Shigure se préparait chez lui. Il commençait à sceller, dans des rouleaux, des pilules médicinales de sa confection tout en chantonnant. Il prit quelques pots de plantes au cas où et rangea le tout dans ses diverses poches.

L’alchimiste passa ensuite dans son bureau et consigna quelques idées de mélange qu’il a eu dans la journée d’hier. Il saisit son carnet en cuir, usé par le temps et rempli de notes variées et précieuses. Il commença à écrire avec une plume en noir, élégante, qu’il avait achetée au marché. Chaque page se remplissait de formules alchimiques soigneusement tracées, d'esquisses de plantes et de symboles ésotériques. Suite à la discussion qu’il avait eue avec Shizuka, il avait dans l’idée de lui faire un Mélange apaisant avec :

De la camomille : qui favorise la relaxation et apaise les nerfs.
De la lavande : qui aide à soulager le stress et favorise le sommeil.
De la mélisse : qui calme l'anxiété et améliore l'humeur.

Il commença à tracer des schémas, griffonna quelques annotations et donna même un nom au médicament : “le Shizukalin”, un savant mélange entre Shizuka et câlin qui pouvait évoquer la douceur et le réconfort que ce mélange était censé provoquer. Il ricana avant de rédiger les derniers mots.

Si avec ça son stress et ses soucis ne diminuait pas, Shigure ne savait plus trop comment faire. Il ferma son cahier, terminant de chantonner et le rangea dans un carton qui ferma. Les mains dans les poches, il observa la pièce qui était pleine de carton prêt à bouger dans son nouveau bureau. Il porta un œil nostalgique à ses paquets qui contenaient pas mal de temps et de trouvaille qui ont rythmé sa vie. Il savait qu’il avait pris la bonne décision en acceptant la proposition de la chunin et attendait le moment où il pourrait déplacer tout ça avec une pointe d’impatience.

Le chunin s’alluma une cigarette et regarda une nouvelle fois le rouleau de mission que lui avait transmis Shizuka.

Rouleau:

Il était ravi de pouvoir partir en mission avec quelqu’un qu’il appréciait, ça lui changeait des missions solo ou de groupe avec des singes. D’autant plus que la mission semblait rentrée pile-poil dans les cordes de la déesse de la médecine et de l’alchimiste. Une épidémie, c'était déclenché dans un village et il fallait aller voir ce qu’il se passe. Avec un peu de chances, les deux Togejin allaient tomber sur une maladie encore inconnue qu’ils pourraient exploiter à des fins scientifiques.



L’alchimiste échappa un petit rire. S’il pouvait trouver comment matérialiser ce genre de chose, ce serait aussi, voir plus efficace, qu’un bon vieux poison. Shigure expulsa de la fumée de ses poumons et écrasa sa cigarette avant de sortir de chez lui.

Il se dirigea vers le point de rendez-vous que Shizuka lui avait donné. Évidemment, la chunin était déjà sur place et devait probablement attendre Shigure. Il arriva avec un grand sourire et la salua.



Il s’arrêta à son niveau et se gratta le menton. Il sortit de sa poche le remède qu’il avait fait pour Shizuka et lui tendit.



Shigure rigola et sortit une nouvelle cigarette avant d’inviter la chunin à se mettre en route. Il sortit le rouleau de mission et l’agita.



Shigure leva les épaules et suivi la chunin laissant le vent caresser sa peau et ses cheveux.

La maladie du baiser

Shizuka se lève de bonne humeur. Elle sait qu'une bonne journée l'attend -voire même plus en réalité-. Elle doit partir en mission avec Shigure. C'est un véritable don du ciel puisqu'il s'agit d'une des personnes avec lesquelles elle s'entend le mieux à Toge. La population est dense, les soldats ont toujours quelque chose à faire et malheureusement, il y en a beaucoup -surtout parmi la gent masculine- qu'elle ne peut pas encadrer. Elle est donc tombée sur le jackpot. D'autant plus qu'il n'y aura personne pour les déranger. Qui sait ? La personne chargée d'attribuer les missions aurait très bien pu les mettre à trois ou à quatre, ce qui aurait pu être tout particulièrement frustrant.

Être seule aurait pu être intéressant, mais cela fait longtemps qu'elle n'a pas été mise en binôme avec le médecin. Alors, elle est impatiente de voir s'il a progressé d'une façon ou d'une autre. Et, elle est ravie d'avoir son cerveau hautement performant à disposition pour réparer ses erreurs et combler les lacunes qu'elle peut avoir concernant certains sujets ou certaines méthodes.

Comme d'habitude, la femme s'applique à la réalisation de son sac. Il est hors de question qu'elle tombe à court de projectiles, d'antidotes ou de poisons au cours de la mission même si elle ne doute pas un instant qu'elle pourra compter sur son partenaire pour la fournir en matériel ou pour fournir des efforts supplémentaires si elle venait à en tomber à court.

La femme à la chevelure d'ivoire était tellement impatiente de retrouver son ami et disciple qu'elle arrive bien avec un quart d'heure d'avance au point de rendez-vous. Elle regarde à droite à gauche, cherchant son partenaire du regard.



La Chunin se saisit de l'objet que lui tend son interlocuteur et marmonne quelques mots en remerciement. Elle renifle le remède, cherchant si elle peut reconnaître une ou deux herbes utilisées. Elle hausse un sourcil lorsque Shigure lui demande ce qu'elle pense de cette affaire. Comme prévu, il semble avoir amené pas mal de matériel.



Les coursiers Shika, des invocateurs spécialisés dans le transport de soldats. Leur aide est précieuse puisqu'elle permet de réduire d'un jour les déplacements entre les différents pays des régions ouest.

Shigure observa Shizuka avec un sourire en l'entendant dire qu'elle était en avance. Il était ravi de constater sa bonne humeur et son enthousiasme pour cette mission. Il se sentait chanceux d'avoir été choisi pour être son partenaire. Il avait pour habitude de partir en mission tout seul ou alors avec des décérébrés du village. Il ne se souvenait pas de la dernière fois où il était aussi heureux de partir avec quelqu’un.

Il remarqua l'expression surprise de Shizuka lorsqu'elle renifla le remède qu'il lui avait donné. Il était curieux de savoir ce qu'elle en pensait.



Ce n'était pas un mélange très coûteux, ni très compliqué à faire, et Shigure savait que c’était perfectible, mais c’était déjà un bon début et si ça pouvait aider la chunin, alors il s’en contenterait.

Shizuka répondit à l’alchimiste concernant ce qu’elle pensait de la mission. Comme il l’attendait, sans en savoir plus, elle ne voulait pas trop s’avancer.



Comme on disait, “le malheur des uns fait le bonheur des autres”. Si Shigure pouvait découvrir quelque chose en compagnie de Shizuka, il n’allait pas cracher dessus. Lorsque Shizuka mentionna les coursiers Shika, Shigure se rappela leur importance dans les déplacements entre les différents pays des régions ouest. Il est vrai que depuis qu’ils sont là, les soldats de Toge perdaient beaucoup moins de temps sur les trajets.



Shigure et Shizuka étaient deux esprits singuliers, souvent perçus comme étranges par ceux qui ne partageaient pas leur passion pour les domaines scientifiques. Leur fascination commune pour la recherche, l'expérimentation et l'exploration des mystères de l'univers les éloignait du commun des mortels. Et c'est précisément une de ces raisons qui créait un lien spécial entre Shigure et Shizuka. Ils trouvaient refuge l'un envers l'autre, sachant qu'ils pouvaient être eux-mêmes sans être jugés ni incompris. Lorsque la déesse de la médecine disait “merveille”, ça pouvait être aussi bien une partie du corps humain, des plantes ou autres choses que Shigure, en tant que médecin et être humain, savait apprécier.

Il se sentait confiant et résolu à découvrir ce qui pouvait bien se passer dans ce village. C’est donc d’un pas résolu qu’il commença à suivre la chunin.



Shigure eut à peine le temps de soupirer, que le duo fini par atteindre un des invocateurs. Ils montèrent sur leurs cerfs respectifs et commencèrent le trajet vers Higoi. Ce dernier se déroula sans pépins. Les chunin avait eut le temps de discuter et n’avaient pas rencontré la moindre difficulté outre que le manque de tabac.

L'alchimiste posa pied à terre et respira l'air frais du village de pêcheurs en s'étirant.



Il regarda quelques secondes sa partenaire, tout fier de lui, puis lui posa une question.



Boire un thé ou travailler, il fallait choisir.

La maladie du baiser

Un soupir s'échappe des lèvres de Shizuka lorsque son partenaire prononce le mot "Shizukalin". Ca n'a strictement aucun sens si ce n'est celui de la bêtise. Il peut-être si mâture et intelligent qu'elle oublie parfois qu'il n'est qu'un homme. Même s'il est loin d'être le pire, il agit parfois comme un gamin. Soit, cela lui donne un air étrangement mignon. Cependant, ce n'est pas très rassurant pour le reste de la mission même si cela montre qu'il est en pleine forme.



L'empoisonneuse songe que l'alchimiste sera surement déçu lorsqu'il parle d'espérer rencontrer quelque chose d'énorme. Il n'est pas impossible qu'il se passe quelque chose d'anormal, qu'il y ait une véritable épidémie ou une origine démoniaque à cette affaire, mais elle doute qu'on puisse qualifier cela "d'énorme". A force de danser avec la mort, il n'y a plus grand chose qui puisse véritablement la surprendre enfin, c'est ce qu'elle aime à penser. Et, à force de rencontrer des Yokais, la "normalité" lui semble presque ennuyeuse. Elle peut cependant comprendre l'espoir que porte son ami et disciple bien qu'elle ne souhaite pas le partager.



La fidèle d'Izanami a conclut sa phrase sur un soupir, témoignant de son exaspération à son interlocuteur. Elle espère sincèrement que l'homme avec lequel il s'est fâché ne soit pas dans le coin. Le voyage reste long malgré l'aide des coursiers Shika, il faut dire que plusieurs contrées doivent être traversées. Néanmoins, il n'y a pas le moindre pépin sur la route et la présence du Miura permet de rendre le moment plus agréable et de détendre l'atmosphère. L'arrivée à destination n'en reste pas moins plaisante.

Un rire léger s'échappe des lèvres de la femme à la chevelure d'ivoire lorsque l'homme à la chevelure d'ébène lui raconte une petite anecdote.



La Chunin cligne des yeux quand son interlocuteur lui demande si elle veut aller boire du thé. Primo, elle doute qu'il y ait le moindre salon de thé potable dans le coin. Secundo, ils ont tout de même une mission d'importance à accomplir.



Sur ces mots, la femme prend la direction de la demeure du chef de village, le commanditaire de la mission, afin de collecter quelques informations avant de se mettre au travail.

Shigure observa Shizuka avec amusement lorsqu'elle soupira à la mention du "Shizukalin". Il était conscient que ses idées pouvaient parfois sembler farfelues, mais cela faisait partie de son charme. Il avait tendance à apporter une touche d'humour et de légèreté même dans les situations les plus sérieuses.



Shigure avait toujours aimé expérimenter et créer de nouvelles concoctions, même s'il savait que toutes ne seraient pas forcément réussies. Mais il était curieux de voir l'effet que son remède aurait sur Shizuka. Rien de négatif ou dangereux pour sa partenaire, oh non ! Il ne le permettrait pas. L’alchimiste soupira.



Arrivés à destination, la scientifique fit une remarque sur les mauvais plans auxquels l'alchimiste semblait souvent mêlé. Il sourit avec une pointe d'autodérision.



Lorsque Shizuka déclina l'invitation à prendre un thé, préférant se concentrer sur la mission, Shigure acquiesça.



Le duo se dirigea donc vers la demeure du chef de village où ils furent accueillis par maire en personne, un bâtiment à l'architecture traditionnelle japonaise, orné de lanternes et de sculptures délicates. Les jardins qui l'entouraient étaient plus entretenus que les autres maisons, témoignant de l'importance de cette demeure dans la communauté.

Shigure remarqua immédiatement l'atmosphère tendue qui régnait à l'intérieur. Les murs étaient décorés de peintures grossières et de calligraphies maladroites, reflétant l'histoire et la pauvreté du village.

Le maire, visiblement soulagé de voir l'arrivée des deux shinobis, les accueillit chaleureusement dans la salle principale. Un tapis épais recouvrait le sol en tatami, et des coussins étaient disposés autour d'une table basse où le thé était déjà préparé.

Après avoir lancé un regard complice à Shizuka qui voulait clairement dire “regarde, j’ai quand même mon thé !” Shigure s'assit avec respect, appréciant les maigres détails de cette demeure. Il pouvait sentir la détresse et l’impuissance de l’homme en face d’eux. Il porta la tasse de thé à ses lèvres et se permit de prendre la parole.



Il reposa la tasse sur la petite table et attendit une réponse.

La maladie du baiser

Shizuka pouffe de rire quand son partenaire se justifie en disant qu'un peu de folie de temps à autre ne peut pas faire de mal. Il a bien raison même si elle n'oserait pas l'admettre de vive voix. Si tous les membres d'une équipe se laissent aller à la folie, que reste-il à la fin ? Elle remercie une nouvelle fois l'homme pour son attention. Mignonne et potentiellement hautement utile, ce qui change des attentions que certains peuvent témoigner à l'égard de la prêtresse.

La femme à la chevelure d'ivoire a l'impression de se retrouver face à un enfant. Un instant il est tout fier tout joyeux et celui d'après, il est tout triste tout désolé. Elle n'a pas vraiment voulu le gronder mais à la tête qu'il fait et aux mots qu'il prononce, on dirait un enfant qui vient d'être puni. La Chunin s'éclaircit la gorge avant de reprendre la parole, essayant de le rassurer.



Arrivés à destination, Shizuka lâche un soupir amusé lorsqu'elle demande à Shigure s'il a des ennemis dans le coin et qu'il lui répond que s'il en a, il n'est pas au courant. Une réponse qui n'est pas vraiment surprenante étant donné l'énergumène qui lui sert de disciple. Il est intelligent, mais s'il n'est pas intéressé par quelqu'un ou quelque chose, il donne l'impression de ne pas calculer la chose dont il est question. Après,  ce n'est peut-être qu'une apparence. Mais, la guérisseuse aimerait bien pouvoir faire ainsi abstraction de ce qui l'agace -comme parfois Shingen ou d'autres macaques du même acabit mais ne bénéficiant pas de l'avantage  du lien du sang-.

La fidèle d'Izanami est surprise que le chercheur n'insiste pas plus, qu'il accepte de la suivre bien docilement jusqu'à la maison du commanditaire. Sans doute s'est-elle trop habituée aux caprices de ce têtu de Shingen. Secouant la tête, elle essaie de chasser cette triste pensée de son esprit. Quelques minutes plus tard, les voilà devant la maison du maire. Ils toquent et l'homme qu'ils recherchent leur ouvre. Ce que la scientifique remarque immédiatement, c'est l'air fatigué du maire. Aurait-il lui aussi été touché par la maladie ? La femme cache la moitié inférieure de son visage derrière une de ses longues manches.

Comme d'habitude, elle laisse à son collègue poser ses questions en premier. Celles-ci sont extrêmement pertinentes, elle n'attendais rien de moins de Shigure. Malgré l'appréhension que la Chunin ressent, elle décide de prendre le risque et de boire une gorgée du thé qu'on leur a servi. Il est d'une bien médiocre qualité mais ne semble pas mortel du tout.