Le samouraï déchu avait pris son envol, comme un véritable ange se postant devant l'astre solaire, il venait découper de sa lame le toit de la maisonnette, d'un geste vif et parfaitement maîtrisé. Bien qu'il était heureux d'avoir été choisi pour cette mission de par ses capacités en Ninjutsu et non pour son ancienne appartenance à la caste des samouraïs, il n'en restait pas moins un sabreur d'exception, maniant la lame et pouvant découper tout ce qui tentait de l'arrêter, d'un coup précis et fracassant.

Couplé à la maîtrise du vent de son partenaire ailé, ce fut avec une véritable synergie que les deux partenaires venaient offrir une porte de sortie aux personnes semblant être coincés à l'intérieur de la bâtisse. Du moins, c'est ce qu'il croyait. Pourtant, le paysage venait de s'assombrir d'un coup, comme si la lumière avait été stoppé dans les cieux eux-mêmes. Les iris hématite de l'Itadaki venait scruter le ciel, lorsqu'il put apercevoir ce dôme se former au-dessus de sa tête et de l'entièreté de la bâtisse qu'il venait de pourfendre. Un timing des plus catastrophique. Le brun se souvenait de la préparation de son homologue à demi masqué, et à la vue du précédent dôme créer quelque temps auparavant, il était clair que cette technique semblait être son œuvre. Le brun venait une nouvelle fois de se rendre compte de la piètre cohésion d'équipe qui se dégageait du trio créé pour l'occasion. Et, pendant un très court instant, il ne put se remettre en question comme le responsable de tout cet amateurisme, lui qui avait décidé d'agir en solitaire dès son arrivée sur les lieux.

Mais le plus important dans toute cette incohésion, ce furent les débris du toit qui vinrent heurter la paroi du dôme terrestre, les empêchant de s'écraser plus loin et revenant directement sur la position de l'Itadaki et son effraie. La nuque du brun pivota en un éclair en direction de sa chouette, lui intiment le fait de ne pas intervenir pour se sacrifier, ce qui était inexorablement la volonté de l'oiseau de proie. C'était à lui d'assumer ses erreurs, comme il l'avait toujours fait.




Le corps de Ryo venait se placer face aux débris, se servant de l'armure placée en dessous de son kimono onyx afin d'affaiblir l'impact des dégâts. Des écorchures, de légères gouttes de sang coulant de ses bras bandés, quelques échardes positionnées çà et là sur le corps, l'armure se brisant sous le poids des décombres, mais pas de blessures graves, à première vue. La volonté des Montagnes Bleues, le bouclier de fer se plaçant entre le danger et les victimes, voilà ce que l'Itadaki voulait montrer aux civils regardant la scène, malgré ses erreurs, il ne faiblirait pas, n'abandonnerais pas, ne romprais pas sous l'impact, il représentait un tout, une armée, un village. Il était Seizan no Sato, et la volonté du village brûlait en lui comme dans une forge en pleine action.

Pas de temps à perdre, il avait encaissé l'impact, émettant un simple cri de douleur, avant de continuer sa course vers l'intérieur de la maison, où il pouvait y trouver le troisième soldat, discret et visiblement aussi solitaire que lui. Leurs regards se croisèrent, quelques gouttelettes de sang du brun rejoignant le sol sur son passage. D'un simple regard, il intimait l'ordre à Arakan de le suivre, il fallait sortir d'ici, le dôme créant cette sensation d'être prisonnier à l'intérieur d'un four et la situation tendait à s'aggraver s'il restait ici.

« Ne vous en faites pas, tout va bien, je vais vous sortir de là. »


Une face enjouée et un sourire de complaisance venait grimer le visage du samouraï déchu, qui malgré le sang et les égratignures gardait la face et tentait de rassurer les civils. Couvrant son nez et sa bouche grâce au tissu de son kimono, il demandait à son homologue Seizanjin de faire la même chose, ainsi qu'aux deux civils. Ryo s'approcha ensuite de la jeune femme blessée, l'attrapant et la disposant sur le dos de son compagnon ailé pour qu'elle n'ait pas besoin de marcher. D'un signe de main, sans parler plus que de raison pour éviter la fumée d'introduire les voies respiratoires, le Maître-Lame passa en tête de file, ordonnant au groupe de le suivre par la porte d'entrée. Courant pour sortir de la bâtisse, le duo de sauveteurs et les civils se trouvèrent face à la paroi du dôme qui les étouffait. La dextre du brun venait agripper le manche de sa lame, concentrant son énergie dans son prochain coup et son expertise à la lame cernant le point faible de ce qui se trouvait en face de lui, l'homme venait frapper avec une rapidité exceptionnelle le point de fission de la technique terrestre avant que son katana ne rejoigne son fourreau, créant ainsi une porte de sortie de cette prison enfumée.

Si tout se passait comme il avait prévu, l'Itadaki venait s'éloigner de toute l'agitation avec son petit groupe, rejoignant un troisième homme qui semblait avoir donné l'alerte aux deux compagnons d'armes du brun. Se stoppant ici, Ryo déposa l'ensemble des civils au sol, avant de reprendre son souffle et se tourner vers Arakan.

« Toi, écoute-moi, va rejoindre Takashi et aide-le à partir de maintenant. Je reste un instant ici afin de prendre soin des civils et vérifier que tout va bien. »

Bien que le Maître-Lame ne voulait se montrer faible, c'était bien pour une raison plus personnelle qu'il préférait prendre ses distances un instant, la raison était simple, son chakra arrivait bientôt à épuisement et il avait besoin de repos. Mais il était hors de question pour lui de le dire, notamment de par la présence des civils qu'il ne voulait pas faire paniquer plus qu'il ne l'était déjà. Puis, ce fut vers eux qu'il se tourna ensuite, tentant tant bien que mal de reprendre son souffle, son effraie gardant un œil à l'opposé afin de le prévenir en cas de mauvaise surprise.

« Tout va bien maintenant, mais j'ai une question à vous poser. Avez-vous vu d'où est parti ce feu de forêt ? Un incendie criminel ? Un accident ? Un Yokai a attaqué le village ? Vous devez me donner le maximum d'indices et de témoignages possible. »

La suite s'annonçait bien plus complexe que prévue.




Un peu plus loin dans ce tableau sylvestre qui se dépeignait, la copie aqueuse avait eu réponse à ses questions. Depuis l'intérieur de la maisonnette, une voix féminine semblant à bout de souffle avait demander son aide, lui partageant également ses craintes et ses blessures. Malheureusement, le clone ne possédait pas les qualités d'épéiste du brun, ne pouvant se servir d'un katana pour découper les débris et ainsi sauver la jeune femme, mais il n'était pas question qu'il reste ici ou qu'il abandonne la jeune femme, étant forgé dans le même fer que l'originel.

Redoublant de prudence, la copie s'introduisait dans la bâtisse, observant la femme ainsi coincée.

« Je vais vous sortir de là, ne vous en faites pas. »

De nouvelles paroles tentant de rassurer la civile, bien que la situation semblait plus délicate que prévue pour un simple clone. Le plus dangereux dans cette situation, était de pouvoir retirer la jambe de la jeune femme sans que la maison ne s'effondre complètement par la suite. Malgré tout, il fallait tenter quelque chose quitte à sacrifier l'existence du clone afin de sauver la jeune femme.

Des signes incantatoires prenaient naissance dans les mains du clone, avant qu'une petite vague d'eau tranchante ne vienne découper la poutre qui retenait captive la jambe de la femme. Sans perdre un instant, la copie venait saisir le col de la jeune femme, la regardant droit dans les yeux.

« Désolé pour ça, mais une fois dehors ne bougez plus, mon moi orignal viendra vous récupérer. »

Sans demander une réponse, le clone venait agripper avec fermeté le col de la jeune femme, avant de la balancer à l'extérieur de la bâtisse si celle-ci venait à s'effondrer. Les forces de l'Itadaki était au plus bas, mais il était hors de question qu'il ne tente pas le tout pour le tout afin de sauver tout les civils présents. Le sens du sacrifice, il se sentait vivant, malgré tout.

Résumé :