Le Soleil ne va pas tarder à se coucher et Kamui commence à saturer de la voix qui se faufile depuis quelques temps son esprit. Ignorant cette dernière le temps de sa traque. La jeune chasseresse et en quête d’une proie peut-être un peu trop imposante pour sa personne. La proie en question se veut aussi agile qu’un ours, forte comme un ours et immense comme un ours, c’est un ours oui. Et si la bête semble être parmi les spécimens les plus imposants de sa race dans la région. Il n’en reste pas moins qu’elle fait face à une Senjmaru. La chance qu’elle puisse lui échapper est assez faible bien que loin d’être inexistante.  

Se déplaçant d’arbre en arbre, la Senjumaru telle un oiseau de proie ne se cache pas, elle traque. Observant les griffures sur les arbres, les branches cassées sur le passage de la bête. Le vent est même un allié pour elle. Loin de vouloir prétendre être capable de renifler la moindre chose en ce monde. Elle cherche avant tout à ce que sa propre odeur soit sentie par l’ours. Car étant sur son territoire, Kamui sait que l’ours n’aura d’autre choix que de relever le défi pour défendre ce dernier. Une tactique comme une autre pour amener la bête jusqu’à elle. Mais si le vent l’aide, la pluie quant à elle n’en fait qu’à sa tête. Et peut-être même que cette dernière empêche l’ours de la sentir. Mais la pluie est faible et ‘apprête à cesser dans quelques instants.  

La voix méfiante ne pense pas de la sorte et voit peut-être l’ours comme trop intelligent pour elle. Trop fourbe et emprunt à une ruse qui lui échappe. Ne cédant pas à cela, elle sait cependant que ce dernier est là quelque part.  

Un buisson bouge, c’est une flèche qui part. Mais un simple lapin qui en sort. Mort il l’était, mais au moins l’appât était là aussi. Car même avec la pluie l’odeur du sang ne pouvait qu’éveiller les plus bas instincts de la bête. Que ce soit la faim ou la volonté de garder son territoire devant un autre prédateur. Là dans son arbre, la chasseresse attend et écoute.  

Soudain ce n’est plus un buisson qui bouge, mais l’arbre sur lequel elle se trouve. Cherchant à secouer ce dernier, pour la faire tomber, l’ours se démène comme un diable. Mais aucun des deux ne lâche l’affaire. En définitive, c’est l’ours qui abandonne le premier. Du moins il abandonne sa stratégie pas sa proie. Et c’est ainsi qu’on le voit s’essayer à grimper à un arbre. Sans attendre, c’est une flèche qui part dans son œil. La douleur est telle que la bête tombe de l’arbre pour s’écraser sur son dos. La douleur devant être insoutenable. Loin de toute pitié ou sensiblerie, la traqueuse s’envole dans les airs en s’armant de son arme. Point vers le torse de la bête, sa cible n’est autre que le cœur de la bête. Fendant l’air comme le cuir du monstre. La chair s’écarte pour laisse place à la lame et cela jusqu’à son point le plus vital. D’un dernier élan, un coup de patte envoie la chasseuse dans la boue. La bête relâche un dernier râle avant de succomber.  

Se relevant de la boue, la femme est loin d’être fière d’elle. Malgré tout, elle décide de prendre un peu de la viande de la bête et de stocker le reste dans sa rune. Que cela soit la fourrure ou bien la viande. Même les os y passent pour lui permettre de faire des flèches de remplacement.  

Se décidant à regagner la route, la femme y parvient, mais c’est là qu'elle tombe sur un simple voyageur. Voyageur qui peut remarquer qu’elle est couverte de boue de la tête au pied. Se stoppant là, elle a pu aussi l’entendre parler à quelqu’un bien qu’elle ne puisse voir personne. Sa voix intérieure lui demande alors de faire preuve de la plus grande prudence et de se méfier de l’inconnu. Conseil qu’elle suit malgré elle. Sans un mot elle fixe l’étrange personnage.

L’homme se demande ainsi si Kamui est perdue. Loin d’elle l’idée que cela lui arrive un jour, sans peut-être lors d’une exploration dans les profondeurs de la terre. Mais cela n’est pas pour tout de suite à moins qu’un yokai ne l’y amène. Non en réalité la seule manière pour elle de se perdre aurait été de l’assommer et de la déplacer ailleurs qu’au lieu de l’agression. Là était l’unique moyen pour elle de se perdre. Mais encore une fois, là aussi avant que cela n’arrive il faudrait se battre avec elle. Et loin d’elle l’idée que de se laisser faire.



Si Kamui a également pu remarquer la main de l’homme quitter son arme. Sa main y était toutefois auparavant induisant que ce dernier dispose de certaine capacité. Et si sa main et à présent un peu loin de la garde et de la poignée, cela ne veut pas dire qu’il ne compte pas attaquer laisse entendre sa voix. Une manière de la sous-estimer, une manière de la convaincre et de gagne sa confiance ? La voix laisse entendre tout un tas de théorie, aucune n’allant dans le sens de l’inconnu.



-Perdue ? Non je ne le suis pas.



Se limite-t-elle de dire pour commencer. Puis elle enchaine sur une question, après tout c’est donnant donnant pour deux étrangers qui se rencontre pour ce qui est des questions.



-Mais je vous ai entendu parler à quelqu’un d’autre ? De qui s’agissait-il ? Et où est cette personne ?

Le tonnerre gronde alors qu’elle pose cette question. De quoi accroitre les propos de la voix intérieure de la femme qui n’a de cesse que de chercher à la convaincre de la perfidie de l’inconnu.



-Il est bien étrange de croiser quelqu’un ici, loin de tout et même des routes marchandes.



Pour Kamui cela ne pouvait induire qu’une chose, l’homme était un militaire. Plus méfiante au niveau des mains de l’homme que de son corps. Elle n’a guère le temps de voir si ce dernier dispose d’un bandeau ou non. Pour l’instant elle n’a pu voir qu’une lame et qu’une marionnette comme arme. Ce qui est bien suffisant pour déduire de l’homme qu’il sait se servir tant de son corps que de son chakra. La voix ne s’arrête pas là elle aussi et vient ajouter une touche supplémentaire à la méfiance de Kamui. De quoi la laisser se poser quelques questions.



-Quoi qu’il en soit, vous ne devriez peut-être pas rester ici. Même pour passer la nuit. C’est surtout la nuit que les démons viennent faucher les âmes en peine et les âmes errantes comme vous.



Voici que Kamui s’amuse alors comme presque à donner une leçon de vie à un militaire qui est certainement plus qualifié qu’elle.

Pour un militaire, l’homme parait plus que suspect aux yeux de Kamui. Elle entend de ses oreilles son aveux de parler à sa marionnette. Dans un premier temps, elle le prend pour un fou, puis en vient à se demander si tous les marionnettistes font cela ? Généralisant inconsciemment dans son esprit que tous les manipulateurs de pantins sont des excentriques à l’esprit quelque peu trop libre. Dans le second aveu de l’homme ce dernier annonce ouvertement s’être perdu. Voici alors une nouvelle idée d’autant plus farfelue que celle-ci.

Cela faisait de l’homme un militaire assez spécial. Mais qu’importe, car malgré ses défauts il ne perdait pas le Nord comme on dit plus familièrement. Ce dernier venait à se demander de quel village pouvait bien provenir Kamui ou bien quel était son grade militaire. Fort heureusement dans cet Empire il n’y avait pas que les villages et les autres. De simples habitants pouvaient se trouver en campagne.



-Une militaire moi ? Vous plaisantez j’espère ?



Kamui ne portant pas réellement l’armée dans son coeur tant cette dernière a été absente de sa vie.



-Je ne suis qu’une simple chasseuse. Comme vous pouvez le voir par mon arc à mon dos.



Malgré tout, elle n’en veut pas non plus aux militaires. Si bien que dans un élan de charité, elle compte aider quelque peu l’homme à retrouver sa route.



-Vous m’aviez dit que vous vous en alliez vers où ? Je peux peut-être vous indiquer la bonne direction. Mais quoi qu’il en soit il est trop pour vous, il vous faudra attendre le matin avec la nuit sans Lune qui s’annonce. Etant donné que de jour vous êtes capable de vous perdre alors je n’ose pas imaginer la nuit.



Peut-être trop sévère, la civile se moquait bien des règles d’usage entre militaire. Simplement elle veillé à respecter la loi pour ne tomber sous le jouc d’accusation.



-En direction du Nord si vous traversez la forêt, ce que je ne vous conseille pas. Vous pourrez tomber après une vingtaine de lieux un petit hameau assez isolé. Depuis ce dernier vous pourrez retomber sur la voie principale en empruntant un sentier.



La voie du Nord étant celle qui allait obliger l’homme à traverser la forêt d’où venait la jeune chasseresse.



-Par l’Ouest ou l’Est, vous pouvez continuer sur le sentier et vous tomberez sur une route secondaire qui à son tour vous ramènera vers la voie principale. Mais je présume que vous saviez déjà être sur un sentier et que vous vous êtes tout de même perdu ?



Risible pour la femme qui ne comprend pas comment on peut avoir un si mauvais sens de l’orientation. Mais qu’importe, elle ne tient pas particulièrement à cette personne et à ses yeux elle estime avoir fait le minimum syndical.

L’homme répond alors avec trois mots à la question de Kamui. De quoi faire gonfler les joues à la demoiselle. Mais qu’importe car à peine elle vient à les gonfler que l’homme lui jette une couverture. Le geste est peut-être voulu d’une bonne volonté, mais en définitive dans l’apparence. C’était presque comme-ci il la prenait pour un chien. De quoi la laisser de marbre un moment avant qu’elle ne vienne à saisir l’objet pour le tendre à nouveau vers son propriétaire et sans la jeter à ses pieds.



-Je n’ai nullement besoin de cela, j’ai mon propre équipement, mais merci.



Un faux sourire, très clairement visible indiquant qu’elle avait aussi mal pris la pique de l’homme que lui les siennes. Du moins se disait-elle pour qu’il puisse la traiter de la sorte.

Qu’il reprenne la couverture c’était tant mieux, ou sinon elle viendrait à la poser non loin de ce dernier. Et pendant que l’homme s’amusait à recouvrir son pantin. Peut-être que les mécanismes de ce dernier était sensible aux températures se disait la femme. Elle venait à détourner son attention un bref moment.

Quelque chose avait su attirer ses sens. Se reculant de quelques pas. Elle ne faisait même plus attention à celui qui lui faisait face. Un bruit dans un buisson. Faible et à peine perceptible. Mais pour elle qui ne se concentre plus sur l’autre ou même sur le bruit du feu. C’est presque clair. Elle encoche ainsi une flèche sur son arc. De quoi alarmer son camarade de soirée qui lui posait alors une question. Puis sans prévenir, la flèche s’envole. Elle ne siffle même pas une fois et c’est un petit couinement que l’on entend au moment présumé de l’impact de la flèche. N’ayant fait son tir qu’au son. Elle ne sait pas si elle a pu avoir sa cible ou non. La chance voulu que la flèche finisse dans la gorge d’un petit lapin passant par là. Un mâle, rien de bien honteux alors. D’autant qu’au vu du point d’impact, l’animal n’a pas eu le temps de souffrir avant de rendre l’âme.



Ainsi elle s’empresse de préparer son repas du soir. Commençant par ôter la fourrure.



-Vous m’aviez posé une question non ? Si je manipule du chakra ? Pas vraiment, je me sers de mon arc et de mon épée avant tout.



Loin d’être un mensonge c’était même la stricte vérité.



-Mais pourquoi cette question ?



Demandait-elle à l’homme tandis que la lumière du feu se reflétait sur ce dernier.



-Je vous propose la moitié du lapin en échange de pouvoir utiliser votre feu de camp. Sinon eh bien j’irais me faire le miens.



N’ayant pas très faim, c’était un bon moyen pour elle d’économiser des efforts et du temps. Tout en se remplissant comme il le fallait son ventre.

L’homme dit voir des capacités en la jeune Kamui. Une drôle de chose qu’il annonce. La jeune femme ne sait pas vraiment comment il fait, mais une chose est certaine sa méfiance à son égard ne fait que croitre. Puis une menace sous le couvert d’une mise en garde s’annonce de la bouche de l’étrange personnage. L’Empire étant lin d’être la plus grande peur de Kamui, elle ne tient pas non à se le mettre à dos. Mais dans les mots de l’homme, elle perçoit un manque de volonté de vouloir agir à son encontre. En même temps, il s’il allait agir, il serait en tort. La femme n’ayant rien fait, ni même fait acte de la moindre compétence dans le maniement du chakra.

Quoi qu’il en soit il ajoute par la même qu’il ne s’agit là que de la vérité. Une chose qui reste encore à vérifier d’autant plus que l’Empire à d’autres chats à fouetter que de se saisir de toutes les mains, qu’elles soient compétentes ou non au sein de l’armée.



-Je vois, merci bien pour ces mots.



Presque froide, elle ne comptait pas accueillir cette nouvelle avec joie. A moins qu’elle ne soit suicidaire. Qu’importe, elle se concentre sur la cuisson du lapin. Ce dernier cuit lentement et sur l’un des deux morceaux, elle vient y verser quelques herbes.

Quelques instants par la suite, elle n’attend plus et se saisit de sa viande en la tenant par la branche qui la traverse. Mordant dedans sans attendre que la chaleur se dissipe quelque peu. POur autant lele ne se brûle pas vraiment. Les herbes atténuant le tout, ces dernières n’étant pas vraiment cuites. Et l’air ambiant frais ayant déjà agi sur la nourriture.



-L’autre est pour vous.



Dit-elle entre deux bouchées. Après tout, il lui avait fourni le feu, quoi de plus normal que de payer ses dettes. Le repas se poursuit sans que la jeune dame ne vienne ajouter le moindre mot. Il faut dire qu’à ses yeux, l’homme a réussi à jeter un froid dans l’échange peu courtois qu’il y avait. Attisant autant la méfiance chez Kamui qui traque les démons et une chose assez complexe à réaliser. Il faut dire que le pantin n’est pas inconnu à cette réaction. Car l’homme semble quelque peu trop affectionner son pantin, tout en lui posant une couverture, il vient à lui parler.

De quoi paraitre étrange aux yeux de n’importe qui. Mais s’il n’y avait que ça, Kamui n’aurait rien trouvé à redire. Cependant, entre ça, les menaces, la main sur le sabre et le pantin. Il n’y a que matière à se poser des questions.

Qu’importe une fois sans repas fini, la jeune chasseresse compte bien s’en aller camper ailleurs qu’en présence de cet homme.



-Sur ce je vous laisse autour de votre feu. Bonne continuation à vous.

L’homme était un balafré, cela se voyait du peu qu’il montrait de son visage. Pour autant, cela n’avait aucun effet particulier chez Kamui. Preuve d’un sacrifice ou d’un sévices ? Qu’importe, dans son clan il y en avait avec des membres en moins. Rien qui ne vaille la peine de s’y attarde. Car les Senjumaru ne se souciaient pas de ce genre de chose, pour eux seul compte l’efficacité.

Et malgré toute l’hostilité de l’homme en présence, ce dernier se décidait à manger sa viande en définitive. Bien qu’il y eût un certain temps de latence. Peut-être se demandait-il si la viande n’était pas sujette au poison. Un cas vicieux dont serait bien capable Kamui, si du moins ce dernier se présentait comme son ennemi. Ce qu’il a presque fait avec ses mises en garde ou avis.

Et coupant Kamui dans son élan, ses pas déjà sur le départ. L’homme vint à lui proposer d’effectuer des rondes. Alternant entre celui qui doit dormir et celui qui doit surveiller. Une bien riche idée que voici, mais Kamui ne faisant pas pleinement confiance à l’homme. Elle ne comptait pas s’y risquer. Qui sait, s’il ne comptait mettre en œuvre ses précédentes menaces pendant qu’elle dormait.

Dangereux d’être seule la nuit ? Un drôle de propos aux oreilles de Kamui, surtout car il s’agissait de l’homme perdu qui venait à lui dire cela. D’autant plus qu’elle était du genre à se promener la nuit plutôt que le jour pour des raisons pratiques qui étaient liées à ses activités.



-Je m’appelle Kamui.



Gardant pour elle le nom de son clan. Moins on en parle, moins on le connait, se disait-elle. Après tout, il s’agit d’un clan assez secret qui n’a qu’une mission l’extermination des yokais.

L’homme ne manquait pas de redevenir gênant avec sa marionnette, mais en définitive Kamui commençait à s’y faire.



-Je suis désolé, mas je crains qu’il ne me faille m’en aller. Malgré tout, j’apprécie le geste.



Une forme de sympathie temporaire, juste pour permettre un meilleur départ.



-J’ai une affaire urgente, je ne peux m’attarder plus longtemps en ce lieu.



La voix dans sa tête en manquant de se manifester à nouveau. Presque comme-ci la marionnette n’avait plus rien d’impressionnant pour elle ou bien comme si elle faisait une pause. Cette venait à lui proscrire une méfiance accrue à l’égard de l’homme qui semble vouloir tout faire pour la faire rester. Et l’ombre de cet homme s’anime d’une terrible forme. Plus horrifique que de coutume. De quoi laisser Kamui hésiter d’autant plus face à l’homme.



-Qui sait nos routes viendront peut-être à se recroiser. Mais je prends bonne note de votre recommandation à l’égard des villages.



Dit-elle alors, qu’elle compte se rendre à Seizan. Une drôle d’idée que voici. Mais il parait que là-bas les contrats sont assez juteux. De quoi mêler les intérêts de son clan et lui permettre d’accroitre son confort de vie.



-Je vous souhaite une agréable soirée.



Sur ces mots, Kamui s’en va en passant par le petit sentier qu’elle a pu mentionner à l’homme.