La nuit venait de tomber sur le village.
Les lampes à l’huile s’allumaient tranquillement, éveillant un nouvel aspect de cette ville si ardente. La fraicheur de la nuit caressait les plus téméraires, les plus aventuriers et ceux ne craignant pas les coins d’ombres parsemant ce nouveau terrain qu’était la nuit. Les myriades de couleurs reflétées par les lampes et les draperies créaient une ambiance à la fois chaleureuse et apaisante en comparaison avec le soleil de midi, ce qui éveillait bien des oiseaux de nuit.

Encore une fois, on avait mandaté le Chunnin de tester l’un des Genins du village.
Hisayo, qu’il reconnaitrait désormais comme le numéro 37, avait été vendu comme une entité des plus spéciale, encore... On disait du solitaire qu’il était toujours masqué, chose que le Sada appréciait chez un ninja. Ça démontrait à première vue une implication, une certaine éthique et même si la réalité était tout autre, il pouvait travailler avec un tel aspect, utiliser cette faiblesse à son avantage sur le terrain. Là où les choses devenaient plus intéressantes, l’enfant avait grandi sans famille et encore une fois s’était très commun parmi les organismes militaires tels que Sakyuu, mais survivre si longtemps sans aide démontrait une résilience certaine. Rapidement, sa collecte d’information et ses contacts à l’Académie du village lui donnèrent le nécessaire pour l’élaboration de ce qui deviendrait le test d’entrée dans l’équipe Sada. Le jeune marionnettiste semblait si obsédé par l’acquisition de la matière première à la concoction de son art, qu’il avait fait des choix jusqu’ici négligeables sur son hygiène de vie. Le Shinobi allait profiter de ce point avant tout, mais saurait s’organiser pour tester les limites de ce Genin.

La cible du jour vivait dans ce qui ressemblait à un cabanon des plus ordinaires, dans un endroit facile d’accès, sans numérotation habituelle dans la rue, un cache bien pensé, ou pauvreté l’oblige. Caché une ruelle plus loin, se trouvais l’évaluateur et ses complices habituels envoyés par les hauts gradés du village. Une équipe bien rodée qui ne se ferait jamais remarquer par le manieur de pantin. Quand la bougie s’alluma dans la petite habitation, le Sada leva une main pour mettre le plan en marche. Un jeune enfant d’à peine une dizaine d’années fit donc son apparition, en loque avec dans sa tunique, une bonne pièce de bois bien particulière qui saurait attirer l’attention d’Hisayo, une réplique de main articulée pour être plus précis.

L’enfant, à première vue perdu, semblait si sale qu’on aurait douté qu’il ait un jour pris un bain. Celui-ci, boitant tant bien que mal, trouva son chemin jusqu’à la porte et toqua frénétiquement.

-Il y a quel..quelqu’un, s’il vo..vous plait, j’ai besoin d’aiiide.

Avec tous les enfants de l’orphelinat Sabaku, il n’était pas rare de voir des gosses se promener dans les rues, mais celui-ci avait un je ne sais quoi de spécial. Est-ce la morve à son nez ? Les égratignures à ses mains ou ses genoux, nul n’aurait pue le dire. La vulnérabilité de ses petits membres, voire même le son de sa voix si faible et androgyne.

Continuant de frapper, il cria cette fois d’une voix étranglée par les sanglots.

-Mon.. mon..sieur au ma.. ma.. ma..sque ! Vous êtes là !? Snif.

Et d’un sourire carnassier, le Sada qui observait la scène de l’ombre se dit une fois de plus que le jeu commençait. Personne ne pouvait refuser l’aide d’un gamin, encore moins quand celui-ci transporte comme une arme cachée dans le sac de patates qui constitue son seul vêtement, l’objet de convoitise de tout marionnettiste…

L’épreuve du chat et de la souris : test numéro 37 : Mise en situation dans laquelle la recrue est envoyée récupérer des informations. Comme dans bien des missions, le tout ne se met à chauffer que quand le ninja est en territoire ennemi. La cible doit alors rapporter l'information à sa base de contrôle, soit au bureau administratif du village pour l'occurrence. Sans se faire repérer ou identifier, ce qui démontrerait une incapacité à réussir une infiltration par exemple. Ou à garder l'information pour son gain personnel avant celui collectif, car bien souvent il faut savoir mettre le bien commun en avant dans le monde du ninja.

Quand l’enfant entra dans le cabanon.
L’équipe à l’extérieur se réunit sur l’un des toits de pierre non loin, une action réalisée en quelques bonds inaudibles. Le Chunnin s’occupant de la sensorialité se tourna vers le Sada avec un air taquin sur son visage à découvert, comme s’il venait de gagner une première manche dans une partie d’échecs, il riait presque de voir le niveau du Genin qu’avait choisi le village.

-C’était une bonne idée de demander à B de prendre l’apparence d’un enfant, cependant il n’est pas dupe, j’ai senti son regard se poser sur ta signature chakratique et même s’il n’a clairement pas analysé celle-ci, il se doutera que quelqu’un l’observe. Pourquoi ne pas l’avoir complètement effacé ?

D’un regard vif, le Sada évidemment concentré sur la situation, lui demanda de continuer à garder un œil sur le cabanon. De sa qualité de chef d’équipe, il se savait très peu bavard quand il se retrouvait sur le terrain, chose que son équipe connaissait très bien à son sujet. Il était clair qu’il testait la recrue et faire fuiter une bribe de chakra n’était qu’une partie des choses qu’il devait vérifier, sans oublier qu’il était de loin le plus apte à écraser quelqu’un de sa simple présence. Mettre Hisayo sur le vif, lui laisser monter sa propre garde et lui indiquer qu’il était surveillé ne ferait que renforcer l’état mental dans lequel le Chunnin voulait le propulser. Comment réagirait-il face à cette situation anodine ? Comment réagirait-il à la suite ?

Se levant d’un aplomb digne d’un noble, Satoru fit un deuxième signe de main en tournant le dos à la scène. Il était temps d’enclencher la deuxième phase de son plan.

À l’intérieur de la modeste résidence, l’enfant, ou plutôt le Chunnin transformé refusa prestement toute nourriture, sonda rapidement la pièce et feignit un mouvement de recul face à la marionnette apparente tout en choisissant l’endroit approprié pour la suite de son monologue comme l’aurait fait l’enfant véritable.

-n..Non mer..Merci.

Tout en séchant ses larmes, le jeune tentât tant bien que mal de camoufler la main articulée à sa mention, puis fini par la sortir quand l’autre eut terminé de parler comme si un combat d’éthique se déroulait sous son crâne. L’appât fonctionnait, mais il n’avait pas terminé son numéro. Il lança la fausse main au pied de son sauveur, puis mima d’une gestuelle parfaite son dédain de l’objet, comme s’il était maudit, comme s’il regrettait de l’avoir pris avec lui.

-J’é..j’étais dans les rue..ruelles et des méchants nous ont tr..trouvés ! Je n’en veux plus ! Ils veulent la ré..récupérer ! Ils m’ont couru après, je suis désolééé !

Comme s’il devait reprendre son souffle, le jeune s’assit sur le sol tout en massant sa jambe. Puis usa de ses yeux de chiens pour tenter d’influencer le Genin en sa faveur.

-Je sais que vous ai..aimez les pantins Monsieur, vous venez sou..souvent nous voir, vous devez m’aider, sinon ils vont s’en pren..dr..dre à l’orphelinat ! Je ne savais pas qu..qui aller voir, mais vous êtes terrifiant, donc vous êtes fort pas vraiii ?!

S’il décidait de la prendre, Hisayo comprendrait rapidement que cette main était une arme des plus raffinée et non le travail d’un amateur. Projectile d’aiguille finement camouflé dans le poignet, il tenait du miracle que l’enfant ne se soit pas blessé de manière plus importante en la manipulant. Brisé, elle démontrait une vie active très récente, des marques signifiait qu’elle fut broyée, comme si un chien avait déchiqueté le membre artificiel, mais seul l’œil d’un expert comprendrait que les tâches lavées, cette teinte anodine dans le bois ne trahissait qu’une chose. Le sang. Que faisait un objet si macabre dans les mains d’un enfant ? Certes, ses gamins se faufilaient partout, courant dans les ruelles comme des rats et il n’était pas rare que ceux si se prenne les pattes dans d’horribles situations comme celle-ci, les orphelins n’avaient aucun parent pour les ramener à l’ordre et vagabondait souvent dans des endroits peu fréquentables.

-Ils ont des tas de pan..pantins comme celui-là et ils cherchent des enfants, mais vous ils ne vous attendent pas ! Aidez-moi, pers..personne ne va me croire, je suis trop jeune ! Ils vont encore me traiter de menteur !

Hystérique, l’histoire quant à elle tenait cependant la route. Elle allait cherche le bon niveau de trauma chez le manieur de pantin, allait-il mordre à l’appât ? Certainement, comment pourrait-il refuser d’aider une âme perdue ? l’enfant présentait tous les signes d’un trauma récent, son statut à même la ville avait du sens et personne n’y suspecterait un acteur, pas à cet âge. Ah, art subtil qu’est la manipulation, l’utilisation d’enfant est pour certain un crime, mais dans le monde de l’ombre, ce n’est que norme et habitude.

L’enfant se releva, puis tout en gardant ses distances, toujours, il mima brièvement l’endroit ou il avait vue les méchants, quelques ruelles non loin d’une boutique bien connue qui vendait les meilleures sucreries du coin. L’enfant expliqua rapidement qu’il devait s’y rendre, que seul l’homme terrifiant du petit cabanon pourrait venir en aide aux enfants...

À ce moment, un bruit sourd fit sursauter les deux résidents. Quelqu’un venait de toquer à la porte.

À l’extérieur, deux hommes bien bâtis dont le visage était caché par un morceau de tissus menaçaient de briser toute la construction de bois, ils étaient visibles et même si ceux-ci n’avaient pas encore regardé par les fenêtres, leur conversation semblait orientée sur la direction qu’avait pris un fugitif. L’enfant en profita tel un félin, pour bondir par l’une des fenêtres à sens opposé et disparu dans la nuit, laissant Hisayo avec l’arme du crime à ses pieds et deux hommes à la porte. Que ferait-il ?

-Il y a quelqu’un ?
-Assurément, il y a de la lumière !
-Mais il n’aurait pas rentré là-dedans, c’est trop glauque.
-Ferme là, hé il y a quelqu’un ?

Toc, toc, toc.

Alors qu’il était dans la ruelle.
Le gamin désormais hors de vue reprit sa forme normale, celle d’un Chunnin maigrichon avec un bandeau dont le voile couvrait tout sauf ses yeux de jade. La cape qu’il avait sur le dos ne servait pas à cacher la faiblesse de son corps, mais bien ses rouleaux d’invocation qu’il portait comme un sac à dos. Tirant un air de tortue ou de bossue, il avait tout d’un fier guerrier du désert. L’agent double revint sur ses pas en prenant un peu de hauteur pour y trouver en contrebas devant une cabane de bois, les deux hommes en face au masqué.

-Hé ! Arrêtez-vous !

Mais sa mauvaise impression d’un représentant de la loi ne trompa personne, l’un des malabars tira une volée de shuriken qui terminèrent leur course dans un mur et l’autre écrasa une bombe fumigène sous son talon avant de sprinter tous deux comme des lapins.

L’homme des sables atterri sur la zone et d’un mudra unique fit danser le vent jusqu’à dissiper l’écran de fumée pour regagner visibilité et montrer au gamin que le danger n’était plus.

-Qu’est-ce qui s’est passé ici ? Un enfant des rues vient de me dire que vous étiez attaqué.

Marquant une pause, le gradé se tourna de manière à faire face à son confrère manieur de pantin. Il pointa sa création d’un doigt crochu et repris.

-Conseil d’ami, tu devrais t’habiller comme ton jouet, l’effet de confusion serait plus grand. Qui contrôle qui ? Uhuhuh, bref, je vois que tu es un ninja, ça ira. Je m’occupe d’eux.

Dit-il finalement en pointant les fugitifs du pouce.

-Enfile ton bandeau et traque d’où ils viennent, je retrouverais ta trace petit. Et si tu ne sais pas par où commencer, lève les yeux !

Et dans un éclair, il disparut. Ne laissant plus qu’un homme et son pantin. Que ferait-il de toutes ses nouvelles informations ? Encore une fois, la scène évoluait beaucoup plus rapidement et s’il n’avait été jusqu’ici le figurant, c’était à lui de prendre les choses en main. Remarquerait-il l’indice que venait de lui donner le Chunnin ou partirait-il par ses propres moyens ?

Du haut d’un autre toit, le Sada et la tortue se retrouvaient. Dans un silence de plomb, ils s’échangèrent un coup de poing amical et se penchèrent sur la situation avec leurs yeux de rapaces. Aucune trace de leur présence ne parviendrait au Genin, mais dans un silence de plomb, les deux hommes attendaient avec impatience ce que le masqué ferait.

D’un coup d’épaule, l’un des hommes rappela à son frère d’armes une vieille promesse et la pièce d’argent passa d’une main à l’autre.

Le Sada avait parié qu’il allait fuir.
La tortue avait parié qu’il avait des crocs.
Peut-être se comprenait ils entre manieurs de poupée…

Le Genin avait donc décidé de suivre les conseils de son nouvel ami.
Même si ceux-ci n’étaient reliés qu’aux shurikens, le duo de vigie se fit un malin plaisir à voir la recrue dans une hésitation totale quant à l'option de grimper sur les toits. Il avait du potentiel certes, mais que ferait-il de la suite des choses ? Le peu d’information qu’on lui avait donné avec une mise en scène simpliste arriverait il à éveiller en lui ce qu’il lui manquait pour rejoindre l’équipe du tyran entraineur Sada ? Le jeune avait d’or et déjà fait preuve de bravoure devant l’adversité, puis d’un sens du devoir face aux ordres de son supérieur, mais le clou du spectacle arrivait, l’acte trois ! Dans celui-ci, celui qui tirait les ficelles voulait voir de quel bois était constitué son potentiel élève, serait-il capable d’infiltrer la base ennemie ? Serait-il capable d’obtenir les informations qu’il s’était donné tant de mal à produire ? Il y avait quelques indices dont un bon ninja ne pourrait se passer, mais comme le village voulait que le jeune ait une réelle chance, on avait établi qu’il devrait en avoir un minimum versus la quantité bien décuplée de possibilités.

Une fois arrivé devant l’adresse donnée.
Le jeune homme masqué pourrait rapidement voir que le coin était désert. Pas âme qui vive à des lieux à la ronde sinon les quelques hommes qui bougeait devant la boutique en question. Aucune lumière, rien, les fenêtres étaient placardées comme si la boutique avait fermé ses portes pour de bon, alors pourquoi y avait-il tant de gens pour garder le tout ?

Finalement, le groupe se divisa en deux, une portion partit vers l’arrière de l’établissement en longeant une ruelle aussi sombre et déprimante que la situation. Les autres eux, s’allumait des clopes en gardant la porte d’entrée tout en placotant. Une tension palpable envahissait la ruelle, comme si un faible nuage de sable s’était éveillé, une chose assez fréquente dans le désert, mais qui ici pourrait servir de couverture au jeune ninja en plus de porter la conversation aux oreilles de celui-ci. Clairement, le groupe à la porte était stressé. Ils parlaient d’une malle perdue, d’un convoi qui ne devrait pas tarder et d’une paire de recrues qui s’étaient probablement désistées à les rejoindre.  

Ses options étaient infinies, du comment il voulait aborder la situation jusqu’au résultat final, il n’aurait plus de conseil ni d’aide et le trio d’évaluateur bien caché n’interviendrais qu’en cas de réelle nécessité.
Comment le Genin allait il décider de gérer sa mission ?

Le Sada ne quittait pas des yeux la scène.
Le garçon l’énervait au plus haut point, tirant un rictus sur son expression déjà sévère. Il se demandait pourquoi user d’une telle supercherie. Effectivement, l’ennemi allait courir après un fautif, mais quelle était la conséquence de cette action ? Le caillou dans l’une des fenêtres ne fit que sortir de leur rêverie les deux clones qui étaient déguisés en brigands. Ceux-ci n’ayant aucune vision sur le lanceur, ils s’étaient probablement dit qu’il s’était pris les pieds dans les ordures en fuyant, mais encore là, pourquoi prendrait il deux hommes pour vérifier ?

Si la marionnette tournait le coin de la ruelle avec à ses trousses le premier garde, l’autre était resté en retrait, plus aux aguets que jamais. Armé d’une lame recourbée, il avançait une bougie dans l’autre main pour trouver les rats qui venaient de les déranger, persuadés qu’il y aurait plus d’un sale gosse dans les parages. Alors qu’il criait pour demander qui était là, la connexion avec la marionnette fut rompue.

Sur son perchoir, l’homme à l’allure de tortue se prenait la tête, priant son Dieu pour que le gamin ne se fasse pas prendre. Sur le qui-vive tous regardaient le Genin se faufiler d’obstacle en obstacle, utilisant certes l’ombre à son avantage, mais jusqu’à quand ? Satoru, plus immergé dans l’épreuve qu’il n’aurait aimé le laisser paraitre, se demandait pourquoi choisir une approche si risquée. Le dialecte des gardes était clair, feindre que de nouvelle recrue allait débarquer. Il n’aurait eu qu’à enlever son masque et se faire passer pour l’un d’eux. Une nuit de comédie pour tout le monde au fond. Au lieu de cela, il révélait sa présence et créait une zone de sécurité pour complexifier la chose.

-Merde Sato, je te jure il va se faire prendre !

-Pas nécessairement, s’il joue bien ses cartes il trouvera le moyen de se sortir de ce nouveau défi, mais il est clair que le niveau vient d’augmenter.

Même s’il aurait voulu aider Hisayo, la tortue n’avait pas à le faire. L’épreuve consistait à tester beaucoup de choses, mais il savait que si celui-ci échouait en discrétion, l’épreuve prendrait fin. Comme on dit, il vaut parfois mieux utiliser la plume que l’enclume et ça, c’était quelque chose en quoi le Sada excellait. Comme le test était fait pour lui trouver quelqu’un de confiance, le doute sur le résultat commençait à planer.

D’un signe de la main, l’organisateur rappela son collègue à l’ordre.

-S’il veut nous montrer de quel bois il est fait, rappel le clone au pantin.

-Bien reçu.

Le ninja disparut sans faire le moindre son. Puis du coin de la rue où était disparu le mécanisme ressortait le brigand en courant.

-C’est un ennemi ! Préviens les autres !

Visuel:

Les deux premiers gardes avaient été vaincus.
La tortue n’en croyait pas ses yeux, prêts à s’évanouir devant la défaite imminente du jeune Hisayo. Pas besoin de le dire, tout le monde était surpris. La rapidité, la chance, la force. Tout avait joué un facteur clé dans cette histoire, mais le Sada restait de marbre, scrutant la zone avec la ferme intention d’analyser les moindres fait et geste du manieur de pantin. Déjà, il avait une force de caractère qui ne peut ressortir qu’en situation de combat réel. Une bonne chose de validée et s’il n’avait pas la subtilité nécessaire pour infiltrer la base sans se faire voir, il avait cependant le caractère pour ne laisser personne sur son chemin. Riant dans sa barbe, Sarotu se demandait, arriverait-il à faire de ce jeune soldat un Shinobi ? La question commençait à lui bruler les lèvres avec une ardeur intolérable.

Malgré la victoire sur les deux hommes, le Genin avait oublié de prendre en compte une chose primordiale, celui qui avait crié s’était-il adressé à l’homme à la bougie ? La réponse était non, malheureusement il y avait d’autres gardes cachés pas loin et si l’un d’eux entendait l’appel à l’aide, le jeune serait rapidement encerclé. Le test de discrétion semblait terminé, mais Hisayo était toujours dans l’ombre. Le tout ne se jouerait peut-être pas facilement, mais il pouvait arriver à un résultat, s’il jouait bien avec ce qu’on lui avait appris à l’Académie.

Dans la boutique, cinq hommes de main supplémentaire se levèrent en même temps de leur table de poker. Il n’était plus temps de jouer aux cartes, mais bien de sortir et trouver celui qui créaient tout se bruit dehors. La porte faillit voler en éclat alors qu’un pied la défonçait, inondant la ruelle de quatre gaillards tous aussi bâti qu’une armoire à glace. Leur arsenal était aussi rudimentaire que celui de leur confrère et s’ils étaient sortis en silence, c’était pour une bonne raison, la chasse était ouverte et le sang allait couler.

Si le Genin avait réussi à éliminer deux hommes de manière individuelle, qu’en serait-il face à un petit groupe ? Pour l’instant, sa position n’était pas révélée, mais les nouveaux adversaires ne se feraient pas prendre à la légère. L’un d’eux avait en main ce qui ressemblait à des pétards, un briquet prêt à allumer la mèche, un autre semblait avoir un Sai dans chaque main et les deux derniers étaient armés d’épée aussi longue que leur bras.

À l’intérieur de la maison, le cinquième s’activait, récoltant tout ce qui leur serait utile avant de mettre le feu à l’habitation de fortune… Bientôt, une fumée noire terminerait sa vie dans la nuit sombre, ne laissant plus qu’un commerce submerger par les flammes. Il était temps de changer de cache.

Sur le toit, le Sada sortait une montre gousset, puis d’un air perplexe, regarda la tortue avant de lui dire :

-Le décompte final commence. Voyons voir ce qu’il fera, tu es prêt ?

-Oui.

Les ordres étaient clairs, que ferait Hisayo ?

Au moment où Hisayo toucha presque le sol.
Les brigands se transformèrent en nuage de brouillard n’ayant plus qu’une maladroite forme humaine, enveloppe qui s’évapora au premier vent. Révélant la supercherie, c’est la paire de Chunnin qui du bruis caractérielle à leur sandale militaire, touchèrent le sol. Le Genin s’était fait attraper par les dizaines de filaments de l’un, alors que l’autre plus… Perplexe ? Le toisait d’un regard profond.

La manière dont il avait choisi de débattre cette situation poussait la fin du test. Suspendu, il se retrouvait donc dans l’obligation d’écouter ce que les deux hommes avaient à lui dire. Décision qui avait été prise afin de s’assurer que l’enfant ne soit pas trop choqué par le récit qu’il allait entendre.

Le ninja marionnettiste commença.

-T’en fais pas petit, il n’y a jamais eu de danger. Tu étais sous l’évaluation du village de Sakyuu par deux de ses officiers. Je me nomme Eisuke et voici l’évaluateur Sada Satoru. Nous sommes enchantés d’enfin pouvoir réellement nous présenter.

Voyant que l’adrénaline commençait à se résorber, que les sens normaux du Genin en proie à ce qui semblait être ses instincts primaux, l’homme au fil décida de relâcher tranquillement son emprise en le ramenant au sol. D’un mudra unique, Eisuke permuta en ce gamin qui avait enclenché le tout, puis en un brigand que pourrait facilement identifier le jeune homme.

-Pour ton information, du moment ou l’histoire à commencer, tu n’étais plus que dans une illusion.

Un troisième homme se détacha du mur derrière eux, comme s’il n’était qu’une couche de papier peint mal collé. Révélant d’abord sa silhouette, puis les traits qui faisaient de lui un homme à part entière. D’un Kai, il rompu le sort d’illusion et Hisoya se retrouva dans la ruelle derrière son cabanon, avec à la place de tout le décor, les trois Chunnin. L’illusionniste s’inclina à ses frères d’armes en signe de respect et reparti d’où il était arrivé. Eisuke reprit comme si de rien n’était, avec une voix emplie de déception.

-Je suis désolé petit, j’étais supposé de mettre fin à l’épreuve si les choses se corsaient. L’évaluation principale n’était pas le combat.

D’un signe de respect, il s’inclina à son tour avant de terminer sur le fait qu’il avait quand même apprécié la soirée, puis disparut sur les toits avant de se faire absorber à son tour par la nuit.

Le Sada s’avança jusqu’au Genin, puis les mains dans les poches, avec une mine réduite, il était vêtu d’une sorte d’imperméable du désert, dont le col de son manteau lui couvrait même la bouche, il était donc impossible de savoir s’il était content ou non. Il engagea la conversation à son tour, avec une formalité digne du professionnel qu’il était.

-Aller viens, tu dois avoir la dalle d’avoir réellement renversé ton Ramen, je t’invite à diner et surtout, tu dois avoir des tas de questions non ?

Alors qu’il dépassait Hisoya, le grand ninja lui lança un regard perçant tout en tournant sur lui-même, puis lui offrit une main ferme, mais des plus chaleureuse.

-Je me présente, Sada Satoru, j’étais celui qui a conçu et mis en place toute cette mascarade. Dit-il en tournant un doigt en l’air pour rappeler le mirage qui s’était attaqué au sens du jeune homme pour la soirée. Parton du principe que tout était évalué, j’aimerais quand même connaitre ton ressenti face à cet épisode, par exemple si tu avais des doutes, à quel moment et pourquoi.

D’un côté, noyer le silence de mort avec une conversation semblait une bonne chose, puis l’offre du repas semblait une base pour passer outre les émotions négatives que venait de subir ce qu’il considérait comme une victime. L’idée d’une plaque chauffante avec de la viande et des légumes égayait déjà les papilles du Shinobi. Il ne restait plus qu’à voir si Hisayo acceptait son offre.