Invitation autour d'un thé

Watari Hanami, un nom qui est venu deux fois aux oreilles de la fidèle d'Izanami. La première, lorsque son petit frère est revenu à Toge  et qu'il lui a parlé de mille et une choses. Une réunion familiale haute en couleur. La seconde, de la bouche du Prince Impérial, une recommandation sans nulle doute qui fait germer l'espoir d'une collaboration.

En réponse à cela, comment la Chunin aurait-elle pu laisser passer l'opportunité d'invoquer la Seizanjin, une fois que la nouvelle de sa présence à Toge soit arrivée à ses oreilles ? Elle n'a pas perdu de temps. La prêtresse d'Inari a immédiatement fait passer une invitation à la noble aux cheveux d'ébène. Le lieu de rencontre ? La maison même de l'Usui, celle-ci considérant que cela serait peut-être plus adéquat si elles venaient à parler d'alliance. Car, Shizuka espère bien pouvoir monter une alliance avec la famille Watari pour se protéger de sa propre famille et renforcer son influence. Elle aimerait également pouvoir obtenir des informations des contrées sud en ayant un contact fiable là-bas. Et, évidemment, il y a le sujet des kitsune qu'elle souhaiterait aborder.



Shizuka marque une courte pause, ouvrant en grand la porte de sa maison et se décalant sur le côté avant de reprendre.



Refermant la porte derrière son invité, la femme à la chevelure d'ivoire la guide jusqu'au salon  où la table n'attend plus qu'elles. Deux tasses se font face et entre celles-ci se trouvent la théière et deux récipients, l'un contenant des fruits et l'autres des biscuits. Shizuka sert le thé.

Invitation autour d'un thé

Hanami plante le contexte de la rencontre et les graines de son argumentaire dès ses premiers mots. S'entendre sur des sujets importants, hein ? Elle ne passe pas par quatre chemins mais cela plait bien à Shizuka. Même si celle-ci est un peu inquiète de la description que son frère a pu faire d'elle, étant donné qu'ils sont rarement sur la même longueur d'onde et qu'ils se disputent souvent.



La femme à la chevelure d'ivoire est ravie de constater que la décoration plait à son invitée. La décoration est simple mais raffinée, dans un style traditionnel mais qui ne fait pas vieillot. Les couleurs bleues, blanches, noires et vertes dominent. La Chunin prône un certain équilibre des couleurs.
La Seizan mentionne brièvement son amitié avec Byakuren. Elle n'en dit pas assez pour satisfaire la curiosité de l'hôte mais en dit suffisamment pour que ce ne soit pas irrespectueux et pour qu'il soit au contraire impoli d'insister. Ainsi, la scientifique se contente d'un hochement de tête lorsque son interlocutrice lui dit qu'il y a beaucoup de chose à se dire.

Même si la Watari ne prononce pas directement le mot Kuchiyose ou Kaminotsukai, il n'est pas difficile de comprendre que c'est ce qu'elle implique lorsqu'elle mentionne un compagnon ailé. Ce qui fait évidemment penser à la prêtresse d'Inari qu'elle devrait se pencher sur la question de son changement de pacte. Elle note avec un certain intérêt qu'Hanami semble être en contact avec le clan Doji.



Shizuka hausse un sourcil. Elle ne s'attendait pas à ce que son interlocutrice dise vouloir rejoindre le Bureau d'Etude des Yokais. Aurait-elle pour plan de changer de village ? Dans le cas contraire, elle trouverait ce voeux assez osé même s'il est possible que la Watari soit compétente dans le domaine, surtout avec la dispute qu'il y a eu en mission entre des soldats de Toge et de Seizan -la fameuse enquête au village Sakura-. Les villages ont des murs et des institutions distinctes et ne suivent pas forcément les même objectifs. Shizuka ne serait pas étonnée qu'un jour des conflits naissent entre les villages.



Avec la suite du discours, la femme à la chevelure d'ivoire comprend mieux ce qu'a dit la Seizanjin quelques secondes plus tôt. Non seulement, elle souhaite rapprocher son clan de la famille Usui, mais elle souhaite également rapprocher Seizan et Toge, une idée ambitieuse et peut-être un peu compliquée voire peu réaliste avec les tensions présentes. A vrai dire, la Togejin n'est pas sûre que n'importe quel rapprochement entre village serait bénéfique. Certains types de rapprochements pourraient bien être néfastes.

Invitation autour d'un thé

Shizuka plisse les yeux. Elle se demande ce que Shingen a pu raconter à Hanami pour que celle-ci soit aussi sûre qu'il est quelqu'un de bien, qu'il respecte sa soeur et qu'il compte sur elle. Ce n'est pas l'impression qu'elle a lorsqu'elle parle avec lui. Mais, elle voit effectivement les bonnes convictions de son cadet, même si elles sont toutes plus ou moins gâchées par ses actes et ses mots. Elle décide de ne pas rebondir dessus et se contente de sourire en hochant la tête.

La femme à la chevelure d'ivoire laisse un soupir amusé lui échapper. Cela lui fait étrange d'apprendre que la Seizanjin avec laquelle elle discute a également un frère ecclésiastique. Comme si c'était la mode. Elle se demande si elle comprendrait mieux Shingen et s'entendrait mieux avec lui s'ils étaient jumeaux comme les Watari. Enfin, ne serait-ce qu'avoir été élevés ensembles aurait certainement aidé.



La Togejin hausse un sourcil lorsque son interlocutrice parle de ses entrées officieuses à Toge. Elle ne sait pas vraiment comment le prendre. Certains pourraient sans doute voir ça comme une forme d'espionnage, de vol d'informations, ce qui n'est pas vraiment rassurant même si elle comprend l'importance de s'informer sur les yokais et l'intérêt que peut susciter le Bureau d'Etudes. La scientifique cligne des yeux quand Hanami mentionne son Kage, comme si elle était proche de lui et qu'elle avait reçu son feu vert pour entreprendre de telles actions. Si elle avait été Jonin, peut être que Shizuka aurait vu ça d'un meilleur oeil, mais elle a l'impression que cette Chunin se donne plus d'importance et de droits qu'elle ne devrait en avoir.



Son aveux n'est pas bien rassurant. La prêtresse d'Inari veut obtenir le pouvoir, prendre des décisions et changer des choses mais jamais elle n'oserait l'avouer ainsi à quelqu'un qu'elle connait à peine. Surtout lorsque ce genre de mots pourraient englober une mention de trahison. Car, si on se place du côté du pouvoir, le pouvoir étant changeant, cela implique que l'on n'est pas contre la trahison, quelque chose qu'ironiquement la Togejin déteste par dessus tout. Il n'est pas question qu'elle s'allie avec quelqu'un qui change aussi facilement d'allégeance.

La Watari joue un jeu dangereux. Shizuka prend souvent des risques mais, pas de si gros, pas de risques qui pourraient mettre en péril la situation géopolitique d'Onogoro. Et, même si elle est relativement orgueilleuse, elle n'oserait pas annoncer souhaiter bouleverser l'échiquier politique par elle-même ou prendre ce genre de décision sans l'aval de son Kage.



La scientifique aimerait bien trouver un parti à son frère dans l'espoir qu'il se calme. Néanmoins, a-t-elle vraiment envie de s'allier à quelqu'un d'aussi téméraire. De plus, Shingen n'avait pas l'air très emballé quand Shizuka lui a dit qu'elle lui trouverait quelqu'un.

Invitation autour d'un thé

Au grand culte du Kamisuuhai ? Voici une réponse étrange. Hanami répond totalement à côté de la plaque. Kamisuuhai n'est pas un dieu mais un culte et il existe de nombreux dieu au sein de ce culte. Soit la Seizanjin ne voue aucun intérêt à la religion et beaucoup moins d'intérêt à son frère que ce qu'elle prétend, soit elle se moque ouvertement de Shizuka. C'est assez difficile à définir mais la scientifique aurait plutôt tendance à penser que c'est juste une ignare étant donné qu'elle n'aurait aucun intérêt à se moquer de quelqu'un avec qui elle souhaite former une alliance.



La scientifique essaie de montrer gentiment que son interlocutrice n'a pas très bien compris ce qu'elle voulait dire -ou bien que sa réponse était totalement à côté de la plaque et pouvait être vue comme une marque d'ignorance-. Shizuka n'en dit rien, mais elle pense d'ailleurs que cette fierté de la famille Watari à l'égard du prêtre n'est pas tout à fait bien placée ou du moins que c'est assez étrange. La vie d'ecclésiastique est une vie comme une autre et nulle vie humaine n'est supérieure à une autre -après cela dépend bien entendu de la définition que l'on attribue à l'humain-.

L'absence de doute d'Hanami est peut-être ce qui fait le plus peur à Shizuka. Le doute est inhérent à la nature humaine et une preuve de réflexion avancée et de remises en questions. Une personne qui doute est une personne qui évolue, une qui ne connait pas le doute est bloquée à un instant précis, elle stagne. Mais le pire dans tout ça, c'est qu'elle dit ne pas avoir besoin de gagner en importance,  déjà être importante. La Chunin fait mine d'être surprise et peinée, mettant sa main devant ses lèvres avant de poursuivre.



Elle ne pouvait pas se retenir de faire une remarque piquante face à son interlocutrice qui, plus elle parle et plus elle lui semble narcissique. Ce serait une héroïne qui sauverait le village de Toge du monopole de l'information de son propre village. Vraiment... Heureusement qu'elle n'attend pas de recevoir des autorisations...



Il y a des règles, elles doivent être respectées. Parfois, il y a des urgences qui font qu'on peut s'en affranchir mais Shizuka a l'impression que son interlocutrice s'en affranchie sans raison, sur un coup de tête.



Plus la fidèle d'Izanami parle avec Hanami et plus elle est confuse. Cette femme semble détenir beaucoup d'informations mais en même temps, Shizuka n'est pas sûre de pouvoir lui faire confiance. Elle doute de sa sincérité et surtout, de ses compétences. Son ignorance vis à vis du Kamisuuhai alors qu'elle a un frère moine n'est pas pour l'aider.

Invitation autour d'un thé

Shizuka trouve cela étrange d'ainsi prier tous les dieux du kamisuuhai. Elle en prie deux, Tsukuyomi et Inari, en plus d'Izanami bien évidemment. Mais, prier tous les dieux ? Chaque divinité a plus ou moins sa philosophie et toutes les philosophies ne sont pas forcément compatibles mais soit, il existe des idiots dans tous les domaines. Peut-être que ce frère est de ceux-ci qui privilégient la quantité à la qualité et qu'il pense qu'en priant plus de dieux, il lui arrivera plus de bonnes choses et moins de mauvaises. Mais si la femme à la chevelure d'ivoire est beaucoup dans le jugement, elle est moins sévère envers ceux qui ont la foi tant qu'ils ne vont pas encourager la lâcheté d'Izanagi.



La Chunin manque de s'étouffer lorsque son interlocutrice lui dit en face que la prochaine étape serait effectivement de rencontrer le Togekage. A vrai dire, elle n'en croit pas ses oreilles. Elle-même, Chunin de Toge issue d'une famille noble n'oserait pas demander une audience avec son kage. Cependant, une Chunin d'un autre village se présente devant elle et lui dit clairement qu'elle souhaite rencontrer son kage, membre de la famille impériale comme ça. Elle parle encore de son cercle et semble sous-entendre qu'il se trouve ici, à Toge. De quoi parle-t-elle ? A-t-elle des espion ? La façon dont elle en parle est inquiétante.



Ce n'est pas que Shizuka n'est pas intéressée. Au contraire, elle est très intéressée à l'idée de se faire des contacts et des partenaires commerciaux, voire des alliés. Cependant, Hanami ne renvoie pas une très bonne image et la femme à la chevelure d'ivoire n'a jamais entendu parlé de ces choses qu'elle a faites de si incroyables. Elle doute donc de leur authenticité mais même si elles étaient vraies, elle n'apprécierait pas plus la condescendance de son interlocutrice, chose qui est assez culotée surtout quand on vient demander un service.



La Seizanjin ne semble pas vouloir discuter davantage ce qui, au final, arrange bien la scientifique même si elle est épuisée à l'avance de devoir dire à Shingen que oui, il avait raison et que cette femme n'avait pas l'air si fiable que cela. En même temps, elle a mal à la tête à l'idée de devoir dire à Byakuren que son amie d'enfance ne lui avait pas plu du tout, lui qui avait l'air de penser qu'elles deviendraient bonnes amies. Se levant, Shizuka s'incline respectueusement devant son invitée avant de la raccompagner jusqu'à la porte.