Comme demandé, j'avais accouru pour l'entrevue : Non sans avoir quelques inquiétudes, inhérentes au mystère qui entourait cette rencontre. Qui allais-je atteindre ? Quel serait les tests ? Avec ma cape noire, j'avais passé la porte du bâtiment central de jujou No Sato en lorgnant sur tout ce qui bougeait... Avec la venue de la demoiselle, quelques jours plus tôt, je soupesais que les exercices de vérifications avaient déjà commencé et que même loin des murs de ce lieu, j'avais été testé.

Une grande respiration et je rentrais dans le grand bain.

Là, la même dame m'attendait pour me conduire, tout en m'expliquant, vers la vraie source de la rencontre : Chinone, inconnue pour moi, mais c'était sans doute mieux quand on faisait partie de la brigade d'interrogation. En tout cas, le but de cette entrevue était donc de repasser sur mon dossier et vérifier mon passé... Je ne voyais pas l'intérêt, mais le sous-titre devait être le mensonge et la vérité, peut-être aussi l'oralité. Je devais me présenter plus que de présenter quelques feuillets qui parlaient de moi. La mine un peu moins dure, je suivais sans broncher celle qui connaissait la topographie du bâtiment, jusqu'à arriver à bon port. "Si je veux plaire, elle le saura." Je n'étais pas du genre charmeur, loin de là même... Donc il n'y avait pas de risque, mais la vraie raison de cette incartade, ce conseil, devait être de ne pas mentir. Jouer franc-jeu.

En poussant la porte, je découvrais une blonde, assisse alors que son bureau, vide, n'accueillait qu'un unique dossier : Sans doute le mien. Le regard porté uniquement sur le bois du bureau, je prenais note des lieux et de leurs caractéristiques. Si rien ne me choquait, l'uniformité des lieux laissé penser qu'elle était maniaque du rangement, ou que spécialement, elle avait fait un effort pour moi, mais pourquoi ? Il y avait des choses à cacher ? "Des tas, sans doute..." Laissant de côté cette interrogation, je m'avançais en répondant à son petit signe de tête. Elle fit botter en touche la dénommée Hana, pour du thé, et l'air de connivence que je sentais entre les deux me fit penser que j'étais de trop dans cette pièce.

Dommage, car j'étais l'attraction principale.

Prenant place, je la vis sélectionner avec peu de prudence mon nom et, même sans le vouloir, je lus les grandes lettres qui formaient mon nom. Elle ne cachait rien et cela faisait tâche avec l'ambiance du bureau et son état de ménage : C'était donc partie intégrante de sa stratégie. Quel était le but ? J'allais le découvrir. Sans le vouloir, je rentrais dans une dynamique de résistance : Comprendre le manège, lui apporter ma solution et pas celle qu'elle désignait toute faite. Faire mienne sa tactique ne pouvait que me faire gagner, ou en tout cas savoir ce qu'il fallait faire. "Ne pas répondre pour plaire." C'était tout l'enjeu ici, sans doute : Savoir sans être influencée par l'information.
Ainsi, je gardais le regard neutre sur le papier présenté, avant de relever les yeux pour embrasser du regard cette dame qui allait choisir mon destin.

Sans grande introduction, elle se présenta elle : juunin, membre de la brigade. C'était logique, mais le préciser appuyait son autorité. En tout cas, c'était elle qui allait choisir si j'étais pris ou non... Un processus qui allait me donner ma légitimité, ou non. Gardant les yeux sur elle, choisissant spontanément de me détacher de ses notes, je lui répondais :

- C'est un honneur d'avoir été sélectionné et d'avoir su avoir votre intérêt, même minime. J'espère que cette rencontre, ou les autres, sauront confirmer votre sentiment. Je ne sais comment me présenter, sans répéter bien des choses que vous avez déjà lu dans mon dossier. On m'a décrit l'objet de cette rencontre et je répondrais à toutes vos questions sur mon passé et mon présent. Amenant mes bras sur les deux accoudoirs, je prenais une position un peu plus confortable, sans être dans l'insolence : Si la réunion allait être longue, je devais me mettre à l'aise et renvoyer une image plus confiante. La brigade est mon objectif et je ferais ce qu'il faut pour l'atteindre.

Au moins, c'était clair.

"Associer mon nom au sien ?"

Si la formule était étrange, me faisant penser à un mariage, je comprenais la chose : Si elle m'acceptait dans la brigade et que j'étais un mauvais élément, elle allait en pâtir. Elle voulait donc l'efficacité et la réputation qui allait avec : Pas d'erreurs, pas de périodes d'essai. Les tests ne devaient pas convaincre un comité, ou même le kage, mais bien elle, car c'était à sa discrétion et elle le prenait presque personnellement.

- Je comprend. Rien de plus à dire, mais je comprenais aussi toute la symbolique : Ce n'était pas que des questions, mais mes réactions à celle-ci. On n'a plus qu'à savoir alors.

La gène ? La colère ? La tristesse ? Le manque même d'émotions ? Tout devait être finement ausculté pour savoir si je mentais, si je faisais en sorte de plaire, ou juste que je créais un rôle sur mesure pour le poste. Seulement, est-ce qu'être soit même était une bonne chose dans le jeu du secret qu'amenait cette brigade ? Je n'en étais pas si sûr.
Seulement, j'étais bien plus motivé qu'auparavant : Si mes mots transmettaient ma volonté, dès à présent, je me présentais comme le meilleur élément qu'ils pouvaient avoir. Le jeu n'était pas la raison pure, mais bien tout autre chose qui m'avait amené vers cette voie plutôt qu'une autre... La brigade était mon avenir, que ce soit en tant que ninja ou jashiniste. Une erreur de quart et je me retrouvais sur une chaise, alors pourquoi ne pas adopter la position à l'inverse ?

Seule cette Chinone allait me le dire, mais pour l'instant, elle voulait savoir si je pouvais être un bon élément pour sa brigade. Un instant, je gardais le silence pour réfléchir, non pas à la bonne réponse, mais à ma réponse personnelle

- Je suis un bon candidat à la brigade d'interrogation pour plusieurs raisons : J'aime mon village et je veux sa sécurité, ce qui m'a amené vers des chemins particuliers dans l'espoir de développer des capacités innovantes. Mon travail d'artisans m'a permis de concevoir des marionnettes que nos homologues de Sakyuu pourraient trouver intéressantes et au quelle j'ai rattaché plusieurs sortes de poisons pour faire parler, ou juste affaiblir, quelqu'un. Dans un registre plus classique, j'ai aussi pactisé avec des créatures spéciales, des singes, qui me permettent l'infiltration et la défense, notamment avec du genjutsu. Je pensais à Temee et sa fâcheuse tendance à jouer avec les illusions. Je n'ai donc pas un profil commun avec d'autres, notamment sur l'infiltration, mais j'ai d'autres talents pour compléter et j'ai l'envie d'apprendre pour perfectionner mon service, et donc ce que je peux apporter. Je prenais une petite respiration avant de compléter. Je n'ai dis que ce que vous ne saviez pas, mais je pense que mon dossier prouve mon efficacité et mes points forts. Mon intelligence, j'espérais.

Sinon, j'étais un peu foutu.

La question logique ensuite fut pourquoi la brigade ? Si j'apportais quelque chose, il fallait aussi savoir le fin mot de ma candidature. Pour autant, je pensais avoir été clair dans ma missive... Scrutant le regard de Chinone pour voir une information que j'avais manquée, je reprenais :

- Mon père est un déserteur, que nous avons récupéré récemment dans les marais, en train de faire des expériences... Un petit silence, les souvenirs revenaient.  J'ai fait un rapport, et vous l'avez dans les geôles de Jujou No Sato. À l'époque de son départ, cela avait fait grand bruit : J'étais chuunin, à cette époque, je suis redevenu genin car on se méfiait à cause de ma filiation. Je suis devenu Juunin maintenant, mais je désire toujours présenter ma valeur au village et surtout faire en sorte qu'aucun soldat ne quitte son poste et qu'aucun traitre ne soit laissé en sécurité entre nos murs. Ne quittant pas une seconde le contact visuel, je finissais mon petit discours. Je n'ai pas besoin d'une position, je suis un homme qui n'a pas besoin de galons ou des honneurs, je veux juste faire mon travail et la brigade est l'endroit où je pense mieux le faire.

C'était en partie vrai.

Si mes deux questions relevaient de la sincérité, je n'avais pas totalement convaincu la dame devant moi : Plissant les yeux, je cherchais où j'avais fauté dans ces derniers instants, au lieu d'aller à la facilité en lisant ses notes, à l'envers... Le jeu était là, me déconcerter ou me déconcentrer en montrant spontanément où j'avais échoué, mais on n'arrivait pas juunin en cédant comme ça à la pression ou aux obstacles sur nos routes... Pas quand on avait un secret comme le mien.
Devant la réponse de Chinone à ma première réponse, toutefois, je gardais un regard interdit : On apprenait toujours, qu'on le voulait ou non. S'interdire d'apprendre, c'était aller vers la stagnation et donc le mépris de ce que la vie nous amenait sur un plateau... Je savais bien des choses, mais je savais aussi que dans cette brigade, j'allais connaitre une nouvelle forme de service pour mon village. Les sous-bassement, les piliers... Toutefois, on n'affrontait pas la recruteuse et je hochais la tête sans répondre. Qu'importe, il restait une question.

Hana arriva dans la pièce avant qu'elle ne puisse poser une nouvelle question, après ma déclaration sur le pourquoi de ma candidature... Une théière à la main, elle faisait ce qu'on lui avait demandé et posa le tout devant nous. Si mon interlocutrice m'invita à boire, je ne le fis guère, attendant un moment de pause plutôt que de siroter ma boisson devant elle, pendant qu'elle parlait, ou alors que j'allais devoir répondre. Ainsi, quand elle recommença à parler, la tasse fumée devant moi sans que je la touche : Toute mon attention était sur elle.

Quel avantage je tirais de la brigade ?

- Aucun pour moi, et heureusement. Je ne le fais pas pour moi, je le fais pour le village : Comme vous, comme d'autres qui sont passés dans ce groupe, nous mettons à disposition nos capacités pour lui. Attrapant la céramique chaude, je donnais un peu de chaleur à mon discours. Bien sûr, on le fait dès qu'on devient genin, mais en montant en grade, on démontre d'autres capacités : direction, stratégie, tactique, réflexion... Pour moi, la brigade est une possibilité d'agir avec l'appui de mon village, sa légitimité, pour lui. Le regard fixé dans celui de Chinone, je continuais. En tant que juunin, je ne peux enquêter sérieusement sur mes pairs : Mes yeux sont tournés vers l'extérieur, vers les missions que me donne mon kage dans l'Onogoro. Les affaires du village, de son effectif, c'est la brigade qui s'en occupe : C'est une des prérogatives de ce statut. Avec mon passé, un père comme traitre et déserteur, j'ai un souci de la motivation et de la détermination de mes camarades et c'est le but que j'ai présenté en premier. Ainsi, pour répondre plus simplement à votre question : La brigade représente pour moi un moyen d'avoir la légitimité pour faire ce qui me semble juste, assurer la sécurité dans le village par l'information, l'enquête et l'arrêt de futurs déserteurs. Le genre de légitimité et de capacité d'action qui vous permet aujourd'hui d'avoir mon dossier en bon et dû forme, tout en aillant un droit de regard sur ma nomination.  

Appréciant le contact chaud de la paroi de la tasse, je ne perdais pas une miette de la réaction de Chinone...

Pour autant, elle cherchait au-delà des feuillets devant elle me demandant si j'avais un petit secret... Cette situation me rappelait celle de Shuzui, il y a quelque temps. Ainsi, soit elle savait déjà ce que je cachais, dans une certaine mesure, soit-elle voulait me décontenancer... Avec la connaissance de ma vie de jashiniste, je ne pouvais être accepté dans ses lieux. Mon vrai secret était donc sauf, mais je devais montrer patte blanche et transmettre des choses sans risque.

- Une ou deux, si c'est votre question. Partons de ce qui est lié à ma position ici, je déteste foncièrement père : C'est un lâche, un traitre, et sans l'intervention de mon frère dans les marais, j'aurai certainement pu le tuer avant qu'un procès, ou toute forme de justice, soit fait... Voilà mon histoire houleuse, là seule fois où j'ai laissé mes émotions parler plutôt que mon esprit. Laissant un bref instant pour aspirer l'information, je continuais. Sinon, j'ai un but secondaire que j'aimerais partager avec vous, puisque vous le demandez : Ma mère est morte dés suite d'une maladie étrange, une marque qui s'était étalée sur tout son corps. Depuis, je cherche des réponses, mais rien qui ne fait obstacle à ma mission en tant que soldat ou... Si vous le permettez, d'interrogateur dans la brigade. j'avais donné une bonne quantité de choses, présentant donc une franchise qui pouvait être satisfaisante, puisque demandée. Je ne vois pas quoi donner d'autres... rien d'intéressante, si cela ne me vient pas en tête.

Montant la tasse à mes lèvres, je m'arrêtais pour demander, cette fois :

- À quoi est le thé au fait ? Je m'abstenais de boire, quand même, le temps de savoir.

Clignant des yeux devant la réponse de la dame, je répondais pour préciser les choses... Il y avait eu méprise, factuellement :

- Je comprends, mais la mention de la maladie de ma mère répondais surtout à votre question sur un secret que je voudrais partager ou quelque chose que je voulais... Prévenir. J'imagine que la brigade à d'autres prérogatives, concernant ce but-là, j'irais parler à un médecin... ou fouiller les archives autorisées du village. Répondre à ces questions n'étaient donc pas assez ? Concernant votre demande, donc, je n'ai plus rien à donner...

Et voilà que je changeais de sujet avec le thé, histoire d'échapper un court instant à cet interrogatoire en règle : C'était le but de l'entrevue, mais les ambitions de Chinone devant moi étaient bien obscurs. Soit elle cherchait à me piéger d'une quelconque façon, soit elle savait déja quelque chose... J'avais bien répondu ? Sans doute, de ma position je n'avais pas vu la moindre erreur, mais je n'étais pas recruteur. Peut-être qu'elle voulait un profil précis et que je ne répondais pas ? "Pourquoi perdre du temps alors ?" La femme de l'autre côté du bureau avait l'air efficace, précise et déterminée, si elle m'admettait dans cette pièce, c'était qu'elle voyait en moi un début de quelque chose d'intéressant.
Un thé vert, hibiscus et orange : Jujou No Sato nous servait des fruits exceptionnels et c'était sans dire qu'on allait retrouver ces mets dans nos boissons chaudes. Hochant la tête, je buvais comme elle pour accompagner le propos et apprécier, à son image, les saveurs connues et reconnues, mais toujours bienvenues. Elle revint bien vite sur les rails, après une nouvelle gorgée l'amenant à fermer les yeux... Ainsi, je la découvrais moins froide, un court instant, mais c'était que pour mieux revenir sur l'interrogatoire, glaciale.

Comme je le savais, le seul vrai obstacle à mon admission dans cette brigade très précise, c'était mon affiliation avec ce vaurien de déserteur... J'étais le fils de quelqu'un d'exécrable et cela me suivait, même après avoir fait mes preuves. Ainsi, la vraie question était : Est-ce que je savais ? Clignant des yeux, un instant, je fus pris d'une grande colère... Si j'avais su avant, j'aurais pu l'arrêter ou prévenir les autorités au bon moment. Non, tout avait été une surprise, même pour moi...

- J'étais un jeune chuunin quand il a déserté, j'étais occupé à prendre en main mes premières habilitations... S'il y avait des preuves, des éléments à charges, je ne les ai pas vus. En tout cas, pour répondre : Je l'ai appris en même temps que le village, quand il a disparu. Je l'ai cherché dans nos murs : Un bar, à l'hôpital, même dans les bas fond... Aucune trace. Amenant ma paume contre la paroi chaude de la tasse, je tirais d'elle un peu de chaleur dans ce souvenir effroyable. En fait, j'ai fait une erreur de jugement : Sa tristesse de mari en deuil était le début de son désir de désertion, je le comprends maintenant, avec du recul et ce que je sais, sur ses travaux dans les marais. Mon propre deuil m'a aveuglé, ou bien c'est parce qu'on ne doute jamais de sa famille. C'est une erreur que je ne ferais plus. Ma seule famille restait mon frère, s'il voulait déserter, qu'allais-je faire ? C'était impensable, en vérité, avec le passif qu'on avait... En tout cas, dès la nouvelle tombée sur son statut de déserteur, j'ai attendu la sentence : Je suis redevenu un genin, car on doutait de moi et on continue, vu vos propos. Toute initiative pour le chercher dans la région aurait été vu comme une tentative d'aide ou de sabordage de l'enquête, j'ai donc laissé faire les autorités et je me suis concentré sur les preuves de confiance que je pouvais apporter.  

Montrer patte blanche, je le faisais depuis...

Être discret, ne pas trop être vu, mais quand même être présent pour ne pas être un ermite, quelqu'un dont on se méfie. Un jeu d'équilibriste pour ne pas éveiller les soupçons, autant pour la désertion que pour le jashinisme.

- Il y avait des signes perçus par la brigade concernant la fuite de mon père ? Une vraie curiosité, pour voir ce que j'avais raté...

Reposant ma tasse, sans démontrer le moindre signe de nervosité, je ne pouvais cacher ma profonde réflexion devant ce fait : J'avais bu un thé infusé avec du véritas, ce qui faisait de moi un livre ouvert pour qui posait les bonnes questions... La seule alternative pour ne pas vendre une mèche trop explosive était donc de me taire, omettant la parole même, ou bien tuer la femme qui se trouvait devant moi. Dans un bâtiment administratif, au cœur d'un village militaire, la deuxième option sonnait comme ma fin prématurée. "Hmmm..." Il fallait jouer le jeu donc, comme je l'avais fait depuis le début... Qui pouvait véritablement poser la question précise concernant mon culte ? C'était impossible, ainsi, je gageais que tout allait concerner mes aspirations pour le village.

L'entrevue pouvait donc réellement commencer ? Tout l'avant était une mise en bouche, de quoi échauffer dame Chinone ou bien endormir mes attentes avec des questions téléphonées... Un demi sourire, alors que la porcelaine touchée le bois du bureau, je répondais :

- Au moins, ce n'est pas du poison. Devant ma relative confiance dans le breuvage, elle aurait pu mettre n'importe quoi. J'avais été enfumé par le fait qu'elle avait bu dans son contenant, sans penser une seule seconde que seule ma tasse était piégée... Erreur de débutant, mais dans tout échec, il y avait une opportunité.

Je pouvais réellement gagner la partie d'échec.

Ainsi, la solution était donnée par la femme glaciale devant moi : répondre, ou tout simplement échouer... C'était simple, facile à comprendre, et sans un mot je hochais la tête pour marquer ma confirmation. Je ne pouvais plus faire machine arrière : Si je partais du bureau ou si je refusais de répondre, je partais pour des années de surveillance très sévère, car j'allais éveiller des soupçons. "Non, les dés sont jetés." J'étais sencé être intelligent, je devais le prouver... et même plus, je devais éveiller un talent rare, des qualités propres à ma personne, mais aussi très recherchée dans le service que je voulais intégrer.

L'honnêteté, la dévotion...

Pour un jashiniste, le deuxième point était catégorique... Et même si j'aimais mon village, je savais qu'à la seconde où il apprenait ma religion, j'allais être cloué au pilori. Ainsi, j'avais quelques réserves sur le premier point à lui donner... Être sincère, complétement, avec Jujou No Sato, c'était lui permettre de me décapiter sur place. "Tout amour doit conserver une part d'intimité."
Je sonnais ainsi le début du deuxième round de cette folle réunion en répondant, cette fois oralement, à la proposition :

- Je suis ici pour servir, il est évident que me mettre à nu est indispensable... Reprenant une gorgée, je montrais que le véritas, je pouvais même le prendre en perfusion à ce stade. Si ma parole était limitée par la substance, mes faits pouvaient passer un message contrôlé par mes soins.

Dans une heure, tout au plus, on allait savoir si je mourrais ou non... "Mais ensuite, je serais hors de cause."

"Je n'en serais pas si sûr."

Si une véritas était pire que du poison, alors ce que m'avait donné l'homme au chapeau n'avait aucun intérêt... Fort heureusement, j'avais une autre perspective que Chinone devant moi.

Me replaçant sur mon siège, je subis la première question de l'inspectrice : Bien que la substance était indolore, trés subtile dans la chose, à la mention de ma dévotion envers le village, mis en concurrence avec mon "secret" quel qu'il soit pour la dame, je sentais mon cerveau poindre vers une réponse nette et précise et je sus, très exactement, que je pouvais réfléchir autant que je pouvais, de ma bouche ne sortirait que la stricte vérité voulue par mon Jun'Ichiro intérieur.

- Mon village. Tout ce que je fais, je le fais pour mon village. Mon but dans la vie était d'amener la vérité, pas pour moi, mais pour le monde... Et à commencer avec Jujou No Sato, le siège de ma naissance et de mes premières armes.

Bien que je me méfiais de ce qu'il pourrait me faire, j'aimais celui-ci et jamais, au grand jamais, je n'avais songé à déserter comme mon père... S'il découvrait que j'étais jashiniste ? Je n'osais m'imaginer la chose, mais sans doute que je me laisserai faire : A sa manière, le village m'avait fait, alors peut-être avait-il le droit de me défaire...
Développant sa question, je la vis devenir bien plus sérieuse après avoir fondu un court instant devant mon humour si... Étrange. Cette fois, c'était la vie des jujoujin qui était en concurrence avec mon petit fardeau personnel. Plus précis, moins sujet à considération, je répondis derechef de la même manière, guidée par la chimie dans mon corps.

- Je choisis toujours mon village, si je dois choisir, seulement, je dois apporter une nuance : Entre deux options, je choisirais toujours celle qui apporte le meilleur résultat, soit en nombre, soit en qualité. Si la réponse était claire, une autre pensée avait amené ma bouche à faire sa vie, un peu. Avançant mon dos, je pris une posture plus sérieuse, en accord avec la réponse que j'allais donner. Si je dois tuer un jujoujin pour la sécurité et la prospérité de notre bastion, je le ferais... La vérité crue, dans les forces spéciales maitresse de l'information, sans doute que la prise de décision rapide était reine. Le groupe prévôt sur l'individu. Revenant dans une position plus relaxe, je la laissais réagir ou continuer dans son interrogatoire.

Le collectif, cela marchait pour Jujou, mais aussi pour le culte de jashin : Je n'étais rien, en définitive.