Ma rencontre avec Kigiku-sama était courte et, pourtant, elle avait changé beaucoup de chose pour moi. D’abord, mon nouveau titre, qui probablement viendra avec des devoirs une fois que j’aurais compris ce qu’elle m’a dit - lorsqu’elle me disait que je devrais trouver les réponses par moi-même - mais aussi un véritable lien à l’édenisme. Je ne suis plus adorateur des Sakura, maintenant j'appartiens bel et bien à quelque chose de plus gros que moi. Assis là où j’avais laissé Kiseki et Shiro plus tôt, je triture la bague en or que j’ai reçue.

Une voie d’or et une voie d’argent. À la vue de la bague, j’ai davantage l’impression qu’elle me juge apte à marcher sur la voie d’or, mais qu’est-ce que la voie d’or ? Une bonne question, une très bonne.

On pose une boisson devant moi et je remercie la barmaid d’un sourire alors que je repose mon regard sur la bague. Curieux ? définitivement. L’édenisme était un mystère à résoudre, un que je prendrai un plaisir à résoudre.

La conversation que j’ai eu avec la membre des cinq pétales qui m’a été donnée de rencontrer résonne encore dans mes pensées. Je n’ai pas eu la réponse que je voulais, mais j’ai trouvé autre chose, bien que c’était inattendu.

Je prends une gorgée de la boisson que l’on m’a servie, je laisse la boisson rouler sur ma langue, pas mal le goût.

Si Shiro me voyait, il se moquerait de moi, ici à boire seul.

Si concentré dans mes pensées que je remarque à peine celui qui s’installe au tabouret d’à côté. Enfin, jusqu’à ce qu’il s’adresse à moi directement.



Enfin, je suppose, vu la façon dont il a abordé la conversation. Sa question cependant me laisse un peu pantois. Mon regard vole vers la barmaid à qui je n’avais réellement accordé de regard pour l’heure.



Mon regard se fixe ensuite sur l’homme à la chevelure argentée et je sens le rouge me monter au visage. Je n’ai pas l’habitude de parler de ces choses-là, enfin, peut-être que si j’étais avec Shiro, j’aurai eu une réaction plus amusante - mentionnant sa Naoko ou quelque chose comme ça - mais seul, je dois dire que je suis moins direct.

Après tout, l’une des premières choses que j’ai apprises c’est de ne pas accorder trop d’importance à ce genre de plaisir. Un homme juste ne court pas après les femmes, du moins, c’est ce que mon père me dit souvent … pour se contredire et me parler de mariage. Bien longue explication pour dire que je ne me suis jamais vraiment intéressé à la gente féminine.

Des vues sur la barmaid ? C’était donc peu probable … En plus, je ne la connaissais même pas … Ça il ne pouvait pas nécessairement le savoir, ce n’est pas écrit sur mon front qui je connais et qui je ne connais pas.



Je m’interromps une seconde, jugeant mieux de garde secret mon affiliation pour avec les édenistes. Ce n’est pas le moment de lancer un scandale ici. Mon père ne me le pardonnerait pas.



C’était le mieux que je pouvais faire sans trop mentir.



Je prononce les derniers mots en rangeant ma nouvelle bague dans une bourse à pendue à ma ceinture. mon visage s'empourprant de nouveau. J'avais relancée la discussion plus par réflexe, espérant éviter de devoir m'approfondir sur la raison de ma visite, mais me voilà à me maudir mentalement de poursuivre dans ce sens, car je sais très bien que je n'ai rien à dire à ce sujet.

La conversation se déroulait comme toutes les conversations habituelles, empreintes de banalités. Pourtant, quelque chose était différent cette fois-ci. Habituellement, les habitants échangeaient des propos sur le temps où les événements du jour. Mais la tournure proposée par Takashi lui-même était empreinte à l'amour. L'amour d'une femme. Takashi n'était pas un fervent croyant. Il ne se tournait pas vers les divinités pour trouver réconfort ou guidance. Son véritable credo était l'amour sous toutes ses formes : l'amour sincère, l'éphémère étreinte d'un soir, ou même cet amour qui s'évanouit dans les souvenirs. Pourtant, malgré ses convictions, il était là, présent lors de cette célébration. Son but n'était pas tant de prier une divinité, mais plutôt de puiser dans cette ambiance enivrante l'inspiration qui nourrirait sa plume.

Alors, lorsque Kazuhiko lui demanda s'il était là pour la barmaide. Takashi accepta d'un signe de tête, mais leva le doigt comme pour marquer l'attention.



Un silence s'installa dans l'air, comme pour absorber la confidence. Puis, un fou rire jaillit, un rire libérateur, presque impromptu, comme si les mots avaient brisé une barrière invisible. Takashi avait partagé une parcelle intime de son être avec un parfait inconnu. La vérité émanait de ses paroles, pure et franche, dévoilant un fragment de son âme. Peut-être était-ce justement parce qu'il était face à un inconnu, quelqu'un qui ne le connaissait pas, qui ne le jugerait pas. Une personne qui, peut-être, l'oublierait aussitôt. Dans cette évanescence de familiarité, il trouvait le courage de se confier, de s'ouvrir sans crainte d'être trahi.

Pourtant, juste après ce fou rire et cette apparente légèreté, le regard de Takashi trahissait une profonde mélancolie. Une tristesse enfouie, une blessure béante dans son cœur, qui ne pouvait sans doute jamais se refermer totalement. Les souvenirs douloureux demeuraient gravés dans le secret de son être, murmurant leur douleur avec tendresse.



Takashi était un homme mystérieux. Il alternait les humeurs et les tonalités avec une rapidité déconcertante.

Il n'est pas que là pour la barmaid, mais pour l'amour. Mais "l'amour" c'est vague comme concept. La famille, l'amitié, la relation amoureuse … se sont toutes de différentes formes d'amour et elles se manifestent encore plus différemment selon les gens. C'est quelque chose que j'ai appris en observant autour de moi. L'amour de sa patrie, l'amour de ses pairs, l'amour romantique, l'amour familial, l'amour amiable … Je souris. Je me doute un peu du type d'amour qu'il cherche avec la barmaid, après tout elle reste jolie, il faudrait être aveugle pour le nier entièrement.

Un silence régnait entre nous un instant alors que je réfléchis sur ses mots. Mon esprit divaguant un peu. Peut-être, après avoir rencontré les 5 pétales, je me sens un peu plus d'humeur philosophique, ou peut-être que je me pense juste encore plus important que je ne le suis réellement.

L'homme éclaté de rire et je ne peux m'empêcher de me laisser entraîner avec lui.



Je me contente de cette réponse, car, rapidement, l'humeur de mon interlocuteur change, et notre discussion passe à autre chose. Enfin, plus ou moins autre chose.



Malheureusement, pour ça en particulier, il ne parle pas à la bonne personne. Je n'ai jamais dragué (volontairement) qui que ce soit. Probablement parce que mon propre mariage sera arrangé. Je ne veux pas rentrer à reculons dedans et avoir un ressentiment pour la pauvre femme que je vais épouser, parce qu'elle m'empêcherait d'être avec une autre …

Je secoue la tête pour repousser cette pensée. L'amour de cette façon-là n'a simplement pas encore frappé à ma porte.



Je ne veux pas lui donner l'idée que je pense le contraire non plus. Si Shiro était là, je suis certain qu'il saurait mieux dire que moi, après tout, lui il a une copine déjà, même si la moitié du temps, elle est décrite comme timbrée …