# Dommage collatéral [Pv: Seiba] Mer 20 Avr - 16:20
Il y a de ces jours plus difficiles à assumer que d’autres.
Dès le réveil. Comme si l’aurore se refusait à tourner une nouvelle page, apportant comme seules pensées un condensé accablant de tout ce qui ne convenait pas dans son existence. Tout ce qui en réalité ne pouvait être supportable – Mais qui se devait de l’être. Car il ne s’agissait que de faits évidemment réels, encore inchangés, voire à jamais immuables.
Aplati dans son lit de soie, nappé de tristesse, Zenzo laissait les minutes filer, se bouchant machinalement les oreilles alors que dans une autre pièce l’écho d’un hurlement hystérique raisonnait dans tout le domaine. Encore une fois, Ponyo, sa mère, cédait à ses démons.
S’il se montrait généralement insensible à de telles scènes, l’absence d’énergie caractérisant certaines journées lui rappelait pourtant cette triste vérité : Il fournissait des efforts quotidiens afin de dépasser cette fatalité. Celle d’un faux orphelin subissant la survie de sa génitrice. Plusieurs fois il aurait préféré qu’elle soit morte. Plusieurs fois même, il hésita à orchestrer un accident pour en terminer une fois pour toute. De telles pensées lui venaient seulement lorsqu’il se trouvait dans cet état larvaire, incapable de se dresser hors de sa couche.
Seul le pire lui permettrait de mettre un point final à ce genre de crises, ou au quotidien morne qui en découlait le reste du temps.
A la place, comme par routine, le Kinubari trouvait finalement la force de se hisser puis de quitter sa propre maison. Sans déjeuner, ni se préparer. Préférant de loin le silence ennuyeux et la fraîcheur frissonnante d’une virée trop matinale dans les rues du quartier voisin. Les yeux cernés, l’haleine fermentée par un alcool de la veille et la démarche désœuvrée – quoique de plus en plus frénétique -, voilà à quoi il en était réduit pour être sûr de ne plus entendre le moindre cri même étouffé de sa maternelle ravagée. D’ici une bonne heure, elle se serait probablement évanouie d’épuisement.
Vraiment. A quoi servait-elle.
A part lui rappeler qu’il n’était pas vraiment maître de sa vie, ni même maître de sa maison ou de son porte-feuille. Car oui, faute de discipline et d’exemple, le blondin avait également appris sur le tard à s’occuper du patrimoine familiale, au point de contribuer à la fin d’une aisance financière pourtant conséquente… Et plus il avait gagné en autonomie, plus l’ombre de Ponyo s’était renforcée dans sa démence. Spirale infernale.
Qu’elle soit maudite. Maudite !
- RrrrhaaaAaAAA !!
Son esprit se retournait contre lui. Injustement. Alors il explosait.
Ou plutôt, il explosait la barrière d’une modeste masure sur son chemin, s’acharnant sur les copeaux de bois à l’aide de ses fidèles chaussons de soie ; qui se teintaient de sang en même temps qu’ils se trouaient.
Zenzo se figeait alors, rattrapé par la douleur, les yeux embrumés. Aussi triste qu’agacé, il saisissait sa bourse et la jetait contre la porte close. Repartant non sans mal...
# Re: Dommage collatéral [Pv: Seiba] Mer 20 Avr - 16:21
Dommage collatéral
Il y a en ces matins, un instant de bonheur et de tranquillité totale. Les rues sont vides, la plupart des gens sont encore endormies et l'on voit quelques fois, une personne âgée marcher au rythme du matin, tout en douceur. C'est à ce moment-là que mon envie de me blottir un peu plus dans les bras de Morphée grandit. Je tire le coussin à moi et le serre dans mes bras tout en profitant du délicieux instant qui s'offre à moi.
Soudainement, un tambourinement me fait sursauter au plafond. Ma fille, proche de moi, se met à pleurer et ma mère arrive aussitôt : on pourrait penser qu'à son âge elle est effrayée mais elle a fait partie de l'armée de Shinobi, il lui en faut plus que ça. Je lui fais signe du doigt pour rester silencieux et je la laisse calmer la petite. Je me lève, cheveux ébouriffés, haleine de phoque et crottes d'yeux présents, me saisis du sabre et m'approche de la porte d'entrée. Les coups s'arrêtent nets. J'entends un tintement qui s'écrase au pas de l'entrée : j'en profite pour surprendre l'ennemi en ouvrant rapidement la porte et sors le sabre au cas où. Mon regard se pose sur un gars blond, pied en sang et percute la bourse avec mes orteils.
— Hein ?
Interrogateur, je cherche à comprendre ce qu'il s'est passé. Ma porte ? La bourse ? Le gars ? En pyjama ?
— Ca va pas la tête de défoncer la porte des gens à c't'heure-là ?! T'es qui ?! T'as intérêt d'avoir une bonne raison j'te préviens.
Sourcils froncés, regard perçant, je suis sous adrénaline avec ce qu'il vient de se passer. Je dois protéger ma famille d'un quelconque voyou et encore plus si c'est un ennemi potentiel. Peut-être qu'il en est un d'ailleurs ? Est-il ici pour m'apporter un autre message ? Fait-il partie du groupe de "ce gosse à la peluche" ? Cherche-t-il à menacer ma famille ? Mais au vu de son accoutrement, j'en doute un peu. Quoi que...
Il doit être bourré ou alors est-ce un clodo qui s'est perdu et vient ME casser les noix dès le matin ? Mais si c'était un clodo, cette bourse c'est bien de l'argent non ? Alors pourquoi c'est là ? Il cherche à me voler ? Ouai mais non c'est pas à moi, j'le saurais. NYARRRGH ! Trop d'infos dès le matin.
— T'ES QUI BORDEL ?!
La fatigue, l'accoutrement, la vue, la colère, bref tout le mélange en moi fait que je n'ai pas reconnu que c'est un des Genin du village en face de moi. Faut dire que la situation reste quand même exceptionnelle et quand il s'agit de ma famille, je suis très protecteur. J'ai bien assez perdu de proches comme ça pour laisser un quelconque énergumène venir tenter un truc.
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# Re: Dommage collatéral [Pv: Seiba] Mer 20 Avr - 17:45
Zut.
Brève absence. Il valait mieux la jouer fine.
Ce n’était pas dans les habitudes de Zenzo de prendre d’assaut une fortification au hasard, néanmoins, il se débrouillait pas trop mal pour retomber sur ses pattes. Soit par une extrême politesse, soit par d’improbables mensonges. Après tout c’était déjà lui la victime - En témoignait ses malheureux pieds malmenés par l’action.
Le garçon avait cela pour lui ; ce n’était pas un grand mythomane par nature ; mais d’ordinaire plus enclin à s’exprimer d’un ton solennel, il parvenait sans mal à conserver un tel timbre quand bien même l’objet du discours ne relevait d’aucune noblesse. Baissant la tête, penaud, face à l’incendie adverse, il prenait donc la parole, ne se privant pas de montrer un certain agacement faute à ses plaies.
- Bonjour... Ne vous énervez pas… Il y a méprise.
Je ne cherchais pas à défoncer quoique ce soit. Votre portail était ouvert et je me suis malencontreusement pris dedans… Ma mère est souffrante, je partais lui trouver des plantes et cette maudite barrière m’a fait obstacle. Je me suis empêtré dedans et j’ai tout cassé.
Je l’admets.
D’où la bourse. Je ne voulais pas faire un scandale dans tout le quartier, ni vous réveiller pour si peu. Ce n’est qu’une barrière après tout… même mes chaussons valent plus cher, soit dit en passant.
Enfin, « valaient »…
Mince, il s’égarait.
Grande inspiration. Le Kinubari joignait les mains et se penchait légèrement en signe de pardon, poursuivant.
- Veuillez accepter mes plus sincères excuses : J’ai manqué de vigilance de si bon matin en apercevant pas votre portail mal fermé et donnant sur la rue alors que je cherchais à sauver ma mère. Veuillez accepter ces quelques pièces afin de faire une croix sur cette histoire, d’autant que je suis déjà blessé… … et pressé.
Un flot de paroles transporté par une voix légère et contrite. Mains toujours jointes, yeux clos, sa prière attendait d’être exaucée. Même si dans l’idée, il n’avait pas réellement répondu à la question, comptant d’avantage sur l’absurdité de la situation pour s’en tirer à bon compte.
# Re: Dommage collatéral [Pv: Seiba] Jeu 21 Avr - 10:03
Dommage collatéral
J'écoute ses dires, le katana dégainée mais rapidement je reprends mes esprits et m'aperçois finalement qu'il est plus perdu qu'autre chose. Je soupire en le voyant demander pardon. Je range mon sabre dans son fourreau. Je me baisse pour ramasser la bourse et la lui relance. Mon calme retrouvé, je finis par me souvenir plus ou moins de lui. Je n'ai plus son nom exactement mais c'est un Genin. Je lui réponds plus décontracté.
— Reprends ton argent, tu en auras besoin à l'avenir. Juste que ça ne se reproduise pas, prendre soin les uns des autres fait aussi partie de la discipline dans nos villages.
Ma mère a entendu les mots et arrive pour jeter un oeil à l'individu qui a osé faire un tel grabuge de si bon matin. Elle remarque les blessures à son pied. Son sourire sur le visage, elle me donne une tape dans le dos pour me faire comprendre les choses avant de s'éclipser pour préparer le petit déjeuner.
— Reste pas planté là et entre que je m'occupe de ta blessure avant qu'elle ne s'infecte. Je ne t'apprends rien, surtout dans un tel environnement ça va très vite.
Je le laisse entrer en premier en prenant soin de vérifier l'état du portail qui, même si les dégâts sont là, reste toujours utilisable. Je verrai une autre fois pour les réparations. Une fois à l'intérieur, Yuko ,ma petite fille, vient à nous alors qu'on s'installe dans la pièce à vivre pour prendre le petit déjeuner avec vue sur le jardin typiquement japonais. Timide, Yuko se cache derrière mon dos, assise près de moi en jetant parfois quelques regards de curiosité dans la direction du jeune blond.
— Montre-moi ta blessure que je te fasse les soins rapidement. D'ailleurs, comment t'appelles-tu ? Moi c'est Yama Seibā, j'ai déjà du te voir pendant l'un de mes cours ou lors d'un entrainement.
Le jeune gars me tend son pied que j'examine.
— Hm, bon rien de bien méchant.
Je place mes mains au-dessus de sa blessure, me concentre un instant et déploie le mana sur la zone à soigner(1). Pendant l'opération, ma fille se tient debout,agrippée à mon pull et regarde la scène avec curiosité et fascination. Au bout d'une petite minute, la blessure est refermée et ma mère nous apporte le petit déjeuner. Elle ne dit pas un mot mais partage un sourire de bienveillance au jeune homme avant de s'asseoir autour de la table.
Comme à son habitude, je fais asseoir la petite entre mes jambes pour qu'elle puisse manger tranquillement et s'adosser à moi si besoin. Je l'aide dans sa tâche pour lui préparer quelques pâtisseries avec son verre de thé que je refroidis en soufflant dessus à quelques reprises.
— Ne fait pas ton timide et sers-toi, il y en a pour tout le monde et vu ton état, je suis sûr que tu n'as pas mangé ce matin.
Un léger silence s'installe laissant place aux tintements des couverts et au shishi odoshi, la fontaine bambou typique japonaise, qui claque dans le jardin. Je prends une petite gorgée de thé avant de reprendre.
— Dis-moi, que faisais-tu à une heure si matinale et dans ton accoutrement ? Tu m'as dit être pressé.
Ma petite Yuko s'adosse contre moi, le sourire aux lèvres et encore à moitié endormie.
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(1) - Branche Irou I : C1 Apprenti
# Re: Dommage collatéral [Pv: Seiba] Jeu 21 Avr - 11:03
Vœu exaucé. Quand bien même les propos du blondinet s’évertuaient à répartir la faute d’une si absurde situation entre les deux protagonistes, le propriétaire des lieux jetait quant à lui rapidement l’éponge pour plutôt faire preuve d’un altruisme… pour le moins exemplaire.
Un soupir de soulagement après les soins prodigués, et voilà que Zenzo se retrouvait propulsé contre toute attente dans l’enceinte de la maison.
- Zenzo... Marmonnait-il en guise de réponse, se sentant cette fois-ci sincèrement coupable.
Prostré, lui qui avait pour habitude de rapidement occuper l’espace se sentait alors tout petit. Pour cause cette atmosphère chaleureuse qui contrastait excessivement avec celle de son propre domicile ; la vue de la minuscule gamine confortablement appuyée par le chef de famille ne manquait pas de l’attendrir, lui rappelant avec émotion les moments partagés avec sa lointaine nourrice.
Il esquissait un mince sourire. De son prétendu empressement, il ne restait plus rien.
Parce qu’il se sentait bien, ici, malgré le mensonge responsable de son intrusion. Mensonge planant au dessus d’une conversation logiquement entretenue par son hôte. Celui-ci ne s’étant visiblement pas épanché sur les justifications de tantôt – Sans doute les avait-il tous sortis du lit, transposant son propre fléau matinal à un autre foyer.
- Je… Merci, vraiment. Comme je le disais… ma mère est dans un piètre état et je pensais… la calmer… vous savez, il y a cette boutique à encens tenu par un rebouteux… Elle ne trouve pas le repos sans y être aidée alors… comme il n’y a pas d’autres solutions...
- Pardon. Je suis vraiment ému. Je ne m’attendais pas à accueilli par un couple aussi charmant... Osait-il sans pourtant avoir vraiment prêté attention à la dame, au-delà du sourire accablant ayant aussitôt poussé son regard vers d’autres retranchements.
Tels que les contours du logis. Bien plus modeste que le sien, et pourtant il lui apparaissait comme plus grand, ou plus « garni ». Complet, quoique épuré. Témoignant assurément de la vie et d’un entretien assidu en retour.
- C’est un beau lieu pou grandir, elle a de la chance. Soufflait-il enfin, s’attardant de plus belle sur l’enfant.
Son désœuvrement du matin le rattrapait. Difficile de céder à un calme si naturel après avoir quitté à la hâte la furie imprévisible régnant chez lui. Ici, il s’agissait d’un foyer solide. Rien à voir avec ce que pouvait bâtir sa misérable mère, qui malgré son état toujours plus décadent, se refusait même à mourir – Ignorée par le Feu contrairement aux autres prestigieux Kinubari d’antan, à peine animée d’une flamme si fébrile qu’elle ne pouvait que se consumer à froid…
# Re: Dommage collatéral [Pv: Seiba] Jeu 21 Avr - 16:32
Dommage collatéral
La timidité, ou le malaise peut-être, se lisait sur l'invité. Il me rappelle moi lorsque je me retrouve dans une situation assez inconfortable, étant moi-même introverti. Sachant cela, je le laisse trouver tranquillement trouver son aise dans cette maison très simple et riche en souvenirs. Un sourire finit néanmoins par s'afficher sur son visage matinal. Je l'écoute me parler de la santé de sa mère et de nouveau, son regard se fait plus sombre.
Les problèmes de famille ne sont jamais simples malheureusement. L'invité prend une bouchée et sa parole qui suit me tire un regard surprit : je tourne ma tête vers ma mère, elle me regarde aussi et nous partons dans un fou rire grandiose, même ma fille qui ne comprenait rien à la situation rit en synchronisation. J'essuie les quelques larmes de joie.
— Non, non tu te trompes Zenzo hahaha, nous ne sommes pas un couple. J'ai oublié de faire les présentations : voici ma mère Yama Shizuka et ma fille Yama Yuko. Ma défunte épouse n'est plus parmi nous.
Mon regard s'échappe un instant vers l'extérieur, les portes coulissantes ouvertes. Une pensée et prière s'en vont pour ma défunte femme et feu mon père, malgré les dernières nouvelles qui pourraient le concerner. Ma fille me tire de mon songe en se balançant contre moi. Je lui câline la tête, heureux qu'elle soit présente dans ma vie. Un réel bonheur.
— Oui, c'est un lieu emplit de souvenirs, qu'il soit triste ou bon, c'est ce qui rend ce lieu aussi puissant émotionnellement. Quant à ta mère, j'imagine que vous avez tout essayé ? Je ne sais pas si c'est le cas mais des médecins ou alchimistes aguerris peuvent peut-être vous apporter des réponses à ses problèmes de santé non ?
Mes propositions sont des solutions évidentes et il a surement dû y penser. Pour autant, parfois un médecin ou un chimiste sort du lot en découvrant de nouvelles utilités aux pilules. Il faut toutefois qu'il mène des recherches plus approfondis en suivant médicalement sa mère mais ça, c'est une question de choix que seuls eux pourront faire.
— La recherche ne cesse d'évoluer et je suis sûr qu'avec un suivi particulier, la médecine pourrait trouver un remède à sa santé fragile.
Ma petite Yuko se lève en prenant appui sur moi et, comme si elle le ressentait, elle s'avance vers le jeune garçon et le câline longuement. Ma mère sourit à son tour face à cette scène pleine d'amour et de tendresse. Le monde devrait être ainsi : de l'amour et de la tranquillité d'esprit. On pourrait croire que je suis naïf à mon âge mais c'est mon plus grand espoir : celui de pouvoir un jour vivre en paix avec ma famille, m'occuper d'eux sans craindre pour leur vie.
Yuko revient vers moi en courant, timide et gênée du geste qu'elle vient de faire. Je l'attrape et lui embrasse le front avant de la reposer sur moi. Mon regard retrouve Zenzo.
— Si tu as besoin d'aide, n'hésite pas à me demander, si je peux t'apporter ne serait-ce qu'un peu de soutien en ces temps troubles, je le ferai. C'est notre devoir que d'aider notre prochain.
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# Re: Dommage collatéral [Pv: Seiba] Jeu 21 Avr - 18:55
L’amusement général extirpait le jeune homme de son malaise, ou du moins le remplaçait par un autre toutefois plus sain à assumer. Au moins cela lui permettait visiblement de marquer un bon point… Quoique ici, les apparences ne semblaient pas vraiment compter. En entendant le mot « défunt », il se renfrognait dans un bref mutisme, pupilles fermées et élevant deux doigts comme pour commémorer à sa façon sans rebondir sur le sujet.
Une furtive démonstration rapidement suivie du dérobage habile d’une nouvelle confiserie. Habitué à des petits déjeuners copieux, il ne risquait pas de plaindre à cette table et ne semblait en aucun cas gêné de révéler son appétit. Cela l’aidait par ailleurs à se décontracter. Tout comme la touchante apparition de la fillette à son contact, qui le laissait pantois. Si bien que lorsque Seiba revenait à la charge concernant sa maternelle, il s’exclamait d’un ton nouveau :
- Ha! Si seulement ce n’était qu’une affaire de « santé fragile » !... Pestait-il, un zeste de mépris à l’appui.
Bref silence. Son regard oscillant de droite à gauche avant de se focaliser sur la tasse de thé aussitôt saisie. Bon. Peut-être valait-il mieux qu’il développe plutôt que de terminer sur une telle note. Après une lente gorgée, il reprenait.
- Hrm. Elle n’est pas vraiment malade : Plutôt dégénérée.
Pesait-il le poids de ses mots ? Visiblement non. Sans doute l’avait-il trop souvent qualifié ainsi pour s’en rendre compte, au point que l’amertume s’était substituée depuis longtemps à la pitié.
- Ma famille a été emportée par la Nuit du Grand Feu, sauf elle. Elle ne s’en est jamais remise. En fait… son état n’a fait que s’aggraver avec le temps. Peu importe ce que je peux faire. Elle n’a même jamais su me dire qui était mon père ! Ahahah… enfin quand elle veut bien m’adresser la parole. Cocasse non ?
Ni son rire fugace ni son vocabulaire ne semblait coller avec la gravité de la situation arrivée comme un cheveu sur la soupe. Lui ne semblait pas traumatisé en tout cas. Juste agacé, usant inconsciemment de son recul afin de mieux tirer sur l’ambulance.
- On ne peut pas toujours aider. Mais je vous remercie pour l’attention, en tout cas.
Il soupirait ensuite.
Oui, une véritable cause désespérée. De l’aide, Zenzo en avait eu besoin très tôt.
Et par ses propres moyens il s’en était procuré, en approchant l’Ordre de la Flamme.
# Re: Dommage collatéral [Pv: Seiba] Jeu 21 Avr - 22:04
Dommage collatéral
Je prends une pâtisserie que je déguste en l'accompagnant avec une gorgée de thé sucré. La petite me tire la manche du vêtement pour en avoir un morceau : je coupe le gâteau en deux et lui donne dans la main. Elle prend plaisir à manger en laissant quelques miettes tomber sur moi.
A cet instant, les propos du jeune blond sur sa mère me surprennent et me font tourner la tête dans sa direction, sourcil arqué. La suite de son histoire est une réelle tragédie et, inconsciemment, je ressens une certaine proximité avec lui. Nos mères ont toutes deux été victimes et survivantes de cette nuit. Elles sont marquées à jamais. Je ne peux m'empêcher de jeter du coin de l’œil un regard tendre à ma mère qui fait mine de n'avoir rien entendu et mange tranquillement en buvant son thé.
C'est tout elle ça : elle ne laisse rien transparaitre. Sa vie a été difficile et aujourd'hui, on peut en voir les blessures mêmes si elle ne les montre pas. Le simple fait d'agir comme elle le fait est pour moi une blessure plus grave qu'une blessure physique. Une grande combattante qui ne se voit pas au premier regard mais elle a été une shinobi toute sa vie. Voilà pourquoi aujourd'hui je me dois de prendre soin d'elle car pendant toutes ces années, elle n'a cessait de le faire pour moi, si je peux lui rendre ne serait-ce qu'un pourcent de ce qu'elle m'a donné, je le ferai.
Raison de plus que de sentir cette tristesse en moi en voyant comment se passe le traumatisme chez la mère de Zenzo. Je ne peux que témoigner du respect envers lui et elle pour les difficultés rencontrées. Pourtant, malgré tout ça, je ressens un certain détachement du Genin vis à vis de la situation : une bonne chose en soit, ça le protègera par la suite. Ma mère se lève tranquillement et fait un geste à Yuko pour qu'elle l'accompagne nous laissant en tête à tête dans la pièce.
— Tu as mon soutien dans cette traversée personnelle Zenzo, n'oublie pas que ma porte te sera ouverte si jamais tu as besoin de quoi que ce soit. N'hésite pas à venir en parler. Ma mère aussi a vécu cette nuit tragique et a survécu et même si cela ne se voit pas sur elle, ce genre d'évènement est marquant psychologiquement.
Je me tais un léger instant, mes iris dorés toujours plantés sur lui, et réfléchis à ce qu'il m'a raconté. J'aimerai pouvoir l'aider si possible.
— J'y pense mais tu m'as confié que lorsque tu parles de ton père avec elle, soit elle ne répond pas, soit sa maladie l'empêche de te répondre c'est ça ? Hm...
Main sur le menton, je reprends aussitôt.
— Penses-tu qu'il aurait un lien avec le fait que ta mère soit malade ? Peut-être que tu devrais tenter de creuser le sujet avec elle d'une façon ou d'une autre. Un moyen de communiquer existe toujours entre deux êtres et même dans son cas, sans lui manquer de respect, je pense qu'il y a un moyen d'échanger avec elle. Qu'en penses-tu ?
Il est plausible qu'elle ne fait que jouer un jeu avec son fils pour cacher une information qu'elle estime trop importante pour être dévoilée. Parfois, il est plus aisé de jouer le fou que de tenter de jouer les cachotiers. Un fou a tendance à repousser naturellement.
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# Re: Dommage collatéral [Pv: Seiba] Ven 22 Avr - 10:19
Pour le coup, ça, il ne risquait pas de l’oublier ; jamais on ne lui avait autant martelé le souhait de l’aider, au point que cela en devenait presque suspect. Mais du témoin transparaissait toutefois une réelle bienveillance, légitime puisque également concerné par le fameux phénomène mentionné. Le Kinubari ne s’en étonnait pas tant. Sakyuugakure dans son ensemble portait les séquelles de cet épisode, ainsi chaque famille connaissait de près ou de loin ce saint crépitement, embrasant encore le palier de leur foyer. De nouvelles générations émergeaient naturellement, mais quelques décennies ne suffisaient vraisemblablement pas à leur épargner les répercussions.
Tout du moins, pas toutes.
Le blondin observait avec respect la discrète doyenne de cet habitat, s’éclipsant en même temps que l’innocence de la conversation. Oui, de cette dernière émanait une incontestable stature. Raison pour laquelle son fils, aussi sage semblait-il, basait son raisonnement sur un champ des possibles bien plus vaste et optimiste.
Sauf qu’il ne réalisait pas que ses questionnements teintés de positivisme, une fois partis à la rencontre de l’esprit sévère de son interlocuteur, se permutaient pour ne plus laisser place qu’à de viles aiguilles.
- Je pense que ce ne sont que des foutaises. Soufflait-il tout bas sans affronter le regard de son hôte.
Creuser.
Creuser. Depuis sa plus tendre enfance il s’y était essayé… si ni l’insouciance d’un gamin ni l’insolence d’un adolescent n’y était parvenue, l’adulte qui en découlait progressivement ne s’en sentait plus capable. Happé par tout le reste, Zenzo avait admis que concernant sa génitrice, plus rien ne pouvait y faire – Encore moins rattraper le temps perdu, et tout ce que cela impliquait.
- On ne parle que lorsqu’elle le décide, et c’est rare. La plupart du temps elle est juste déphasée... ailleurs. M’ignore. Elle ne m’évoque que des anecdotes sur mon grand-père, rien de plus…
Parce que oui, parfois, Kinubari no Ponyo s’animait d’un engouement terrifiant. Ravie de ressasser, sans crier gare, de vieilles histoires de famille, riant ou pleurant mais cette fois-ci de joie. De fugaces échanges parsemant des mois d’« agonie sociale ». Ce n’était rien de plus qu’un spectre du passé, aux expressions sinistres et hasardeuses. Rien à voir avec l’équilibre émanant de cette famille-ci.
Enfin… peut-être qu’au fond de lui demeurait l’espoir. L’espoir d’en apprendre plus, peu à peu, tel le déchiffrage quotidien d’un livre aussi énigmatique que frustrant. Sinon, peut-être aurait-il cédé à l’achever, car cette pensée revenait de façon récurrente malgré l’horreur que cela comportait.
Il se redressait, las.
- Vous savez Seiba-senpai, je ne la considère pas vraiment comme ma mère. Finissait-il par admettre, comme pour désamorcer l’effort de considération dont son interlocuteur faisait preuve. Ce n'est pas une maladie. C'est son souhait. Elle a abandonné, m'a abandonné. Sans avoir le cran d'en finir une fois pour toute... et moi dans tout ça, je n'ai aucun autre choix que de la servir... Mine éteinte. Ma vie aurait sans doute été meilleure si… enfin. Je m’occupe d’elle depuis toujours. J’ai tout essayé.
Ou presque.
Depuis quelques temps, il s’efforçait à la sortir de ses gongs. En ne se privant plus de porter l’armure familiale au moment de lui servir ses repas, ou en la harcelant afin créer des situations nouvelles. Nombre de ses tentatives se soldaient par des échecs ou des scénarios prévisible, mais, au moins, il entretenait l’espoir d’en apprendre d’avantage.
Un moyen d’échanger ?… Oui, peut-être.
# Re: Dommage collatéral [Pv: Seiba] Ven 22 Avr - 18:00
Dommage collatéral
Les expériences de la vie forgent le caractère et Zenzo est typiquement ce type d'homme. Oui un homme. Si certains sont encore en pleine phase d'adolescence, lui il l'a dépassé depuis longtemps et le seul fait de le voir réagir et de poser des mots durs pour décrire la situation dans laquelle il se trouve, me prouve qu'il en a bavé et qu'il en bave encore. Sinon, il ne serait pas là à écouter les paroles d'un vieux. Ma première impression de lui est qu'il a un esprit fort et courageux.
J'écoute ses dires sans me prononcer, je sais reconnaitre ma limite et il semblerait que je l'atteigne. Nous ne nous connaissons que de loin, nous n'avons jamais réellement échangé et malgré ça nous avons ouvert nos cœurs l'un à l'autre, même s'il ne s'agit que d'une infime partie. Et c'est lorsque mon invité prononce les mots "je ne la considère pas vraiment comme ma mère..." et tout ce qui en suit que je me tus, le regard dans le vide.
Était-ce là réellement ses pensées ? Est-il a ce point au fond du gouffre pour prononcer de telles choses ? Mon cœur se serre car inconsciemment, je me suis imaginé à sa place le temps d'un instant et dire ça de ma mère. Je ne peux imaginer dans quel état son cœur doit être. Il pense vouloir sa mort mais j'en suis sur qu'au fond il reste près d'elle car il l'aime sincèrement et souhaite son rétablissement sinon pourquoi serait-il encore à ses côtés ? Il aurait pu partir du jour au lendemain au sein de l'armée, la laissant seule avec elle-même.
A l'avenir, je dois prendre plus le temps de parler avec mes élèves, je dois apprendre à passer un peu de temps avec eux pour leur éviter de tels scénarios. Notre devoir d'adulte est aussi d'accompagner nos jeunes à se développer en gardant un certain équilibre physique et psychologique. Zenzo... Que puis-je faire pour lui apporter un peu de réconfort ? Peut-être que...
— Changeons un peu de sujet : as-tu déjà une équipe ? Si non, je te propose une place au sein de la mienne. Nous pourrions apprendre à nous connaitre et à travailler ensemble. Sache que notre conversation restera entre ses murs et sauf si tu me le demandes, je n'aborderai jamais le sujet en dehors de ses murs.
Le soleil se lève dans le ciel, apportant une agréable chaleur dans la pièce où nous nous trouvons. Nos visages se font illuminer par la lumière et, le sourire aux lèvres, je me lève le ventre plein et prêt pour cette nouvelle journée qui s'annonce sportive. Je me tourne vers lui.
— Zenzo, faisons de cette journée une bonne journée. Laisse un instant tes soucis de côté pour profiter des moments en dehors de chez toi. Profite de tes rencontres, elles ne sont pas un hasard si elles surviennent dans ta vie. Aujourd'hui, grâce à toi j'ai appris une chose : je t'en remercie humblement.
Je lui tends la main pour l'aider à se relever.
— Change ton destin, ne te laisse pas enfoncer dans ce gouffre sans fond, tu n'y trouveras rien. Lève la tête, tu y verras plus clair. Je reste à tes côtés.
Et comme faisait mon mentor à l'époque, je lui claque le dos avec la main pour le réveiller un peu tout en riant de bon cœur.
— Bon par contre, rentre te changer avant d'aller aux entrainements du jour.
Je me tourne légèrement de profil.
— Yuko ! Tu viens dire au revoir !
La petite revient en courant, les bras écartés comme si elle faisait l'avion. Elle fonce dans la jambe de Zenzo et la sert fort. Elle lui fait ensuite un bye bye de la main, la frange tombant sur ses yeux, le sourire aux lèvres.
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