C'est par une belle matinée ensoleillée, que je me réveillai en sursaut. Les oiseaux chantaient de manière harmonieuse. La symphonie qu'ils émettaient n’apaisa pas mon esprit agité de la nuit.

J'avais fait de mauvais rêve, ressassant mon lointain passé trouble. Une sensation dérangeante parcourue mon corps, il fallait que je sorte prendre l'air libre.

C'est en marchant dans les dédales du village, que je perçois l'animation qui y régnait. De la foule bruyante aux étales de marchand, tout me semblait flou. J'avais besoin de m'éloigner d'ici et de me retrouver seule. Je me dirigeai vers la forêt, lieu féerique et apaisant où j'aimais m'y balader.

Malgré la magnificence forestière, mon esprit ne s'apaisait pas. Mes pas étaient nerveux mais se calmaient au fur et à mesure que je m'enfonçais dans la forêt.

J'étais perdu dans mes pensées lorsque j'entendis un bruissement non loin de là qui me fit revenir à la réalité. Mes sens en éveil je m'approchai discrètement du lieu où j'avais entendu un bruit. La faune de la forêt s'était tu, un léger vent faisait remuer les branchages des arbres.

J'aperçus une silhouette fine et élancée entrain de cueillir des baies sauvages dans un buisson. C'était un homme et il ne m'avait pas repéré lorsque je m'approchais délicatement pour identifier son visage.

D'un coup il se retourna brusquement, surpris de me voir il recula à grands pas,méfiant. Il avait une dégaine de vagabond, sûrement isolé depuis longtemps au vu de l'usure de ses habits.

Les cheveux ébouriffés, le facial encrassé il ne prenait plus soin de lui et avait l'air de survivre dans la forêt. Peut-être un déserteur ou un homme recherché pensais-je.

Sous ses traits terreux son visage me semblait familier, un air de déjà vue.





J'essayais d'être la plus rassurante possible. Il avait l'air apeuré d'avoir rencontré quelqu'un. L'homme répondit en ayant l'air perdu dans ces pensées.



Me demandant quelles raisons l'avait poussé à quitter Jujou, je discernai un reste de tatouage brûlé sur le dos de sa main. Il m'était très familier et je le reconnus aussitôt. Cela faisait plusieurs années que je n'en avais pas vue un, le tatouage du clan Dokja. Son emplacement indiqué qu'il faisait partie de l'escouade d'éclaireur. Celle qui été revenue accompagné par les assaillants le fatidique jour de l'anéantissement du clan.



J'étais stupéfiais de croiser un membre de mon clan disparu. Il se rendit compte que je fixais son résidu de tatouage et tenta tant bien que mal de le dissimuler.










Tentant de contrôler ma colère, j'essayais de garder mon calme. Mais une rage enfouie en moi commençait à bouillonner. L'homme en face de moi était soit un des traîtres qui avait accompagné les assaillants soit un des membres disparus de l'escouade. Je devais d'abord poser des questions, essayer de savoir quel rôle il avait joué dans tout ça. Et selon sa réponse, je devrais m'occuper de lui ou non.





Je redoutais sa réponse, tous avaient soit été tués ou emprisonnés. Les seules survivants possibles étaient sûrement des traitres. Sa voix hésitante confirmais mes soupçons.



Sa voix s'était emballée lorsqu'il racontait son histoire, on sentait une tristesse amère en lui. Il avait fait un choix qu'il regrettait éternellement.



J'essayais de maîtriser mes émotions afin récolter le maximum d'informations avant de prendre ma décision. C'était l'occasion rêvée pour en apprendre davantage. Vue son état il ne sera pas en mesure de riposter si je décide de m'occuper de lui.



Ses erreurs passées refaisant surface, ils se mit à pleurer à chaudes larmes.



J'écoutais sans l'interrompre me narrer les détails de sa survie qui l'amena au final dans la forêt de Jujou. Ma colère se transforma peu à peu en pitié pour le pauvre être qu'il était devenu. Il avait certes trahi les siens mais dans le but de sauver sa famille, j'aurais sûrement fait la même chose à sa place. Je compatissais à sa situation et voulus le prendre de mes bras pour apaiser sa peine. Mais il me repoussa gentiment en murmurant.





Je ne laissais paraître moins de compassion que je ne la ressentais. Je ne voulais pas paraître faible surtout devant un traître. Il méritait la mort dans d'atroces souffrances mais avait déjà subi, par lui-même, une torture de l'esprit.

Il ne tenta pas de se justifier ou de me supplier. Ces dires étaient sincères et on voyait en lui une envie de mettre fin à ses jours. Maintenant qu'il avait réussi à raconter son histoire, il lui manquait seulement le courage d'arriver à passer à l'acte. Il me surprit par sa demande gênante mais compréhensive.



Ma réponse vint naturellement sans que j'y réfléchisse, ma pitié pour lui prit le dessus sur ma haine.



J'étais déçu de ne pas en avoir appris davantage sur la destruction du clan ou de potentiel survivant. Je le vis s'agenouiller et sortir délicatement son tantō. Sa tunique rapiécé entrouverte, il était prêt. Je m'approchai de lui déterminé à l'accompagner dans sa cérémonie.

Je sortais ma lame de son fourreau avec une gestuelle emprunte de tendresse et de compassion. Je la plaçai au-dessus de sa nuque prête à réaliser le mouvement finalisant la cérémonie. Il prit une grande aspiration, ferma les yeux et leva la lame au ciel. Je l'entendais murmurer quelque chose d'inaudible et je me préparai à mon tour. Son tantō se dirigea en un point précis de son ventre et transperça sa peau usée par le temps.

D'un délicat coup de poignet il tourna la lame pour s'infliger une blessure mortelle. Sa tunique s'humidifia du liquide rougeâtre émanant de son corps. C'était le moment d'achever le rituel, je pris de l'élan en levant mon épée. Un coup sec et chirurgical en direction de sa nuque lui trancha net la tête. Un mouvement parfaitement exécuté grâce à ma maîtrise des techniques de taijutsu.

Un sentiment d'apaisement me parcourut, accompagné d'un ressentiment de peine. Son corps étendu au sol demeuré inerte, je ne saurais dire combien de temps je suis resté là plongé dans mes pensées. C'est alors que je décidai de rendre hommage à son corps en l'enterrant caché dans un bosquet. Je confectionnai une pierre tombale à partir de cailloux et de fleur, aucun ne permettais d'identifier le défunt. L'emplacement ne permettait pas d'être visible, moi seule aurais pu retrouver le lieu de sépulture.

Je fis une légère prière, n'étant pas croyante, je ne connaissais pas grand-chose. C'est avec le cœur lourd et l'esprit toujours emplit de question que je répartis en direction du village à travers la forêt.