Rea réprima un frisson alors que la pluie parvenait à se faufiler sous sa tunique de kunoichi. Bien qu’elle avait rabattu la capuche sur sa tête, le déluge incessant avait finit par pénétrer dans chaque faille du tissus, transformant la chevelure de la jeune femme en de véritables tentacules ténébreux tombant le long de son visage.

La Chuunin jeta un regard à l’arbre devant lequel elle venait de s’arrêter. Bien qu’il semble a priori identique à la multitude de ses congénères qui les entouraient, les indications que Rea avait reçues semblaient pointer vers ce spécimen précis. La kunoichi regarda autour d’elle et ne put s’empêcher de ressentir un sentiment d’inquiétude.

Lors de sa dernière rencontre avec Shizuka, cette dernière lui avait promis de lui faire découvrir une partie de ses recherches. Elle lui avait demandé pour ce faire de la retrouver dans cet endroit isolé de la forêt des orties en s’assurant de ne pas être suivie. Rea n’avait pas été particulièrement surprise de cette demande singulière. En apprenant à connaître Shizuka, elle avait découvert une personne bien plus complexe et pleine de mystères que son apparence et sa réputation parfaite ne le laissait présager. Certaines branches de la médecine dans lesquelles s’étaient plongée Rea avaient une très mauvaise réputation et il était donc extrêmement compliqué pour la jeune femme de parler de ses recherches à qui que ce soit. Elle avait donc été aussi surprise que ravie de découvrir en sa collègue une personne bien plus avancée qu’elle-même dans ce domaine.

La personnalité de Shizuka et ses compétences avaient tout de suite passionnée la Chuunin. Elle qui était une véritable boulimique de connaissance avait trouvé en son aînée une vrai mine d’information. Elle avait donc harcelée cette dernière jours après jours jusqu’à ce qu’elle finisse par consentir à lui transmettre un peu de son savoir. Les avancées que la kunoichi avait alors accomplie l’avaient comblée de joie, jusqu’à ce qu’elle reçoive un avertissement qu’elle ne prit pas à la légère. Entrer en possession de certaines connaissances ne se faisait pas sans risque ni sacrifice, et il était souvent nécessaire de se salir les mains pour être capable d’avancer. Il s’agissait d’une leçon que peu semblaient comprendre. Si Rea avait naturellement rencontré quelques doutes, sa curiosité et sa soif d’apprendre l’avaient rapidement poussé à mettre certaines considérations morales de côté afin d’embrasser son plein potentiel.

Alors que la pluie battait son plein, la jeune femme fit le tour de l’arbre sans remarquer quoi que ce soit de notable. Peut-être s’était-elle trompé ? L’heure de leur rendez-vous venait d’arriver, elle supposa donc que Shizuka ne devrait plus tarder. En espérant qu’elle avait des vêtements de rechange.

 Rea accueillit l’arrivée de son aînée avec une joie non dissimulée. Outre le fait qu’elle était pressée de s’abriter du déluge qui s’abattait sur elle, sa curiosité avait atteint son paroxysme. Shizuka ouvrit une trappe que la jeune femme n’avait pas repérée dans l’arbre mort et descendit une échelle, l’invitant à la suivre. Tout en descendant à son tour, Rea referma la trappe à la demande de sa compagne.

Alors qu’elle posait le pied sur le sol, son interlocutrice la mis en garde contre les protections des lieux. De nombreuses chimères semblaient avoir été créées par Shizuka pour défendre son laboratoire. Si un frisson parcouru l’échine de la kunoichi dans un premier temps en imaginant ce qu’il se serait passé si elle avait trouvé l’entrée par elle même et avait décidé de pénétrer seul dans ces lieux, son intérêt scientifique s’éveilla assez rapidement pour chasser toute forme de crainte. Quelle science pouvait donc ainsi réussir à donner la vie à des créatures assez puissantes pour s’attaquer à des shinobis, se demanda-t-elle. Elle se promit d’interroger plus tard sa compagne sur le sujet, se contentant à cet instant de hocher la tête pour signifier qu’elle avait bien compris le message.

Une fois descendue, elle se retrouva dans ce qu’elle supposa être la salle principale du laboratoire. La jeune femme regarda autour d’elle, observant avec attention chaque élément du décor. Au centre de la pièce se trouvait deux tables d’opérations vides — sans doute pour peu de temps — ainsi que plusieurs petites tables à roulettes où était stocké du matériel scientifique. Avec fascination, Rea s’empara d’un scalpel qu’elle fit tourner dans sa main pour que la lumière s’y reflète. Tout semblait d’une propreté immaculée. Elle reposa l’ustensile sur la table avant de faire un tour sur elle même pour embrasser le reste de l’endroit du regard.

Alors qu’elle s’approchait de l’une des nombreuses étagères qui parsemaient l’endroit, l’attention de Rea fut captée par les bocaux rangés sur ces dernières. Certains semblaient renfermer ce qui ressemblait à s’y méprendre à des restes humains, d’autres — plus bizarres encore — des substances que la kunoichi ne parvint même pas à identifier. De toute évidences, de nombreuses expériences avaient déjà été menées en ce lieu et toutes ne devaient pas être autorisées par le village de Toge. Inspirée par le courage qu’avait du demander le fait de garder autant de secrets aussi proches des autorités, Rea se tourna vers Shizuka qui semblait l’observer avec calme.

« C’est un endroit magnifique que vous avez là, Shizuka-san », murmura-t-elle. « Merci de me faire confiance en m’amenant ici. Je vous assure que personne n’aura vent de ce lieu de par mon fait. »