus pour l’indépendant. Il laissa le Togejin scruter le parchemin afin de voir que tout est en ordre. Mais bizarrement, ce shinobi n’était pas très attentif pour ne pas avoir fait attention que je n'étais pas son marchand préféré. Laissant parler le shinobi, il prit la parole par la suite :



Pour l’instant, l’indépendant n’avait dit que des vérités. Il était de coutume d’engager quelques personnes pour faire certaines tâches tant que tout était en règle. Il ne fallut pas longtemps pour le Senshin de comprendre qu’il y avait quelques peu de trafic en plus glissé sous le tas de viande vendu. L’ancien Togejin camouflé prit alors de nouveau la parole. Cet oublie allait lui permettre d'enchaîner encore plus facilement sur sa demande préalablement voulu en venant ici :



Laissant un instant le shinobi réfléchir, l’indépendant reprit alors :



Satoshi attendait de voir si l’homme était plutôt d’accord avec cette méthode, mais à en voir sa façon de procéder avec le vieux Shinobu, j’imagine qu’il ne refusera pas cette offre pour obtenir ce dont il voulait. Alors Satoshi prit la parole afin de lui dire ce qu’il voulait également.



Le shinobi allait-il pouvoir lui donner les informations nécessaires lors de leur deuxième rencontre à la nuit tombée. Puis pour finir le camouflé dit alors :

Écoutant attentivement le shinobi en face de lui, Satoshi avait la nette impression qu'il était un habile manipulateur, partageant des similitudes frappantes avec lui-même. Ce dernier cherchait à surenchérir pour obtenir un avantage supplémentaire. Quelle différence cela ferait-il d'obtenir ces graines maintenant ou plus tard ?

En réalité, l'indépendant avait déjà les graines dans sa petite bourse. Le vieil homme n'aurait jamais omis de remettre ce que ce Togejin désirait. Cependant, dans ces situations, c'était précisément là que le Senshin pouvait capitaliser pour obtenir des réponses à ses propres interrogations. Si les graines étaient déjà fournies, le Togejin ne serait plus redevable envers Satoshi.

Son tour de passe-passe avait donc fonctionné, lui garantissant ce rendez-vous nocturne. La seule lacune qu'il n'avait pas anticipée concernait les ryos qu'il avait réclamés pour le dérangement occasionné. Enfin, l'indépendant envisageait plutôt de garder la part du gibier chassé pour lui-même, au lieu de la remettre au vieillard et encore moins au shinobi. Au moins, la solution était déjà toute trouvée. Il devait cependant éviter d'en demander trop au brun à la barbe mal entretenue ou d'aller à l'encontre de sa requête, car cela attirerait une attention trop suspecte. Le Senshin reprit alors :



Après la transaction, une bourse pleine de ryos fut remise en échange de la charrette de viande. Faisant un signe au Togejin, Satoshi s'éloigna davantage dans la forêt, la charrette vide de viande mais remplie de pièces. En cours de route, il préleva 50 ryos de cette bourse pour les glisser dans la sienne, aux côtés des graines. À présent, en contemplant cette somme, le Maître d'Arme envisageait sérieusement de mettre fin à la vie du vieil homme... Cependant, le Senshin honorait toujours sa parole et ne trompait pas ceux qui l'avaient engagé.

Patientant jusqu'à la nuit tombée, Satoshi rendit la charrette et les ryos au vieil homme, qui se montra très satisfait de la transaction. La générosité du vieillard lui valut même un petit salaire de 50 ryos. Parfois, être intègre permettait de réaliser de modestes gains. Cependant, l'indépendant avait menti au vieillard, prextextant que le ninja de Toge avait été amplement satisfait par les graines données. Désormais, grâce aux informations divulguées par le vieil homme, Satoshi connaissait le nom de ce Togejin : Miura Shigure. Cette donnée lui servirait de test lorsqu'il lui demanderait son nom dans quelques instants.

Délaissant le manteau qu'il avait porté plus tôt dans la journée, Satoshi se dévoila à visage découvert devant le Togejin, attendant paisiblement au point de rendez-vous. Debout dos à un arbre, le Senshin fit son apparition, abandonnant sa discrétion jusque-là préservée par l'arbre qui le dissimulait habilement. Envoyant une bourse en direction du Shigure dès sa venue il prit la parole directement :



Satoshi initiait le protocole d'échange tout en demeurant sur ses gardes face au Shigure. Le guerrier nouvellement arrivé, visage découvert, semblait manifestement différent. Son assurance transparaissait tant dans ses gestes que dans ses paroles. Ensuite, l'indépendant reprit :



L'ambiance semblait légèrement plus tendue qu'en après-midi. Cependant, tout échange d'informations ou d'objets demeurait potentiellement porteur de tromperie ou de pièges dissimulés. Satoshi, ayant été impliqué dans de nombreuses techniques de manipulation, était bien conscient de ces subterfuges. Comment allait réagir Mirua Shigure face à cela ?

La tension était tangible sous le regard de l’astre lunaire. Les deux protagonistes en étaient conscients : l'alliance entre un soldat de l'armée et un indépendant pouvait être mal interprétée. Toutefois, l'enjeu était plus crucial pour l'un que pour l'autre. En face à face, ces deux individus semblaient être des experts aguerris, habitués à ce genre de situation. Chaque partie cherchait à placer ses pièces sur l'échiquier de façon subtile, luttant pour prendre l'ascendant sur l'adversaire. Pourtant, à un moment donné, les deux shinobis se trouvaient dans une impasse. Ils avaient eu le loisir de s'évaluer calmement. Le moment était venu de perturber l'ordre établi, de renverser toutes les pièces. Il était temps de faire table rase pour s'ouvrir quelque peu et établir un lien plus authentique entre eux..

Après l'envoi de la bourse de ryos, le Miura prit la parole pour répondre au nihiliste. Le visage de Satoshi demeurait imperturbable, tout comme son corps. Les deux intervenants de cette discussion restaient immobiles, tels des prédateurs à l'affût, guettant l'opportunité de saisir leur proie. Au cœur de la sylve, ce n'étaient pas leurs crocs qui étaient aiguisés, mais bien leurs regards scrutateurs, cherchant à déceler le moindre faux pas pouvant révéler des intentions dissimulées. Shigure fut le premier à briser cette tension en révélant son nom, adoptant une attitude assez amusante. Cependant, cela aurait pu être un subterfuge de plus parmi tant d'autres. Parfois, il était nécessaire d'avancer vers l'autre lorsque l'un tentait cette approche en premier. C'était une réponse montrant que les deux parties souhaitaient avancer dans la même direction.

Après avoir pris connaissance de toutes les informations, Satoshi s'approcha de Shigure, fouilla dans sa poche et en sortit un petit sachet de papier contenant les précieuses graines tant recherchées. À son tour, le Senshin prit la parole :



Progressivement, la tension se dissipa doucement entre les deux hommes qui tentaient d'établir un lien à la fois amical et professionnel. Ensuite, Satoshi reprit la parole :



Un bref silence s'installa, semblant laisser le temps à Satoshi d'assimiler l'information, puis il reprit la parole :



De nouveau un moment de blanc, avant de laisser planer ces quelques paroles :



Une révélation venait d'être faite. Il n'avait pas donné son nom, laissant plutôt à Shigure le soin d'analyser seul la situation dans laquelle ils étaient plongés. Le Senshin avait également fait preuve de sincérité en espérant que cela soit bénéfique pour lui.

Refusant de divulguer directement son nom, il avait laissé entrevoir à Shigure son identité. Le Togejin percevait enfin les motivations de l'indépendant à l'égard de cette famille. Après un court moment, Miura ajouta une information supplémentaire, indiquant que ses parents avaient quitté Toge.

Satoshi baissa légèrement les yeux vers le sol. Ce village leur rappelait-il leur fils, à jamais perdu ?



Il aspirait au bonheur de ses parents. En réalité, Satoshi n'avait pas l'intention de se révéler à eux. Il était plus raisonnable qu'ils pensent leur fils décédé plutôt que fugitif. Shigure, curieux, se demandait ce qui avait poussé quelqu'un à vivre en dehors des structures villageoises. Dans un bref moment de silence, Satoshi adopta une expression sérieuse, suggérant l'importance de ses prochaines paroles. Le visage du Senshin devint impassible, reflétant une neutralité totale vis-à-vis de la situation.



Des interrogations profondes et significatives, offrant à Shigure un aperçu plus clair de la philosophie de l'indépendant. Ces questions mettaient en lumière le raisonnement derrière le choix effectué par Satoshi à l'époque. Il avait opté pour une vie sous l'apparence de la mort afin de préserver ses propres principes, s'affranchissant ainsi des normes dictées par les villages. Après ce petit silence, laissant le temps au Chuunin de réfléchir, il reprit :



Prenant une autre posture en s’appuyant sur l’arbre derrière lui, il donna sa réponse à sa dernière question :



Les deux shinobis avaient approfondi leur conversation, reléguant leurs échanges antérieurs à un second plan pour se concentrer sur des sujets plus fondamentaux. Quelles seraient les réponses à ces questions ?