Si peu de choses à faire … C’était bien entre deux missions que le temps paraissait le plus long … Cela faisait presque un mois que j’étais revenu au village. Ma mère étant partie définitivement de Sakyuu, le petit appartement que nous partagions me revint de droit. J’avais enchaîné deux missions peu ragoutantes : une livraison de journaux pour remplacer le facteur du quartier résidentiel, ainsi que colleur d’affiches pour la fête du boudin qui allait se tenir dans peu de temps. Des tâches de service public pour la communauté du village, mais nullement stimulantes pour un shinobi en devenir. Mais ne devait-on pas en passer par là ? Certes, il était plus amusant de m’aventurer dans le désert avec papi, mais qu’est-ce que tout ceci m’avait apporté ? Un sort de fuinjutsu qui me recouvrait le corps. Niveau discrétion pour un ninja, on repassera.

Il était dimanche, et en cette fin de semaine, le quartier résidentiel était bien animé. L’ennui me prenant bien trop à partie, je choisis de m’y rendre sans délai, plutôt que de tourner en rond chez moi. Les rues n’étaient pas spécialement bondées, mais on profitait du temps clément en famille, visiblement. Le quartier résidentiel n’était pas uniforme, on y retrouvait des secteurs plus ou moins cossus, et certains étaient la demeure des plus démunis. On comptait parmi eux des étrangers fraîchement arrivés, qui n’avaient pas encore trouvé leur place dans le village, des marginaux, qui s’étaient perdus dans le quotidien des drogués aux substances de synthèses des shinobis les moins scrupuleux qui s’offraient parfois un revenu supplémentaire grâce à leur savoir-faire médical. Il y avait bien évidemment les plus modestes, les ouvriers et travailleurs à la journée. Les mères célibataires, les gamins des rues abandonnés qui n’avaient pas encore eu la chance d’aller à l’orphelinat Sabaku. La plupart de tout ce beau monde n’était lié au monde des shinobis.

Mais ce n’était pas un monde aussi sombre qu’on voulait le faire croire : dans la misère, l’entraide est de mise, et rien n’était plus vrai dans le district le plus pauvre du village. Et au bout d’une heure de promenade, je sentis quelque chose tirer mon sarouel vers l’arrière. Il y avait un petit garçon. Sale et pieds-nus. D’environ 11 ans.

– Hé m’sieur. Tu fais quoi ?
– Moi ? Mh … Rien de particulier pourquoi ? Je me promène juste. J’ai pas un centime sur moi malheureusement alors tu veux bien …
– Je viens pas pour réclamer. Tu veux un truc ?
– Un truc ?

Le diablotin parlait très probablement de drogues. Et visiblement, il ne se doutait absolument pas que j’étais un ninja. Sinon, il n’aurait jamais proposé. Curieux de ce qu’il avait à proposer, je me mis à le suivre. Il m’entraîna dans des dédales encore plus tortueux et étroits, et finit par s’engouffrer à l’intérieur d’un appartement du rez-de-chaussée, qui donnait directement sur la rue. En entrant, je fus stupéfait par l’odeur de renfermé qui se dégageait du lieu. Toute lumière extérieure avait été occultée et je comptai pas moins de cinq personnes allongées sur des banquettes, au sol. Visiblement, elles dormaient à poings fermées. Méfiance. Seul se tenait un vieillard, debout, en kimono.

– C’est bien, Kenji. Qu’est-ce que tu m’amènes cette fois-ci ?
– Je ne sais pas.
– Pas un ninja au moins ?
– Non, je ne l’ai jamais vu dans le village. Il ne m’aurait pas échappé avec ses tatouages.
– Je … je fais partie d’une caravane du désert …
– Hm … » fit le vieil homme en observant mes stigmates « Mais ce ne sont pas des tatouages, me trompé-je ?
– Non en effet … C’est un sortilège qui vise à empêcher un venin d’attaquer mon système nerveux. C’est un sakyuujin qui en a fait usage alors que je m'étais fait piquer par un scorpion blanc du désert …

Je choisis de dire une partie de la vérité. L’homme ne devait pas savoir que j’étais un ninja. Il me paraissait drôlement suspect, car en mesure de reconnaître les sceaux de chakra. Il relâcha la pression et me sourit :

– Bien. Je m’appelle Yamimoto, enchanté. Bienvenue dans mon humble salon. Les services que je propose sont assez inédits et peuvent être réprimandés par les autorités. Je tiens à préciser que votre première séance sera gratuite.
– Et que proposez-vous ?
– Si vous errez dans cette partie de quartier, c’est que vous êtes à la recherche de sensations fortes. Et heureusement pour vous, je déteste la drogue. Mon art est purement spirituel et de nature chakratique. Je suis ce que l’on appelle un marchand de rêve. Toutes les personnes que vous voyez ici dorment paisiblement, et profitent d’un instant onirique, qui exauce leurs souhaits les plus dingues. Le temps d’une longue sieste. Qu’en pensez-vous ?

La tentation était alléchante. Et puis ne m’étais-je pas extirpé de mon chez-moi justement pour trouver l’inattendu ? J’étais bien trop curieux et envieux de tenter l’expérience. Yamimoto me montra une des nombreuses banquettes disposées à même le sol, sur laquelle je pris place. Le petit Kenji disposa d’un peu d’encens à brûler à mes côtés. Yamimoto m’intima de me détendre, et plongea ses yeux dans les miens. Il s’agissait vraisemblablement d’un Genjutsu extrêmement puissant. Sans m’en rendre compte, je sombrai dans un drôle de sommeil.

Je rouvris les yeux, baignant dans un lit moelleux, entouré d’énormes coussins et surtout … de filles. Ces dernières s’affairaient à tenter de me déshabiller, et de nous servir de belles coupes de saké. Je me relevai d’un coup, regardant autour de moi. J’étais dans une pièce somptueuse, toute recouverte d’or, de tapisseries, de soieries, aux motifs et aux mises en scène à ma gloire.

– Que faites-vous mon roi ? demanda une des soupirantes.
– Roi ?
– Oui, vous êtes bien le roi de Migiwa-land … Revenez, sire …

Je m’approchai de la fenêtre. Et l’extérieur était un jardin suspendu, sur lequel un palais pharaonique se dressait. Il y avait derrière la ville, aux coupoles argentées, aux tours blanches, avec des fontaines et des cascades qui serpentaient partout, irriguant les nombreux points de verdures de la cité. Migiwa-land … C’était bien vrai. Cet endroit paradisiaque qui s’offrait à moi. Peu à peu je m’oubliai dans cette utopie …

J’avais sans nul doute vécu ce que je n’aurais jamais pu imaginer. En tant que roi de Migiwa-land, j’étais parti à la conquête de nombreux pays, j’avais enfin restauré la paix, et créé un empire prospère et sécurisé pour tous et toutes. Avec toutes les filles du monde à mes pieds, je faisais couler le saké à flots, et donnais des banquets inoubliables avec des convives par centaines, et où la nourriture surabondait. Des temps de joies et de liesse qui ne semblaient ne jamais se terminer. Jusqu’à l’ultime épreuve. Un démon, qui avait fait son voyage depuis les entrailles de la terre, et qui venait tous les 1000 ans, tourmenter le royaume de ma dynastie. Du plus profond des cachots jusqu’au sommet de la grande Tour d’Argent, nous nous combattîmes. L’issue du combat allait être inéluctable, et finalement, mon ennemi tomba. J’étais victorieux.  S’ensuivit des jours et des jours de célébrations, de festivals et de repas improvisés dans tout Migiwa-land.

Flash blanc, et mes yeux papillonnèrent. Je vis face à moi le plafond du logis de Yamimoto. Le rêve était terminé. Le vieux bougre avait tenu parole : ce qui venait de se passer était prodigieux. Un rêve plus vrai que nature. Une chose des plus stimulantes que j’avais vécu. Je me relevai, et fit face au vieil homme, qui distribuait à boire à ses clients, qui eux aussi émergeaient de leurs songes.

– C’est incroyable, Yamimoto. Votre maîtrise du Genjutsu est sans égale … Car c’est bien du Genjutsu dont vous avez fait usage, non ?
– Oui, si l’on peut dire. Je suis un Hokoshuka, une tribu de l’est, nomade. L’utilisation du chakra ne nous est pas inconnue, et nos shamans pratiquent ce qui en effet, se rapproche du Genjutsu des shinobis. Vous êtes satisfait de votre voyage ?
– Plutôt impressionné. C’était comme si c’était réel. Peut-être trop. J’ai même l’impression que ce que je vis actuellement est justement un rêve.
– Ah ! Ah ! Ne vous en faites pas, ce sentiment de désorientation est tout à fait normal. Vous retrouverez vos repères dans une heure tout au plus. Et si le coeur vous en dit, revenez quand vous voulez. Mais avec de quoi payer cette fois-ci, hé hé !
– Eh bien j’y réfléchirai. Au revoir, Yamimoto.

Je quittai le domicile de ce prétendu shaman, non sans tenter de retrouver mes sensations sensorielles le plus rapidement possible. Ce sentiment de ne pas appartenir à la réalité se faisait de plus en plus désagréable. Et ni le soleil, ni la chaleur ne parvenaient à me sortir de ma torpeur. Lorsque tout à coup … Lui. Il était là. Ce monstre. Comment avait-il survécu jusqu’ici ? Je l’avais pourtant tué de mes propres mains, sur la Tour d’Argent … Mephistus, le démon. Il était là. Je sentais son odeur pestilentielle tout autour de moi. Sa voix résonna, sans que personne ne réagît … Les passants poursuivaient leur route, comme si de rien n’était.

– Migiwa … Tu m’as peut-être tué là-bas … Mais ici … Je suis bel et bien vivant.
– La ferme ! Tu n’étais pas réel ! Sors de ma tête !
- Pas réel ? En es-tu bien certain ?


Le monstre apparut à mes yeux, à quelques mètres de moi … Sa silhouette, haute de deux mètres, ses ailes diaboliques, ses yeux scrutateurs et pervers … Et sa bouche, qui était une gueule hérissée de crocs qui ne demandaient qu’à arracher de la chair humaine … C’était de mon devoir de le faire disparaître de nouveau, s’il menaçait cette fois-ci le village tout entier. Mais bien évidemment, il s’était rendu invisible aux yeux des autres passants.

– FUYEZ ! FUYEZ ! OU VOUS ALLEZ VOUS FAIRE TUER !!

Mephistus porta le premier coup, que j’esquivais habilement. C’était à moi de répondre. Je concentrai mon chakra dans mes mains et fis pleuvoir une pluie de coups de poings dévastateurs sur mon ennemi. Dans ma furie, j’avais détruit un étal en détruisant un des tréteaux qui le soutenaient. Enfin, tout autour de moi, les gens s’affolèrent. Je continuai ma furie, renversant cette foiis-ci une petite charrette qui déversa une quantité incroyable de dattes sur le sol. Impossible de m’arrêter, ce maudit démon devait crever quoi qu’il en coûtait !

Faisant jouer ses ailes dans les airs, et mugissant comme un taureau le démon s’amusait à tournoyer tout autour de moi, pendant que je m’évertuai à le toucher en frappant de toutes mes forces mon environnement. C’est alors que je sentis quelque chose qui me remis très rapidement les idées en place. En deux temps trois mouvements, je me retrouvai au sol, maintenu par une clé de bras vigoureuse. Mes yeux roulèrent en direction de l’auteur de cette félonie, m’interrompant dans mon glorieux combat contre Méphistus, m’apprêtant à lui jeter une salve d’insulte mais aussitôt, mon corps tout entier fut traversé d’un courant électrique très désagréable.

La décharge n’avait pas vocation à me blesser, mais visiblement à me sortir de mon état délirant, ce qui marcha plutôt bien. Même si la douleur était présente sur l’instant, la technique vraisemblablement de Raiton de mon sauveur s’avéra être d’une grande efficacité. Mes visions disparurent, et le sentiment d’être quelque part entre le rêve et la réalité se dissipa lui aussi. Ma lucidité était de retour, et je réalisai ce que je venais de commettre. Autour de nous les badauds s’approchaient avec précaution avant de constater la « prise » qui avait été faite par le mystérieux shinobi qui me maintenait par le bras. Je pris quelques secondes pour le dévisager, afin de voir à qui j’avais affaire.

C’était encore un gamin visiblement, plus jeune que moi. Il venait sûrement de sortir de l’académie vu son âge, et il avait de fortes chances d’être un Genin comme moi. Au moins, j’avais eu la chance de ne pas être tombé directement sur un supérieur hiérarchique. Là, ç’eût été ma fête. Le shinobi était peut-être albinos ou quelque chose de ce genre au vu de sa chevelure immaculée. Il portait d’amples habits qui n’avaient pas l’air légers, mais au moins protégeaient bien du soleil. J’aperçus un katana dans son dos. Je grognai en réaction à ma posture bien humiliante.

– Et donc tu te calmes oui ? Et tu m’expliques ce qui est en train de se passer, s’il te plait.
– Arf … pardon, pardon, chef. C’est visiblement une méprise … Lâche mon bras et je te raconterai tout, j’ai été une victime indirecte d’un Genjutsu … En tout cas ton coup de jus m’a bien remis les yeux en face des trous. Même si ça picote bien. Je m’appelle Migiwa, Genin …

– Pour commencer je ne suis pas un supérieur, je ne suis que genin comme toi visiblement. Ensuite enchanté je suis Akari. Mais en revanche, je ne comprends pas ton histoire de genjutsu. Où est le lanceur ? Et pourquoi a-t-on lancé une attaque à ton encontre ?

L’albinos desserra son étreinte et me permit de me relever. Je fis rouler mes articulations du bras afin de les désengourdir et de retrouver mes sensations. J’étais légèrement ankylosé. Ce shinobi savait s’y faire en prises visiblement. Avant que je ne prisse la peine de répondre, le regard du Genin se dirigea en direction de la planque de Yamimoto, là où quelques minutes plus tôt, j’étais encore plongé dans un sommeil aussi lourd que surréaliste, et pourtant si réel. Il marcha quelques minutes où je le suivis pendant que je pratiquai quelques étirements de circonstance. Puis il se positionna devant la petite bâtisse, le regard fixé droit devant lui. Puis il déclara :

– C’est ici que j’ai vu une signature. Ton agresseur au genjutsu c’est là que tu as pu le croiser ou bien ailleurs ?
– Oh, je vois que tu es un type « sensitif ». Pratique de suivre les pistes chakratiques. Je m’en vais donc tout te raconter, ça évitera peut-être des ennuis plus gros que nous. Le gars au Genjutsu est en effet de l’autre côté de ces murs. Et ce n’est pas vraiment un shinobi d’après ce qu’il m’a dit, mais un membre d’un tribu de l’est, une sorte de shamane. En tout cas ses illusions agissent directement sur les rêves. Il fait payer des séances pour faire te faire vivre une toute nouvelle vie dans un monde onirique. Mais en réalité tu ne perds qu’une heure de ton temps. Il se nomme Yamimoto, et j’avoue avoir tenté l’expérience par pure curiosité, héhé … Et ça m’a un peu fait pensé aux tabacs de Shiryuka, je ne sais pas si tu as déjà … Hm ! Bref. Le soucis c’est qu’au réveil on est tellement désorienté qu’on a du mal à distinguer le rêve et la réalité. C’est pour ça que j’étais en proie à de sévères hallucinations. Et le fait de m’avoir électrocuté via le chakra m’a permis de me défaire complètement de l’illusion et de ma confusion, à mon avis. Maintenant j’ai peur que ce qui m’est arrivé se reproduise chez d’autres de ses clients … J’ajouterais que c’est un vieillard plutôt sympathique, je ne crois pas qu’il pensait à mal. Mais avant d’entrer méfions-nous. Qu’il soit adepte du Genjutsu ou d’une forme similaire, on doit se méfier. Après toi …

Devant le pas de la porte, je me mis en position de garde, faisant circuler mon chakra à travers tout mon corps, prêt à toute éventualité. Restait à savoir de quelle manière Akari allait tenter de désamorcer la situation. Et Yamimoto était-il prêt à être conciliant avec les autorités de Sakyuu ?

Nous entrâmes dans le logis, qui à ma grande stupéfaction, se retrouva vidé de ses clients qui dormaient à même le sol. Les couchettes étaient vides et l’encens brûlé ne diffusait plus ses effluves. Yamimoto se tenait là, debout, dans une posture plutôt intrigante, comme s’il nous attendait de pied ferme. Akari lui intima de se rendre ce à quoi le vieillard entama une succession de mudras. Mon camarade réagit de la meilleure manière qui fût : à une vitesse hallucinante il stoppa l’incantation du Marchand de Rêves à mains nues. Lui maintenant le poignet pour l’empêcher de lancer ses sortilèges, le Genin me demanda d’inspecter les environs. Bonne idée, c’était plus sûr. Avant que je ne m’avançasse en direction des autres pièces, Yamimoto prit la parole :

– Vous me décevez, Migiwa. Moi qui vous ai offert mes services de bon coeur … Comme quoi il ne faut jamais faire confiance aux ninjas. Ma tribu, les Hokoshukas, en sait quelque chose ! Si je m’étais douté que vous étiez un shinobi, jamais vous n’auriez foulé le sol de mon cabinet.
– Gardez votre salive pour les autorités du village. Vous n’êtes peut-être pas malintentionné, mais votre Genjutsu met en péril l’ordre public.

Je m’avançai vers l’inconnu dans des pièces plus sombres, dont les fenêtres avaient été occultées par des rideaux sombres sur les fenêtres. Le temps que mes yeux s’habituassent à l’obscurité ambiante, je remarquai que le sol était jonché de détritus et d’objets en tout genre. Une odeur nauséabonde se dégageait de l’endroit, et il fallait croire que notre bon Yamimoto souffrait d’un sérieux syndrome de Diogène … D’ailleurs je n’étais pas rassuré à l’idée qu’Akari fût seul avec cet énergumène … Nous ne savions presque rien de lui, en vérité. Des grognements parvinrent jusqu’à moi dans la pénombre. Je réussis à dénombrer une dizaine de silhouettes, debout, l’air hagard. Les fameux clients.

– Les gars ? Tout va bien ?
– A MORT !! LE DEMON !!

Toute la horde se mit à sprinter d’un seul homme, droit devant moi. Ces imbéciles étaient visiblement encore sous le coup du Genjutsu de Yamimoto, sans aucun doute. Le félon avait certainement détecté notre présence quand nous discutions devant sa porte d’entrée et préparé cet odieux piège. Mon premier réflexe fut de passer par la fenêtre et d’entamer une course dans les rues du quartier. La bande d’ensorcelé ne changea pas pour autant de cible, et continuait de me poursuivre alors que mon cerveau bouillait sur place pour trouver une solution à toute la pagaille qui me tombait sur le coin de la tête. Il ne me restait plus qu’à espérer qu’Akari eût compris ce qui se tramait et qu’il fît réagir en conséquence son prisonnier … S’il se montrait coopératif … Ou bien c’était à moi de me débrouiller avec les moyens du bord …

La course-poursuite dans la rue s’avérait être délicate. Pourchassé par une dizaine d’individus qui veulent votre mort, ce n’est pas si amusant que cela. Sauf que ceux-là me prenaient visiblement pour un démon à abattre. Heureusement pour moi, les ruelles du quartier défavorisé m’offrait de sérieuses occasions de me dérober à leur regard, et j’en profitai. C’était une des premières choses que l’on vous enseignait à l’académie des ninjas : se servir de son environnement. Je concentrai mon chakra sous la plante de mes pieds, et grimpai le long d’un mur afin de me réfugier. De là, ils cesseraient leur chasse à l’homme. Ou bien ils poursuivraient comme des damnés, bien décidés à mettre la main sur une proie qui leur avait filé entre les doigts depuis plusieurs bonnes minutes. Et c’est ce qu’il se produisit. La joyeuse bande continua sa course dans les ruelles, sans penser à lever les yeux vers le ciel. Je remarquai qu’ils étaient suivis de près par Akari en personne. Avait-il laissé Yamimoto seul ? Ou bien était-il lui-même en proie à des hallucinations. Peu importait, il fallait vite revenir à la planque de l’Hokoshuka pour en avoir le coeur net.

Une fois de retour au sol, un coup monstrueux me propulsa plusieurs mètres contre un mur. Heureusement, j’étais robuste, et la rouste que je venais de prendre était vierge de chakra. Je me retournai et fit face à un véritable colosse. Je comprenais pourquoi la frappe de ce simple civil m’avait ébranlé à ce point : ce devait être une force de la nature.

– Te revoilà à roder dans le coin ! Tu n’as pas retenu la leçon que mon grand-père t’a donné ! Nos clients reviendront pour t’arracher la peau sois-en sûr.
– T’es dans le coup toi aussi ? A qui ai-je l’honneur ?
– Kojuta, pour te servir … De toute façon je vais me débarrasser de toi en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Et j’aime autant te dire que mon grand-père va aussi mettre une sacrée correction à ton petit camarade gringalet aux cheveux blancs.
– Malheureusement pour toi, nous ne sommes pas de cet avis.
– Et dire que l’on t’a gratuitement offert ce service ! Et toi, fidèle aux ninjas, tu n’as pas hésité à nous dénoncer ! Vous autres shinobis, êtes tous les mêmes ! Les Hokoshukas ont été trahis et presque décimés à cause des ninjas ! Nous errons de villes en villages dans une pauvreté misérable. Et c’est à cause de vous ! Et là vous recommencez !
– Service ou pas service, les illusions de ton grand-père restent dangereuses. Rends-toi sans faire d’histoires ou …
– Ou quoi, microbe ? Prends ça !!


D’un mouvement ample du bras, le mastodonte tenta de nouveau de me frapper. Mais sa vitesse grossière fut aisément anticipable, et même pour un apprenti ninja de l’académie. Le pauvre lourdaud ne faisait clairement pas le poids. J’esquivai son coup sans difficulté, et escaladai de nouveau la paroi d’un mur grâce à l’adhésion du chakra sous mes pieds pour me retrouver en hauteur. Je dominai pleinement mon adversaire.

– Hé c’est pas juste ! Descends de là !
– Tu connais David et Goliath, crétinus ?
– Non …
– Eh bien tu vas connaître !

Habile lanceur que j’étais j’envoyai d’un tir précis et puissant une pierre que j’avais ramassé lors de mon esquive précédente. Le gros caillou heurta de plein fouet le crâne du dénommé Kojuta, qui s’effondra au sol, inconscient et toujours en vie. Vite, je retournai au domicile du Marchand de rêves, non sans prendre quelques précautions. De toits en toits, puis par une acrobatie habile, je rentrai dans la bâtisse par là où j’étais parti, à l’étage supérieur. L’oreille aux aguets je me rapprochai des escaliers afin d’entendre si tout se passait bien en bas.

Du coin de l’oeil, j’observai le rez-de-chaussée, et je fus soulagé de voir que mon comparse fût toujours présent sur les lieux, gardant de pied ferme le dénommé Yamimoto. Je sortis de l’ombre, me révélant aux yeux des deux énergumènes et en me grattant la nuque d’un geste nerveux.

– Eh bien il semblerait que tout soit rentré dans l’ordre … Je suppose que le « toi » que j’ai vu à la suite de mes poursuivants devait être un clone … En tout cas je prends le pari que tu as déjà réglé le problème … Au moins l’un de nous deux est professionnel. Quant à vous, Yamimoto, vous y songerez à deux fois avant de balancer à qui le veut des sortilèges d’illusion. J’ignore ce que les ninjas ont fait subir à votre peuple, mais si vous voulez vivre paisiblement dans un village de shinobi, faites profil bas et soyez plus intègre. Moralité : faites un travail honnête, bon sang de bois.

Je fis les cent-pas, remarquant que Yamimoto bouillait de rage. Il fusillait du regard Akari, celui qui l’avait mis hors d’état de nuire. Mais ce grand-père n’était pas mauvais au fond. Je me tournai vers le ninja aux cheveux blancs et lui tendis ma main pour une poignée bien virile.

– Je pense que c’est à toi de remettre ce loustic aux autorités. J’ai bien merdé aujourd’hui et c’est une leçon que je ne suis pas prêt d’oublier. Tu as assuré du début à la fin. Il se peut que nous nous retrouvions tôt ou tard et sois-en certain, j’aurai gagné en maturité ce jour-là. Bon sur ce, je vais aller m’acheter des bonbons. Salut !

Je concentrai mon chakra dans mes jambes et bondis hors de la bicoque qui avait été le théâtre de drôles de combats. Je n’allais pas retourner dans ce quartier de sitôt !

[HRP : Je te laisse conclure le rp si tu en as envie, je pense qu’il n’y a pas grand-chose à ajouter. Désolé pour le poste plutôt court, j’avais pas trop d’inspi pour ce dernier message x) en tout cas c’était sympa !]