C'était un sentiment étrange qui agitait le jeune homme en faisant face aux murs du village Shinobi. Il y a un an, si on lui avait dit tout ce par quoi il serait passé il ne l'aurait jamais cru. Désagréablement il sent son ventre lui faire mal, le renard savait que c'était psychosomatique... Est-ce que d'ou il est Muzan lui en voudrait d'avoir quitter Sakyuu pour rejoindre Toge et sa famille? Probablement pas, son ami savait a quel point il avait souffert de cette solitude et sans doute lui aurait il proposé cette solution dès le début.

C'était donc dans un secret relatif qu'il avait décidé de revenir par Toge, affublé de son nouveau bandeau frontal accroché a son bras et les parchemins remis par Hashikure-dono pour confirmer son transfert au cas ou un garde décidait de l'arrêter et poser des questions. Néanmoins la missive attenante laissait le renard des plus perplexe. Il ne comprenait honnêtement pas pourquoi le kage retenait des informations sur le contexte de cette découverte, avancer comme ça dans l'obscurité n'était pas des plus efficaces.

Ce ne fut pas très difficile pour le renard de trouver l'adresse de son aînée, plutôt connue parmi les gens du bureau, c'est avec une relative facilité qu'il obtient son adresse. Il faut dire que ce n'était pas la première fois que l'organisation le voyait et que cette fois ne pas être recouvert de bandages et être instable dans ses propos aidait a ce que les gens le prenne au sérieux. De plus le bandeau de Toge l'aidait désormais a être pris plus au sérieux. C'était difficile de se dire que désormais ce village forestier était sa demeure.

Peut-être était-il trop tôt le matin, mais du dos de la main, le jeune homme frappe a la porte qu'on lui avait indiqué. Que dire... Surprise? Non c'est trop convenu...

"Surprise...?"

C'était honnêtement le jour et la nuit entre leur dernière rencontre et maintenant. Vêtu d'une chemise noire et d'un pantalon de couleur identique, il était loin de la loque couverte de bandages qui l'avait trouvé quelques semaines plus tôt. A voir l'apparence de la prêtresse de la lune sans doute la dérangeait-il un jour de repos... habituellement a cette heure la les shinobis étaient déjà au travail. Faisant basculer son bras sur le côté, il met en évidence son nouveau bandeau frontal:

"Cela a été beaucoup plus vite que je ne l'aurais cru... Hashikure-dono n'y voyait aucun inconvénient a partir du moment ou je lui ai dit que c'était pour être proche de toi. Tu sais, on a beaucoup d'orphelins a Sakyuu, entre les yokais, le grand feu et les jashinistes. Pour une fois qu'il y en a moins sans qu'on ait besoin de creuser une tombe."

A cet instant, le jeune homme s'était attendu a ce que son aînée lui permette de rentrer ne serais-ce au moins que pour se réchauffer, sans doute ignorait elle encore qu'il n'était pas vraiment affecté par les températures. Le renard continue néanmoins d'arborer son plus grand sourire, se demandant ce qui clochait avec son aînée. D'un air de plus en plus circonspect, il penche la tête sur le côté en signe d'incompréhension de la situation, reprenant:

"Donc... a partir d'aujourd'hui je vais devoir m'établir a Toge, vivre et combattre ici. On pourra se voir plus souvent et j'ai quelque chose a te donner. Enfin rendre serait plus exacte, c'est a toi que ça aurait du revenir"

Lorsque leur mère avait envoyé le cadet au loin, elle avait laissé des bijoux pour une raison qui était obscure. Preuve de son ascendance ou pour prévoir aux frais de son éducation? En tout cas Shingen avait eu la chance que les moines aient accepté de lui rendre ces quelques effets. Il n'avait cessé d'en prendre soin en tant qu'artisan et souhaitait désormais rendre a son aînée ces quelques bijoux.

Bizarrement, il semblerait que Shizuka ne soit pas décidée a le faire rentrer dans le domicile commençait a mettre Shingen mal a l'aise... Non... tout chez son aînée commençait a déclencher des alarmes dans son esprit, comme un sixième sens fraternel...

"Tout vas bien onee-chan?"

Définitivement, son sixième sens s'affolait. Elle lui en voulait c'était sûr, jamais elle n'avait été si brève dans ses réponses avec lui et cela laissait une impression de froideur extrême... Le renard était de moins en moins a l'aise, pensant faire une bonne surprise a Shizuka a la base et qu'elle allait a défaut d'être heureuse, au moins contente de le voir... La bonne humeur s'évanouissait petit a petit pour faire place a la circonspection:

"Comme ça, je pourrais tenir ma promesse et prendre soin de toi onee-chan"

Ou s'établir... c'était une question que Shingen n'avait pas encore envisagée. C'était même une excellente question... Le jeune renard avait espéré s'entretenir avec son aînée de ce sujet, il ne connaissait pas les quartiers et pouvait même par simple erreur s'installer dans un quartier malfamé ce qui nuirait grandement a la réputation immaculée de la prêtresse. Faisant une petite moue de réflexion il sourit un peu gêné:

"J'en ai strictement aucune idée. Je ne connais pas la ville je pourrais m'installer dans un quartier limite et nuire a ta réputation sans le savoir. J'espérais que tu me conseilles... ou... que l'on vive ensemble...?"

En réalité, vivre avec son aînée était ce qu'il espérait réellement, pas que l'Ermite des épines désormais souhaitait mettre Shizuka dans une situation problématique. Après tout, personne de bonne foi ne pouvait voir quelque chose de concupiscant dans le fait qu'elle ouvre la porte de sa demeure a son petit frère perdu qui la rejoignait... Pas que le renard soit très regardant sur leur lien familial au grand dam de la dame aux cheveux d'ivoire.

"Hein!?"

Ses yeux d'or s'ouvrent grand d'étonnement, mettant quelques secondes a resituer la chose... Donc de un, la petite princesse précieuse lui avait raconté leur entretien hein? En plus de ça il avait décidé de saboter leur relation fraternelle hein? Comment pouvait-il le croire désormais lorsqu'il disait ne pas avoir d'intentions romantiques envers Shizuka? Le problème restait que Byakuren avait admis qu'il allait avoir Shizuka sous sa supervision directe... comment pouvait-il le tenir éloigné? Le tout sans que Hyouren se rende compte de tout ça, c'était le plus important.... il n'était pas sûr d'être capable d'endurer le mécontentement de la princesse impériale...

"Eeeeeeeh... c'est pas ce que tu crois je ne suis pas d'accord avec elle, je lui ai dit en plus a Byakuren."

S'approchant d'un pas, le cadet pose sa main avec douceur sur l'épaule de l'aînée, plongeant ses yeux vulpins dans les rubis de la dame d'ivoire. Inclinant la tête sur le côte, elle obtient un petit sourire de son cadet:

"Si je pensais que tu étais une sorcière, je n'aurais remué ciel et terre pour te rejoindre ni espérerais vivre avec toi. C'est juste que Tsune est un peu déboussolée et jalouse, elle croit que tu me voles. Cela lui passera ne t'en fais pas. Puis elle a tendance a donner des surnoms aux gens... tu sais, elle appelle Hyouren-sensei dame poule a cause de son paon."

Il n'avait pas encore eu le temps de raconter a Shizuka le fait que la princesse impériale avait accepté de lui enseigner le taijutsu, après avoir lourdement influencé le renard en ce sens...

"Aïe... aïe... aïe... attends..."

Il aurait du gronder plus fort Tsune? C'était pas franchement une excellente idée cela n'aurait fait qu'envenimer la chose, la renarde aurait persisté davantage, les cris auraient commencés et l'invocation aurait fini par lancer tous les objets qu'elle aurait eu sous la main... Dire qu'il avait pensé a cela sur le coup aurait été un mensonge, mais Shingen savait que faire assister Byakuren a ce genre de scènes aurait posé plus de problèmes que maintenant.

"Non ne lui fais pas de mal ça lui passera. Elle est comme une enfant si tu la disputes elle fera une crise et persistera. Si tu lui montres que ça t'embête elle va continuer. Si tu fais comme si de rien elle va arrêter."

Se frottant l'oreille, Shingen fait une moue en entendant le reproche vis a vis du surnom qu'avait donné Tsune a sa sensei. Pour le coup le renard ne voyait pas franchement de mal a ça pour une raison simple, elle même ne l'avait pas mal pris et s'était même permise de moucher la renarde qui n'a trop su ou se mettre et avait choisi le premier moment un peu confus pour retourner dans sa montagne. Fixant Shizuka il fait une moue:

"Sensei ne l'a pas mal pris. Elle l'a même plutôt bien vécu et a ris. Tu sais, si cela lui avait vraiment posé des problèmes elle ne m'aurait pas demandé a rejoindre son équipe... Tu serais surprise mais Hyouren-sensei est beaucoup moins accrochée aux protocoles que Byakuren.

Je sais être diplomate quand je veux... mais plus j'essayais de lui faire comprendre plus il avait l'air perdu. Puis regarde j'ai été assez diplomate pour obtenir mon transfert si j'étais le rustre que tu décris les kage auraient refusés."

Elle... acceptait...? Shingen n'en revenait absolument pas. Bon il comprenait ce qu'elle disait pour les règles a suivre, mais jamais il pensait qu'elle accepterait sans avoir a batailler fermement. Passant le palier et posant sa valise, le jeune homme prends son aînée dans ses bras pour la serrer contre lui. Pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient, il n'y avait aucune arrière pensée concupiscente dans son geste. Un pur geste d'affection alors que son visage irradiait de joie:

"J'accepte tes conditions... Je suis si heureux... J'étais persuadé que tu refuserais. Je t'aime Onee-sama."

Cette fois il ne fait pas l'erreur de prolonger trop l'instant. Le renard était persuadé qu'elle allait profiter de son débordement de joie pour le punir mais c'était pas grave. Reprenant contenance et faisant semblant de prendre son temps pour remettre bien ses vêtements, il repose les yeux sur la femme qui lui faisait face, faisant une moue réfléchie:

"Le soucis c'est que comme je n'ai rien prouvé encore a l'épine, j'ai été remis au grade de genin. Ma paie est environ la moitié de la tienne... mais je sais faire le ménage, cuisiner. Je pourrais même te masser le soir pour te détendre. Prendre soin de tes équipements aussi j'ai quelques compétences d'artisanat. Si tu veux une lame, des kunais ou des senbons demande moi."

Quitte a ne pas ramener autant d'argent que son aînée, Shingen voulait au moins compenser par sa bonne volonté et alléger le quotidien de Shizuka en lui retirant la grosse majorité des corvées...

"Tu es vraiment entrain de t'énerver sur un yokai immature... parce qu'il se comporte pas comme un humain...? Je suis surpris Onee-sama, je t'imaginais au dessus ce ces choses la et que tu n'accordais pas une attention disproportionnée. Je te croyais comme la blanche colombe, inatteignable par la bave du crapaud... enfin du renard la en l'occurrence"

Pour être franc... Il était cette fois pas entrain de jouer. Peut-être avait-il surestimé l'imperméabilité aux critique de sa soeur aînée. Il faut dire qu'elle n'avait étrangement pas donné beaucoup de raisons a son cadet aux yeux vulpins de le croire, mais ce dernier avait pensé que cela venait d'une volonté de la femme aux yeux rubis de le préparer a la vie a Toge ou a s'intégrer a sa nouvelle caste. Shingen était déçu d'une telle bassesse de la part de Shizuka, mais surpris? Difficile a dire.

Passant une main dans ses cheveux, le jeune homme fixe la petite femme lui faisant face. Les gens de Toge étaient différents? Oui il l'avait bien remarqué il avait l'impression que la plupart des gens a Toge se baladait en balayant derrière eux... les mains libres... dirait-il pour être poli. Ne pas comprendre que les gens de la forêt était tous faux et cachés derrière des masques n'avait été difficile. Mesquins? Aussi oui, mais n'était-ce pas la aussi un propre de l'être humain? Il se sentait d'humeur a réfléchir a des choses profonde en ce moment tiens.

"Etant celui qui déménage, c'est pas dur a rater. Tu crois que je suis idiot a quel point?"

Un sourire, suivi d'un ton de blague, néanmoins les deux ne pouvaient nier un fond de vérité. Puis il n'allait pas creuser davantage la question vu qu'il venait par chance d'échapper a une nouvelle série de tirage d'oreille après avoir réussi a trouver le bon timing pour prendre son aînée dans ses bras et la relâcher. Sa diversion est un succès d'autant plus que cela semble la satisfaire, néanmoins quelque chose l'embêtait... étais-ce du dégoût ou autre chose chose qui l'avait agité:

"Ben, on est pas mariés pourquoi je te demanderais de faire les tâches ménagères? Puis honnêtement je ne pense pas que c'est une question de sexe la répartition des tâches. J'imagine mal la noble dame que tu me colleras dans les pattes faire la vaisselle.

T'as de la chance, je suis en général considéré comme un excellent cuisinier. Comme quoi il y a des choses que tu ne sais pas faire aussi"

Sans doute valait-il mieux pas dire qu'il avait réussi a séduire des femmes grâce a ce talent, la prêtresse le vivrait sûrement mal. La rejoignant a l'intérieur, il pose son sac contenant ses possessions et s'étire, laissant la jeune femme aller s'installer devant son petit-déjeuner. Sortant une feuille de papier, Shingen regarde le petit déjeuner et décline la proposition:

"Non merci, j'ai déjeuner avant de reprendre mon chemin. Tu peux finir ton petit-déjeuner seule. Néanmoins je peux te faire un thé si tu veux?

Je voulais te demander une chose... est ce que ce symbole te dis un truc? C'est important."

Déposant le papier face a elle, il faisait comme si de rien était, commençant a s'approcher du nécessaire a thé:

"Quel est ton parfum préféré?"

Exigences, contrôle, conséquences. Elle n'avait que ça en tête, a se demander en réalité pourquoi elle avait accepté la demande de Shingen en premier lieu. Néanmoins le renard s'arrête sur quelques mots en particuliers. C'était pas surprenant d'ailleurs que la noble s'inquiète plus des conséquences sur son image qu'autre chose. Après tout au lieu de régler le problème d'homme a homme, même le prince impérial a été pleurer dans les jupons de sa soeur pour se plaindre de sa mise en garde, sans doute ne devait-il pas surestimer le courage des Togejins:

"Il est vrai que je suis désormais dans un village moins... comment dire... qui est moins dans la confrontation? Bref, j'ai jamais dit que je n'en parlerais pas a Tsune et tenterais de la calmer un peu. Je suis juste surpris que TOI t'y fasses attention a un surnom idiot."

Elle se moquait de lui? L'aînée venait de lui casser la tête pour une histoire de surnom, en particulier pour une personne qui s'en préoccupait pas en lui parlant de conséquences pour ensuite lui dire qu'elle ne se conformait pas aux images que les gens se faisaient d'elle? Soit elle dissimulait sa vraie nature soit elle voulait se croire un être unique incapable d'être lucide sur sa propre situation. Lequel était vrai? Sans doute le temps finira par le dire...

"Vraiment? C'est peut-être notre premier point commun après notre sang.

En toute franchise? Nous n'avons pas le temps pour les cours d'étiquette, de courbettes et de balais dans le derrière. Nous apprenons des choses plus importantes comme survivre et maintenir le pouvoir de l'empereur autant que possible dans un endroit ou même la nature essaie de nous tuer. Je ne te reproche pas de ne pas réussir a comprendre, il faut y vivre pour savoir.

Je n'ai jamais demandé de me prendre par la main, je sais me débrouiller avec les gens coincés et rigides ne t'en fais pas pour moi. Dans le pire des cas si on vient pleurer dans tes jupons dit leur que ça te concerne pas?"

Shizuka n'avait aucune idée de l'ampleur de la maltraitance qu'il avait subi au temple du feu et il doutait que Byakuren ait osé aborder le sujet avec elle. Forcé a porter un masque, bouc emissaire, insulté voire frappé, il avait été le sale renard du temple et la seule façon qu'il avait trouvé de survivre était de se murer dans un épais mépris et les réponses plus acerbes les unes que les autres. Byakuren n'avait effleuré que le haut de la mesquinerie dont il était capable.

Le renard se demandait donc a quoi s'attendait son aînée en lui tendant cette perche. Sans doute cherchait-elle a le coincer mais quoiqu'elle puisse lui dire il ne la prendrait pas au sérieux. Néanmoins, il prends une décision, celle de crever l'abcès et de laisser Shizuka s'exprimer et surtout de ne pas se venger mesquinement. Une moue ennuyée et un haussement d'épaule plus tard il reprends la parole d'un ton neutre:

"Tu peux le dire si ça te défoules... "

Se dirigeant vers la cuisine, le jeune homme se met a fouiller dans les placards avant de trouver le parfum de thé voulu et s'adonner a la tâche qu'il s'est donné. Ironiquement, en passant au village de Daichi il avait pris a grand frais un pot du même parfum en espérant faire a la jeune femme un cadeau plutôt unique, ayant cassé sa tirelire pour obtenir un échantillon de la première récolte de l'année que la femme de l'aubergiste qu'il avait sauvé lui avait assuré comme exceptionnelle. Le renard avait été triste de voir que l'homme n'avait toujours pas retrouvé l'usage de la parole.

"Ce symbole? Je pense que c'est la raison pour laquelle ma demande a été aussi vite en plus de la confiance personnelle que m'accorde Hashikure-dono. Parce que oui figure toi que j'étais compétent dans mon travail...

Bref, il a été trouvé dans des circonstances qu'il ne peut me dévoiler mais serait d'une extrême importance. Il semblerait qu'il ait un rapport avec la religion. Malheureusement, Hyouren-sensei m'a fait promettre de ne pas m'approcher du temple, elle craint que la nouvelle de ma possession par Aimaisa ait atteint le temple de la lune et que je subisse des attaques principalement verbales. Je doute que tu veuilles qu'on revienne se plaindre de mon manque de diplomatie.

Kirei m'avait parlé de symboles trouvés au village des édenistes sinon. Je voudrais aller voir Byakuren-sama pour avoir plus d'information a ce propos et jouer cartes sur tables avec lui.

Après c'est pas comme si j'avais peur de quelques idiots adorateur d'Izanagi."

Depuis qu'il avait vu la vraie nature d'Aimaisa et son idiotie, le jeune homme n'avait plus que méprise pour les dieux, mais l'un d'eux remportait la palme. Patriarche et chef du culte, il avait tué son fils qui avait brûlé sa mère a sa naissance en plus de bannir sa femme sous une montagne et l'y laisser moisir parce que son apparence l'horrifiait... et on appelle ça un amour exemplaire?

Pendant son explication assez longue malgré tout, le jeune homme avait fini sa préparation. Son éducation un peu spéciale avait fait qu'il savait autant forger une épée que faire un thé qui pouvait lui ouvrir a lui seul les portes des cuisines d'une maison noble. Au moins s'il se retrouvait handicapé suite a une mission, il avait une voie de reconversion:

"Tiens. D'ailleurs, je t'ai pris une boite de la première récolte de cerisiers de cette année a Daichi. Des locaux de confiance m'ont affirmé que cette année allait être exceptionnelle. Je vais le ranger ici".

Parlait-il a un mur? A aucun moment Shingen avait dit qu'il refusait de tenter de lisser un peu le comportement de ses renards. Par contre il devait convenir d'une chose, le renard en avait strictement rien a faire des problèmes des autres. Les problèmes étaient la pour être résolus et il avait déjà les mains assez pleines avec ses propres ennuis pour venir se mêler de ceux des autres. Plissant légèrement les yeux, le jeune homme croise les bras dans son dos:

"Tu t'emportes un peu grande soeur. J'ai jamais dit que je ne parlerais pas avec mon renard pour qu'il se tienne a carreau, je pointais juste que tu apportes une attention disproportionnée a un simple surnom donné par une boule de poils même pas humaine avec l'âge mental d'un enfant de huit ans.

Si ça c'est un véritable problème, en effet vous devez en avoir beaucoup a résoudre. J'ignorais qu'un surnom tuait les gens merci de m'instruire."

Faisait-elle exprès de taper a côté du sujet? Shingen passe sa main dans ses cheveux avant de fermer un oeil. Sans doute n'a t-elle pas apprécié sa tirade sur la psychorigidité des gens de son village... Mais si elle avait voyagé déjà au village des dunes elle pouvait voir la vaste différence de comportement. Ayant fini de dégager ses cheveux de devant ses yeux, le jeune homme fixe son aînée qui continuait de dire qu'il ne voulait pas faire d'efforts...

"Je te parlais d'une solution pratique onee-sama, ce n'était pas une boutade cette fois. Les choses seront pas parfaites dès le début et si quelqu'un est mécontent mais pas assez courageux pour venir me le dire en face, envoie le moi? T'as pas a perdre ton temps avec mes histoires et je ne suis plus un enfant je peux m'en sortir."

Peut-être pas la meilleure des solutions a vrai dire. Surtout vu le portrait mental que mademoiselle parfaite avec son balai chatouillant la colonne vertébrale s'était fait de lui. Si elle s'attendait a le blesser, on en était loin. Au final, elle n'était pas si différente des gens habituels, parler de choses sans comprendre et sans savoir... A la différence seule que Shingen avait décidé d'accepter son autorité... dans une certaine mesure. Sans doute la était le coeur de leurs fréquentes disputes.

"Ca va... je m'attendais a bien pire honnêtement. Mais même en étant le plus grand idiot du monde ça n'empêche pas ce fait: je t'ai rejoint pour te protéger physiquement. Je te promet d'être le mur qui te permettra d'exprimer au monde tes talents. Dans toute cette histoire avec Era, c'est ton camp que j'ai pris ne l'oublie pas. "

Au moins... il y avait une petite lueur d'espoir dans les méandres de la considération que lui portait son ainée. Il faut dire que leurs deux premières rencontres ont été un fiasco, la première sous influence d'un yokai dont le renard se doutait qu'il avait quelque chose a voir avec la fragilité émotionnelle de leur mère, la deuxième complètement dévasté par les blessures, la peine et les pertes. Au final elle n'avait vu que le pire de lui... Il n'appartenait qu'à lui de lui prouver qu'il avait tort.

Shizuka n'était pas idiote et sans doute avait-elle compris que cette motivation a la protéger était ce qui l'avait préservé de cette folie naissante que le silence dans son esprit provoquait. Une motivation qui l'avait remis sérieusement a l'entraînement, lui permettant de déployer pleinement son génie du combat. Shingen était sincère dans ses mots.

"Bien, je vais alors aller voir son altesse a propos de ce symbole et me remettre a l'entraînement ensuite. Laisse moi un petit mot savoir ce que tu veux manger ce soir."