Mon testament est heureusement à jour.

Nanashi était en train de lire un roman qui n'était pas à laisser dans les mains des jeunes novices. Chacun ses vices, n'est-ce pas ? Lui c'était de la littérature... légère. Il gloussait comme un dindon en parcourant les mots couchés sur le papier. Il était encore relativement tôt, même si la plupart des moines s'étaient déjà levé pour faire leur besogne journalière.

L'avantage, lorsqu'on était Sohei, c'était que les tâches les plus ingrates n'étaient plus de leur ressort. Cela donnait donc l'occasion à Nanashi - fils prodigue de Jujou à peine de retour chez lui - de se changer les idées de ses très dures journées à ne rien faire en se délassant dans cet océan de luxure verbeux.

Quand quelqu'un toqua à sa porte et le soustrait à sa "méditation".



La situation n'était pas catastrophique heureusement. Un novice avait apparemment bousculé une passante, sans faire exprès, et était en train de se faire mettre une raclée monumentale. Si ce n'était foncièrement pas le problème de Nanashi (qui n'était pas chaud pour montrer ses biceps en action à tout va), une statue d'Ukemochi avait été fissurée dans l'échange, et des dégâts matérielles risquaient de se multiplier.

Il soupira.

Il n'était techniquement pas très haut placé dans la hiérarchie des moines; mais il était présent sur place, et se devait donc de paraitre au moins impliqué dans la stabilité et l'ordre du Temple. Il s'habilla en quatre vitesse (mais sans excès de zèle) et prit quand même son valeureux tonfa avec lui avant de se hâter vers les lieux de la confrontation.

Le novice était au sol - relativement intact. Il saignait un peu mais rien qui ne semblait excessif. Il était mal-menée par quelqu'un qui ne devait pas faire plus qu'un mètre soixante. Une demi-portion, en soi. Nanashi faisait trois ou quatre têtes de plus. Il était assez certain de pouvoir aider tout le monde à retrouver son calme et à rester bien rationnel.

Mon testament est heureusement à jour.

Après moultes gesticulations, menaces, promesses de violences et diverses activités digne des plus grand shinobi - la situation se débloqua enfin. La kunoichi fit demi-tour, toujours aussi furieuse, mais au moins le temple et les novices étaient désormais épargnés de sa pugilence bestiale.

Nanashi ne sut pas exactement ce qui avait pu la convaincre. Des arguments logiques et rationnels ? Sa musculature imposante ? Sa beauté irrésistible ? Ou la promesse d'une bagarre qu'elle n'aurait pas pu gagner ? Il ne le saurait jamais, et dans le fond, ce n'était pas très important. L'Ordre revenait sur le temple, et c'était tout ce qui comptait.

Enfin, cela, et il fallait ranger tout le bazar.



Nanashi envoya tous les novices réparer les dégâts ou vaquer à leur occupation moniale. Le Souhei, quand à lui, restait un instant sur l'endroit du lieu de l'incident, avant de décider de faire simplement un rapport aux autorités. Il n'y avait pas grand chose de plus à faire dans un village civilisé après tout. L'Administration ferait le restant du taff.

Aujourd'hui, une fois de plus, le temple d'Ukemochi était sauf. Merci Nanashi !

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