D’un instinct aiguisé, il remarqua rapidement les yeux de la jolie dame se mettre sur son cou. Il avale un peu lourdement à ce sentiment. Il ignorait si elle le trouvait dégoûtant, repoussant, ou effrayant. Sa curiosité voulait savoir ce qu’elle pensait de lui, son estime n’avait pas le courage de vouloir connaître son opinion ni ses sentiments face à ceux-ci. Il prit une grande respiration pour se concentrer sur le garçon à la place. À l’enthousiasme de Saki, la poupée frappe ses mains ensemble, applaudissant avec enthousiasme. Momoka semblait excitée à l’idée de se trouver dans les hauteurs alors qu’elle se mit à sautiller sur place.

Aux gestes nobles de la demoiselle, la marionnette s’inclina comme une princesse, puis hocha sa tête. Hisayo faisait de son mieux pour continuer l’acte afin de vraiment convaincre l’enfant qu’ils ne voulaient que son bien-être. Il hocha discrètement la tête à Saki pour l’avertir qu’il était prêt et qu’il suivrait ses mouvements. Puis, tout comme c’était naturel, la marionnette devint molle le temps que la gente dame la place sur ses épaules. Elle reprit vie une fois installé et mit ses mains sur le haut de la tête de Saki pour s’appuyer. D’un geste, elle fit un coucou joyeux à Hitohito comme pour l’inviter à faire de même.

Hisayo, était surpris du changement de comportement drastique de l’enfant. Si surpris, en effet, qu’un petit rire silencieux sortit de son nez. Ses épaules levaient et descendaient d’un rythme saccadé. Il ne pouvait pas contenir la joie qu’il avait. Pour l’homme, établir un lien avec les enfants était l’un des rares plaisirs qu’il recevait dans sa vie de tous les jours. L’innocence et les émotions purs que les jeunes dégageaient étaient des choses qu’il n’avait jamais vécu personnellement. Étant un observateur de ces puretés quotidiennes, ça lui donnait espoir pour le futur. Ça lui donnait espoir qu’il pouvait vivre normalement. Qu’il était normal. Qu’il, lui aussi, était capable d’avoir cette innocence envers le monde. Lui qui avait passé tant de temps en solitude et à l’écart des autres. N’étant qu’une expérimentation sur le chakra, il ne voyait que le mal chez les gens, ce n’était qu’avec le temps que ses vues ont changées.

Les enfants étaient naïfs et pour lui, au début, c’était mal. Il avait pitié d'eux. Ça lui avait pris des années pour comprendre à quel point c’était une chose précieuse et rare de ces temps-ci. C’est un peu normal quand Sakyuu est réputé pour être un village avec une grande population d'orphelins, chose qu’il était d’une certaine façon. Il avait bien réalisé aussi que ses jugements, il les projetait sur les gens qui vivaient dans l’innocence et dans une vie sans misère. En bout de ligne, il avait laissé ses jugements à la porte et s’était simplement contenté de dire qu’il n’aurait jamais cette vie et c’était correct. Il ne sera jamais un père, ni même une personne que le monde manquera une fois qu’il sera mort. Il était un outil pour l’empire, c’était tout. Il avait déjà accepté ce sort il y a longtemps, il était donc inutile de se donner des faux-espoirs.

L’homme, accroupi, laissa le garçon lui grimper dessus, essayant de le guider pour qu’il puisse s’asseoir sur ses épaules inégales. Quand Hitohito était bien assis, Hisayo lui prit délicatement les mollets afin de le sécuriser. Le Genin n’allait jamais le lâcher et le laisser tomber. Si jamais ça arrivait, il ferait le seppuku. Il n'exagéra surtout pas.



Un hennissement sortit de sa bouche alors qu’il gallopa les premiers pas avant de retourner à marcher pour rester proche de Saki et la laisser se rattraper. Il avait un air joyeux alors qu’il marchait dans la direction où le garçon lui disait d’aller. Pendant un instant, et cet instant unique, son cœur se mit à palpiter et à fondre. Il se croyait au paradis avec le scénario qui se produisait devant lui. Hors contexte, ils avaient l’air d’une famille, un peu anormale, mais une famille néanmoins. Cette idée lui donna une joie qu’il ne pouvait pas être décrit pas des mots. Il vivait une expérience qu’il ne pouvait que rêver. Et, juste pour aujourd’hui, pour ce court moment, il le réalisait. Il voulait bien garder et vivre dans l’instant pour le restant de ses jours.

Normalement recroquevillé, il se tenait droit, confiant et content. Il avait une joie de vivre qu’il n’avait jamais vraiment eu auparavant.



Il exclama, bien sûr qu’il dramatisait à propos des poissons rouges, mais c’était purement pour garder l’attention du garçon sur autre chose que la tristesse et la peur qu’il pouvait avoir sur la situation.



Ses yeux se mirent à regarder un peu partout alors qu’il se concentrait à au moins essayer de trouver les parents du garçon. Il n’avait pas de grandes informations, mais s’il pouvait trouver au moins une dame qui ressemblait à Hitohito, ce serait un positif. Il voulait presque inviter le garçon à jouer à quelques stands, mais c’était inapproprié considérant les circonstances. Ce n’était pas ton fils Hisayo. Ne te prends surtout pas pour un autre, maintenant. Tu connais bien ta place. Ces pensées lui pinça le cœur et le remit en place, son enthousiasme disparut pour un air plus calme et tranquille, un qui adoptait avec les orphelins de Sakyuu. Bientôt, tout ça sera fini et tu te retrouveras tout seul avec ta marionnette, comme tu l’as toujours été.

Merde, sa tête savait vraiment ruiner un moment si précieux sans qu’il le veuille. Allez, il rangea ses émotions dans sa poche. Il pourra lamenter son sort à sa mort. Pas maintenant. Pas jamais.