Méfiante...

Silencieuse... Peut-être même un peu trop précautionneuse. Cela ne te ressemblait clairement pas, d'habitude tu étais du genre tête brulée, à sauter dans les bras du danger sans réclamer ton reste. Ici... Ce n'était pas le vraiment le cas. Tu connaissais la dangerosité de l'endroit à cause des rumeurs qui avaient résonné jusqu'à tout les villages voisins, si bien que tu t'étais lourdement équipée pour l'occasion.

Corde, carte, pioche, couteau, il ne te manquait pas grand chose pour parfaire ta panoplie du petit mineur.

Ton objectif ? Mettre la main sur quelques minerais, les découvrir dans leurs états naturels sans intervention de l'homme. Bien que la mine était déjà partiellement exploitée par les travailleurs locaux, tu t'étais assurée pouvoir te faufiler des artères moins utilisées, avec beaucoup moins de richesse s'y cachant. Après tout, tu n'avais pas vraiment la volonté de ravir tout les trésors de la région, simplement de constater par toi même le milieu naturel de toutes ces choses que tu manipulais au quotidien sans vraiment t'intéresser à leurs histoires respectives.

Avoir une meilleur compréhension du monde sous toutes ses formes. Là était une étape nécessaire pour parfaire tes équations régissant la vie au sens propre du terme. Les Kamis avaient fait ce monde selon une logique ésotérique, invisible pour l'être humain, et chaque détail avait son importance pour pouvoir se figurer le tableau de la réalité dans son ensemble.

Avais-tu la prétention de pouvoir comprendre la création des Kamis, toi, simple humaine ? Totalement. Tu ne manquais clairement pas d'ambition après tout.

Finalement, tu venais à arriver à l'entrée d'une petite grotte que l'on pouvait à peine qualifier de mine. Une simple artère qui déversait les entrailles de la montagne, rien de plus... Cela te suffirait pour le coup. Il te suffisait simplement d'un peu de chance et d'instinct pour taper dans le mille afin de t'emparer de quelques cailloux. Tu avais aussi prit soin d'apporter ton carnet qui de toute manière ne te quittait jamais. Tu contentais dessiner une description détaillée de l'endroit afin d'en faire acte de témoignage, une lubie qui t'avait jamais vraiment quitté.

Et sur le moment, tu étais aussi assurée d'être en solitaire, de n'être suivie de personne, humain comme créatures diverses et variées... Tu étais bien plus douée pour la création que le combat et une rencontre fortuite te serait sans doute bien pénible.

Mais voilà, tu n'étais pas non plus la plus douée pour le repérage et un intrus pouvait très vite se glisser dans ton escapade solitaire.

Et bien...

Si tu n'étais pas douée pour repérer les intrus, tu n'étais pas non plus sourde... Ainsi, tu venais à arquer un sourcil de perplexité alors que tu entendais les échos d'un... homme, raisonner à travers les parois épaisses de la grotte. Tu avais dis homme ? Cela aurait pu être aussi bien un animal particulièrement bruyant dans l'idée tant tu ne comprenais pas comment un phénomène pareil pouvait arriver de manière aussi... aléatoire ?

Finalement tu avais deux choix...

Rebrousser chemin puisque tu n'avais pas encore pénétré dans l'antre de pierre, ou alors aller aider le pauvre malheureux sans vraiment savoir ce qu'il pouvait bien se passer à l'intérieur. Vu les vociférations du malandrin, il avait pu très bien voir un Yokai monstrueux tapis dans la grotte, prompt à faire ses crocs sur lui.

Et si c'était bien le cas alors même avec tout le génie dont tu étais capable, tu ne pourrais l'aider absolument en rien. Il serait trop idiot de mourir face à un destin que tu aurais pu éviter avec un peu de bon sens...

Mais le bon sens c'était pour les faibles d'esprit, ceux qui n'osaient pas remettre en question les normes préétablis ! Tout ce que tu n'étais pas ! Gonflant ton poitrail, toujours méfiante quant à l'origine de ces bruits distordus, tu pénétrais dans la grotte à la recherche du bougre s'y étant paumé.

- Vous êtes où ?

Question un peu idiote dans les faits puisque la grotte n'avait vraisemblablement qu'un seul chemin explorable. Peut-être celle-ci bifurquait telle en embranchement une fois suffisamment explorée mais des cartes que tu avais pu récupérer du village avoisinant, cela n'était pas le cas.

Finalement, ce fut après quelques minutes, à te repérer uniquement avec les échos de la bête hurlante que tu vins à tomber sur un homme, pas loin de se fracasser en contrebas alors qu'une petite crevasse semblait s'être formée dans la roche. S'il tombait, tu ne donnais pas cher de son corps à l'impact.

- ... Comment... ?

Tu ne questionnerais pas davantage son intelligence, du moins par pour le moment, alors que tu venais déposer ta torche que tu avais flambé avant de pénétrer dans les lieux pour tenter de tirer l'homme hors de son traquenard. Pas la peine de dire que cela te faisait suer en trombe, tu étais une penseuse pas une sportive. Après plusieurs fois, usant de ton poids de corps pour le basculer suffisamment sur la terre ferme, tu te laissais tomber lourdement sur le cul alors que tu pouvais épier un peu mieux l'individu en question.

- Vous allez bien ?

Une question de formalité, de ce que tu pouvais voir, il ne semblait pas être blessé gravement. Peut-être un os ou deux cassés dans l’enchaînement d'action ? Il s'en tirait à bon compte.

Consternée...

Que ce soit par ton intervention contrainte par les évènements, par l'homme qui ne semblait pas avoir la lumière à tout les étages ou par la position peu désirable dans laquelle tu te retrouvais. Sans indiscrétion, l'homme prenait position sur toi avant que tu ne le repousses lourdement sur le côté. Il avait beau être plus lourd que toi, tu avais au moins la force d'enlever un goujat de toi.

Te relevant, essuyant tes vêtements, ennuyée par la rencontre soudaine et les efforts que tu avais du déployer pour sauver le malheureux, tu le fixais d'un air qui voulait tout dire. Entre l'énervement et l’exaspération.

Tu détestais les idiots... Les simples d'esprits... Tu pouvais concevoir que les gens n'arrivaient pas à suivre tes méthodes de pensées, que tous n'étaient pas capable de comprendre ton art. Mais pour la plupart d'entre eux, ils brillaient dans des domaines particuliers. En bref, si ce n'était pas la science qui les faisait rayonner c'était autre chose et tu pouvais respecter cela.

Mais les benêts... Ils étaient incapable de se comporter avec un minimum de tenu, et tout ce que tu pouvais bien lui dire finirait par ressortir par son autre oreille.

- Rei...

Tu restais perplexe alors que tu vérifiais dans ton sac que rien n'était tombé, que le bougre n'en avait pas profiter pour te subtiliser quoi que ce soit. Pas comme si tu pouvais le lui reprendre des mains mais il ne te suffisait que d'une petite impulsion pour le renvoyer dans son trou béant. Bon sang... Tu avais l'impression de mettre ta vie en danger rien qu'en restant près de lui.

- Non je ne travaille pas ici, personne ne travaille ici. Cette mine ne fait pas partie des mines principales qui sont exploitées plus loin.

Puis tu marquas une pause, sachant pertinemment que la réponse à ta prochaine question serait certainement à côté de la plaque. Mais au moins, il te fallait essayer...

- Mais toi qu'est-ce que tu fiches ici ? T'as pas l'air préparé du tout et si le hasard ne m'avait pas porté jusqu'ici, tu serais tombé.

Tu levais la tête, fixant son bandeau, certifiant que celui-ci faisait parti de l'armée de Sakyuu. Un soldat était il vraiment incapable de se sortir de ce genre pétrin tout seul ? Tu étais pourtant su d'avoir vu des gens arriver à marcher sur les murs... Bref...

- Tu devrais sortir d'ici, c'est pas conseillé d'arpenter des grottes pour les imprudents.

Tu étais médisante, clairement, mais il y avait de quoi. Y avait à peine quelques minutes, il te tripotait sans éprouver une once de pudeur, comme un personnage parodique d'histoire qu'on pouvait bien te raconter à l'oral quand tu étais gosse.

Crispée...

La bêtise, tu l'aimes ou tu la quittes... Et en cet instant, tu aurais préféré prendre tes jambes à ton cou et la quitter presque immédiatement. C'était comme se battre au shogi avait un pigeon, celui-ci en avait rien à faire des règles et se contentait de tout envoyer valdinguer ! Tu ne pouvais pas avoir de discussion constructive avec une personne aussi simple d'esprit et bien que toi même tu étais ouverte d'esprit, tu avais des limites... Alors, tu lâchais un profond soupire, afin de te donner un peu de courage de continuer ton aventure, quitte à ce qu'elle se fasse aux côtés de ce Hiro.

- Chasseur de trésor...? Je doute qu'il y ai un véritable trésor dans cette mine. Au mieux, des jolies minerais, c'est pour ça que je suis là d'ailleurs...

Plus il en racontait sur lui, plus il faisait l'état manifeste de son manque de préparation le plus absolu. En réalité, il aurait mieux fait d'aller vagabonder dans les mines en activité, peut-être aurais-t'il eu plus de chance de trouver ce qu'il désirait. Peut-être s'était-il tout simplement trompé ou perdu au passage... Ou alors il te mentait, mais son sourire de nigaud semblait t'indiquer qu'il en était incapable.

Alors tu haussais les épaules, ne répondant à presque aucune de ses remarques qui te faisaient rouler des yeux au ciel.

- Une quoi... ?

Finalement, avant même que tu n'ai a cherché ce qu'il voulait dire par son langage obscure, tu fus happé par la lame rétractile à son poignet. Un mécanisme assez basique mais efficace dont l'ingéniosité faisait mouche à tes yeux. Tu venais même à l'espace d'un instant lui saisir le poignet pour observer la lame et le poignet un peu plus en détail. Il était intéressant de voir que certains s'essayaient à des design un peu plus innovants qu'une simple dague.

Bon... Finalement il avait su attirer un peu ton intérêt par ses mots et son arme. Après tout, à contrario de lui tu avais certes beau être préparée, tu n'étais pas à l'abri d'un quelconque imprévu. Un groupe de bandit ayant la même idée que vous, une crevasse vicelarde... Beaucoup de chose pouvait mal se produire et à deux cela ne ferait que réduire les probabilités que tu te fasses dévorer par cette grotte.

Soupirant à nouveau, tu vins à lever tes yeux vers ceux de l'homme...

- Très bien, tu m'accompagnes... Mais je te déconseille de continuer à hurler ou de toucher à tout. On ne sait pas à quel point la structure de la grotte est stable.

Tu ne t'y connaissais pas forcément en exploration de mine, mais tu savais que cela pouvait s'effondrer pour un rien... Et clairement Hiro n'était pas un rien tant il prenait de l'espace visuel et sonore.

Venant à lui tapoter l'épaule, tu engageais alors le chemin, faisant attention de là où tu mettais les pieds tout en te frayant un chemin dans les artères de la grotte. Heureusement pour toi, tu avais une carte et une très bonne mémoire, la chance de te perdre était infime, surtout si tu guidais la marche.

- Tu viens d'où ? T'es armé, t'as l'air de savoir te battre, et tu portes un bandeau. T'es vraiment qu'un chasseur de trésor ?

Faisant un peu la discussion pour briser le malaise, tu venais à caresser les parois, sentant que l'humidité semblait s'y faire un peu plus importante. Cela paraissait étrange puisque les cartes ne montraient aucun point d'eau dans cette mine... Peut-être était-il temps de les mettre à jour... Mais avec un peu plus de marche, tu vins enfin à tomber sur le précieux sésame.

- Tu vois ça Hiro ?

Tu ramassais au sol un éclat de minerai qui perçait les ténèbres et luisaient sur toutes les parois de la cavité rocheuse.

- On peut en faire du verre si on le travail de manière méticuleuse. Il faut aussi d'autres choses évidemment. Mais c'est trop cool pas vrai ?!

Tu rangeais le morceau dans ta sacoche tandis que la mine finirait par vous en offrir davantage à mesure que vous vous enfoncerez. Il n'y en avait évidemment pas assez pour une exploitation industrielle, mais suffisamment pour deux gus un peu paumés comme vous.

Attentive...

Bien que tu faisais davantage attention à là où tu posais les pieds plus qu'aux paroles de ton acolyte de circonstance, tu ne manquais quand même aucun de ses mots. L'homme, bien que maladroit et n'étant clairement pas le couteau le plus aiguisé du tiroir, arborait quand même tout les traits du gars sympathique. Depuis que tu l'avais rencontré, son sourire ne s'était jamais dérobé de son visage et il paraissait être toujours aussi excité qu'un gamin dans une fête de village.

Tu étais un peu comme lui dans le fond, la matière grise en plus.

- Je viens d'un village dans la contrée de Tsume. Nous sommes connus pour nos créations, nos armes ! Enfin eux, plus que moi. J'en suis parti pour créer ma propre gloire, et façonner des choses que personne d'autres n'ont réussi à faire avant !

Avec cela, tu venais à remplir ton petit sac de quelques morceaux de verre alors que tu l'écoutais à nouveau. Le bougre était bien un soldat de l'armée, chuunin de Sakyuu plus exactement. Heureusement pour toi, il ne semblait pas avoir à cœur l’éradication de toute personne maîtrisant le chakra et n'ayant pas rejoint les rangs. Évidemment, tu aurais pu rejoindre le village caché de Seizan et mettre à profit tes talents pour forger les armes de l'armée mais... A quoi bon... Cela n'aurait fait que brider ton potentiel, à te cloisonner au sein d'un domaine dont tu avais déjà l'impression de faire le tour.

- J'ai entendu ça oui ! L'Empereur en a de la chance d'avoir des artisans pareils à sa disposition. J'aurais certainement beaucoup à apprendre d'eux.

... Avant de les surpasser eux aussi. Avec toi, ce n'était qu'une question de temps. Il t'avait fallut une décennie pour égaler ton maître qui avait perfectionné son art durant toute sa vie. Si ce n'était pas le plus grand forgeron de tout les temps, il n'en restait pas moins un grand nom dans le domaine.

- Oh de ça ? C'est plutôt simple ! Je façonne plein de chose, des armes, des babioles, des mécanismes complexes et même des prothèses. On ne sait jamais vraiment de quoi on aura besoin à l'avance lorsqu'on marche dans l'expérimental. De plus, pour bien comprendre les matériaux qu'on utilise, il faut comprendre dans quelle circonstance le monde a été amené à les créer. Dans quel milieu on les trouve !

Passionnée, même Hiro n'aurait pu t'arrêter en cet instant. Même s'il s'amusait encore à ta tripoter ta poitrine.

- Une fois que l'on connaît l'histoire d'un produit, l'on en découvre ses propriétés et le reste se fait tout seul. Je n'en ai peut être pas besoin maintenant, mais nul doute qu'à l'avenir , je serai trouver une utilité à ce verre dans mes créations.

Finalement, à force de parler, les minutes avaient fini par s'écouler jusqu'à atteindre le fond de l'artère principal. Aller au delà était impossible sans creuser la roche et vous n'aviez clairement pas les bras ni les outils pour le faire.

- Nous devrions rebrousser chemin et trouver la sortie.

Mais un étrange pressentiment vint à te frapper... Comme si tu te remémorais des circonstances de ton voyage... L'espace d'un instant, tu avais eu l'impression d'être suivie avant de pénétrer dans cette antre par la force des choses et les cris de Hiro.