Puis les yeux qui s’ouvrent. La neige qui tombe sur sa peau nue. Le froid qui l’envahit et lui signifie sa présence par une douleur presque insoutenable. En regardant à ses pieds ou même tout autour de lui. Il ne voit pas le rouleau, il ne voit que le cabane dans laquelle il fut aux côtés du mystérieux inconnu. Mais il n’y avait pas les traces du moindre feu de camp. Il n’y avait rien avait-il halluciné ? Pourtant, se disait-il, sa conversation avec son ancien Kagami semblait si réelle. Ce n’était pas le cas ? Il reprenait son souffle et se doter d’une couverture qui se trouvait dans son sac. La même couverture qu’il pensait avoir déjà utilisé auparavant.

Sans rien comprendre à ce qui est en train de se dérouler le garçon décide de se lever. De ce qu’il pouvait voir, la neige n’était pas tombée durant la nuit et elle venait simplement de reprendre à son réveil ou quelques temps récents avant. Au sol, il pouvait voir ses traces de pas et sans attendre ne serait-ce qu’une seconde de plus. Il ressert la couverture sur son dos et décide de retracer ses instants passés en suivant les traces de pas. Il comptait bien découvrir si tout ceci relevé d’une hallucination et il voulait démêler le vrai du faux. Durant de longues minutes il avançait et les vents portaient la neige de plus en plus fort sans qu’il ne puisse poursuivre son œuvre. Mais alors qu’il allait rebrousser chemin, il put constater au sol la fin de ses traces de pas et la présence d’empreintes semblables à celles d’un tigre. Tombant à genoux dans le froid qui devenait peu à peu de plus en plus solide malgré l’astre solaire qui n’avait de cesse de poursuivre son ascension dans les cieux. Il réalisait que sa discussion avec le tigre Kagami ou la perte de la tigresse Miyuki n’était pas un cauchemar qui avait envahi son intellect. Mais bien une réalité brutale et douloureuse à son âme. La perte de confiance du tigre en lui, la mort d’une amie. Rien de tout ceci n’avait de sens et pourtant il y avait bien des liens entre tout ceci.

Se relevant sans attendre, le garçon rebroussait chemin en acceptant peu à peu la dure réalité à laquelle il ne pouvait rien faire. Non convaincu par ses propres pensées, le garçon avait toujours le maigre espoir que le tigre vienne à changer d’avis. Mais il savait pertinemment aussi que cela été égoïste de sa part. Il ne pouvait en attendre tant des autres quand lui-même n’était pas capable du moindre effort en ce sens. Dans la maison à nouveau mais veillant cette fois-ci à établir un feu. Il se décidait à y passer la nuit et se mit à réfléchir à la suite des événements. Ses pensées furent si nombreuses qu’un mal de tête vint se manifester chez le garçon le forçant à s’endormir au plus vite à moins qu’il ne veuille souffrir d’autant plus. La nuit passa ainsi. Le matin aussi douloureux que le précédent bien qu’n peu plus chaud se présentait. La nuit avait pu apporter quelques forces au garçon. Il devait donc à présent redescendre de la montagne. En quittant la demeure de fortune, Akari se retourne vers le lieu où il avait parlé pour la dernière fois à Kagami. Il s’inclina en guise de respect et pour le remercier pour ce qu’il avait pu faire pour le garçon. Il ne pouvait même pas voir l’endroit où se trouvaient les empruntes, alors autant ne pas espérer apercevoir le tigre, se disait-il.

Redescendant la montagne aussi vite qu’il le pouvait dans son état si bien psychique que physique. Le garçon n’avait plus de grandes volontés en lui. Et la météo une fois encore comme lors de maints voyages ne voulaient pas lui accorder la paix. Ce fut d’abord le vent qui soulever de temps à autre la neige au sol et qui projetait celle du ciel avec grande force contre le garçon. Les derniers jours de l’hiver étaient proches, mais ici on ne voyait presque pas la différence, une factualité assez déroutante pour le garçon. Sa maladresse elle aussi au rendez-vous, le faisait glisser sur quelques mètres à la suite d’un sol qui se dérobe sous ses pieds. Il n’y a pas une once de roche sous les semelles du garçon, il n’y a que de la glace et de la neige qui peuvent à chaque instant venir se briser et le plonger dans un chaos sans nom. Puis après le vent, vint la grêle, une glace qui semblait même plus froide encore que celle sur le sol. Difficile de s’imaginer rester là-dessous aussi il préférait s’enfoncer dans une grotte on loin. Il avait conscience des dangers qui pouvaient le guetter une fois à l’intérieur. Après tout il se trouvait dans des terres sauvages et rien ne disait qu’un yokai ne s’y trouvait pas. Se montrant aussi vigilant qu’il le pouvait dans son état. Il ne voulait pas aller jusqu’au fond de la grotte. Restant là pendant presque une heure, il pouvait voir que la chute de grêle et de neige ne venait pas à s’atténuer. Pris d’un élan de curiosité, il se levait pour s’en aller explorer la grotte. Une veine inspiration dans l’unique espoir de lui changer les idées. En s’enfonçant dans la grotte le garçon pouvait percevoir comme un étrange son. Une idiote pensée venait à lui parvenir. Celle de s’en aller voir cela de plus près, était-il suicidaire ou bien le chagrin ne lui permettait plus de réfléchir normalement ? Il ne le savait pas.

Au cœur des ténèbres il ne pouvait rien percevoir et prenant un des rares morceaux inutiles de sa tunique il vient à enflammer ce dernier et à le jeter un peu plus loin dans l’espoir d’y voir quelque chose. Et là se présente à lui une masse noire asse compact au plafond. Il pense d’abord à une chauves-souris, mais la masse est trop importante. Il sait alors que c’est un yokai. Et un yokai qui l’observe, car on peut voir ses deux yeux observer le garçon de par le reflet du maigre feu qui se présente entre eux deux. Sans instinct plus puissant que son esprit en cet instant lui cri de courir. Rapide comme jamais, il ne parvient pourtant pas à semer la chose. Mais la sortie est proche et rapidement le monstre semble abandonner la poursuite. Ce dernier ne semble pas aimer la lumière du jour ou du moins la luminosité extérieure, car le Soleil ne s’y fait pas présent. Ou bien simplement ne souhaite-t-il pas sortir de sa tanière pour une obscure raison. Hors de la grotte sous la grêle qui vient presque lui fracasser le crâne, il protégeait ce dernier avec ses bras comme il le pouvait. Et alors que tout lui disait de rentrer à Sakyuu sans plus attendre il se dit que c’était là une chance pour lui. Il n’avait pas vraiment fait le deuil de Miyuki, mais il comptait retrouver une certaine puissance et cela passait par le biais d’un pacte. Une chose nécessaire pour ses ambitions.

Prenant son courage à deux mains, il décide de s’aventurer à nouveau dans la grotte avec un kunai en main. Maigre défense face à un yokai. Il le sait très bien, mais il ne compte vraiment se battre, simplement espère-t-il que cela retardera la créature le temps qu’il puisse entamer le dialogue. Dans son autre main se trouve une torche, car il doit bien percevoir le moindre mouvement qui peut se produire. Les flammes précédentes qu’il avait pu jeter au sol ont déjà disparues. Est-ce le yokai qui les a éteintes ? Le garçon ne sait pas, mais réfléchit à ce propos tout en avançant. Et là, le son d’une voix vint à le faire cesser toute avancée.



-Quel fou oserait retourner là où la mort l’attend ?



Silencieux, Akari perçoit de par sa torche bien plus lumineuse que la précédente qu’il n’est plus dans une galerie rocheuse mais dans une sorte de grande salle sans qu’il ne puisse y voir le plafond ou bien les bords en dehors de ceux qui servent d’entrée par laquelle il venait d’arriver. Il sent alors au-dessus de lui, devant lui, derrière lui et tout autour que des choses se déplaçaient sans qu’il ne puisse les voir.



-Serais-tu en quête de mort, mon petit ? Mon humble demeure ne suffit-elle pas à t’inspirer la terreur ?



A ces mots plusieurs choses foncent tels des oiseaux de proie vers le garçon, lui donnant simplement des coups d’ailes. Il esquivait presque tous les coups, mais l’un d’eux réussi à la saisir au bras. Sa torche venait à être jeté au sol. Mais par chance elle ne tombait pas dans une flaque d’eau ou autre et semble encore éclairer la zone. Akari se baisse alors pour ramasser l’objet, Mais trop de son poids se trouvait sur son pied gauche. Et ce dernier s’appuyait plus qu’il ne le devait sur le sol. Ce dernier vint à s’effondrer et rapidement le garçon glissait comme sur une rampe de glace vers les entrailles de la montagne. La chute fut courte et brève, mais son corps battait plus fort qu’il ne l’avait jamais vécu si l’on oubliait cette histoire à la morgue. Pointant la torche qu’il put saisir durant sa chute vers ses avants alors qu’il semblait être au fond comme d’une crevasse. Des ténèbres vinrent à sortir une immense tête de chauves-souris à la gueule peu joyeuse. Cette dernière vint à souffler comme si elle ne faisait qu’expirer sur la torche du garçon qui vint à effacer les dernières traces de lumière dans la grotte. Et la créature ne semblait pas amicale, elle était loin des horreurs que sont certains yokais, si bien que naïvement le garçon se demandait s’il ne s’agissait pas plutôt d’un kami au lieu d’un yokai.



-Êtes-vous un Kaminotsukai ou bien un yokai ?



Le garçon sent alors deux dents sur sa gorge qui ne demandaient qu’à grandir pour lui perforer la gorge.



-Et toi, mon jeune enfant ? Que viens-tu chercher en ce lieu ?



-Je viens chercher la force de réaliser mes convictions.



Dit le garçon s’en trembler ne serait-ce qu’un peu. Montrant une certaine détermination dans ses mots.



-Tes convictions ? Et donc ? En quoi cela me concerne-t-il ? N’as-tu pas alors mieux à faire que de venir te suicider en plein cœur de ces montagnes où les pires dangers guettent des imprudents tel que toi ?



L’étrange kami semblait bavard. Pensait alors le garçon. Il se disait que ce dernier devait certainement souffrir d’une certaine solitude du fait de ne pas croiser d’humain. Car après tout il avait déjà dû croiser des humains à qui parler.

Les dents virent à s’éloigner de la gorge du garçon.



-Précises donc tes ambitions ?



-Je cherche des réponses, des réponses à des actes du passé que mon frère a pu commettre. Je cherche à le retrouver et à comprendre et si cela s’impose à affronter ce dernier.



-Ton frère ? N’as-tu pas le sens de la famille ?



-Je l’avais plus jeune, jusqu’à ce que mon frère tue mon père et que ma mère et ma sœur viennent à m’accuser de la sorte et qu’elles finissent par me haïr de ne pas avoir rejoint leur religion.



-Humm touchante histoire que voici. Tu t’es montré habile jusqu’à présent pour esquiver les ailes qui vinrent vers toi. Mais ces terminé à présent tu vas mourir ici. Nous n’avons plus qu’à attendre que tu trépas pour nous abreuver de ton sang. Au revoir petit homme, que les ténèbres te soit douce.



-Revenez j’ai besoin de votre force, de votre aide !



Mais aucune réponse ne se faisait entendre, il répétait la phrase une fois ou deux avant de laisser tomber. Et l’obscur être n’avait pas complétement tort. A présent Akari devait se débrouiller pour trouver un moyen de quitter la crevasse puis la grotte. Il pouvait bien évidement marcher le long des parois, mais il devait aussi être capable de voir où il allait. Ses kunais étaient capables de laisser passer la foudre au travers des chaines qui relie le garçon à ces dernières, il décide de les envoyer dans quatre directions aléatoires mais vers le plafond. Puis après une série de mudras, le voici en train d’illuminer toute la zone. Il pouvait voir les zones où il devait marcher et les zones où il ne pouvait pas. Remontant au niveau de l’entrée de la grotte, il vient à continuer ainsi de suite jusqu’à atteindre la sortie. Et tandis que la sortie n’était plus très loin et que le garçon pouvait ressentir de nouveau le souffle froid sur ses joues. Il se faisait saisir par les pieds et entrainer de nouveau vers l’obscurité.



-Tu pensais que j’allais te laisser sortir comme ça ? Je dois bien admettre que je ne pensais pas que tu puisses utiliser le chakra. Je te prenais pour un simple paysan en quête de sensations fortes en altitude. Donne-moi une raison de ne pas te trancher la gorge dès à présent !



Le garçon ne prend pas la peine de réfléchir et dit la première chose qui lui passe par la tête.



-Je peux vous parler et vous écouter.



La réponse ne faisait aucun sens en cette circonstance. Et pourtant Akari voulait souligner ce qu’il avait remarqué un peu plus tôt. Le fait que le kami devait se sentir seul ici. Était-ce la réponse ou bien l’idée même voir la naïveté du garçon qui vint à faire rire l’être de ténèbres ?



-Tu es amusant je dois te l’admettre, mais penses-tu vraiment que j’ai besoin de compagnie ? Je ne vis pas ici pour rien après tout.



-Peut-être, mais je vous trouve bien trop bavard pour ne pas aimer parler.



-Je dois reconnaitre que sur ça tu marques un point. Je reconnais aussi tes talents pour la fuite ou l’art de manier de la foudre. Néanmoins cela s’arrête là, je n’irai pas passer le moindre pacte avec un mioche qui n’a aucune ambition. Je n’y risquerai pas ma vie.



-Aucune ambition ? Et si j’ajoute au passif de mon frère que ce dernier est très certainement un apôtre de Jashin. N’est-ce pas de l’ambition que de vouloir se mesurer au culte ou de vouloir l’infiltrer pour réaliser mes objectifs ?



-Ce n’est là que de la témérité ! Ne confond pas ta bêtise avec la bravoure et le courage qui peuvent animer une quête vertueuse.



-Je n’ai rien de vertueux, mais je suis certain de ne pas être mauvais. Avez-vous déjà pu observer un enfant de mon âge manier non pas un mais deux éléments ou même encore d’être capable de fusionner ces deux-là ? Recroiser un génie ne vous arrivera peut-être plus jamais pas plus que de croiser un humain dans ses monts et dans cette grotte. Alors je vous le demande une fois encore passons un pacte.



-Tu es bien impertinent, mais prouves-moi tes dires et alors peut-être que je pourrais réfléchir à tes mots.



Le kaminotsukai relâche alors la pression sur la cheville et l’épaule du garçon. La sortie n’est pas loin et Akari peut essayer de fuir s’il le souhaite une nouvelle fois. Mais loin de lui l’idée que d’abandonner à ce stade. Aussi il refait une série de mudras, mais différente cette fois-ci. Il cherche à produire une technique katon de moindre ampleur. A la suite de quoi il enchaine une nouvelle série en combinant ces deux éléments pour ne plus former qu’une vague de chaleur aussi étrange qu’imprévisible et dont le poison peut se montrer redoutable. Face à ces preuves la créature s’en va alors et Akari à beau lui demander de revenir pas un mot ne se fait entendre. Puis provenant du plafond un rouleau tombe aux pieds du garçon. La voix de la créature provient du plafond.



-Voici ce que tu demandes, tout est prêt et il ne te reste plus qu’à signer avec ton sang. Au passage je me nomme Thuringwethil.



-Enchanté, je suis Akari.