Entre la vie et la mort

Shizuka attend dans un bureau. La raison de sa présence à Seizan n'est autre que de mener un interrogatoire, récolter des informations afin de mener une traque et de potentiellement élucider la disparition de togejins. Elle prend une grande inspiration et s'imprègne de la fragrance de l'encens qu'elle a laissé brûler dans la pièce, essayant de se détendre en attendant que Kaice Maho arrive.

Lorsque la porte s'ouvre, elle se lève immédiatement et s'incline respectueusement devant le nouvel arrivant, l'invitant à prendre place autour de la table et versant du thé fraîchement préparé dans deux tasses, celle de l'homme et la sienne.



La femme à la chevelure d'ivoire est consciente que l'homme n'a surement pas eu d'autre choix que de venir. Le Seizankage a été prévenu de l'arrivé des togejin et a certainement dû appuyer leur demande pour éviter d'entrer en conflit avec Toge alors que des soldats ont disparu suite à cette mission en collaboration.



La scientifique observe avec grande attention son interlocuteur, curieuse de voir ce que son corps va bien pouvoir lui dire en plus de ce qu'il va lui dire. Elle aimerait avoir plus qu'une histoire, elle veut du ressenti et, en l'observant, elle aimerait voir s'il ne pourrait pas lui cacher des choses.

Une convocation au bureau du Seizankage, cela n'arrivait pas tous les jours, même si cette fois il n'y avait aucune surprise. Le moine fut prévenu de la visite de Toge, et il avait eu suffisamment de temps pour ravaler l'amertume de sa dernière aventure. Sans doute la personne la plus conciliante de son équipe, il arriva donc de bonne heure. Légèrement vêtu, un épais haori nacré couvrait sa nudité partielle, tandis qu'une épingle d'érable ordonnait humblement sa chevelure.
Il pensait être en avance, nenni. Un ange au cheveux blanc l'accueillît. Inclination polie, sourire enchanteur, le Kaice lui rendit la pareil, s'asseyant à la place désigné, réajustant son haori pour dévoiler sobrement son torse.



Une voix calme et posée, chaleureuse même, à laquelle s'ajoutait le sourire d'un éphèbe bien content de rencontrer une collègue. Posant délicatement ses mains autour de la tasse, il accueillait la chaleur, mais scrutait également le contenu. Une idée germait dans son esprit, rendue d'autant plus concrète qu'il entendit la requête.



Sourire éclatant, Maho ne faisait aucun effort pour masquer sa malice. Il n'avait toujours pas touché le thé, attendant que son hôte prit la première lampé. Il se trouvait bien dans un nid de vipère, et avoir en face de soit une alchimiste ne rendait la situation que plus délicate. Sauf si… Plongeant sa main dans une discrète sacoche, il en ressortit un cylindre de bois. Elle reconnaîtrait sans doute le conteneur, et une légère pression en fit sortir une pilule, qu'il posa au milieu de la table.



Il ignorait jusqu'où s'étendait son talent, aussi lui laissa t'il le temps d'observer, et éventuellement de manipuler l'objet si elle le jugea nécessaire.

Entre la vie et la mort

Shizuka n'a pas de mal à percevoir le mécontentement de son interlocuteur, à moins qu'il ne s'agisse-là que d'un jeu pervers et malsain de celui-ci destiné à la déstabilisée. Elle comprend qu'il puisse être désagréable pour l'homme d'ainsi devoir se confronter aux souvenirs d'une nuit d'épouvante. Elle comprend qu'il puisse être agacé à l'idée de devoir répéter ce qu'il a surement déjà dit et ce, plus d'une fois. Cependant, la femme à la chevelure d'ivoire n'est pour rien dans toute cette histoire. Elle ne fait qu'obéir aux ordres de ses supérieurs.



Elle marque une courte pause, cherchant les mots justes pour exprimer sa pensée sans avoir à en révéler les aspects les moins charmants.



Un soupir s'échappe des lèvres de la Chunin. Manque de confiance, hein ? Elle a envie de rire bien qu'elle n'en montre rien. Effectivement, elle se méfie. Mais, elle se méfie davantage du rapport qui a été écrit par la main de la togejin impliquée qui a su revenir en vie de cette mission que des seizanjin. Elle n'était pas là ce soir-là, mais elle est persuadée qu'elle aurait fait le même choix que l'homme qui se tient face à elle. Shizuka se masse les tempes avant de saisir une pilule qu'elle gardait dans sa pochette dédiée à ses pilules.



La prêtresse trouve que l'usage de Véritas reste rassurant bien que ce soit peut-être légèrement exagéré dans cette situation. Mais au moins, cela permettrait potentiellement d'innocenter certaines personnes ou de découvrir la culpabilités d'autres personnes.  Elle essaie cependant de faire preuve de bienveillance en proposant un de ses antidotes à Maho, consciente que l'obliger à consommer une pilules aux effets secondaires qui ne soit pas purement nécessaire serait cruel. Et, par bonne foi, elle se propose d'expérimenter la chose elle-même afin que l'homme puisse être assuré de la véracité de ses mots et l'absence de danger de la pilule qu'elle lui propose.

Certes, certains pourraient voir cela comme du gaspillage de ressources, mais pour l'alchimiste il n'en est rien. La conception de remèdes n'est qu'une formalité et l'usage d'un tel stratagème n'est qu'une assurance supplémentaire dans un contexte où sa vie pourrait bien être menacée.

La glace était brisée. Ce n'était clairement pas agréable pour l'Usui, mais elle s'en sortit à merveille. Une implication personnelle… Si les sentiments se mêlaient au professionnalisme, l'utilisation de Veritas n'en était que plus justifiée. Le Souhei laissa donc à la belle le temps de réfléchir. Elle sortit à son tour ses pilules, un antidote. Maho ne masqua pas sa surprise. Saisissant doucement la pilule offerte, il l'examina brièvement. Ses connaissances en la matière laissait encore à désirer. Il fallait donc faire un saut de foi.



Ponctuant sa phrase d'un sourire, il positionna les deux pilules entre ses bras, les faisant habilement virevolter pour finalement les lancer l'une après l'autre dans sa bouche. Claquement des molaires, la chimie s'occuperait du reste, le patient se permit toutefois une lampée de thé pour faire passer le goût.
La magie de l'alchimie venait de sa rapidité d'action. Nul besoin d'attendre une digestion complète. Quelques secondes, et le moine posa lentement ses mains sur la table, les joignant dans un étrange mudra. Profonde inspiration, le chakra s'infiltrait dans ses cellules, isolant le principe actif pour mieux le propager. Expiration, une goutte de sueur s'écoula de son front, suivit immédiatement par une brume à peine visible qui engloba rapidement toute la pièce. Aucune odeur, une simple sensation d'humidité, et pourtant le mensonge n'avait désormais plus sa place.



Le récit commença alors. Il raconta comment ils avaient décidé de se séparer à la recherche d'indices. Leur quête fut rapidement entravée par une étrange maladie qu'ils durent aider à vaincre.



Le récit continua alors, l'attente, et la description enthousiaste des miracles du Thé mondialement connu. Maho arriva jusqu'à l'heure du rendez-vous, dans une taverne, ou la sage les renseigna sur leur mission. Son discours n'avait rien de secret, il le rendit à l'identique, notant encore une fois son refus de coopérer. Ce fut alors qu'il s'arrêta, observant calmement Shizuka.



Oui, il ne comptait pas lui offrir son point de vue sans aucune contrepartie. La pilule l'empêchait de mentir, mais rien ne le forçait à tout dévoiler. Si elle souhaitait accéder au fond de ses pensées, peut-être pouvait elle lui rendre la pareille ?

Entre la vie et la mort

Shizuka ne comprend pas vraiment cet homme qui lui fait face. Un instant elle a l'impression qu'il la provoque et la seconde d'après, le voilà qui s'excuse.  Elle ne peut que le regarder en silence alors qu'il ingurgite les deux pilules. D'une certaine façon, elle est surprise qu'il ne lui ai pas demandé de les prendre avant lui. Elle ne pensait pas qu'il voudrait bien lui faire confiance, pas après ce qu'il a pu dire. Une sensation étrange mais relativement familière gagne la femme à la chevelure d'ivoire. Pour une raison qu'elle ignore, Konomi lui vient à l'esprit mais elle la chasse de ses pensées lorsque la langue de son interlocuteur se délie et qu'il rentre dans le vif du sujet.

La mention de Meiyo est toujours quelque peu douloureuse pour la Chunin mais elle n'a pas le temps de s'attarder sur cela. Cette histoire de maladie est assez préoccupante, de sorte que la prêtresse aimerait bien en savoir plus. Le village de Sakura n'est pas très loin de Toge et si ce mal est contagieux alors il y a un risque qu'il parvienne jusque là.



La mention du Reiboku attise la curiosité de la fidèle d'Izanami qui, en tant que bonne prêtresse, rêverait évidemment d'observer l'arbre divin. Mais, cela mis à part, elle pense que cet arbre pourrait bien servir d'entrée du Royaume des Morts ou quelque chose comme cela bien que cela semble étrange que personne n'ait remarqué quoique ce soit.



Nul besoin de cacher quoique ce soit. La femme à la chevelure d'ivoire n'a rien à gagner à mentir et personne ne lui a dit qu'il fallait à tout prix garder secrets les détails liés à leur investigation. De plus, elle souhaiterait bien avoir quelques contacts à Seizan alors elle a tout intérêt à se montrer conciliante.

Elle l'écoutait avec attention, et elle parvint même à le surprendre. Des questions sur la maladie, l'Alchimiste cachait t'elle des penchants humanistes ? Toutefois il ne réagit pas tout de suite, lui laissant son temps de parole. Surprise, le sourire du Souhei disparût, l'allégresse ne seyait guère aux pompes funèbres. Inclinant la tête, il joignit les mains en prières, partageant sa sympathie.



Il prit le temps d'enregistrer les informations, notant au passage la mention d'une traque. Pensaient ils vraiment se lancer à la poursuite de ce monstre ? La bête qui avait fait Kyoshiro ravaler sa fierté ? Un village pouvait sans doute se permettre pareille chasse, mais auquel cas, ils avaient effectivement besoin de se préparer.
Soupirant, il se massa légèrement les tempes, puis reprit son récit.



Petite digrétion pour répondre à sa précédente question, et à la mention de l'Arbre, les yeux du moine s'illuminèrent. Un sourire retrouva malgré lui sa face, tandis que ses mains se plaquèrent contre la table, témoin de son enthousiasme.



Ce moment d'alégresse dépassé, le Kaice ravala son enthousiasme, un ton plus neutre, plus gris, reprenant la suite du récit.



Et il raconta alors les informations divulguées par la Sage, la signification des symboles, rien qu'elle n'ait pu lire dans les rapports officiels. Puis vint le tour de l'assistante, des informations sur l'origine de ce curieux langage. Il insista encore une fois sur le refus de coopérer de la doyenne, même si honnêtement, qui pouvait l'en blâmer ? Aucun d'entre eux ne fut prêt à rencontrer pareil monstre, et le drame qui s'en suivit le prouva.



Maho enchaina alors sur une description neutre, comment l'Oni prit l'assistante en otage, réclamant qu'on l'emmena à "Celle ayant reçu la perle de bois gravée." Et la réaction de chacun.



La voix de Maho s'échauffait, Véritas n'aidait guère tamiser ses émotions, et son ton devint plus colérique que prévu. Il prit quelques secondes pour se calmer, inspirer, expirer, puis reposer ses iris inquisiteurs sur Shizuka.

Entre la vie et la mort

Nul mensonge ne sort des lèvres de Shizuka qui se surprend même à avouer des choses ou à employer des tournures de phrase qu'elle ne mentionnerait normalement pas.  C'est comme si une force invisible orientait ses choix et la poussait vers la confession. C'est comme avec Kokoro... Cependant, la femme à la chevelure d'ivoire n'a pas le temps de se poser sur la question plus que cela étant donné que son interlocuteur reprend la parole et aborde un sujet particulièrement intéressant.

La maladie ne ressemble en rien à ce que la Chunin connait déjà. Mais ce qui est le plus surprenant et le plus inquiétant également, c'est ce détail sur l'inefficacité d'une pilule de Guérison Moyenne. Par chance, il semble exister un remède même si celui-ci n'a pas l'air bien accessible, un thé à partir des feuilles de l'arbre spécial dont a un peu plus tôt parlé Maho. Si la méfiance et le doute auraient en temps normal assaillis la guérisseuse, le doute ne lui est pas permis à cause de l'usage du sérum véritas.



Le village Sakura ne semble pas attribuer une grande importance aux grands villages ninjas, mais jusqu'où va cette "indépendance" ? Ces gens seraient-ils prêts à refuser d'assister un village en danger ? Accepteraient-ils de partager leur remède miracle ? Qui sait, peut-être que leur thé spécial serait la clé pour chasser les maux de l'humanité -ou du moins la maladie-. La prêtresse d'Inari souhaiterait bien étudier ce remède.

Finalement, l'homme entre dans le vif du sujet. Il parle de l'Oni et évoque la monstruosité de la créature. Il mentionne également des symboles étranges et leur signification. Bien que cela intéresse la scientifique, elle ne comprend pas vraiment pourquoi la sage leur en ont parler.



Un soupir s'échappe des lèvres de Shizuka alors que l'homme indique clairement blâmer Toge pour l'envoi de deux Genin. Il mentionne la prise d'otage de l'Oni et puis finalement, le désaccord. La femme se saisit de sa tasse et boit une grande gorgée de thé comme si elle souhaitait faire passer un morceau de viande resté en travers de sa gorge.



Des mots durs sont prononcés. La femme à la chevelure d'ivoire regrette cependant de ne pas s'être davantage retenue. Même si son amitié avec Meiyo s'est pratiquement transformée en haine à cause des doutes qu'elle a à son égard et qu'elle pense ce qu'elle a dit, cela ne colle pas totalement à l'image de prêtresse modèle qu'elle souhaite véhiculer. Elle prend une nouvelle gorgée de thé.

Une dangereuse aisance s'installait entre les deux shinobis. Alchimiste confirmé, le moine ne se laissait pas berner, même si de toutes les pilules, Véritas restait la plus ambigu. Bien que sur ses gardes, il parlait sans censure, une chose extrêmement rare quand on connaissait le Kaice. M'enfin, sa locutrice devait faire de même, un semblant d'égalité ?



Interdiction de dire d'avantage sur ce sujet, il n'était pas vraiment préparer à affronter des charges de trahison. Pour être honnête, le marché noir restait la meilleure solution pour se procurer ce thé, et Maho plancherait sans doute plus tard sur ce projet. Il restait pour l'instant trop imprégné de l'impression divine de l'arbre pour tenter quoique ce soit.

Surprise. Il entendit son soupir, mais la réplique ne vint jamais. Bien au contraire, elle désapprouvait l'insolence de ses compatriotes, appliquant par la même occasion un peu de baume sur la plaie récente entre les deux villages. Il était bien plus aisé d'excuser l'erreur d'un individu que la politique d'une nation. Et ce n'était qu'en entendant ses mots que Maho réalisa à quel point il les avait désirés.



Et il aimerait bien que d'autres choses s'enlaçassent, mais sa galanterie n'avait ici pas de place. Quand aux questions suivantes, il ne les avait pas oubliées, bien au contraire. Il s'en étonnait. N'était elle pas l'envoyé de Toge ? Pourquoi prétendre ignorer les intentions de sa collègue ? Ou alors elle était génuine, et cela soulevait un problème encore plus grand.
Prenant lui aussi le temps d'un soupir, sentant l'effet de Véritas faiblir, Maho réarma son sourire. Parfaitement immobile, ses yeux empruntant le regard des prédateurs, il rassemblait ses forces. L'atmosphère changea en quelques secondes, adieu leur précédente complicité, et ce fut avec une politesse hostile que le moine prit la parole.



Pas d'explication, il se contentait de l'observer, attendant sa réponse. Les symboles ne pouvaient avoir échappé au rapport officiel, et en tant qu'envoyé de Toge, pouvait elle réellement ignorer ces informations ? Se rendait elle vraiment compte de sa question ? Les deux génins vinrent au village pour assister Seizan, cela n'était un secret pour personne. Il ne s'agissait peut-être que d'une erreur de communication, mais l'Usui venait de la méfiance endormie du Kaice.

Entre la vie et la mort

Les paroles de l'homme sont claires. Il n'est pas impossible de mettre la main sur l'un de ces thé mais mettre en place un "partenariat commercial" ou du moins leur demander une quantité important de ce thé semble compliqué. Et si celui-ci est dépendant de cet arbre magique, alors il risque d'être difficile d'en recréer un à moins que l'analyse poussé d'un thé ou de l'arbre permette de recréer un arbre aux propriétés similaires. Comme on ajouterait une propriété ou capacité nouvelle à un corps humain. Mai la science est-elle assez avancée pour permettre cela ? Shizuka secoue la tête comme pour se débarrasser de pensées parasites.



La femme à la chevelure d'ivoire n'est pas véritablement altruiste, mais elle trouve tout de même que ce genre de comportement est dangereux pour l'humanité. Même si elle n'est pas une bonne personne, la survie et l'évolution de l'espèce lui paraissent essentiels de sorte qu'elle serait prête à tuer ceux qui se mettent en travers de leur route. Et puis, à cela s'ajoute évidemment sa curiosité et son âme de scientifique qui bien que tournés vers les poisons et modifications du corps ne peuvent ignorer un élément aussi singulier.



Un aveux à demi-mots. La Chunin avoue indirectement ne pas être la sainte qu'elle veut paraître et qu'elle ne suit pas totalement les préceptes du Kamisuuhai. Elle reconnait les préceptes du kamisuuhai comme recherchant le bien, la perfection de l'être moral. Mais, elle ne pense pas qu'un être totalement moral puisse permettre à l'humanité de vivre bien. La perfection n'existe pas. Le bien absolu est aussi coupable que le mal. Il faut rechercher l'équilibre. Même dans le bien et le mal.

L'atmosphère change brutalement. La prêtresse ne comprend pas pourquoi son interlocuteur change brutalement de ton. Cela lui rappelle le ton qu'il a employé au début de leur échange, un ton détestable.

Il ne put s'empêcher de rire. Rien de moqueur dans son ton, bien au contraire, il était gêné, autant par sa réaction, que par l'ensemble de la situation. Passant sa main sur son visage, écartant quelques mèches rebelles, il laissa tomber sa tentative d'intimidation. De toute façon, l'Usui semblait bien au-delà de tout cela. Son calme, sa posture, elle n'était pas à sous-estimé.



Il ne souhaitait pas être désagréable, mais il ignorait comment lui faire comprendre sa réaction. Elle se rendait forcément compte de son erreur, ou alors son propre village ne lui faisait pas suffisamment confiance pour partager les informations ? Dans tous les cas, c'était exactement ce manque de rigueur qui différenciait les Montagnes des plaines, et qui risquaient de fragiliser leur collaboration.
Au moins Maho ne cherchait plus à intimider, il réalisa au passage l'absence de tout effet secondaire, sur ce point elle ne l'avait pas trompé. Soupir, il prit de nouveau la parole, son ton semblait sincère, une excuse à demi-mot.



Sourire, tentative de réconciliation, versa délicatement le contenu de sa tasse sur la table, il dessina dans le liquide encore chaud un des fameux symboles.



L'eau reprenant ses droits, la belle n'avait que quelques secondes pour contempler l'information. Déjà Maho traçait un autre symbole.



Ceci fait, le moine usa son Haori pour essuyer le thé, et se servit pas la même occasion une autre portion. Ses yeux se posèrent de nouveau sur Shizuka, l'hostilité disparut, il semblait toutefois difficile de recréer la convivialité d'antan.

Entre la vie et la mort

Un soupir s'échappe des lèvres de Shizuka dont le visage se fait de suite beaucoup moins avenant. Son expression n'exprime pas de colère ou de mépris, mais une forme de lassitude et de déception. Elle ne s'est toujours pas entièrement remise de tous ces petits éléments désagréables qui se sont cumulés ces derniers temps et se voir renvoyer toute sa médiocrité ne l'aide pas vraiment à voir la lumière dans l'obscurité que constitue son présent et son futur.



Ce qu'elle souhaite que son interlocuteur comprenne c'est qu'elle n'est pas là par plaisir. Et que même si sa présence est peut-être déplaisante aux yeux de l'alchimiste, celui-ci devrait au moins essayer de faire un effort pour rester cordial s'il ne veut pas qu'elle se montre plus désagréable encore.

Ce point essentiel éclairci, la femme à la chevelure d'ivoire se sert une nouvelle tasse de thé dans lesquelles elle plonge ses lèvres. Elle ne veut même pas tenter d'imaginer quels fantasmes ont pu parcourir l'esprit de son ancienne meilleure amie. Elle ne veut pas tenter d'imaginer jusqu'où celle-ci aurait pu sombrer.

La Chunin n'a pas de mal à imaginer que Maho dise vrai et qu'il souhaite véritablement entretenir une bonne entente avec Toge. C'est pourquoi elle parvient à se détendre un peu avec le thé malgré les propos qu'elle juge déplacés de l'homme. Shizuka conçoit la collaboration comme quelque chose d'essentiel mais, il va surement lui falloir du temps pour s'habituer à cette façon d'être des Seizanjins, beaucoup moins agréable et bienveillante que celle des Togejins.



Elle marque une courte pause avant de reprendre la parole pour disperser un malentendu et peut-être obtenir une réponse.



La prêtresse d'Inari pose ses coudes sur la table et vient joindre ses doigts lorsque l'homme lui demande quelles sont les motivations de l'interview et si elle envisage réellement de traquer l'Oni. Des questions difficiles étant donnée qu'elle ne sait elle même pas tellement sur quel pied danser.



La Chunin laisse un léger rire s'échapper de ses lèvres, se disant que cela pourrait peut-être détendre l'atmosphère qui reste pour l'instant tout de même assez lourde malgré le geste effectué par Maho pour réinstaurer une bonne entente.

Maho aimait penser qu'il s'élevait au delà de la rudesse de ses compatriotes. Il s'imaginait au dessus de la plèbe, rose ineffable dansant au dessus de la masse guerrière de Seizan. Il fallut qu'il se retrouvât devant un véritable exemple de raffinement pour comprendre son erreur. La différence entre sa réaction et celles de l'Usui ne laissait aucun équivoque. Là où il se laissait emporter pas sa colère, par son indignation, elle restait calme et composée, n'accordant à ses vilénies que des miettes de sarcasme.
Brillante éloquence qui lui redonnait immédiatement les rênes de l'interrogatoire. Le Kaice ne s'embarrassa d'ailleurs d'aucune réponse. Il ne put toutefois cacher le joue lui montant aux joues. Cela faisait bien longtemps qu'il ne s'était pas retrouvé dans le rôle du rustre.



Intention dévoilée, information donnée, le Souhei laissait à son interlocutrice le temps de réagir. Il aimerait bien quémander quelques informations, mais dans l'immédiat son instinct lui dictait de se contenter de ce qu'elle voudrait bien lui donner. Chaque village possédait ses mystères, ce n'était point son rôle de résoudre ceux de Toge.
Heureusement, le temps leur offrit une distraction. Le Kaice ne put s'empêcher de sourire en entendant ses talents d'Alchimiste. Certes il avait fait de sacré progrès récemment, mais il restait encore loin du titre de maître.



Le ton devint plus léger, le sourire se parant même d 'accent séducteur. Même si vu la situation, l'éphèbe se garderait bien de toute impolitesse. Juste des yeux plus doux, et un sourire chaleureux.



Une déclaration qui sonnait un peu faux, car en réalité l'Alchimie n'était pas un art si populaire. Pourquoi apprendre à reconnaître et manipuler de simples herbes, lorsque le chakra permettait de dompter les éléments et de surpasser la chair. Les arts médicaux furent toujours impopulaires, et si tout le monde appréciait les produits de l'Alchimie, peu étaient ceux acceptant de s'y consacrer entièrement.

Entre la vie et la mort

Shizuka fronce les sourcils en entendant les mots de l'Oni que lui rapporte son interlocuteur. Elle savait déjà plus ou moins que Meiyo avait vendu, de façon totalement gratuite, une consœur. Cependant, elle s'attendait à ce que l'Oni ait menti en prétendant qu'aucun mal ne lui serait fait ou quelque chose du genre, mais pas qu'une Togejin accepte d'amener une telle menace à quelqu'un d'autre sans même savoir ce qu'elle voulait exactement.



Plus le temps passe et plus l'idée que Meiyo ait trahi le village s'impose à la femme à la chevelure d'ivoire. Elle se masse les tempes tandis qu'elle laisse son interlocuteur reprendre la parole. Il semble vouloir la mettre en garde contre l'Oni, une attention qu'elle apprécie bien que cela ne suffise pas à lui faire changer d'avis.



L'homme semble apprécier le subtile glissement qui s'opère dans la conversation. Ce n'est pas si surprenant que cela, mais cela demeure être une bonne surprise. Au moins, cela permet de détendre un peu l'atmosphère. Honnêteté ou fausse modestie ? La Chunin ne sait plus trop avec les effets de la pilule Véritas qui s'estompe certainement déjà.



Evidemment, elle s'intéresse au pan de l'alchimie qu'elle n'étudie pas, celui qui vise à booster le corps et l'esprit ne serait-ce que pour la pilule Veritas. Elle n'a hélas pas vraiment le temps de se consacrer à ces études pour l'instant, elle a d'autres choses à privilégier. Cependant, elle ne dirait pas non à l'idée de se trouver un partenaire commercial, ou quelque chose du genre. Ainsi la proposition de l'homme de parler alchimie lui plait bien, au même titre que l'idée qu'il puisse lui servir de guide.

Hochement de la tête, les yeux s'abaissèrent, négation du moine. Honnêtement lui aussi aurait aimé savoir, mais il ne pouvait hélas présumer des intentions d'un Oni.



Une comparaison peu pertinente lorsqu'on ignorait encore tout du psyché des Yokaïs. Possédaient ils d'ailleurs une conscience ? Peu probable, mais les soldats d'Onogoro n'avaient pas forcément le droit de faire la morale.
L'Usui semblait résignée à son sort, un professionnalisme qui lui faisait honneur. Elle avait raison sur un point, si ce monstre semblait pour lui insurmontable, l'élite d'un village devrait pouvoir lui faire face. Autrement, à quoi servait cette foutue armée ?

Changement de ton apprécié, elle acceptait son invitation, dévoilant au passage ses préférences en Alchimie. Une empoisonneuse ? Une rencontre entre la Médecine divine et le Médecine de peste, voila qui ferait une délicieuse promenade. Souriant en pensant aux possibilités futures, Maho reposa ses yeux errants sur la dame.



Sur cette affirmation il se pinça les lèvres. La tension de l'échec ne s'était pas encore dissipé, et même pour épicurien, constaté sa faiblesse restait déplaisant. S'il recroisa ce monstre, le résultat serait-il différent ? Peu probable…
Léger soupir, finissant sa tasse de thé, Maho chassa ses démons. Laissant à la belle l'occasion de conclure, il se leva poliment, s'inclinant respectueusement et se préparant à sortir.

Entre la vie et la mort

Shizuka ne comprend pas ce que cet Oni pouvait bien vouloir à Kagura. A sa connaissance, celle-ci n'avait pas d'informations ou d'objets qui pouvaient justifier une telle réaction -ou même obsession-. Maho semble penser que le Yokai se serait dirigé vers Toge mais comme il l'a si bien dit, ce ne devrait pas être aisé pour une créature pareille de s'approcher d'un village de cet acabit. Et pourtant, Kagura était morte. D'ailleurs, sa cible attrapée et éliminée, a-t-il seulement une raison de rester dans les parages ? Cette situation est véritablement difficile. Le trio ne bénéficie que de peu d'informations et la cible a atteint au moins son objectif premier, ce qui ne joue pas vraiment en leur faveur. Encore une fois, la femme maudit Meiyo.



L'empoisonneuse laisse un soupir lui échapper. Elle savait que leur mission ne serait pas de tout repos, mais elle n'avait pas imaginé qu'elle pourrait être aussi complexe et dangereuse. Sans compter qu'elle lui rappelle quelques souvenirs désagréables d'une amie passée à l'ennemi, de sa déchéance. Avec les témoignages qu'elle a pu entendre, la théorie de la désertion de Meiyo se fait de plus en plus probable.



La scientifique préfère viser large pour être sûre de ne pas faire poireauté le Seizanjin qui lui a déjà accordé un certain temps. Si elle avait pu, elle l'aurait immédiatement suivi. Hélas, le devoir passe avant tout et elle ne peut se permettre de poser un lapin à Seichiro ou Byakuren.